COMMUNIQUÉ DE PRESSE
6 février 2024
Rapport public thématique
LES STATIONS DE MONTAGNE FACE AU
CHANGEMENT CLIMATIQUE
Avec 53,9 millions de journées-skieur, la France se classe au 2e rang mondial du tourisme
hivernal, juste derrière les États-Unis. Dans les années 1960 et 1970, le tourisme hivernal de
montagne s’est en effet fortement développé en France, avec la construction de stations de
sports d’hiver dans le cadre des plans neige initiés par l’État. L’une des conséquences de
cette politique de développement des stations a été de rendre les espaces de montagne
fortement dépendants du ski. Le rapport publié ce jour analyse les effets du changement
climatique sur les stations de montagne en particulier, et examine dans quelle mesure celles-
ci s’y sont adaptées. Au total, 42 stations - réparties sur les Alpes, les Pyrénées, le Massif
central et le Jura - ont été contrôlées par une formation inter-juridictions (FIJ) associant la
Cour et les chambres régionales des comptes (CRC) Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-
Franche-Comté, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur. En outre,
la constitution d’une base de données comprenant 200 stations a permis de procéder à une
analyse statistique plus exhaustive. Si l’enquête dresse le constat d’un déclin du modèle
économique du ski français, elle souligne également que les politiques publiques
d'adaptation ne sont pas à la hauteur des enjeux et livre six recommandations qui
permettraient de trouver des voies pertinentes de diversification.
Un modèle économique qui s’essouffle
Depuis le début du XXle siècle, l'économie des stations de ski se trouve durablement affectée
par le changement climatique. Les projections climatiques des scientifiques font état d'une
perte de fiabilité de l'enneigement et d’une remontée de la limite pluie-neige.
Face à ce phénomène, les stations de ski sont inégalement vulnérables en fonction de leur
exposition au risque climatique, de l’impact économique et social, et de la capacité financière
des collectivités à s’adapter. À l'horizon 2050, toutes ces stations seront plus ou moins atteintes,
certaines d'entre elles pouvant espérer poursuivre une exploitation au-delà de cette échéance.
Le changement climatique a déjà un impact croissant sur les finances publiques locales. La
gestion des remontées mécaniques nécessite d'importants investissements et un niveau de
fréquentation suffisant pour générer les recettes nécessaires au renouvellement des
immobilisations. Fragilisées par le manque d'enneigement et l'érosion de leur clientèle de
skieurs, de plus en plus de stations ne sont déjà plus en capacité d'atteindre l'équilibre
d'exploitation. Elles doivent, dès lors, faire preuve de la plus grande prudence en matière
d'investissement.
Des politiques d’adaptation en deçà des enjeux
Ces politiques, menées par les acteurs de la montagne, reposent essentiellement sur la
production de neige qui permet de fiabiliser l'enneigement à court terme. Mais elle ne constitue
qu'une protection relative et transitoire contre les effets du changement climatique. Son coût
est important et son efficacité tend à se réduire avec la hausse des températures. De plus,
l'impact de la production de neige sur les ressources hydriques apparaît sous-estimé dans de
nombreux territoires.
Les actions de diversification mises en œuvre par les stations sont rarement adossées à un
véritable projet. Réalisées au fil de l'eau, elles tendent souvent à reproduire le modèle du ski,
fondé sur des investissements importants et une forte fréquentation.
Les politiques d’adaptation sont insuffisamment accompagnées par l’Etat dont la planification
écologique est peu opérationnelle pour le secteur touristique en montagne. De même, les
régions ne souhaitent pas orienter les choix locaux en dépit de leurs compétences en matière
de planification touristique. Leur intervention a de fait renforcé les stratégies de production de
neige sans tenir compte des perspectives du changement climatique.
Les conditions d’adaptation des stations de montagne aux évolutions climatiques
Pour mieux prendre en compte le changement climatique, la Cour préconise l’élaboration de
plan d'adaptation par chaque station de montagne. Les financements publics devraient être
conditionnés à l’existence de ces plans et à leur respect.
De plus, la Cour considère que la France aurait tout intérêt à promouvoir une organisation
fédérant l'ensemble des acteurs concernés, avec une gouvernance élargie au-delà des seules
communes, associant acteurs publics et privés.
Enfin, la Cour constate que la mise en place d’un tourisme « quatre saisons » et le
démantèlement
des
installations
de
remontées
mécaniques
obsolètes
nécessiteront
d’importants investissements que les stations les plus affectées par le changement climatique
auront du mal à financer. C’est pourquoi, la Cour préconise la création d’un mécanisme de
solidarité financière entre les stations.
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