COMMUNIQUÉ DE PRESSE
4 juillet 2023
Finances et comptes publics
LA SITUATION FINANCIÈRE DES COLLECTIVITÉS
TERRITORIALES EN 2022
La Cour publie son rapport annuel sur la situation financière des collectivités territoriales,
telle qu’elle résulte de l’examen de leurs comptes de l’année 2022. Après une année 2021
marquée par une nette amélioration, les collectivités territoriales ont à nouveau connu en
2022 une situation financière très favorable, comme le montre l’évolution de leur épargne,
de leurs dépenses d’investissement et de leur endettement. Cette situation a été partagée
par les trois grandes catégories de collectivités : les communes et leurs groupements
intercommunaux, les départements et les régions. Elles connaissent cependant des
disparités internes, notamment les communes et les intercommunalités. La participation des
collectivités territoriales au redressement des finances publiques reste à définir.
En 2022, une situation financière des collectivités territoriales à nouveau très favorable
À périmètre inchangé par rapport à 2021, les produits de fonctionnement des collectivités
territoriales ont augmenté à un niveau identique à celui de l’inflation (+ 5,2 %) et un peu plus
élevé que celui de leurs charges de fonctionnement (+ 5,0 %).
La hausse des produits a été tirée par les recettes de TVA (
+
9,2 %
)
, amplifiées par l’inflation et
par la hausse de la consommation. Une part croissante de cet impôt de l’État (est affectée aux
collectivités. La TVA compense la suppression de la dotation globale de fonctionnement des
régions (depuis 2018
),
de la taxe d’habitation sur les résidences principales (depuis 2021
)
et de
la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (depuis 2021 pour les régions et 2023 pour
les départements et les intercommunalités
)
. La TVA procure désormais aux régions plus de la
moitié de leurs recettes de fonctionnement ; elle est la première recette des départements.
À l’exception de la taxe intérieure sur la consommation des produits énergétiques et de la taxe
sur les cartes grises, les recettes de tous les autres impôts ont augmenté. C’est le cas de la taxe
foncière sur les propriétés bâties affectée aux communes (+ 5,6 %), sous l’effet de l’indexation
des bases d’imposition sur l’inflation constatée et de hausses de taux par certaines communes.
L’augmentation des charges de fonctionnement traduit les effets de l’inflation : effets directs
sur les achats de biens (carburants, énergie, alimentation
)
et de services ; effets indirects sur
les dépenses de personnel, à travers la revalorisation du point d’indice de 3,5 % au 1
er
juillet.
La progression des dépenses de personnel résulte aussi de mesures catégorielles en faveur de
certains agents et d’une hausse des effectifs de fonctionnaires et, plus encore, de contractuels.
L’épargne brute, qui correspond au solde des recettes et des charges de fonctionnement, est
la principale source de financement des investissements. En 2022, son montant (44 Md€ à
périmètre constant) a continué à augmenter. Dès lors, les dépenses d’investissement (68 Md€)
ont continué à croître (+ 6,8 %) ; l’inflation réduit cependant leur progression en volume.
C’est seulement pour financer des dépenses d’investissement que les collectivités sont
autorisées à emprunter. En 2022, le poids de leur endettement financier (186 Md€) a continué
à se réduire : il représente 4,3 années d’épargne brute contre 5,3 années en 2016. Il est
d’autant plus limité que les collectivités ont une trésorerie élevée (60 Md€).
Une situation favorable pour toutes les catégories de collectivités, des disparités internes
Les charges des collectivités du bloc communal ont augmenté un peu plus que leurs recettes
de fonctionnement, ce qui n’a pas empêché leur épargne et leurs dépenses d’investissement
de continuer à croître. 14 % des communes et 8 % des intercommunalités ont une épargne
négative après remboursement des emprunts ; ces proportions ont baissé par rapport à l’avant
crise sanitaire. La situation financière de beaucoup de collectivités ultra-marines est fragile.
À périmètre constant, les recettes de fonctionnement des départements ont un peu plus
augmenté que leurs charges. Les départements ont bénéficié d’une conjonction favorable :
dynamique des recettes de TVA, maintien des recettes de droits de mutation à titre onéreux à
un niveau exceptionnel et poursuite de la diminution des dépenses de RSA, sous l’effet de
l’amélioration de la conjoncture économique. Leurs dépenses d’investissement ont augmenté.
Grâce à la TVA, les recettes de fonctionnement des régions ont plus augmenté que leurs
charges, ce qui a permis aux régions de continuer
à
reconstituer leur épargne, qui avait chuté
en 2020. Leurs dépenses d’investissement continuent
à
s’inscrire
à
un niveau élevé.
Une participation des collectivités territoriales au redressement des finances publiques qui
reste à définir
Sous l’effet de la compensation par la TVA de la suppression d’impôts locaux, les transferts
financiers de l’Etat ont pourvu un peu plus de 50 % des recettes totales des collectivités en
2022, contre 36 % en 2019. Sauf exception, les collectivités bénéficient de la totalité de la
dynamique annuelle des recettes de TVA. En 2022, la TVA leur a procuré 5,6 Md€ de recettes
supplémentaires par rapport à celles qui auraient résulté du maintien des impôts supprimés.
Compte tenu de la place de la TVA, les recettes des collectivités sont devenues plus sensibles à
la conjoncture économique. Or les mécanismes de lissage des recettes portent sur les seuls
droits de mutation à titre onéreux des départements. Malgré la volatilité de cette recette, les
montants mis en réserve sont faibles (0,9 Md€ fin 2022, dont 0,2 Md€ sur décision du comité
des finances locales s’imposant aux départements et 0,7 Md€ à l’initiative de 33 d’entre eux).
Le programme de stabilité adressé en avril 2023 par le Gouvernement à la Commission
européenne prévoit une diminution annuelle de 0,5 % en volume des dépenses des collectivités
territoriales entre 2024 et 2027. Les modalités de la participation des collectivités au
redressement d’ensemble des finances publiques ne sont pas arrêtées.
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