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RODNOTIF-2012-0026-999
S01
Le Président
Arras, le 30 juillet 2012
RAR n°
Madame la Directrice générale,
En application de l’article L. 243-5 du code des juridictions financières et à
l'expiration du délai d'un mois fixé par ledit article, je vous notifie par la présente, le rapport
d'observations définitives de la Chambre régionale des comptes de Nord-Pas-de-Calais, Picardie
sur la gestion du centre hospitalier universitaire d’Amiens.
Ce rapport devra être communiqué par vos soins à l'assemblée délibérante de
votre collectivité dès sa plus proche réunion, faire l'objet d'une inscription à l'ordre du jour de
celle-ci et être joint à la convocation adressée à chacun des membres de l'assemblée et donner
lieu à débat.
Je vous rappelle qu'aux termes de l'article R. 241-18 du code des juridictions
financières, les observations définitives de la Chambre régionale des comptes sont
communicables aux tiers dès qu'a eu lieu la première réunion de l'assemblée délibérante suivant
leur réception par la collectivité.
Afin de permettre à la Chambre de répondre aux demandes éventuelles de
communication des observations définitives, je vous serais reconnaissant de bien vouloir me faire
connaître la date de cette réunion.
Je vous prie d’agréer, Madame la Directrice générale, l’expression de ma
considération distinguée.
Thierry MOURIER des GAYETS
Madame la Directrice générale
du Centre Hospitalier Universitaire d’Amiens
Place Victor Pauchet
80054 AMIENS CEDEX 1
Site d’Amiens - 23, rue des Otages – BP51771 - 80017 AMIENS CEDEX
1
03.22.97.30.30 - Fax 03.22.97.30.00 –
crcpicardie@picardie.ccomptes.fr
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Le Centre Hospitalier Universitaire d’Amiens (CHU) est historiquement considéré comme
insuffisamment attractif, limité en opportunités de développement compte tenu de sa situation entre
Paris et Lille, excentré géographiquement dans sa région et recrutant difficilement la patientèle sur sa
façade géographique Est.
La réalité est plus nuancée, le CHU détient des atouts. Il dispose d’un projet d’établissement,
d’un contrat d’objectif et de moyens (CPOM). Il est impliqué dans de nombreuses conventions de
coopération dont il conviendrait cependant d’améliorer l’évaluation. Il est membre de nombreuses
structures de coopération (12 GCS, 1 GIE, 2 GIP). A ce titre, une information régulière des instances
du CHU sur la participation de l’établissement auxdites structures et ses conséquences sur la gestion
devrait être développée. Il conviendrait par ailleurs de veiller à ce que certaines de ces actions de
coopération n’aient pas un effet défavorable sur les finances de l’établissement.
Les indicateurs existants montrent pour la période sous revue une hausse de l’activité. Segment
très concurrentiel, la chirurgie ambulatoire se consolide. Le CHU dispose d’une organisation médico-
économique adaptée aux exigences de la gestion dans le cadre du financement par la tarification à
l’activité. Les baisses de tarifs ont été jusque-là compensées par une activité dynamique en volume et
un codage en amélioration. Cependant, l’augmentation d’activité au niveau national conduisant à une
baisse des tarifs, la poursuite de l’augmentation des recettes d’activité ne pourra résulter que d’une
amélioration de l’exhaustivité de la saisie des actes et d’une réduction des taux de fuite.
A l’inverse, le CHU est pénalisé par des faiblesses structurelles. S’il offre une palette quasi
complète des activités d’un centre hospitalo-universitaire, les taux de fuite extra-régionaux importants
montrent que sa place d’établissement de recours régional n’est pas encore consolidée. Ses parts de
marché régionales ne progressent réellement qu’en chirurgie et très légèrement en cancérologie. Dans
les autres disciplines, elles stagnent voire se réduisent. Le CHU a une forte attractivité sur son territoire
de proximité même si les taux de fuite constatés sur les séjours lourds restent importants.
Les indicateurs font apparaître des efforts de gestion en matière de productivité pour les
personnels non médicaux des services cliniques. Pour autant, l’établissement peut encore améliorer son
efficience en ce qui concerne les personnels médicaux et les personnels des services médico-
techniques. Son activité universitaire apparaît fragile, compte tenu de l’insuffisance de la recherche.
La situation financière du CHU d’Amiens est très tendue. Il a bénéficié d’un contrat de retour à
l’équilibre financier sur les exercices 2007 à 2010. L’objectif était de retrouver l’équilibre en 2010. Cet
objectif est très loin d’être atteint et le déficit cumulé ne cesse d’augmenter. A la clôture de l’exercice
2010 il s’élevait à 140,8 M€. Le déficit cumulé au 31 décembre 2011 est estimé à 150,9 M€.
L’endettement de l’établissement ne cesse de croître. Aujourd’hui il n’est pas en mesure de
constituer les provisions nécessaires pour rembourser deux emprunts obligataires à échéances
respectives de 2019 et 2020 et d’un montant de 10 M€ chacun. Le CHU a établi un plan global de
financement pluriannuel (PGFP) incluant des prévisions de cessions immobilières qui paraissent très
fortement surestimées. Ce PGFP intègre le produit des ventes espérées du centre de gynécologie
obstétrique et de l’hôpital Nord. Ces ventes, si elles se concrétisaient, représenteraient un apport
important en capital. Cependant, ces cessions ne sont pas à ce jour réalisées et rien n’indique qu’elles le
seront, ni dans les délais prévus, ni pour le prix de vente espéré. La Chambre recommande une
actualisation de l’évaluation des recettes qui peuvent être espérées de la cession de son patrimoine.
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L’établissement a engagé une importante opération de construction d’un nouvel hôpital dont
l’objectif est de regrouper, sur le site de l’hôpital Sud, l’ensemble des activités hospitalières réparties
actuellement sur quatre sites. L’objectif est la recherche d’une plus grande efficience et l’adaptabilité
aux évolutions probables de la prise en charge médicale et notamment les perspectives de
développement de la chirurgie ambulatoire. Le projet du nouveau CHU devrait permettre de rompre
avec la complexité de la logistique et les redondances de locaux et de personnel. La chambre
recommande d’évaluer la réalité de ces gains attendus.
Le financement de cet important projet n’apparaît pas assuré. Pour ce chantier, les prévisions de
dépenses sont évaluées à 616 millions d’euros toutes dépenses confondues. Elles sont supérieures à
l’estimation initiale de l’opération qui s’élevait à 520 M€ en valeur finale 2013 soit un dépassement de
l’enveloppe de 96 M€.
Lors de son précédent contrôle, la Chambre avait relevé des difficultés dans l’exercice et le
contrôle de l’activité libérale de certains praticiens hospitaliers. Pendant la période sous revue, la
commission d’activité libérale (CAL) s’est réunie régulièrement et a exercé les prérogatives que lui
confie le code de la santé publique. Elle a eu à traiter d’irrégularités qui ont fait l’objet de sanctions. Il
conviendra de pérenniser ce suivi de l’activité libérale des praticiens.
Certains agents bénéficient de concessions
de logements dans des conditions ne correspondant
pas au droit en vigueur. La Chambre recommande la mise en conformité avec la réglementation des
attributions de logements de fonction dans le délai de deux ans imposé par le décret n° 2010-30 du
8 janvier 2010 (article 16). Par ailleurs, en contradiction avec la réglementation en vigueur, des agents
du CHU bénéficient de véhicules de fonction. La Chambre recommande là aussi de régulariser ces
situations qui sont de nature à porter préjudice à l’établissement en cas de redressement par les
organismes chargés du recouvrement des cotisations sociales.
Les activités de soins de suite et de réadaptation (SSR) développées sont en cohérence avec le
projet d’établissement et avec le CPOM. Le CHU a organisé des filières de soins, dont une filière
neurovasculaire. Il négocie avec la fondation HOPALE l’installation de 116 lits et places sur une
parcelle lui appartenant.
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SOMMAIRE
1 – Suites réservées au précédent rapport d’observations définitives
1.1
– Les mises à disposition de personnel hospitalier et le CHU utilisé comme intermédiaire
pour l’attribution de crédits à des tiers
1.2
– L’activité libérale des médecins hospitaliers
2 – La présentation des atouts et des faiblesses du centre hospitalier universitaire d’Amiens
2.1 – Les atouts du CHU
2.1.1 – Les orientations stratégiques
2.1.2 – La production
2.1.3 – La gouvernance
2.1.4 – Les actions de coopération
2.2 – Les handicaps du CHU
2.2.1 – L’attractivité et les parts de marché
2.2.2 – L’absence de pôle régional de cancérologie
2.2.3 – Le temps de travail
2.2.4 – L’activité universitaire
2.2.5 – La coopération internationale
2.2.6 – L’activité de chirurgie cardiaque
2.2.7 – Le contentieux relatif au financement de l’UCS 80
3 – La fiabilité des comptes et des procédures
3.1 – La fiabilité des opérations comptables
3.1.1 – La comptabilité d’engagement et le principe d’indépendance des exercices
3.1.2 – Le remboursement des budgets annexes au budget principal
3.1.3 – Les stocks
3.1.4 – Le principe de prudence et les provisions
3.1.5 – La dotation non affectée (DNA)
3.2 – La fiabilité des procédures d’encaissement des produits
3.2.1 – La facturation
3.2.2 – Le fonctionnement des régies
4 – La situation financière
4.1 – Une situation tendue de longue date, ayant nécessité la mise en oeuvre d’un plan de
retour à l’équilibre en 2006
4.1.1 – L’action sur les dépenses
4.1.2 – L’action sur les recettes
4.1.3 – Le bilan du CRE
4.2 – Les déficits inscrits aux comptes financiers
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4.3 – La situation financière réelle
4.3.1 – L’utilisation des crédits d’aide à la contractualisation destinés au financement
des travaux du nouveau CHU
4.3.2 – Le déficit réel
4.3.3 – La capacité autofinancement (CAF)
4.4 – L’état prévisionnel des recettes et des dépenses (EPRD 2011)
4.5 – Le plan global de financement pluriannuel (PGFP)
4.6 – L’endettement
4.6.1 – L’état de la dette
4.6.2 – L’accès au crédit
4.7 – L’encaisse de trésorerie
5 – Les investissements immobiliers
5.1 – Le projet de nouveau CHU (NCHU)
5.1.1 – L’adaptation des locaux aux besoins et la recherche de l’efficience
5.1.2 – Le déroulement et le financement des travaux cours
5.1.3 – Le financement de l’opération
5.2 – Les autres projets immobiliers
5.3 – Les perspectives
6 – Les avantages en nature
6.1 – Les concessions de logement
6.2 – L’attribution des véhicules de fonction
7 – Les soins de suite et de réadaptation
7.1 – Les capacités et les autorisations
7.2 – Le projet d’installation du groupe HOPALE sur le site du nouveau CHU
7.3 – L’activité
7.4 – Les moyens des SSR du CHU
7.5 – L’admission et la prise en charge dans les SSR du CHU
7.6 – Les SSR versus services « adresseurs »
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CHAMBRE REGIONALE DES COMPTES
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DE NORD-PAS-DE-CALAIS, PICARDIE
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RAPPORT D’OBSERVATIONS DEFINITIVES SUR LA GESTION
DU CENTRE HOSPITALIER UNIVERSITAIRE D’AMIENS
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L’engagement d’un examen de gestion conformément aux termes de l’article
R. 241-2 du code des juridictions financières a été notifié à l’ordonnateur en fonction par lettre
du 17 mars 2011.
En application de l’article L. 243-1 du code des juridictions financières, les
entretiens préalables ont eu lieu le 15 novembre 2011 avec Mme Geindre, ordonnatrice depuis le
21 juin 2011, M. Duval, ordonnateur du 17 janvier au 20 juin 2011, et le 14 novembre 2011 avec
M. Domy, ordonnateur de 2001 au 17 janvier 2011.
A la suite de ses délibérés du 15 mai 2012, la Chambre a arrêté des
observations définitives qui portent sur les points suivants :
- les suites réservées au précédent rapport d’observations définitives ;
- la présentation des atouts et des faiblesses du centre hospitalier universitaire d’Amiens ;
- la fiabilité des comptes ;
- la situation financière ;
- les investissements immobiliers ;
- l’activité libérale des praticiens hospitaliers ;
- les avantages en nature ;
- les soins de suite et de réadaptation.
1 -
Suites réservées au précédent rapport d’observations définitives
1.1 – Les mises à disposition de personnel hospitalier et le CHU utilisé comme intermédiaire
pour l’attribution de crédits à des tiers
Dans son précédent rapport, la Chambre observait que le CHU d’Amiens
finançait sur son budget des postes dont il n’était pas le principal bénéficiaire. La Chambre
observait que cette pratique conduisait à mettre indûment à la charge de l’assurance maladie des
dépenses de rémunération qui relevaient de l’Etat. Elle soulignait également que le CHU
d’Amiens était utilisé comme intermédiaire pour l’attribution de crédits destinés en fait à un GIP
et à un GIE en dehors de toute base légale ou réglementaire. C’est ainsi que le CHU a été
délégataire de crédits attribués par l’ARH puis par l’ARS dans le cadre de financement d’actions
de formation réalisées par l’ANFH. La situation est en cours de régularisation suite à une
demande formulée par le CHU auprès de l’Agence régionale de santé (ARS). La correction ne
pouvait intervenir que sur initiative de l’ARS qui, avec la loi « Hôpital, patients, santé et
territoires » (HPST), en a désormais la possibilité.
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Par ailleurs, conformément aux dispositions de la loi HPST promulguée le
21 juillet 2009, la direction du CHU a recouru à la possibilité d’affecter un médecin en position
de recherche d'affectation au Centre national de gestion. Cela s’est traduit par trois suppressions
d’emplois pour lesquels le CHU servait de support à l’Etablissement français du sang (EFS) et à
l’ARS. Cette procédure a été utilisée lorsque les financements de l’EFS et de l’ARS ont cessé
.
Le CHU a apporté des corrections à ces situations et la Chambre recommande
d’achever les régularisations en cours dans les meilleurs délais.
1.2 – L’activité libérale des médecins hospitaliers
Au CHU d’Amiens, l’activité libérale, sur un total actuel de 500 PU-PH et PH
dont 350 ETP de praticiens hospitaliers temps plein, concerne 40 médecins.
Lors de son dernier contrôle, la Chambre avait relevé des difficultés dans
l’exercice de l’activité libérale de certains médecins et son contrôle. Pendant la période sous
revue, la commission de l’activité libérale a exercé les prérogatives que lui confie le code de la
santé publique. Il faut souligner également l’investissement important du président de la CME
qui a fait du contrôle de l’encaissement par le CHU et de la moralisation de l’activité libérale, les
actions fortes de son mandat.. La direction vérifie les déclarations des médecins en les
confrontant aux données recueillies par l’assurance maladie (relevés SNIR). Les dérives et
irrégularités qui ont été constatées ont fait l’objet de sanctions allant de la lettre de mise en garde,
à la suspension du contrat et à des régularisations financières.
La Chambre recommande la poursuite de l’action engagée et la pérennisation
du contrôle de l’activité libérale des médecins hospitaliers.
2 -
La présentation des atouts et des faiblesses du centre hospitalier universitaire d’Amiens
Le CHU déclarait, en 2011, une capacité d’accueil opérationnelle répartie sur
quatre sites de :
- médecine
.........................................................
710 lits et 59 places
- chirurgie
.........................................................
383 lits et 31 places
- gynéco/obstétrique
.........................................
74 lits et 8 places IVG
TOTAL MCO
.................................................
1 167 lits et 98 places
- SSR
.................................................................
102 lits et 10 places
- USLD
.............................................................
190 lits
- EHPAD
...........................................................
140 lits et 15 places d’accueil de jour
TOTAL GENERAL
........................................
1 599 lits et 123 places
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Le
CHU
d’Amiens
est
historiquement
considéré
comme
un
CHU
insuffisamment attractif, limité en opportunités de développement compte tenu de sa situation
entre Paris et Lille, excentré géographiquement dans sa région et recrutant difficilement sur sa
façade géographique Est. La réalité est plus complexe ou tout au moins plus nuancée, le CHU
détenant des atouts, en même temps qu’il révèle certains handicaps.
La présentation ci-dessous tend à séparer les premiers des seconds, sachant que
la réalité n’apparaît pas toujours aussi binaire, comme les développements qui suivent tendent à
le montrer.
2.1 – Les atouts du CHU
2.1.1 – Les orientations stratégiques
Acteur majeur de la mise en oeuvre des priorités régionales notamment en
neurologie et en télémédecine, le CHU dispose d’orientations stratégiques. Il a établi son projet
d’établissement qui a été approuvé le 25 mars 2010 par la Commission exécutive de l’Agence
régionale d’hospitalisation Picardie. L’établissement a notamment pour ambition :
- d’affirmer le niveau de référence du CHU ;
- de maintenir et développer les activités de recours ;
- d’assurer à la population du territoire tous les soins courants ;
- de confirmer le positionnement de pôle régional de cancérologie ;
- de développer les filières d’amont et d’aval, internes et externes ;
- de promouvoir le rôle hospitalo-universitaire en développant l’enseignement, la recherche et
l’innovation.
Il bénéficie d’un contrat d’objectif et de moyens (CPOM) défini aux articles
L. 6114-1 à L. 6114-4 et R. 6114-1 à R. 6114-14 du code de la santé publique signé le 30 mars
2007. Un des objectifs résultant du CPOM est de consolider le projet « nouveau CHU » en termes
organisationnel, financier et de ressources humaines.
La loi dite « hôpital, patients, santé et territoires » du 21 juillet 2009 a mis en
place, en remplacement des CPOM, des contrats de performance qui sont des outils destinés à
améliorer l'efficience et la qualité des établissements de soins. Le contrat de performance est un
programme d'action signé entre un établissement hospitalier et l'Etat, représenté en l'occurrence
par l'agence régionale de santé (ARS) et l'Agence nationale d'appui à la performance des
établissements de santé et établissements médicosociaux (ANAP), mise en place par la loi du 21
juillet 2009. Il regroupe une série de mesures dont l'objectif est d'améliorer la performance
globale de l'établissement à travers trois leviers principaux : la qualité des soins et de la prise en
charge des usagers, les conditions de travail et la performance opérationnelle. Cependant, la
directrice générale a indiqué que
« le contrat de performance n'était pas, pour le moment,
d'actualité pour le CHU et pour la Picardie. Le programme de déploiement des contrats de
performance passait par une étape régionale avec une condition d'un nombre minimum
d'établissements entrant dans la démarche dont au moins un CHU. L'ARS ne s'est pas portée
candidate pour la vague 2011 du contrat de performance. »
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2.1.2 – La production
L’activité du CHU est diversifiée. Il est hôpital de proximité et également
hôpital recours régional. Globalement tous les types d’activités du CHU sont en progression à
l’exception de l’obstétrique dont l’activité d’hospitalisation baisse et dont les consultations
externes, source potentielle de nouvelles entrées, stagnent.
En ce qui concerne la chirurgie, les indicateurs existants montrent pour la
période sous revue une hausse de l’activité ambulatoire qui se consolide sur ce segment très
concurrentiel.
CHIRURGIE (Ambulatoire) :
2006
2007
2008
2009
Part de marché en chirurgie ambulatoire sur la zone
d'attractivité
15,9
18,6
19,8
20,8
Part de marché en chirurgie ambulatoire sur la région
5,4
5,9
6,8
7,1
Source : direction du CHU
L’analyse de l’évolution du poids moyen du cas traité (PMCT) sur les cinq
dernières années met en évidence la lourdeur des pathologies prises en charge au CHU par
rapport à la moyenne des CHU comparables : les pathologies sont 10 % plus lourdes en 2010,
notamment dans les catégories majeures de diagnostic (CMD) de cancérologie.
L’étude des niveaux de sévérité confirme également la bonne qualification
générale des séjours du CHU, tout comme le taux des séjours de plus de 8 000 € qui est passé de
2,6 % à 5,8 % depuis 2006.
Les baisses de tarifs ont été jusque-là compensées par une activité dynamique
en volume et un codage en amélioration. Cependant, l’augmentation d’activité au niveau national
conduisant à une baisse des tarifs, la poursuite de l’augmentation des recettes d’activité ne pourra
résulter que d’une amélioration de l’exhaustivité de la saisie des actes et d’une réduction des taux
de fuite.
2.1.3 – La gouvernance
Le CHU a mis en oeuvre les réformes successives de la gouvernance des
hôpitaux. Il dispose d’une organisation médico-économique adaptée aux exigences de la gestion
dans le cadre du financement T2A s’appuyant sur un département de l’information médicale
structuré. Depuis 2007, le CHU a fait l’objet de contrôles par les services de l’Assurance maladie
sur les données « GHS ». Ils se sont traduits par des redressements sur les séjours et les actes
frontières de 82 118 € en 2006, 15 750 € en 2007, 186 142 € en 2008. En 2008, l’établissement a
également été sanctionné sur les rétrocessions. Le redressement s’est élevé à 144 356 €. Ces
redressements illustrent le caractère encore perfectible du codage.
Un contrôle de gestion est organisé. Une comptabilité analytique a été mise en
place. Sur la base d’un guide de la délégation, des contrats de pôles ont été signés qui définissent
des objectifs et des projets par unité de soins fondés sur le projet d’établissement et le contrat
pluriannuel d’objectifs et de moyens. Les EPRD de pôles déclinent des objectifs en dépenses et
recettes. Les critères d’évaluation des pôles sont définis au préalable dans les contrats de pôle.
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Une politique d'intéressement a été élaborée et mise en place malgré la situation
financière difficile du CHU. Elle repose sur la contractualisation interne et résulte de l’atteinte des
objectifs desdits pôles. La Chambre recommande, dans la construction et la formalisation du
nouveau plan de retour à l’équilibre, d’intégrer explicitement au contrat de pôle leur contribution
à la résorption du déficit de l’établissement. Cette contractualisation offrira ainsi la possibilité
aux responsables de pôle et à leurs équipes d’appréhender la réalité médico-économique de leurs
pôles au regard de la situation financière de l’établissement. La directrice générale a précisé dans
sa réponse que «
l’intéressement était calculé sur deux critères
qui sont
l’augmentation du chiffre
d’affaires d’un exercice sur l’autre et l’évolution du résultat recettes/dépenses. » Elle ajoute
qu’
« un plan de retour à l'équilibre est en cours de formalisation. Il comprendra des actions ayant
trait à l'optimisation des fonctions support et à la révision des politiques de gestion et également
un objectif de contribution au Plan de Retour à l'Equilibre pour chacun des 9 Pôles Hospitalo-
Universitaires, objectif qui figurera dans chacun des contrats de pôle. »
S’il dispose d’atouts, le CHU est également pénalisé par des faiblesses
structurelles. Ainsi s’il offre une palette quasi complète des activités de CHU, les taux de fuite
extra-régionaux importants montrent que sa place d’établissement de recours régional n’est pas
encore consolidée.
2.1.4 – Les actions de coopération
Le CHU est engagé dans la coopération sous de multiples formes.
1°) Il a contractualisé avec de nombreux établissements publics et privés et
dans le cadre de réseaux. De façon générale, l’évaluation objective des conventions conclues sur
la base d’indicateurs préalablement déterminés pourrait être améliorée. En effet, elles ne font
actuellement l’objet d’un suivi que dans le cadre de la préparation des EPRD. La Chambre
recommande la mise en place d’une évaluation rigoureuse des conventions signées.
Le CHU est également membre de 12 groupements de coopération sanitaire
(GCS), d’un groupement d’intérêt économique (GIE) et de deux groupements d’intérêt public
(GIP).
La directrice générale a indiqué que : «
Le CHU s'est engagé dans la démarche
de création courant 2012 de la Communauté Hospitalière du Territoire Somme, dont il sera
l'établissement siège et qui réunira les huit autres établissements publics de santé du territoire de
santé. Le projet médical de cette CHT est en cours de définition, en lien avec les projets
médicaux des différents établissements et avec les orientations du futur Schéma régional de
l'organisation des soins, en vue de définir les filières de prise en charge. C'est donc dans ce
cadre que le CHU développera ses actions de coopération. »
La Chambre recommande la
concrétisation organisationnelle et fonctionnelle rapide du développement des actions de
coopération dans le cadre des communautés hospitalières de territoire.
2°) Comme il l’est exposé plus en détail ci-après, l’établissement est également
membre d’un groupement de coopération sanitaire pour la construction et l’exploitation d’une
importante unité centrale de stérilisation, dénommée « UCS 80 ». Les conditions d’organisation
de cette coopération ne sont plus adaptées au financement de l’activité hospitalière publique par
la tarification à l’activité.
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Si cette unité de stérilisation constitue un outil pertinent pour l’activité sanitaire
du CHU d’Amiens, les conditions financières de son exploitation ne lui sont pas favorables.
3°) Posent également question les conditions dans lesquelles le CHU d’Amiens
envisage de s’engager dans un projet de création d’une structure de recherche et d’enseignement
en chirurgie maxillo-faciale.
La direction de l’établissement et un praticien hospitalier ont initié en 2008 une
étude prospective pour la création d’une structure de recherche en chirurgie maxillo-faciale et
d’enseignement dans le domaine de la chirurgie de la défiguration. Le coût de cette étude
(59 000 € TTC) a été financé par le CHU. Par la suite, des études complémentaires d’un coût
global de 480 000 € ont été financées par le Conseil régional de Picardie (200 000 €) et le
FEDER (200 000 €).
Le CHU est actuellement coordonnateur et attributaire des crédits. Le
préprogramme des locaux et du bâtiment envisagés est achevé. Le projet, dénommé «FIGURES»,
a été retenu dans le cadre d’EQUIPEX/Grand Emprunt pour un montant de 10 500 000 €
(financement d’investissements en équipements et coûts de mise en oeuvre). Une demande pour le
financement de postes de recherche intitulée «PROFFIL» dans le cadre LABEX/Grand Emprunt
serait en cours d’instruction. Les investissements immobiliers sont estimés à 21 M€. Ce projet de
création d’une structure de recherche et d’enseignement en chirurgie maxillo-faciale préfigure
cependant des investissements dont le financement n’est pas acquis. Ceux-ci bénéficieraient à ce
jour de l’engagement du Conseil régional de Picardie à hauteur de 4 millions d’euros (mais il
n’existe pas d’engagement écrit de la Région), abondés par un montant au moins identique du
FEDER. Les investissements mobiliers et de matériels de recherche devraient être financés par la
subvention d’EQUIPEX/Grand Emprunt versée au CHU.
La directrice a précisé que le CHU envisageait un transfert des fonds à l'Institut
Faire Face, constitué en Groupement d'Intérêts Economiques (GIE), et une acquisition directe par
ce dernier des équipements. Celui-ci les exploiterait et en assurerait la maintenance. Dans le
cadre des programmes de recherche, les fonds seraient versés directement à IFF. Le coût du
fonctionnement annuel est estimé à 3,3 M€. Par ailleurs, le CHU mettrait à disposition par bail
emphytéotique ou par convention une parcelle de terrain de 6 000 m² contigüe au nouveau CHU.
Le financement de l’investissement comme du fonctionnement n’étant pas
acquis et le CHU connaissant une situation financière tendue, la Chambre recommande la mise en
place d’une structure de coopération permettant de clarifier juridiquement et financièrement ce
dossier et les rôles de chacune des parties. Elle aurait l’avantage d’éviter que le CHU ne soit
amené à se substituer financièrement aux promoteurs du projet. Toutefois, il y a lieu d’observer
que la création d'un GIE, si elle pourrait contribuer à clarifier au plan juridique et financier le
projet, impliquerait une solidarité financière entre ses membres. Le CHU pourrait ainsi être
amené à financer, à proportion de ses parts dans le GIE, les dettes et charges du GIE, si ce dernier
ne parvenait pas à équilibrer ses dépenses de fonctionnement par des recettes extérieures liées à
son activité de recherche.
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2.2 – Les handicaps du CHU
Les faiblesses du CHU trouvent essentiellement leurs origines dans un maillage
régional et une coopération historiquement limitée avec les centres hospitaliers de la région, une
stratégie parfois peu lisible par les acteurs de terrain, une dispersion des ressources que la
polyvalence et la mutualisation attendue de la constitution des pôles ne permet pas encore de
résoudre, ainsi qu’un secteur privé concurrentiel historiquement très fort.
2.2.1 – L’attractivité et les parts de marché
Selon le SROS, le CHU est peu attractif sur les habitants de l’Aisne et l’Oise,
qui ont plus tendance à recourir à des offres de soins extra régionales. Le SROS soulignait :
- une attractivité intra régionale peu importante du CHU d’Amiens pour les habitants des
territoires Nord Est, Sud Ouest et Sud Est ;
- une corrélation entre le taux de fuite extra régional et les migrations quotidiennes extra
régionales à caractère professionnel ;
- l’absence d’identification par les utilisateurs de voie de recours privilégiée dans la région
Picardie.
Les parts de marché du CHU sur la région ne progressent réellement qu’en
chirurgie et très légèrement en cancérologie. Dans les autres disciplines, elles stagnent voire se
réduisent. Le même constat peut être fait sur sa zone d’attractivité. (cf. le tableau ci-dessous).
2006
2007
2008
2009
MEDECINE :
Part de marché en médecine sur la zone d'attractivité
39,6
39,5
39
37,5
Part de marché en médecine sur la région
14,5
14,4
14,4
13,7
CHIRURGIE (Hospitalisation Complète) :
Part de marché en chirurgie sur la zone d'attractivité
20,9
22,3
23,7
24,7
Part de marché en chirurgie sur la région
11,6
12,2
13,2
13,7
CHIRURGIE (Ambulatoire) :
Part de marché en chirurgie ambulatoire sur la zone
d'attractivité
15,9
18,6
19,8
20,8
Part de marché en chirurgie ambulatoire sur la région
5,4
5,9
6,8
7,1
CANCEROLOGIE :
Part de marché en cancérologie (séjours hors séances) sur
la zone d'attractivité
37,4
36,7
37,9
38,4
Part de marché en cancérologie (séjours hors séances) sur
la région
15,7
15,5
15,5
15,4
Part de marché en cancérologie (séances de chimio)
sur la
zone d'attractivité
45,4
45
41,8
42,9
OBSTETRIQUE :
Part de marché en obstétrique sur la zone d'attractivité
39,9
49,6
47,1
47,4
Part de marché en obstétrique sur la région
10,8
11,8
10,5
10,1
Source : Hospidiag
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Le CHU exerce une forte attractivité sur son territoire de proximité et sur le
département de la Somme. Les taux de fuite constatés sur les séjours lourds restent cependant
trop importants (entre 12 et 28 % selon les spécialités), en particulier dans certaines chirurgies
spécialisées et en cancérologie.
Le taux de fuite 2009 (hors Somme) est de 12 %. Le tableau ci-dessous détaille
les taux de fuite par grandes disciplines.
Discipline
Taux de fuite hors Somme
2007
2008
2009
MEDECINE
11,4%
11,3%
11,5%
CHIRURGIE
13,7%
13,3%
13,7%
OBSTETRIQUE
8,4%
8,6%
8,9%
Source : CHU
2.2.2 – L’absence de pôle régional de cancérologie
L’objectif affiché par le CHU est de créer une structure dénommée centre de
recherche et d’applications cliniques en cancérologie, destinée à permettre une prise en charge
globale du cancer et donner ainsi une entité indispensable à la prise en charge du cancer en
Picardie. Cette structure devra assurer les missions de pôle régional de cancérologie, en l’absence
de centre régional de lutte contre le cancer en Picardie.
Compte tenu de la situation financière du CHU, il est fort probable que le
programme fonctionnel du centre de recherche et d’applications cliniques en cancérologie, qui
faisait l’objet, début 2011, d’une perspective de création par construction d’un nouveau bâtiment
sur l’emprise du site sud, ne puisse se faire. Cet état de fait est regrettable car la Picardie, avec
des indicateurs très défavorables en matière de cancer, est la seule région où n’existe pas un
centre régional de référence du traitement de ces pathologies.
Toutefois, le CHU a indiqué, dans sa réponse, qu’il se mobilisait pour être en
mesure de s’affirmer dans ce rôle de référent régional et organiser la prise en charge des patients
autour de ses compétences. C’est ainsi que la définition du projet médical du futur Centre de
cancérologie du CHU se poursuit, en vue de répondre aux exigences d'un pôle régional de
cancérologie tel que prévu dans le Plan Cancer. Il serait implanté au sein des bâtiments existants
par regroupement des activités actuellement dispersées sur les différents sites du CHU
(chimiothérapies, soins de support) afin de permettre aux services de cancérologie (oncologie,
hématologie) actuellement limités dans leur développement du fait de leur nombre de lits,
d'augmenter leur activité pour mieux répondre aux demandes des patients et des établissements
adresseurs.
2.2.3 – Le temps de travail
Si les indicateurs nationaux issus d’Hospidiag font apparaître des efforts de
gestion en matière de productivité pour les personnels non médicaux des services cliniques, sans
qu’il soit certain que cette amélioration ne soit pas uniquement la résultante de l’amélioration du
codage, le CHU peut encore améliorer son efficience en ce qui concerne les personnels médicaux
et les personnels des services médico-techniques.
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L’accord ARTT conclu en 2003 (qui a été revu en 2010) était avantageux pour
le personnel et très coûteux pour le CHU. Cet accord prévoyait 27 jours de RTT par agent et par
an pour le passage de 40 à 35 h avec 20 minutes de repas comptabilisé en temps de travail. Il
n’avait en fait porté que sur la réduction du temps de travail sans développer la partie
aménagement qui recouvrait les questions d’organisation. Il s’est accompagné de la création de
269 ETP (74,5 en 2002, 119 en 2003 et 75,5 en 2004) soit en coût actuel l’équivalent annuel de
10 760 000 € (269 × 40 000 €). Cette dépense s’est cumulée jusqu’à la révision de l’accord.
En 2010, l’accord ARTT revu a fixé la durée hebdomadaire à 37h30 ce qui a
préservé 15 jours de RTT, mais le repas est maintenant imputé sur le temps personnel (30mn). La
direction a comme objectif d’atteindre 35h à l’entrée dans le nouveau CHU en 2014, ce qui au
regard de la situation de l’établissement, peut paraître tardif d’autant plus que cela ne
s’appliquerait qu’au personnel administratif. La direction attend de l’application de ce nouvel
accord une économie potentielle de plus de 250 Equivalents Temps Plein.
La chambre estime que le passage aux 35h avec la réorganisation du travail qui
devait l’accompagner aurait pu se faire dès la signature de l’accord initial, dont l’objectif
réglementaire n’était pas la simple réduction du temps de travail appliquée aux organisations
existantes mais l’aménagement de ce temps de travail afin d’optimiser les organisations dans le
cadre de la nouvelle durée annuelle de temps de travail. Dans ces conditions le CHU aurait vu sa
masse salariale contenue par la maîtrise de ses effectifs puisqu’aujourd’hui il attend de la révision
de l’accord une économie de 250 postes. Par ailleurs, le fait de n’appliquer la révision de l’accord
dans sa totalité qu’à partir de 2014 à l’occasion du déménagement dans les nouveaux locaux,
pèse sur la gestion des effectifs et sur son coût. Enfin, il existe un « stock » important d’heures
supplémentaires (158 468 heures pour l’ensemble des personnels non médicaux en 2010).
2.2.4 – L’activité universitaire
Au-delà des prestations de soins dont le financement est pris en compte par la
tarification à l'activité (T2A), les CHU assurent des missions d’enseignement et de recherche, de
recours, d’innovation (MERRI). Pour financer ces charges, une dotation existe dans la mesure où
ces activités ne sont pas quantifiables à travers les données du programme de médicalisation des
systèmes d'information (PMSI) sur lequel se fonde la T2A.
L’activité universitaire du CHU d’Amiens apparaît comme fragile au vu de son
activité de recherche insuffisante. En effet, ses résultats en programmes hospitaliers de recherche
clinique financés (PHRC) peuvent être comparés à ceux de Rouen : entre 2008 et 2011 le CHU
de Rouen a obtenu 26 PHRC contre 6 au CHU d’Amiens. Cette absence de dynamisme est
sanctionnée financièrement.
L’activité de chirurgie cardiaque, activité emblématique des CHU, rencontre à
Amiens des difficultés. L’établissement est autorisé pour la prise en charge des adultes. Le
service de chirurgie cardiaque du CHU comporte 20 lits, pour un effectif médical de 10 praticiens
correspondant à 8,69 ETP. Cet effectif apparaît important au regard des effectifs de huit autres
CHU équivalents (Angers, Besançon, Brest, Caen, Metz, Reims, Rouen et Saint-Etienne) qui
oscillent entre 3 et 7 praticiens (effectif médian de 5), pour un nombre d’ETP variant de 2,3 à 5,7
(médiane = 3,7). Les tentatives du CHU pour réduire cet effectif n’ont pu aboutir.
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2.2.5 – La coopération internationale
Le
CHU
d’Amiens
assure
une
activité
internationale
importante ;
principalement orientée vers les actions de développement. Il a signé 11 conventions d’aide au
développement. S’agissant de la coopération scientifique, celle-ci est limitée. Une seule
convention a été recensée dont le terme est le 31 décembre 2011 (association avec l’université de
Cambridge).
Les dépenses liées à la coopération internationale (255 197 € en 2008,
311 402 € en 2009, 479 834 € en 2010), sont équilibrées par des financements externes. Les
projets de coopération sont financés au moyen de conventions de subventions signées avec des
bailleurs divers : commission européenne (FEDER, Europaid), coopération bilatérale (MIRH,
AFD, MAEE), coopération décentralisée (Conseil régional de Picardie, Cités unies France),
bailleurs de fonds indépendants (Rotary, Lions Clubs, Association de cardiologie, etc.).
2.2.6 – L’activité de chirurgie cardiaque
En termes d’activité, le service de chirurgie cardiaque a réalisé 683 interventions
en 2009, 676 en 2010 et 371 fin juillet 2011. En termes comparatifs, les huit autres établissements
comparables ont réalisé un nombre d’interventions variant en 2010 de 381 (CHR de Metz) à
1 023 (CHR de Reims), mais la véritable comparaison doit être faite au niveau du ratio « nombre
d’interventions réalisées par ETP ». Ce ratio varie de 127 (CHR de Metz) à 270 (CHU de Brest),
alors que le ratio du CHU d’Amiens est de 78, ce qui le place en dernière position. Ce faible ratio
montre le peu d’attractivité de la spécialité dans la région. Cela est confirmé par un taux de fuite
des séjours hors région particulièrement élevé de 60,37 % selon le schéma interrégional
d'organisation sanitaire (SIOS). Cette situation bénéficie principalement aux établissements de la
région parisienne qui représentent 61,32 % du total des fuites.
Par ailleurs, les praticiens du service n’ont pas tous la même activité. Ainsi,
l’examen du détail des interventions par chirurgien cardiaque montre que trois des praticiens,
représentant 2,44 ETP, réalisent 77 % des interventions.
2.2.7 – Le contentieux relatif au financement de l’UCS 80
Le GCS « UCS 80 », qui regroupe des établissements publics, dont le CHU
d’Amiens, et des établissements privés, traite la stérilisation de l’ensemble de ces établissements.
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Un bail emphytéotique hospitalier (BEH) tel que défini aux articles L. 6148-1 et
suivants du code de la Santé Publique d’une durée de 20 ans a été signé le 21 juillet 2006 entre le
CHU et la « société Babcock & Brown » pour réaliser cette unité de stérilisation. L’analyse de ce
BEH fait l’objet d’un rapport thématique dans le cadre d’une enquête nationale.
Ce BEH portait sur :
- la conception, la construction et le financement d'un ouvrage et des installations d'une unité
centrale de stérilisation sous la forme d'un BEH ;
- le financement et la fourniture d'équipements de stérilisation et de péri-stérilisation ;
- l'entretien et la maintenance de l'ouvrage, de ses installations et des équipements pendant toute
la durée du bail.
Le protocole signé le 3 juin 2005 entre les établissements publics et privés
candidats constituant le GCS stérilisation et l’ARH prévoyait :
- la création d’un site centralisé regroupant les stérilisations des établissements de soins de la
région Picardie ;
- un BEH ;
- la compensation par l’ARH des surcoûts engendrés par le regroupement à hauteur de la moitié
de la différence entre le coût actuel et le coût d’exploitation futur pour chaque établissement
membre du GCS stérilisation des secteurs 1 et 2 ;
- les surcoûts supportés par le CHU, en qualité de « porteur » des biens mis à disposition de
l’Unité centrale de production, devaient faire l’objet d’une prise en charge spécifique à
contractualiser.
La signature de ce protocole engageait les signataires comme partie prenante
dans le processus de financement total de la structure et le CHU ne pouvait en conséquence seul
supporter les coûts d’une structure qui profite à tous. Ce protocole a été modélisé sous le régime
du financement par dotation globale des hôpitaux publics.
La convention constitutive du GCS (titre II – article 6 : Capital de la convention
constitutive) indique que le CHU fait un apport en nature de 5 M€ correspondant aux
installations. Il n’est fait mention ni dans la convention constitutive ni dans le règlement financier
d’une quelconque facturation du loyer du BEH du CHU aux membres du GCS. Par ailleurs, cette
pratique revient à sous-évaluer les coûts de production (en n’y intégrant pas les coûts
d’investissement et d’exploitation liés au BEH pesant sur les comptes du seul CHU) ce qui fausse
la concurrence et est également critiquable au regard du droit de la concurrence et du code des
marchés publics.
En février 2008, l’ARH s’était engagée à reconsidérer le dispositif
d’accompagnement. Elle a demandé une révision des statuts du GCS du fait de la modification
importante du contexte financier : mise en oeuvre de la T2A à 100 % en 2008 et de tarifs
nationaux de prestations intégrant le financement des coûts complets des activités de stérilisation
et de leur mise aux normes. Les statuts n’ont pas encore été adaptés. Parallèlement, l’ARH
renouvelait son engagement d’une aide limitée à trois ans et dégressive (en lien avec la montée en
charge de la T2A) afin de permettre au GCS de recruter de nouveaux adhérents et de diminuer
son coût unitaire de production.
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Afin de ne pas retarder l’ouverture de la structure (le bâtiment et les
équipements étaient livrés et opérationnels) et d’éviter le retrait d’un certain nombre de ses
membres, l’administrateur du GCS a proposé par un courrier du 16 mai 2008 à l’ARH :
- la non facturation du loyer BEH aux établissements adhérents pendant une durée de trois ans,
soit jusqu’au 31 décembre 2010 ;
- l’accompagnement de l’ARH au seul CHU pendant cette période, et non à tous les
établissements ;
- la facturation par le CHU du loyer du BEH au GCS à compter du 1
er
janvier 2011.
. Le CHU a bénéficié de financements au titre des MIGAC en 2008 et 2009
pour le loyer du BEH de l’UCS 80. En 2010, les crédits n’ont pas été reconduits. Aussi, à partir
de 2011, il a été procédé à la refacturation du loyer BEH au GCS, le CHU ayant émis un titre de
recettes le 10 janvier 2011 pour le loyer 2010.
Le CHU a supporté en 2008, environ 1
M
€ de reste à charge sur les loyers du
BEH, soit plus que sa participation à la production et aux dépenses du GCS. En 2009, il a
également supporté un reste à charge d’environ 1
M€. En 2010, le reste à charge pour le CHU
aurait été au total de 1,7
M
€ s’il n’avait pas refacturé les 700 000
€ d’aide non obtenue.
Le CHU a donc été amené à signer une convention constitutive qui lui est
préjudiciable et qui ne protège pas ses intérêts dans le cadre du financement des hôpitaux par la
T2A. Par ailleurs, cette situation conduit le CHU à « subventionner » de fait l’activité stérilisation
d’autres établissements de santé publics ou privés.
La Chambre recommande la révision de la convention et la clarification du
financement du BEH. La directrice a indiqué, dans sa réponse, que des démarches étaient en
cours entre les membres du GCS et avec l’ARS.
3 – La fiabilité des comptes et des procédures
3.1. – La fiabilité des opérations comptables
3.1.1 – La comptabilité d’engagement et le principe d’indépendance des exercices
La comptabilité des dépenses engagées est tenue. Le rattachement des produits
du groupe 2 à l’exercice est réalisé. En clôture d’exercice, l’établissement procède à une
facturation effective au débiteur présumé. Il ne procède pas à l’opération dite « des titres en
souffrance ».
3.1.2 – Le remboursement des budgets annexes au budget principal
Le remboursement des budgets annexes au budget principal est effectué. Les
états de remboursements sont établis sur la base des relevés d’actes médico-techniques, ou établis
sur la base de proratas (clefs logistiques). Les dépenses de personnel sont réalisées en imputation
directe ou à défaut sur une répartition des charges réelles du pool des personnels de
remplacement suivis par matricule, ou sur une évaluation du temps agent dédié au budget annexe.
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3.1.3 – Les stocks
Les stocks sont gérés (entrées/réceptions-sorties/demandes de services) en
s’appuyant sur un logiciel de gestion économique et financière. Des balances mensuelles et une
annuelle sont réalisées. Un inventaire tournant est réalisé en cours d’année sur l’ensemble des
produits et dispositifs médicaux. A la fin de l’année, un inventaire physique des produits est
réalisé et intégré dans le logiciel de gestion des stocks par le module inventaire.
3.1.4 – Le principe de prudence et les provisions
Des provisions ont été constituées pour un montant de 125 290 261 €. Les
provisions réglementées représentent une somme totale de 101 336 074 € dont 97 232 153 € au
titre des travaux du nouveau site immobilier.
En l’absence d’une réglementation explicite, le mode de calcul à retenir pour
évaluer l’indemnisation des jours placés sur les CET est aujourd’hui incertain. La Chambre
considère que rien aujourd’hui ne permet, au vu des conditions d’indemnisation antérieures
(300 € par jour hors charges) d’affirmer que les 8 705 jours épargnés au 31 décembre 2010
seraient couverts par la provision. Calculée selon les instructions de la dernière indemnisation, la
dette du CHU à l’égard des médecins concernés s’élèverait à 2 611 500 € soit 3,9 M€, charges
comprises. Pour les personnels non médicaux, le montant s’élèverait à 2 216 447 €.
Après l’abondement versé en 2011 de 1 414 209 €
1
, la provision CET (C/143)
s’élève à 5 095 810 € pour une charge estimée à 6,1 M€.
3.1.5 – La dotation non affectée (DNA)
Le patrimoine de la DNA est composé de logements de fonction (maisons et
appartements) sur Amiens et Salouel, de logements loués et de terres dans la Somme et l’Oise
louées à des particuliers, des groupes de chasseurs (association, société), ou encore au
Conservatoire des Sites Naturels de Picardie.
Le budget de la DNA est compris entre 160 000 € et 190 000 € sur la période
2008-2011. Les résultats d’exécution des trois derniers exercices sont les suivants :
En €
2008
2009
2010
Résultat
286 246
494 967
29 405
c/775 Cessions
58 580
480 067
21 667
Le temps de gestion d'un agent est refacturé par le budget principal à la DNA
sur la base d'un quart de temps du traitement annuel et charges de cet agent.
1
Source : réponse de l’établissement
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La DNA fait l’objet d’une gestion au fil de l’eau pour la gestion des baux en
liaison avec le comptable et les notaires. Le suivi est donc perfectible et pourrait être amélioré
notamment en matière de pérennité de l’information.
La directrice générale a expliqué que :
« des échanges et rencontres en fin d'année 2011 et en début d'année 2012 avec le notaire de
l'établissement ont permis d'établir un plan d'actions concernant le patrimoine privé du CHU :
- plan d'évaluation systématique des parcelles avec la détermination préalable d'un calendrier
prévisionnel en fonction de la localisation et de la superficie des terres, en lien avec le service
des domaines (contact pris avec la direction régionale des finances publiques).
- plan de cession sur la base des évaluations précédentes et des opportunités ».
La Chambre recommande la structuration du suivi de la dotation non affectée.
3.2 – La fiabilité des procédures d’encaissement des produits
3.2.1 – La facturation
Il existe des conventions avec les organismes complémentaires (mutuelles
etc…). Le CHU contractualise régulièrement avec de nouveaux organismes complémentaires
pour la mise en place de tiers payants. L’établissement s’est inscrit dans une démarche de
dématérialisation des prises en charge (PEC) et de la facturation aux mutuelles.
Les taux de recouvrement sont les suivants :
Taux de recouvrement
2008
2009
2010
Hospitalisés et consultants
(évolution des PEC)
83 %
65 %
(- 52 %)
77 %
Sécurité sociale hors T2A
(évolution des PEC)
87 %
88 %
(+ 225 %)
Mutuelles et autres tiers payants
(évolution des PEC)
60 %
72 %
(+ 103 %)
75 %
Source : rapport financier 2009 et trésorerie
La dégradation du taux de recouvrement pour les hospitalisés et consultants est
à mettre en parallèle avec l'évolution positive des prises en charge sur les caisses de sécurité
sociale et les mutuelles. En effet, les titres émis sur les débiteurs particuliers représentent de plus
en plus souvent la part définitivement à charge de ceux-ci, après facturation aux tiers payants des
parts leur incombant. En l'absence de remboursement possible par un organisme tiers, les
débiteurs particuliers éprouvent manifestement des difficultés pour s'en acquitter. Le
recouvrement est bien meilleur sur les caisses et mutuelles que sur les particuliers.
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Il existe une avance sur frais de séjour, en matière d’hébergement de personnes
âgées, encaissée à l'admission (30 jours du tarif hébergement).
L’établissement s’est inscrit comme expérimentateur dans le cadre du projet de
facturation individuelle des établissements de santé publics et privés d’intérêt collectif (FIDES).
Cette expérimentation vise à déterminer, dans le but d’une généralisation, les meilleures
conditions de mise en oeuvre en termes de fiabilité, de qualité, de délais et d’exhaustivité de la
facturation et des paiements, ainsi que le système d’avance de trésorerie aux établissements de
santé le mieux adapté à ce mode de facturation.
La Chambre recommande la poursuite des travaux engagés pour l’amélioration
de la qualité de la facturation et du codage.
3.2.2 – Le fonctionnement des régies
Les encaissements en régie ont évolué à la hausse depuis 2008 mais sont
perfectibles (contraintes architecturales, saisie de l’activité en temps réel, interfaces logicielles).
Tous produits confondus, ils sont de :
2008
2009
2010
77 428 €
198 315 €
269 330 €
Source : CHU
La Chambre recommande le développement de l’encaissement en régie qui
demeure à un niveau modeste.
4 – La situation financière
Le périmètre financier recouvre un budget principal et six budgets annexes.
En €
Budget
principal
B
Long
séjour
E
EHPAD
C
Ecole
P
Camps
R
CRA (P2)
A
DNA
Total
Montants des
prévisions de
charges
et
produits pour
2011
493 946 618
11 982 145
6 237 441
8 016 589
566 041
1 044 074
189 721
521 982 629
Source : EPRD 2011-10-17
A cet ensemble budgétaire il convient d’intégrer les engagements dans des
groupements de coopération (GIE, GIP, GCS).
L’établissement a précisé que les instances du CHU ont connaissance de la
réalité financière et juridique de la participation à ces différents groupements lors du déroulement
de la procédure de création, à l’occasion de la présentation des conventions constitutives et
lorsqu’il y a des impacts « significatifs » sur l’EPRD. Elles ont donc peu d’information sur leur
situation financière.
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La Chambre recommande une information régulière des instances du CHU sur
la participation de l’établissement auxdites structures et ses conséquences sur la gestion.
4.1 – Une situation tendue de longue date, ayant nécessité la mise en oeuvre d’un plan de retour à
l’équilibre en 2006
Dans son précédent rapport d’observations définitives, en date du 23 avril 2008,
la Chambre avait relevé la fragilité de la situation financière du CHU d’Amiens. Cette situation,
antérieure à l’entrée en vigueur en 2005 de la tarification à l’activité, résultait essentiellement
d’une augmentation tendancielle des charges, notamment de personnel, plus rapide que celles des
produits. La Chambre avait également relevé la faiblesse des recettes de l’activité, à mettre au
regard d’un plateau technique surdimensionné ou sous utilisé (blocs opératoires par exemple),
ainsi que d’un doublement non optimisé de certains services (laboratoires, …).
Depuis, le CHU a bénéficié d’un contrat de retour à l’équilibre financier (CRE)
portant sur les exercices 2007 à 2010. Le contrat initial élaboré en 2006-2007 a été signé le 14
juin 2007. Il portait sur les exercices 2007 à 2009. Un avenant a été signé en mars 2010,
concernant l’exercice 2010. L’objectif était de retrouver l’équilibre en 2010. En contrepartie,
l’ARH s’engageait à maintenir les aides financières allouées dans le passé au titre du plan hôpital
2007 et de l’aide régionale à l’investissement destiné au projet monosite qui s’élevait au
31 décembre 2005 à 18,8 M€.
Le ministre chargé de la Santé s’engageait pour sa part à allouer une aide
exceptionnelle au CHU via les dotations de l’ARH à partir de l’exercice 2006 dont les
caractéristiques sont les suivantes :
- 3 M€ de dotation annuelle complémentaire reconductible au titre de l’effort de réduction des
coûts de production mis en oeuvre par le CHU d’Amiens ;
- 7 M€ de dotation d’aide à la contractualisation (AC) reconductible au titre du financement de
l’opération de reconstruction et de restructuration de l’établissement.
4.1.1 – L’action sur les dépenses
Les mesures de redressement prévues portaient sur les dépenses de personnel
médical. Elles se sont traduites dans la réalité ainsi :
2006
2007
2008
2009
2010
Evol 2006-2010
56 588 536
60 721 377
64 888 865
68 004 167
73 403 764
29,7 %
-
7,3 %
6,86 %
4,8 %
7,9 %
Source : CHU
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RODNOTIF-2012-0026-999
S01
Le tableau des emplois médicaux en ETP rémunérés au 31 décembre de 2006 à
2010 a évolué ainsi :
Statut
2006
2007
2008
2009
2010
Evolution
2006/2010
PH temps plein et HU
300,08
321,58
318,71
322,30
325,95
8,62 %
PH temps partiel
6,30
6,30
10,40
12,30
14,20
1,31 %
Praticiens attachés
48,23
61,45
65,92
61,29
45,87
- 4,89 %
Total 1 : Praticiens Statutaires
354,61
389,32
395,03
395,89
386,02
8,86 %
PH contractuels
55,00
48,30
39,85
80,30
91,30
66,00 %
Total 2 : Praticiens Statutaires et
contractuels
409,61
437,32
434,88
476,19
477,32
16,53 %
Internes
281,00
298,00
343,00
367,70
403,00
43,42 %
Etudiants (1 étudiant = 0,5 ETP)
192,50
218,50
237,00
266,50
293,00
52,21 %
Total 3 : Internes et étudiants
473,50
516,50
580,00
634,20
696,00
46,99 %
TOTAL GENERAL
883,11
953,82
1 014,88
1 110,39
1 173,31
32,86 %
Source : CHU DAM – bilan
Nonobstant le renforcement des effectifs de médecins en formation (étudiants et
internes), l’effectif médical du CHU a continué de croître même si depuis deux ans il semble se
stabiliser.
Les mesures de redressement portaient également sur les dépenses de
personnels non médicaux.
Ces dépenses ont évolué comme suit :
2006
2007
2008
2009
2010
Evol 2006-2010
192 832 981
200 894 289
208 176 443
214 132 344
218 929 764
13,5 %
-
4,18 %
3,62 %
2,86 %
2,24 %
Source : CHU
Le tableau suivant montre l’évolution des effectifs en ETP rémunérés au
31 décembre de 2006 à 2010.
En ETP
2006
2007
2008
2009
2010
Evolution 2006-2010
Administratif
712,91
631,03
722,92
730,14
737,62
3,47 %
Soignant
2 937,31
2 924,52
2 987,47
3 094,01
3 157,77
7,50 %
Technique
723,58
704,08
719,27
725,51
721,69
- 0,26 %
Médico-technique
357,13
354,39
339,19
343,13
339,09
- 5,05 %
Total Personnel non médical
4 730,93
4 614,02
4 768,85
4 892,79
4 956,17
4,76 %
Source : CHU DAM
Comme pour les personnels médicaux, les effectifs des personnels non
médicaux ont continué d’augmenter, malgré le contrat de retour à l’équilibre, jusqu’en 2010.
L’établissement précise qu’en 2011 les dépenses de personnel se sont stabilisées du fait de l'effet
année pleine des départs volontaires indemnisés de 2010 et du premier impact financier des
départs de l'année 2011.
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Ainsi malgré les annonces de suppressions de postes médicaux ou non
médicaux, les effectifs des deux catégories ont continué de croître jusqu’en 2010.
Pour leur part, les dépenses hors personnel font apparaître un effort de gestion
dans les trois dernières années. Le CHU subit à l’évidence les hausses de ses contrats
d’assurances (+76,55 % entre 2006 et 2010) et bien sûr doit faire face à une forte montée en
charge du poste amortissements (+10,11 % entre 2008 et 2011) qui vont encore augmenter très
fortement à partir de la mise en service du nouveau CHU (plus de 20 M€ supplémentaires
par an).
4.1.2 – L’action sur les recettes
Le contrat de retour à l’équilibre (CRE) conduisait le CHU à agir également sur
les recettes par :
- l’amélioration du codage pour éviter les redressements par la sécurité sociale comme cela s’est
produit pour les séjours en 2006 pour 82 118 €, en 2007 pour 15 750 € et en 2008 pour 186 142 €
et également pour les rétrocessions en 2008 pour 144 356 € ;
- l’augmentation d’activité par réduction des taux de fuite en hématologie et en chirurgie
cardiaque et la réduction de la durée moyenne de séjour (DMS).
L’activité du CHU a progressé quantitativement sur la période sous revue. Cela
s’est traduit par une augmentation des recettes.
En €
2007
2008
2009
2010
Evol 2007-2010
Produits de l'activité c/73
360 782 822
385 832 293
415 329 525
435 521 384
20,7 %
Evolution
6,94 %
7,65 %
4,86 %
Source : CFU
4.1.3 – Le bilan du CRE
Le CHU a bénéficié de crédits de l’ARH/ARS en fin d’exercice.
2008
2009
2010
7 597 398
7 720 713
7 000 000
Source : CHU
Afin de pouvoir avancer des conclusions sur le bilan CRE, il est utile de
mentionner ici les résultats des exercices concernés :
En €
2006
2007
2008
2009
2010
Déficit réel de l’exercice
28 268 722
29 747 227
24 686 733
21 212 782
17 229 785
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Si les résultats du CHU s’améliorent sur la période, -le déficit d’exploitation
annuel réel passant de presque 30 M€ en 2006 et 2007 à 17 M€ en 2010-, les objectifs de retour à
l’équilibre en 2010 sont très loin d’être atteints.
La directrice générale a répondu
que « le CHU élaborait un plan de retour à
l'équilibre sur 5 ans qui va couvrir les années 2012 à 2016. Cette dernière année est également
celle du regroupement total et définitif des activités sur le site sud. Ce plan de retour à
l'équilibre, basé sur une analyse approfondie de la situation financière de l'établissement,
comprend des mesures sur le niveau de dépenses et des actions sur l'activité et les recettes de
l'établissement, l'objectif étant une ouverture à l'équilibre financier du nouveau CHU. »
Nonobstant le regroupement attendu et ses effets en 2016, la Chambre recommande de conclure
rapidement l’élaboration en cours du nouveau contrat de retour à l’équilibre sur la base de la
situation financière réelle de l’établissement et parallèlement d’agir sur les recettes en
augmentant la productivité par la révision de l’aménagement du temps de travail.
4.2 – Les déficits inscrits aux comptes financiers
Au titre des exercices 2008 à 2010, l’établissement a enregistré des résultats
négatifs pour des montants limités au regard du montant de l’état prévisionnel des recettes et des
dépenses (cf. le tableau ci-dessous).
La situation du déficit du budget principal apparaît aux comptes financiers ainsi
qu’il suit :
2008
2009
2010
Montant du déficit affiché
6 108 908,22
4 050 667,55
3 675 965,43
Source : comptes financiers 2008 à 2010
Ces résultats ne reflètent cependant pas la situation financière réelle du CHU
d’Amiens. Ils sont très supérieurs à la réalité.
4.3 – La situation financière réelle
4.3.1 – L’utilisation des crédits d’aide à la contractualisation destinés au financement des travaux
du nouveau CHU
Comme le montre le tableau suivant, depuis 2006, chaque année, entre 12 et
21 M€ de crédits d’aide à la contractualisation (AC) destinés à financer les surcoûts liés à la
construction du nouveau CHU sont utilisés pour couvrir le déficit d’exploitation.
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C/142 Provisions monosite (en €)
2006
2007
2008
2009
2010
Crédit AC de l’ARS
29 108 320
30 962 497
35 793 148
39 434 723
32 478 010
Dont
crédit
pour le
projet
monosite
Restructurations
8 392 111
8 392 111
8 392 111
8 392 111
4 717 426
Soutien régional à
l'investissement
5 963 481
5 963 481
5 963 481
5 963 481
5 963 481
Aide national à l'investissement
3 239 184
3 924 692
3 924 692
3 924 692
3 924 692
Crédits délégués par le Ministère
de la santé et des solidarités lors
de la mise en place du CRE
7 000 000
7 000 000
7 000 000
7 000 000
7 000 000
Total
24 594 776
25 280 284
25 280 284
25 280 284
21 605 599
Crédits "monosite" mis en provision au c/142
12 460 582
8 700 000
4 500 000
12 700 000
3 000 000
Différence (utilisée en exploitation)
12 134 194
16 580 284
20 780 284
12 580 284
18 605 599
Reprises
0
0
0
3 085 658
8 206 238
Balance de sortie c/142
80 376 832
89 076 832
93 576 832
103 191 174
97 984 936
Source : CHU
4.3.2
– Le déficit réel
Le tableau suivant décrit la situation du déficit du CHU de 2006 à 2010.
report déficitaire
avant 2006
2006
2007
2008
2009
2010
Résultat comptable (1)
-11 648 738
-9 798 731
-6 108 908
-4 050 668
-3 675 965
Résultat
comptable
cumulé
-24 470 162
-36 118 900
-45 917 631
-52 026 539
-56 077 207
-59 753 172
Crédits
AC
non
provisionnés
et
utilisés
pour l’exploitation (2)
-12 134 194
-16 337 284
-20 780 284
-12 580 284
-19 261 094
Résultat exercice retraité
des
crédits
AC
non
provisionnés (1) + (2)
-23 782 932
-26 136 015
-26 889 192
-16 630 952
-22 937 059
Résultat réel cumulé
-24 470 162
-48 253 094
-74 389 109
-101 278 301
-117 909 253
-140 846 312
En tenant compte des crédits AC non provisionnés, le déficit global du CHU
n’est plus de 59,8 M€ mais de 140,8 M€, chiffre validé par le CHU. Ce déficit cumulé représente
103 jours d’exploitation.
Ce
déficit
structurel
cumulé
illustre
une
situation
d’exploitation
structurellement dégradée. Pour en trouver la cause plusieurs hypothèses peuvent être avancées :
- un défaut d’efficience, en partie lié à l’éclatement des différents sites hospitaliers : une analyse
comparative sur la période 2008/2010 des coûts du CHU pour produire son case mix d’une part et
de ceux des établissements de l’échelle nationale des coûts (ENC) pour produire la même activité
d’autre part, montre que les surcoûts bruts du CHU s’accentuent sur cette période et passent de 10
à 14 % ;
- des constats convergents quels que soient les indicateurs retenus (ENC, base d’Angers,
Hospidiag) ;
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- des surcoûts apparaissant essentiellement sur la ligne plateau technique et consommables
médicaux, en particulier en biologie et dans les blocs opératoires ;
- une surdotation en personnel non médical dans ces secteurs ;
- une productivité du personnel médical inférieure à la médiane ;
- des coûts du bloc et de la biologie médicale supérieurs à la moyenne des autres CHU ;
- des charges d’hôtellerie et de logistique ainsi que de gestion générale plus élevées que celles de
la moyenne des CHU, notamment sur le SIH, si l’on se réfère à la base d’Angers ;
- un alourdissement des charges de structure, conséquence de la réalisation du projet
d’investissement du nouveau CHU : on constate une forte évolution des charges financières (frais
d’intérêts bancaires), au fil de la montée en charge de l’endettement ; cette tendance va
s’accentuer dès l’entrée en amortissement de l’opération (+22 M€ dès 2015) ;
- enfin, les 269 postes créés lors de la mise en oeuvre de l’accord ARTT initial représentent de
2005 à 2009 la somme de 53,8 M€, soit 32,4 % du déficit cumulé à la clôture de l’exercice 2010.
Bien sûr, s’il convient de nuancer le calcul, il est cependant évident que l’accord initial de 2005 a
contribué de façon importante à la constitution du déficit de l’établissement.
4.3.3 – La capacité d’autofinancement (CAF)
Les tableaux suivants permettent de constater que si le CHU n’avait pas utilisé
une partie des crédits AC en exploitation, la CAF brute n’aurait pas couvert le remboursement de
la dette en 2010.
Le premier tableau présente l’évolution de la CAF comptable sur la période, et
le suivant celle de la CAF retraitée des crédits AC non provisionnés :
En K€
2006
2007
2008
2009
2010
CAF brute
23 882
23 368
28 058
41 482
21 041
Remboursement des emprunts
6 695
7 077
6 692
6 192
9 454
CAF nette
17 187
16 291
21 366
35 290
11 587
Source : trésorerie
En K€
2006
2007
2008
2009
2010
Correction provisions
-12 134
-16 580
-20 780
-12 580
-18 606
CAF brute réelle
11 748
6 788
7 278
28 902
2 435
Remboursement des emprunts
6 695
7 077
6 692
6 192
9 454
CAF nette réelle
5 053
-289
586
22 710
-7 019
Les projections de CAF et des remboursements d’emprunts au PGFP 2011 sont
les suivantes :
En €
2011
2012
2013
2014
2015
2016
CAF brute
9 067 654
7 533 263
7 442 183
5 805 411
5 977 368
9 479 468
Remboursement
des emprunts
11 449 864
14 937 831
17 863 528
21 864 994
24 719 478
24 643 340
CAF nette
-2 382 210
-7 404 568
-10 421 345
-16 059 583
-18 742 110
-15 163 872
Source : PGFP 2011
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L’autofinancement est négatif à court terme et l’équilibre ne peut se faire sans
le recours à des financements externes. La capacité du CHU à court terme à faire face à ses
différentes échéances est donc très incertaine.
4.4 – L’état prévisionnel des recettes et des dépenses (EPRD 2011)
L’EPRD 2011 et le plan global de financement pluriannuel (PGFP) ont été
approuvés avec réserves par l’ARS sur l’évaluation du titre III des recettes et notamment des
recettes diverses attendues au titre des MIGAC, l’absence de provisions réalisées au titre du
financement des surcoûts d’exploitation attendus dans le cadre de la construction du mono site et la
majoration des tarifs opposables aux tiers dans le cadre des tarifs journaliers et prestations.
Cependant, au vu des estimations, l’EPRD 2011 devrait se traduire par un
déficit réel de 10,1 M€. Les crédits AC pour les surcoûts liés au monosite ont été intégralement
provisionnés en 2011. Le déficit cumulé est donc porté à 150,9 M€ au 31 décembre 2011.
4.5 – Le plan global de financement pluriannuel (PGFP)
Les caractéristiques du PGFP présenté par le CHU sont les suivantes :
- les crédits AC au titre du nouveau CHU ne sont pas provisionnés, alors que la différence entre
ces crédits et la somme des amortissements et frais financiers liés au CHU est positive encore
quelques années ;
- les reprises sur provisions offrent une visibilité seulement jusqu’en 2016 ;
- les cessions sur les exercices 2014-2016 sont estimées à 45 M€;
- l’important déficit d’exploitation réel n’est pas pris en compte.
L’équilibre du PGFP est donc très incertain. Les reprises sur provisions au titre
du nouveau CHU ont commencé en 2009 avec 3,1 M€. Elles se sont poursuivies à hauteur de
8,2 M€ en 2010 et de 12 M€ en 2011. Ces reprises sur provisions au titre du NCHU sont censées
couvrir les frais financiers et d’amortissements liés au nouveau CHU.
Parallèlement, on remarque l’absence de provisions réalisées en 2011 au titre du
financement des surcoûts d’exploitation attendus dans le cadre de la construction du monosite.
Le solde des provisions monosite en fin d’année 2010 s’élevait à 98 M€
(balance de sortie du C/142). D’après le PGFP 2011, l’approvisionnement de ce compte est
maintenant terminé. Le tableau ci-dessous donne les prévisions des reprises sur provisions
prévues dans le PGFP 2011.
Extrait du PGFP 2011
En €
2011
2012
2013
2014
2015
2016
Total
reprises pour le NCHU
c/7874
11 995 412
23 072 534
20 545 040
16 576 590
22 074 409
3 720 947
97 984 932
Source : CHU
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Les provisions seront épuisées au terme de l’exercice 2016. Après cette date, il
faudra que le CHU assume les frais financiers et d’amortissement sur sa section de
fonctionnement.
Les frais financiers ne sont pas calculables exactement pour diverses raisons
(incertitudes sur les montants et dates de mobilisation, sur les taux d’intérêts …), mais le montant
du remboursement des intérêts liés au monosite devrait être de l’ordre de 362 M€ sur la période
2007 à 2044 (hypothèse de 492,7 M€ mobilisés sur la période, emprunts sur 30 ans à annuités
constantes, au taux de 4 %).
Emprunts pour le NCHU (en M€)
Réalisé (en M€)
PGFP (en M€)
Total
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
14
20,5
166,5
52,5
122
27,2
65
25
492,7
Source : PGFP
Les montants des amortissements au titre du nouveau CHU augmentent très
fortement à partir de 2015, comme le montre le graphique suivant :
Amortissements NCHU (en K€)
0
5 000
10 000
15 000
20 000
25 000
2012
2014
2016
2018
2020
2022
2024
2026
2028
2030
2032
2034
2036
2038
2040
Les inquiétudes sont donc encore plus fortes pour l’après 2016. En effet, le
CHU n’aura plus de provisions pour financer les surcoûts liées au monosite, en raison de
l’utilisation depuis 2006 des dotations AC pour la section d’exploitation. De plus, les
remboursements des emprunts obligataires, pour lesquels aucune provision n’est constituée à ce
jour, approcheront, et il n’est pas exclu que la vente du site de l’hôpital Nord pèse quelques temps
encore sur le budget du CHU.
En effet, le CHU intègre à son PGFP le montant des ventes espérées du centre
de gynécologie obstétrique (CGO) et de l’hôpital Nord. Le patrimoine que représente l’hôpital
Nord est très important tant en termes de superficie qu’en termes financiers pour l’équilibre du
PGFP. Sa vente, si elle se réalisait, représenterait un apport important en capital. Cette cession est
déjà intégrée dans le PGFP. Cependant ces ventes ne sont pas à ce jour réalisées et rien n’indique
qu’elles le seront dans les délais prévus par le PGFP et encore moins au niveau financier espéré.
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La valeur vénale du CGO a été estimée à 12,5 M€ avec une marge de + ou –
10 % le 22 décembre 2009 par la direction régionale des finances publiques de Picardie. Ce
patrimoine situé dans le quartier d’Henriville (10 000 m², 86 lits de maternités) fait l’objet d’un
intérêt de la commune qui souhaiterait y installer un EHPAD, et serait prête à l’acquérir pour
8 M€. Il n’y a pas actuellement de proposition écrite d’achat.
S’agissant de l’hôpital Nord, un protocole d’accord a été signé avec Amiens
Aménagement le 12 janvier 2006 pour étudier la reconversion de ce site. Le premier contact avec
la ville sur ce point a eu lieu en 2006 pour l’aménagement de logements. Il n’y a pas actuellement
de proposition d’achat. En janvier 2011, Amiens Aménagement a donné son accord pour recourir
à un consultant en vue d’une valorisation après une première étude d’urbanisme qui concluait à la
nécessité de détruire tous les bâtiments non construits en briques rouges. Pour l’hôpital nord
l’évaluation d’Amiens Aménagement est de 2 M€. Le PGFP prévoit 45 M€ pour la vente des
deux sites. Cette évaluation paraît donc très surévaluée. Sur cette somme, 10 M€ sont
probablement réalisables mais le manque à gagner, quel que soit son niveau, devra être compensé
et le CHU devra recourir à l’emprunt. L’origine des estimations n’est pas connue.
En tout état de cause, les valeurs résiduelles de l’amortissement (50 ans) de
l’hôpital nord et du GCO réduiront le montant de la vente.
Une évaluation sérieuse et actuelle du patrimoine à reconvertir s’impose afin de
permettre la réussite d’une vente aujourd’hui aléatoire. Par ailleurs, il conviendrait d’intégrer au
PGFP les charges de conservation dudit patrimoine pendant la période de mise en vente
(amortissements, gardiennage…).
Le Plan local d’urbanisme d’Amiens métropole relatif à l’hôpital Nord n’a
toujours pas été arrêté, ce qui signifie qu’aucune hypothèse ne peut aujourd’hui être validée.
La Chambre recommande une nouvelle évaluation de la valeur du patrimoine
ainsi que la budgétisation de son gardiennage et de sa préservation. En effet, la fin des travaux du
nouveau CHU est prévue fin 2016. Au départ des bâtiments de l’hôpital nord en 2016, le CHU
sera amené, pour ce qui deviendra une friche hospitalière, à recourir au gardiennage pendant
plusieurs années.
Le PGFP repose en grande partie sur les produits provenant des versements de
l’assurance maladie. Le tableau ci-dessous présente l’évolution prévisionnelle envisagée par le
CHU.
2011
2012
2013
2014
2015
2016
Produits versés par
l'assurance maladie
394 943 557
404 100 012
412 448 026
421 061 159
429 851 180
441 859 097
Evolution
2,32 %
2,07 %
2,09 %
2,09 %
2,79 %
Source : PGFP 2011
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Cette prévision est particulièrement difficile à établir puisque le CHU ne
dispose ni des tarifs qui seront appliqués à son activité, ceux-ci variant à la baisse de façon
continue ces dernières années, ni du montant des allocations au titre des MIGAC, qui elles aussi
ont été réduites. Par ailleurs, l’activité passée ne préjuge pas celle à venir. En effet, les dernières
années ont vu une augmentation importante de la valorisation des produits de l’activité qui
reposait principalement sur l’amélioration du codage.
Le CHU est dans une situation financière dégradée qui l’expose à ne plus
pouvoir investir demain :
- son endettement est très important ;
- son niveau d’investissement courant est en augmentation malgré l’opération nouveau CHU ;
- sa CAF est insuffisante pour rembourser la dette en capital dès 2012 ;
- les cessions d’actifs sont surestimées dans le PGFP.
Dès 2011 le CHU a rencontré des difficultés pour couvrir le besoin de
financement de ses investissements courants : les tensions très fortes sur la trésorerie, un montant
prévisionnel de l’encours très élevé sont autant d’éléments durablement défavorables qui ne
doivent plus exclure l’hypothèse d’un financement insuffisant et en toutes hypothèses très
coûteux sur le marché bancaire.
La Chambre recommande la révision du PGFP intégrant les coûts actualisés du
chantier en cours et le déficit d’exploitation réel.
4.6 – L’endettement
4.6.1 – L’état de la dette
L’endettement du CHU ne cesse de croître. Le tableau suivant expose
l’endettement de l’établissement depuis 2006.
En K€
2006
2007
2008
2009
2010
Encours de la dette au 31/12 (CFU et
CHU
48 335
57 258
71 066
231 374
274 420
Charges
financières
au
31/12
(comptable et CHU
1 762
2 199
2 871
4 709
9 079
Poids des frais financiers en nombre de
jours de recettes d’exploitation
-
-
2,4
3,6
6,8
Prévision au cpte 16 TFP
25 150
27 691
45 500
165 199
93 591
Réalisé au cpte 16 au CFU
14 000
16 000
20 500
166 500
52 500
durée résiduelle de la dette (années)
10,97
11,97
16,82
25,07
24,67
durée de vie moyenne (années)
5,68
6,15
9,48
14,49
14,55
Dépendance financière
-
-
31,6 %
57,6 %
62,3 %
Source : CHU et trésorerie
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Deux banques ont aujourd’hui une part importante dans la dette du CHU :
Dexia du fait des emprunts programmés à départs différés et la Banque Européenne
d’Investissement (BEI) du fait des deux accords-cadres signés. Le CHU a cherché à diversifier
ses créanciers au moyen de deux emprunts obligataires contractés en 2009 et 2010 pour
10 millions d’euros chacun, sur 10 ans. Les deux émissions obligataires sont amortissables « in
fine ». En 2019, comme en 2020, le CHU devra rembourser 10 M€.
Ces obligations ont été émises aux taux fixes de 4,375 % avec une commission
forfaitaire de 0,20 % pour celle de 2009 (taux à échéances constantes à 10 ans (TEC 10) à 3,74 %
le 18 mai 2009) et de 3,625 % avec une commission forfaitaire de 0,17 % pour celle de 2010
(TEC 10 à 3,33 % le 29 avril 2010).
Le CHU n’est pas en mesure d’effectuer des provisions en vue de rembourser
les deux emprunts obligataires en 2019 et 2020. Pourtant, sur chacun de ces deux exercices, une
somme de 10 M€ devra être restituée.
Les emprunts concernant le nouveau CHU (hors émissions obligataires) ont une
durée de trente ans pour un amortissement de la construction sur 50 ans.
Le tableau ci-dessous présente les projections d’endettement du CHU à
l’horizon 2015 :
En K€
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Encours de
la dette totale
316 427
473 243
526 339
586 210
634 772
642 694
Source : PGFP 2010 (annexe 5)
4.6.2 – L’accès au crédit
A l’image de la plupart des organismes du secteur local, le CHU a rencontré des
difficultés pour obtenir des crédits après la crise financière de 2008. Mais son anticipation
(crédits programmés à départs différés, accords cadres BEI, emprunts obligataires) lui donne
encore une marge de manoeuvre. Pour les crédits programmés à départs différés chez Dexia, il
reste un contrat de 21 M€ à contracter avant le 01/11/2012 et un autre de 11 M€ avant le
1
er
décembre 2013. En plus de ces deux contrats, le CHU possède un accord-cadre BEI pour
100 M€ à utiliser avant le 3 décembre 2012.
L’établissement devrait donc connaître peu de difficultés d’accès au crédit. Les
conditions dans lesquelles il sera en mesure de rembourser ces emprunts soulèvent plus de
questions.
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4.7 – L’encaisse de trésorerie
Alors que le solde quotidien de l’encaisse de trésorerie était sous la barre des
7 M€ plus de neuf jours sur dix en 2008, les graphes ci-dessous montrent les conséquences des
décalages entre les contractions d’emprunts et les décaissements sur les exercices 2009 et 2010.
Les zones pointillées représentent l’écart interquartile, c’est-à-dire qu’un jour sur deux, le solde
du compte 515 se trouve dans cette zone. Les maxima (non représentés en 2009 et 2010) sont de
128 M€ en 2009 et 66 M€ en 2010, et les moyennes respectivement de 20 et 32 M€ ces deux
années.
Les décaissements moyens journaliers au compte 515 étaient de 2,1 M€ en
2008, 2,5 M€ en 2009 et de 2,7 M€ en 2010 (sur des années de 252 jours).
Les trois graphiques ci-dessous font apparaître :
- en 2008, le solde du compte 515 était inférieur à 7 M€ plus de neuf jours sur dix ;
- en 2009, il était supérieur à 7,6 M€ plus de trois jours sur quatre ;
- en 2010, il était supérieur à 10,2 M€ plus de trois jours sur quatre, et à 38,9 M€ un jour sur
deux.
Solde quotidien c/515
CHU Amiens 2008
27 913 923
6 913 936
2 854 388
0
10 000 000
20 000 000
30 000 000
40 000 000
50 000 000
60 000 000
Max
Barre des
10% sup
Médiane
Barre des
10% inf
Min
Solde quotidien c/515
CHU Amiens 2009
20 889 178
42 956 015
14 273 056
4 910 689
101 982
7 680 579
0
10 000 000
20 000 000
30 000 000
40 000 000
50 000 000
60 000 000
Solde quotidien c/515
CHU Amiens 2010
52 084 196
57 756 684
38 870 733
4 467 128
24 398
10 230 696
0
10 000 000
20 000 000
30 000 000
40 000 000
50 000 000
60 000 000
Max
Barre des
10% sup
Médiane
Barre des
10% inf
Min
La ligne de trésorerie, qui servait probablement initialement à viser une gestion
en trésorerie zéro, semble réduite aujourd’hui à combler des besoins ponctuels de trésorerie.
L’abondance de trésorerie a un coût pour le CHU, qui pourrait s’estimer au
produit de son encours moyen diminué de 7 M€ (montant en dessous duquel se situait la
trésorerie 9 jours sur 10 en 2008) par le taux d’intérêt en vigueur. Si l’on prenait un taux d’intérêt
de 3,50 % (taux inférieur aux taux moyens des emprunts du CHU), les sommes en jeu
représenteraient 455 000 € en 2009 et 875 000 € en 2010, soit plus de 1,3 M€ sur ces deux
exercices. La Chambre recommande la mise en place d’une gestion plus fine de la trésorerie pour
limiter les charges financières de l’établissement.
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5 – Les investissements immobiliers
5.1 – Le projet de nouveau CHU (NCHU)
L’opération porte sur la construction d’un bâtiment accueillant les services
actifs de médecine, chirurgie et obstétrique (MCO), d’un plateau technique et d’un pôle
logistique, y compris la restructuration d’un ensemble hospitalier existant. Le projet consiste à
regrouper sur le site de l’hôpital Sud, l’ensemble des activités hospitalières réparties actuellement
sur quatre sites, l’hôpital Nord, l’hôpital Sud, le centre de gynécologie-obstétrique et le centre
Saint-Victor. L’élaboration du préprogramme d’esquisse s’est déroulée de septembre 2003 à
janvier 2004.
5.1.1 – L’adaptation des locaux aux besoins et la recherche de l’efficience
Sur la base des niveaux d’activité de 2009 et 2010, le CHU a opéré un
ajustement de son programme capacitaire. Les capacités d’hospitalisation évolueraient ainsi :
Capacités Actuelles
Monosite
capacités
actées
Capacités Monosite actualisées en 2010 (Hypothèse pas de
changement des capacités en dermato, en pneumo, mais
réduction en médecine Interne (36 lits), rhumato (14 lits), et
création CRACC)
adultes
Pédiatrie
total
total
adultes
Pédiatrie
total
MCO
1 040
119
1 159
1 122
972
154
1 126 (-33)
SSR
55
17
72
32
18
14
32 (-40)
Places
117
22
139
143
162
26
188 (-49)
Total
1 212
158
1 370
1 297
1 152 (-60)
194 (+36)
1 346 (-24)
Source : CHU
Le projet prévoit de ramener le nombre de salles de bloc opératoire de 41 à 30
dans les nouveaux locaux.
La direction attend de ce regroupement des gains de productivité en termes
d’optimisation du parcours du patient, de l’utilisation des ressources humaines et matérielles
disponibles. Ce regroupement devrait, selon elle, faciliter la communication entre spécialités
médicales, élément déterminant de l’efficience. La conception immobilière du nouveau CHU
doit, selon la direction, permettre l’adaptation aux évolutions des pratiques médicales à court et
moyen terme (ex. développement de la chirurgie ambulatoire) par des locaux adaptés et flexibles.
La réalité de ces gains prévisionnels devra bien sûr être évaluée sachant que, comme la Chambre
l’avait noté dans ses précédentes observations, l’opération de regroupement des services actifs sur
un seul site a été décidée sans que des études préalables et une analyse des perspectives
raisonnables d’évolution de l’activité aient été entreprises.
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5.1.2
– Le déroulement et le financement des travaux en cours
L’important chantier de reconstruction de l’hôpital Sud doit se dérouler en trois
tranches. La première tranche (tranche 0) a pour objet la réalisation des travaux préliminaires, la
deuxième (tranche 1) est composée de la construction de tous les bâtiments nouveaux, et la
troisième (tranche 2) est la mise en sécurité et la réhabilitation du bâtiment Fontenoy existant.
Les délais contractuels de construction ont été respectés pour le marché 1.1
(bâtiment principal) et pour les marchés 1.3 (transports lourds AGV), 1.4 (transports
pneumatiques) et 1.6 (appareils élévateurs). Il existe cependant des retards qui sont
symptomatiques d’un suivi de chantier complexe.
En effet, le déroulement du chantier est marqué par le non-respect des délais
contractuels de réception pour les lots 1.2 (bâtiment laboratoires, pharmacie et magasins) et
1.5 (bâtiment énergie).
- Concernant le lot 1.2, la livraison du bâtiment était initialement programmée pour le 31 octobre
2011.
Le calendrier d’exécution des travaux a été recalé pour prendre en compte les intempéries
et les 2,5 mois supplémentaires dus à la réalisation de la zone lingerie. Sur le projet d’avenant
n° 3 envoyé le 17 juin 2011, la date de livraison mentionnée est le 13 décembre 2011.
L’entreprise a refusé à ce jour de signer cet avenant. D’après la direction de l’établissement, pour
ce marché 1.2, la fin des travaux se situera probablement en février 2012. Le groupement
d’entreprises a annoncé pour sa part un achèvement des travaux le 31 mars 2012. Des retenues
provisoires sur situations intermédiaires de travaux ont été appliquées.
- Concernant le lot 1.5, l'ordre de service prévoyait une durée d'exécution des travaux de 24 mois,
soit une livraison à la date du 30 juin 2011. La date de livraison a été reportée au 24 août 2011
compte tenu des intempéries. Un procès-verbal de réception partielle a été établi le 11 janvier
2012. Un retard de trois mois imputable à l'entreprise a été constaté. Il a fait l'objet de
l'application de retenues provisoires. Pour la chaufferie et les groupes électrogènes, la réception
définitive ne pourra intervenir que lorsque la capacité des installations à fonctionner à pleine
charge pourra être appréciée, c'est-à-dire après l’achèvement du bâtiment principal (marché 1.1)
prévu au second semestre 2013. Le groupement d’entreprises titulaire du marché 1.5 doit
également assurer l’exploitation et la maintenance de la chaufferie et des groupes électrogènes
jusqu'à l’achèvement du bâtiment principal.
Ces retards préjudiciables au chantier occasionnent la détérioration des relations
entre les différents protagonistes, des difficultés juridiques et la constitution inévitable de
surcoûts pour le CHU.
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Pour le suivi de ce chantier complexe, la direction du CHU a signé une
convention le 27 octobre 2003, confiant à la société H4, un mandat de maîtrise d’ouvrage (MOD)
pour la construction nouvel hôpital Sud, conformément aux dispositions de la loi n° 85-704 du
12 juillet 1985 sur la maîtrise d’ouvrage publique. Cette convention a fait l’objet de plusieurs
avenants. Le montant du marché du mandataire incluant les avenants n° 1, 2 et 3 est de
6 219 196 € TTC. Nonobstant le caractère conforme à la législation de la convention signée entre
le CHU et son mandataire, la Chambre constate que celle-ci n’incite pas réellement à s’approcher
de l’optimum économique puisque le mandataire est rémunéré par un pourcentage du coût de la
construction (taux de 1,06 % HT du montant de l’opération exprimé HT, hors rémunération du
mandataire et aléas techniques).
5.1.3 – Le financement de l’opération
Le 26 octobre 2006, le CHU a arrêté la part de l’enveloppe financière allouée
aux travaux à 227,5 M€ HT valeur septembre 2003 pour l’ensemble des trois tranches
(T0 : 10 M€ HT ; T1 : 192,5 M€ HT ; T2 : 25 M€ HT) et le budget total de l’opération à
520 M€ TDC valeur finale. Cette enveloppe budgétaire répondait aux conclusions du rapport de
la mission DHOS/MAINH du 6 juillet 2006 qui préconisait d’optimiser le projet du nouveau
CHU suivant une réduction du programme capacitaire en lits avec l’objectif de répondre à un
budget de l’opération de 516 M€ toutes dépenses confondues (TDC) valeur finale, y compris
équipements.
Le programme de l’opération a été arrêté par le CHU le 22 février 2007 et a été
notifié à la maîtrise d’oeuvre le 28 février 2007 pour sa mise en application. Il comprend la
construction de bâtiments neufs et la mise en sécurité et réhabilitation du bâtiment Fontenoy
existant.
A l’occasion des multiples adaptations aux exigences des diverses parties, les
montants prévisionnels sont à chaque fois augmentés par la maîtrise d’oeuvre, et baissés par le
CHU à la demande de sa tutelle. Ainsi, les montants retenus pour les dossiers de consultation des
entreprises lors des appels d’offres ne paraissent pas réalistes, et il est alors difficile d’estimer
quel est le dépassement raisonnable proposé par les entreprises. Les réponses des entreprises
donnent d’ailleurs souvent lieu à des demandes de recherches d’économies par le CHU pour
rentrer dans l’enveloppe, puis à des modifications en cours de chantier afin d’ajouter des travaux
supplémentaires. La lisibilité des coûts s’en trouve compliquée et cela alourdit le bilan financier.
Le financement de cet important projet n’apparaît pas assuré. Pour ce chantier,
selon les valeurs TDC estimées par le CHU, les prévisions de dépenses s’élevaient en avril 2011
à 616 M€ en valeur finale 2015. Elles sont supérieures à l’estimation d’octobre 2006 de
l’opération qui s’élevait à 520 M€ TDC en valeur finale 2013. La différence entre ces deux
estimations du coût global est de 96 M€. Cela montre une sous-estimation de l’enveloppe initiale,
qui impose aujourd’hui à l’établissement de réactualiser toutes ses projections de coûts et de
financement afin d’être en mesure de traiter objectivement la situation de cette opération dans son
plan global de financement pluriannuel (PGFP).
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La Chambre recommande une actualisation de l’ensemble des coûts de
l’opération dans le cadre de la révision du PGFP sur la base de la situation financière réelle du
CHU.
5.2 – Les autres projets immobiliers
Il existe d’autres projets immobiliers non réalisables en l’état faute de
financement, dont notamment la crèche collective associée à une crèche familiale et la
construction d’une maison familiale et des parents. Ces investissements ne pourront
probablement pas être réalisés avec le seul financement du CHU, qui n’en a pas les moyens.
La situation du CHU conduit aujourd’hui à une limitation de la capacité
d’investissement à venir, notamment dans le domaine des équipements biomédicaux. Le
ralentissement des investissements deviendra en effet inéluctable du fait de la contrainte
financière.
5.3 – Les perspectives
Le projet de nouveau CHU est lancé, il paraît difficilement concevable qu’il
n’aboutisse pas. Le coût de son achèvement risque cependant de fragiliser le CHU pour
l’ensemble de ses missions. L’enjeu est d’importance car le CHU structure une grande part de la
réponse sanitaire aux besoins de santé de la région comme élément majeur de l’organisation
sanitaire de la Picardie. Pour réussir, l’opération NCHU devrait se traduire par l’équilibre
financier à l’ouverture du site de regroupement.
La capacité du CHU à y parvenir seul sans une aide extérieure importante
à la
recapitalisation est, en l’état des informations dont la Chambre dispose, très incertaine.
6 – Les avantages en nature
6.1
– Les concessions de logement
Au CHU d’Amiens, certains agents bénéficiant d’un logement ne correspondent
pas aux catégories de personnels devant être logés : responsable des équipements du pôle
investissements et logistique, directrice de l’institut de formation en soins infirmiers, directrice de
l’école de sage-femme.
Par ailleurs, l’arrêté ministériel du 8 janvier 2010 fixant les conditions dans
lesquelles certains fonctionnaires hospitaliers participant aux gardes de direction peuvent
bénéficier d’une concession de logement par nécessité absolue de service, précise en son article
1
er
« Le nombre annuel de journées de gardes de direction à assurer par certains fonctionnaires,
prévus à l’article 2 du décret du 8 janvier 2010 susvisé, ouvrant droit aux concessions de
logements, ne peut en aucun cas être inférieur à 40 jours. »
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En l’occurrence, sept agents du CHU bénéficient indûment d’un logement, soit
en vertu de leur qualification, soit en vertu du nombre de gardes de direction à effectuer.
Un agent ne bénéficie pas d’un logement par nécessité absolue de service mais
par utilité de service. Ce logement, propriété du CHU, correspond à un T5 situé à proximité de
l’hôpital Saint-Victor, d’une surface de 108,74 m
2
, pour lequel il acquitte un loyer mensuel de
100 €. La notion d'utilité de service s'apprécie surtout par rapport à la notion de nécessité de
service. Ainsi, l'occupation d'un logement de fonction peut être seulement utile au service alors
même qu'elle n'est pas le seul moyen pour un agent d'assurer la continuité de ce service et de
répondre aux besoins d'urgence liés à l'exercice des fonctions qui lui sont confiées.
Le décret du 8 janvier 2010, ne donne pas de définition de la notion d'utilité de
service dans les établissements de soins. Dans cette hypothèse toutefois, en application du code
du domaine de l'Etat, le paiement d'une redevance pour occupation du logement concédé est une
obligation pour les occupants. L'article R. 98 du code du domaine de l'Etat prévoit également que
les concessions de logement par utilité de service ne comportent pas la fourniture gratuite, par
l'administration, de l'eau, du gaz, de l'électricité et du chauffage, qui doivent, dans tous les cas,
demeurer à la charge des intéressés.
Dans le cadre du nouveau dispositif en vigueur depuis janvier 2010, l'article 9
du décret prévoit que les fonctionnaires logés par utilité de service sont tenus de rembourser à
l'établissement un loyer et des charges mensuels déterminés soit sur la base d'un forfait déterminé
en fonction du niveau de rémunération des bénéficiaires et par référence au plafond mensuel de la
sécurité sociale, soit d'après la valeur locative servant de base à la taxe d'habitation ou, le cas
échéant, d'après la valeur locative réelle.
La Chambre recommande de revoir sur ces bases les conditions d’attribution de
logements aux personnels mentionnés ci-dessus. La directrice s’est s'engagée à
« mettre le CHU
en conformité avec les dispositions du décret du 8 janvier 2010 dans les délais définis pour
l'application de ces dispositions.
»
6.2 – L’attribution des véhicules de fonction
Le CHU dispose d’un important parc automobile. Les vérifications de la
Chambre ont révélé une utilisation de véhicules appartenant à l’établissement comme véhicules
de fonction sans remisage, en contradiction avec les textes réglementaires qui ne prévoient pas
d’affectation de véhicule aux personnels hospitaliers. Une dizaine de véhicules est concernée.
La Chambre recommande la mise en conformité avec la réglementation des
attributions de logements de fonction dans les délais prévus par le décret du 10 janvier 2010, soit
deux ans après sa publication, donc au plus tard en janvier 2012 et la fixation d’une redevance
d’occupation correspondant à la valeur du bien mis à disposition. Elle recommande également la
régularisation des situations relatives aux affectations de véhicules. La directrice générale du
CHU s'est engagée à régulariser les situations relatives aux affectations de véhicules. Pour
l’ensemble de ces avantages en nature, la régularisation de ces situations dans les meilleurs délais
permettrait d’éviter un risque de redressement par l’URSSAF.
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7 – Les soins de suite et de réadaptation
En 1979, un service de rééducation et réadaptation fonctionnelle (SRR) a été
créé. Initialement ce service disposait de 40 lits et places dédiés aux patients adultes. En 1984, le
CHU a ouvert un secteur pour enfants et adolescents de 22 lits et places. Au 1
er
janvier 2010, cinq
lits d’hospitalisation de jour en médecine physique et de réadaptation (MPR) pédiatrique ont été
ouverts par transformation de deux lits d’hospitalisation complète.
Avec ses services SSR, le CHU a pour objectif d’optimiser des activités
autorisées en chirurgie et en médecine, notamment la chirurgie pédiatrique, la neuro-pédiatrie, la
neurochirurgie et unité neuro-vasculaire. Les activités de SSR développées sont en cohérence
avec le projet d’établissement et avec le CPOM (avenants 4 et 11).
Les services de SSR de l’établissement sont rattachés au pôle Autonomie. Les
SSR sont orientés Gériatrie et n'accueillent en conséquence que des patients de plus de 75 ans.
L'essentiel du recrutement se fait à partir des services de court séjour gériatrique du CHU qui a
obtenu le renouvellement des autorisations de structures existantes en 2010 conformément aux
évolutions de la réglementation.
7.1 – Les capacités et les autorisations
Les tableaux suivants présentent les autorisations et capacités actuelles dont
dispose le CHU :
Activités autorisées pour 5ans
Adultes capacité autorisée
Enfants capacité autorisée
(autorisation à prendre en
charge des enfants à titre
exclusif)
SSR non spécialisé
-
17 HC + 5 HdJ
Affections de l’appareil locomoteur
17 HC + 2 HdJ
Au sein des 17 HC + 5 HdJ
Affections du système nerveux
18 HC + 3 HdJ
Au sein des 17 HC + 5 HdJ
Affections cardiovasculaires
-
-
Affections respiratoires
-
-
Affections des systèmes digestifs,
métabolique et endocrinien
-
-
Affections des brûlés
-
Au sein des 17 HC + 5 HdJ
Affections des conduites additives
-
-
Affections de la personne âgée poly-
pathologique, dépendante ou à risque de
dépendance
20 (Saint Vincent de Paul) +
30 (Saint-Victor) + 27 (GCS
Henriville)
-
Le nombre de lits et places installés est identique aux capacités autorisées.
Le CHU a ouvert, à la fin de l’année 2008, une structure de SSR gériatrique sur
le site de Henriville. Elle relève d’un GCS constitué avec une clinique. L’activité autorisée pour
le CHU correspond à la moitié des lits dont dispose le GCS (25 lits puis 27 à partir de 2010).
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Les capacités sont stables depuis plusieurs années avec cependant une
augmentation des places d’hospitalisation de jour égale à la diminution des lits d’hospitalisation
complète. Selon le CHU, les capacités ont évolué dans leur répartition en fonction des besoins en
neurologie pour répondre aux exigences de la filière neurovasculaire, par une réduction des
capacités d’accueil en SSR appareil locomoteur à l’ouverture du GCS de Corbie. Selon la
direction du CHU, l’établissement manquerait de lits en SSR gériatrique.
Les SSR du CHU apparaissent en cohérence avec les orientations du SROS
SSR élaboré en 2009. Le CHU a organisé des filières de soins, dont une filière neurovasculaire.
7.2 – Le projet d’installation du groupe HOPALE sur le site du nouveau CHU
L’ARS a accordé à la fondation HOPALE une autorisation d’exercice de
l’activité soins de suite et réadaptation adultes en hospitalisation complète et hospitalisation à
temps partiel avec prises en charge spécialisées des affections suivantes :
- affections du système nerveux en hospitalisation complète et hospitalisation à temps partiel
(30 lits blessés crâniens (HC), 10 lits blessés crâniens (HDS), 6 lits d’EVC-EPR (états végétatifs
chroniques et états végétatifs pauci-relationnels), 30 lits de neurologie polyvalente accidents
vasculaires cérébraux - sclérose en plaque - Parkinson (HC), 10 lits de blessés médullaires (HC),
15 places de rééducation neurologique polyvalente (HDJ)) ;
- affections des systèmes digestifs, métabolique et endocrinien en hospitalisation complète et
hospitalisation à temps partiel (10 lits de prise en charge nutritionnelle (HDS), 5 places de prise
en charge nutritionnelle (HDJ)).
L’objectif quantifié de cette activité de soins en volume sera fixé dans le cadre
du CPOM, sur la base d’un projet de 86 lits et 30 places soit une capacité totale de 116 lits et
places.
Les locaux seraient installés à l’horizon 2014 sur une parcelle appartenant au
CHU. Ils feraient l’objet d’un bail emphytéotique hospitalier entre le CHU et le groupe HOPALE
pour une parcelle de terrain viabilisée de 1,20 HA.
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– L’activité
Le tableau ci-dessous décrit quantitativement l’activité :
2007
2008
2009
2010
Nombre de journées (e-pmsi)
31 931
33 176
32 077 + 9 891 sur
Henriville
= 41 968
30 193 + 10 054 sur
Henriville = 40 287
Nombre de venues si
hospitalisation à temps partiel
(e-pmsi)
2 455
3 026
2 866
Tableau 2c hospit de jour
et de nuit
2 622
Nombre de journées réalisées
31 766
31 576
31 278 + 11 147
(GSC
Henriville à partir du
03/11/2008)
30 633 + 10 134 (GCS
Henriville)
Nombre de venues réalisées
2 643
2 967
2 792
2 621
DMS (hospitalisation complète)
34,8 jours
32,3 jours
35,6 jours
Hors GCS Henriville
35,9 jours
Hors GCS Henriville
Taux d’occupation
hospitalisions (*) complète 102
lits installés
84,8%
83%
82,4%
Hors GCS Henriville
81,4%
Hors GCS Henriville
Source : direction du CHU (*) (nombre de journées réalisées/ (nb de lits)) X 100 en cas de fermeture de lits, adapter le
dénominateur en tenant compte du nb de lits fermés et du nb de jours de fermeture.
7.4 – Les moyens des SSR du CHU
Au vu de l'indice de modulation de l'établissement, le CHU apparaît sur-doté de
4,3 % par rapport à l'indice de modulation régional. Cependant, cette simulation est relativement
ancienne puisqu’elle a été réalisée en 2009 sur les données 2008.
Le CHU rencontre des difficultés de recrutement pour certaines qualifications :
kinésithérapeutes, ergothérapeutes, psychomotriciens, orthophonistes et médecins MPR. Il tente
de remédier à ces difficultés par le recours à l’intérim principalement, au cumul des emplois
retraite. L’établissement recourt également à des diplômés étrangers belges, polonais, espagnols,
roumains et irlandais pour ces qualifications.
7.5 – L’admission et la prise en charge dans les SSR du CHU
Une procédure d’admission a été mise en place mais elle n’est pas formalisée
par écrit. En MPR, les admissions sont régulées par une commission globale d’admission. Il
n’existe pas de commission d’admission spécifique pour le SSR gériatrique. Il a été instauré une
feuille d’admission standardisée (DASA : Demande d’Admission en Structure Adaptée) intégrée
au dossier informatisé du patient utilisée actuellement en neurologie et en chirurgie viscérale.
Cette feuille d’admission informatisée est en cours de déploiement sur le CHU pour relayer les
supports papier afin d’uniformiser les demandes.
Le CHU ne dispose pas d’un outil permettant d’évaluer l’adéquation de
l’orientation du patient aux prises en charge. Le délai moyen de traitement d’une demande
d’admission serait de huit jours depuis la mise en place de la commission d’admission. Les
principaux motifs de refus sont, selon la direction, l’inadéquation de l’état de santé à la prise en
charge proposée par la structure.
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En MPR, les admissions proviennent très majoritairement des services MCO du
CHU (80 %) dont principalement la Somme et la région amiénoise pour les adultes, et l’ensemble
de la Picardie pour les enfants.
Si un projet thérapeutique est élaboré en MPR, ce n’est pas actuellement le cas
en SSR Gériatriques. Selon la direction, pour les autorisations de SSR spécialisés, le CHU n’est
pas toujours en mesure de dispenser à chaque patient le nombre de séquences de traitement
prévues par la réglementation par manque de personnels spécialisés : kinésithérapeutes,
ergothérapeutes, psychomotriciens et orthophonistes.
Le CHU indique ne pas rencontrer de difficulté pour des patients en attente de
sortie faute de dispositif adapté de prise en charge en aval.
L’enjeu financier étant plus limité que sur le secteur MCO, le CHU a
principalement axé jusque-là son action sur la durée moyenne de séjour et le taux d’occupation
des SSR afin de fluidifier la gestion des lits en MCO. Le DIM a entrepris auprès des SSR un
effort de sensibilisation au recueil de l’exhaustivité pour les préparer à la T2A et éviter les
difficultés rencontrées avec le MCO notamment en permettant à tous les membres des équipes
concernées de fournir les données PMSI dont la production leur incombe. Le CHU n’a pas
affecté de ressources spécifiques pour la préparation de la T2A SSR. Le DIM « accompagne »
mais se concentre essentiellement sur le MCO.
7.6 – Les SSR versus services « adresseurs »
La maîtrise de la durée moyenne de séjour constituant un élément central de la
performance, l'adressage en SSR des patients de médecine et chirurgie est un enjeu stratégique
pour ces disciplines dans le contexte de la T2A. Selon la direction, l'établissement dispose d'une
bonne connaissance de l'offre en SSR facilement mobilisable dans son territoire de santé et au-
delà pour les pathologies les plus lourdes. Les structures de SSR sont connues, avec l’ensemble
de leurs spécialités sur la région Picardie et les régions limitrophes (Nord – Pas-de-Calais,
Normandie, région parisienne).
Les SSR extérieurs au CHU acceptent que le dossier de demande élaboré par
leur établissement soit remplacé par celui du CHU (DASA : Demande d’Admission en Structure
Adaptée, informatisée sous forme de questionnaire sur le dossier patient de DX Care). Ce dossier
comprend trois volets : médical, soignant et social. Sur le modèle de « Trajectoire », ce dossier
informatisé de demande peut être adressé par messagerie sécurisée aux structures le permettant.
Si l’outil « Trajectoire » n’est pas utilisé au CHU, DASA permettrait cependant d’en renseigner
les items obligatoires.
Pour la réalisation de la sortie d’une unité MCO vers un SSR ou un retour à
domicile, le CHU dispose d’un service social structuré. Afin d’anticiper les éventuelles difficultés
pour trouver le service de SSR adapté aux caractéristiques des patients (pathologie,
environnement familial et social, etc.), les services d’amont constituent le dossier de demande dès
le début de l'hospitalisation ou dès que le besoin d'orientation en SSR est prescrit par l’équipe
médicale. Pour les hospitalisations programmées, un système de pré-réservation a été mis en
place en lien avec les structures d'aval principalement sur le secteur orthopédique. Ainsi, dès que
la demande est complétée, elle est adressée par le service social aux SSR susceptibles de
répondre aux besoins du patient concerné.
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PRINCIPAUX TEXTES DE REFERENCE
CODE DES JURIDICTIONS FINANCIERES
ARTICLE L. 243-5 -
Les chambres régionales des comptes arrêtent leurs observations définitives sous la
forme d’un rapport d’observations.
Ce rapport d’observations est communiqué :
-
soit à l’exécutif de la collectivité locale ou au dirigeant de l’établissement public concerné ;
-
soit aux représentants des établissements, sociétés, groupements et organismes mentionnés aux
articles L. 133-3, L. 133-4 et L. 211-4 à L. 211-6 ; dans ce cas, il est également transmis à l’exécutif de la
collectivité territoriale qui leur a apporté un concours financier ou qui détient une partie du capital ou une
partie des voix dans leurs instances de décision.
Il est communiqué à l’exécutif de la collectivité territoriale ou de l’établissement public et, le cas
échéant, pour ce qui le concerne, à l’ordonnateur ou au dirigeant qui était en fonctions au cours de l’exercice
examiné.
Les destinataires du rapport d’observations disposent d’un délai d’un mois pour adresser au greffe de
la chambre régionale des comptes une réponse écrite. Dès lors qu’elles ont été adressées dans le délai précité,
ces réponses sont jointes au rapport. Elles engagent la seule responsabilité de leurs auteurs.
Le rapport d’observations est communiqué par l’exécutif de la collectivité territoriale ou de
l’établissement public à son assemblée délibérante, dès sa plus proche réunion. Il fait l’objet d’une inscription
à l’ordre du jour de l’assemblée délibérante ; il est joint à la convocation adressée à chacun des membres de
l’assemblée et donne lieu à un débat.
Le rapport d’observations ne peut être publié ni communiqué à ses destinataires ou à des tiers à
compter du premier jour du troisième mois précédant le mois au cours duquel il doit être procédé à des
élections pour la collectivité concernée et jusqu’au lendemain du tour de scrutin ou l’élection est acquise.
ARTICLE. R. 241-18
. -" Le rapport d'observations définitives de la chambre régionale des comptes auquel
sont jointes les réponses reçues est communicable aux tiers dès qu'a eu lieu la première réunion de
l'assemblée délibérante ou de l'organe collégial de décision suivant sa réception par la collectivité ou
l'établissement public concerné. " (Décret n°2002-1201 du 27-9-2002.) En cas d'absence de réponse à la lettre
d'observations provisoires dans le délai imparti, la chambre régionale des comptes peut arrêter ses
observations définitives, qui sont notifiées conformément aux dispositions de l'article R. 241-16.
ARTICLE R. 241-23 -
Le président de la chambre régionale des comptes communique au représentant de
l’Etat ainsi qu’au trésorier-payeur général « le rapport d’observations définitives arrêtées » par la chambre
lors de l’examen de la gestion d’une collectivité territoriale, d’un établissement public local
ou
d’un
organisme non soumis aux règles de la comptabilité publique. « Les réponses adressées à la chambre en
application de l’article R. 241-16 sont jointes au rapport ».