LES ORGANISMES
DE GESTION
AGRÉÉS,
40 ANS APRES
Communication à la commission des
finances, de l’économie générale et
du
contrôle budgétaire
de l’Assemblée nationale
Juillet 2014
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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Sommaire
AVERTISSEMENT
..................................................................................
7
RÉSUMÉ
.............................................................................................
9
RECOMMANDATIONS
.................................................................
17
INTRODUCTION
............................................................................
19
CHAPITRE I
UN SYSTÈME ANCIEN ET ORIGINAL DANS
LE CONTEXTE EUROPÉEN
........................................................
21
I - Origine et missions
.............................................................................
21
II - Un système original dans le contexte européen
..............................
26
A -
Le modèle européen continental
.....................................................
27
B -
Le modèle anglo-saxon
...................................................................
28
C -
Les enseignements pour la France
..................................................
30
III - Les principales caractéristiques des organismes agréés et des
entreprises concernées
............................................................................
30
A -
Un tiers des entreprises a intérêt à adhérer à un OGA
....................
30
B -
Une diminution tendancielle de la part des entreprises ayant intérêt à
adhérer à un OGA
.................................................................................
34
C -
La stabilité du nombre d’adhérents des organismes agréés
............
37
D -
Les vérifications effectuées par les organismes agréés et la
transformation lente du réseau
..............................................................
38
E -
L’impôt sur le revenu des pr
ofessionnels
.......................................
39
CHAPITRE II
UN SYSTÈME REPOSANT SUR PLUSIEURS
INCITATIONS FISCALES
.............................................................
45
I - La non majoration de 25 % des revenus déclarés
...........................
46
II -
La réduction d’impôt pour frais de tenue de comptabilité
...........
48
III - La déductibilité intégrale du salaire du conjoint du bénéfice
imposable
.................................................................................................
51
IV - La dispense de pénalités fiscales au profit de nouveaux adhérents
..................................................................................................................
52
V -
La réduction du délai de reprise de l’administration fiscale
.........
53
VI -
Le cumul de l’abattement de 3 % sur les recettes avec la non
majoration pour les médecins conventionnés
.......................................
56
CHAPITRE III
UNE AMÉLIORATION DE LA SINCÉRITÉ
FISCALE NON DEMONTRÉE
......................................................
59
I - Une connaissance encore imparfaite des revenus non salariaux
....
59
A -
Une activité dissimulée estimée à 25 % du bénéfice pour les
entreprises individuelles
.......................................................................
60
B -
Des taux de fraude plus élevés dans les entreprises à faible chiffre
d’affaires
...............................................................................................
61
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4
COUR DES COMPTES
II - Une fraction significative de contribuables non adhérents
...........
63
A -
Une adhésion plus faible des artisans et commerçants par rapport
aux exploitants agricoles et aux professions libérales
..........................
63
B -
Les raisons de la non adhésion
.......................................................
66
III - Un respect des obligations déclaratives mais sans garantie sur la
sincérité des déclarations fiscales
..........................................................
69
A -
Les missions des organismes agréés en matière fiscale
..................
69
B -
Une stabilité du nombre d’anomalies détectées par les organismes
agréés
....................................................................................................
76
C -
À chiffre d’affaires donné, un résultat fiscal déclaré légèrement plus
élevé chez les adhérents
........................................................................
77
D -
Des adhérents moins contrôlés que les non adhérents
....................
80
E -
Une absence de garantie sur la sincérité fiscale des adhérents
.......
83
IV -
Un rôle utile pour la gestion de l’impôt mais sans lien avec le
contrôle fiscal
..........................................................................................
87
A -
Une utilité en matière de gestion de l’impôt
...................................
87
B -
L’impact d’une reprise des missions des OGA par l’administration
..............................................................................................................
89
C -
Une absence de prise en compte des organismes agréés dans la
programmation des contrôles fiscaux
...................................................
91
D -
Une absence de communication de l’administration sur les résultats
des contrôles fiscaux
.............................................................................
94
V - Une réorientation nécessaire : élargir les missions fiscales des
organismes agréés
...................................................................................
96
CHAPITRE IV
UN SYSTÈME PEU EFFICIENT
.....................
101
I -
Des missions annexes des OGA à l’utilité limitée
..........................
101
A -
Le déclin de la mission de développement de la comptabilité
......
101
B -
L’aide à la gestion
.........................................................................
102
C -
La formation
.................................................................................
107
II - Un dispositif globalement coûteux pour les adhérents
................
108
III -
Une ligne de partage floue entre professionnels de l’expertise
comptable et OGA
................................................................................
113
A -
Le visa fiscal accordé par les professionnels de l’expertise
comptable
...........................................................................................
113
B -
La tenue de comptabilité des professions libérales par les
associations agréées
............................................................................
117
IV - Une trop forte dépendance des OGA par rapport aux experts
comptables
.............................................................................................
118
A -
Le principe d’indépendance des OGA vis
-à-vis des professionnels
de l’expertise comptable
.....................................................................
118
B -
En pratique, une trop forte dépendance
........................................
119
C -
Des relations très étroites avec des associations de gestion et de
comptabilité (AGC)
............................................................................
125
V - Un contrôle
insuffisant des OGA par l’administration
...............
127
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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SOMMAIRE
5
A -
Un durcissement relatif des conditions de renouvellement des
agréments
............................................................................................
128
B -
Un renforcement des contrôles sur les OGA à poursuivre
............
129
C -
Un niveau de contrôle plus faible pour les professionnels de
l’expertise comptable avec le visa fiscal
.............................................
135
CONCLUSION GÉNÉRALE
........................................................
141
ANNEXES
...............................................................................................
143
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Avertissement
En application du 2° de
l’article 58 de la loi organique n° 2001
-692
du 1
er
août 2001 relative aux lois de finances (LOLF), la Cour des
comptes a été saisie par le président de la commission des finances, de
l’économie générale et du contrôle budgétaire de l’Assemblée nationale
d
’une demande d’enquête portant sur «
les organismes de gestion
agréés
». Le Premier président de la Cour des comptes lui a répondu, par
lettre du 27 janvier 2014
, qu’un rapport d’enquête serait remis à la
commission des finances mi-juillet 2014.
Une enquête avait été inscrite au programme de la Première
chambre de la Cour pour 2013 sur le rôle des organismes de gestion
agréés dans la gestion et le contrôle des impôts, ainsi que sur la tutelle
exercée par l’administration sur ces organismes.
Elle a été notifiée aux administrations concernées, la direction
générale des finances publiques et la direction de la législation fiscale, par
lettres en date du 27 mai 2013. Des questionnaires ont été envoyés à ces
administrations par la suite. Le 26 février 2014, une réunion de travail
avec le rapporteur général de la commission des finances, de l’économie
générale et du contrôle budgétaire de l’Assemblée nationale, M. Christian
Eckert, a eu lieu afin de le tenir informé des démarches engagées et de
recueillir ses attentes sur la suite des travaux.
Les rapporteurs ont également conduit des entretiens avec les
représentants
des
principales
administrations
concernées (direction
générale des finances publiques, direction générale de la compétitivité, de
l’industrie et des services) et ceux des fédérations d’organismes agréés.
Pour enrichir certaines appréciations contenues dans le rapport, les
représentants du Conseil supérieur de l’Ordre des experts
-comptables et
d’organisations professionnelles constituées d’artisans, com
merçants,
industriels et agriculteurs ont également été sollicités (voir annexe).
Les investigations de la Cour se sont appuyées sur l’analyse des
réponses reçues aux questionnaires et sur les documents communiqués
aux rapporteurs. Ceux-ci ont également effectué plusieurs contrôles sur
place dans les directions régionales des finances publiques de
Provence-Alpes-
Côte d’
Azur, des Pays de la Loire et du Nord. À
l’occasion de ces déplacements,
ils ont également rencontré des centres et
associations de gestion agréés.
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8
COUR DES COMPTES
Après avoir été approuvé le 3 avril 2014, un relevé d’observations
provisoires a été adressé, le 18 avril 2014, au directeur général des
finances publiques, à la directrice de la législation fiscale, au directeur
général de la compétitivité, de l’industrie et des services
, à la présidente
de la fédération des centres de gestion agréés (FCGA), au président de de
l’
union nationale des associations agréées (UNASA), au président du
conseil national du réseau CERFRANCE, au président du conseil
supérieur de l'ordre des experts-comptables, au p
résident de l’
union
professionnelle artisanale (UPA), au p
résident de l’
union nationale des
professions libérales (UNAPL), au président de la confédération générale
des petites et moyennes entreprises (CGPME), au président de
l’
a
ssemblée permanente des chambres de métiers et de l’artisanat
, au
p
résident de l’
a
ssemblée permanente des chambres d’agriculture
, au
p
résident de l’
assemblée permanente des chambres de commerce et
d’industrie
et, le
21 mai 2014, au p
résident de l’
association nationale des
directeurs de centres de gestion agréés (ANPRECEGA).
Des auditions des représentants du directeur général des finances
publiques et de la directrice de la législation fiscale, du directeur général
adjoint
de la compétitivité, de l’industrie et des services
, des présidents
des principales fédérations représentatives des organismes agréés, des
représentants des organisations professionnelles et des assemblées
permanentes des chambres consulaires,
et du président du conseil
supérieur de l’ordre des experts
-comptables ont été effectuées en
application de l’article L. 143
-4 du code des juridictions financières.
Le présent rapport, qui constitue la synthèse d
éfinitive de l’enquête
menée par la Cour, a été délibéré, le 19 juin 2014, par la première
chambre présidée par M. Briet, président de chambre et composée de
M. Charpy, Mme Saliou, M. Feller, conseillers maîtres, ainsi que, en tant
que rapporteurs,
M. de Mourgues, conseiller maître, Mme Cabossioras,
auditrice, et M. Hesske, rapporteur, et, en tant que contre-rapporteur,
M. Ecalle, conseiller maître.
Il a ensuite été examiné et approuvé le 8 juillet 2014 par le comité
du rapport public et des programmes de la Cour des comptes, composé de
MM.
Migaud,
Premier
président,
Mme
Froment-Meurice,
MM. Durrleman, Levy, Lefas, Briet, Mme Ratte, MM. Vachia, Paul,
rapporteur général du comité, présidents de chambre, et M. Johanet,
procureur général, entendu en ses avis.
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Résumé
Créés pour favoriser la transparence fiscale des indépendants en
contrepartie de l’octroi de l’abattement au titre de l’impôt sur le
revenu…
Les organismes agréés ont été créés en 1974 afin de pacifier les
relations entre les travailleurs indépendants et l’administration fiscale.
Les travailleurs indépendants se sont vus reconnaître le bénéfice de
l’abattement
de 10 %, porté à 20 % à la fin des années 1970, en matière
d’impôt sur le revenu réservé jusqu’alors aux salariés en contrepartie d’un
engagement de sincérité fiscale et de tenue d’une comptabilité,
engagement formalisé par l’adhésion à un organisme agréé. L
es
organismes de gestion agréés poursuivent en pratique plusieurs objectifs :
aider les entrepreneurs individuels à remplir leurs obligations fiscales,
alléger la gestion de l’impôt pour l’administration et mieux assurer la
sincérité des déclarations fiscales de cette catégorie nombreuse de
contribuables.
Les entrepreneurs individuels bénéficient toujours d’une forte
incitation fiscale à adhérer à un organisme agréé.
La réforme de l’impôt
sur le revenu de 2006 a supprimé l’abattement sur les revenus
professionnels et l’a directement intégré au barème de l’impôt sur le
revenu. Afin de maintenir une différence d'imposition entre les
professionnels adhérents et non adhérents, une majoration de 25 % a été
instaurée sur les revenus des professionnels non adhérents à un organisme
agréé soumis à un régime réel d'imposition.
Des dispositifs similaires aux organismes agréés existent dans de
nombreux pays mais le système français
s’en distingue
notamment en ce
qu’
il est
le seul à prévoir une incitation fiscale à l’adhésion des
entreprises.
…
les
organismes
agréés
concernent
essentiellement
les
travailleurs indépendants imposés au réel à l’impôt sur le revenu…
Les organismes agréé
s s’adressent en priorité aux entrepreneurs
individuels imposés
sur le revenu au régime réel dans les catégories BIC,
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10
COUR DES COMPTES
BA, BNC. Ils ne concernent que marginalement
, parce qu’elles ont peu
d’intérêt à adhérer,
les entreprises ayant le statut de société, les
entreprises individuelles imposées au forfait (forfait agricole, régimes
micro BIC et BNC et auto-entrepreneurs et les entreprises imposées au
régime réel) déclarant un bénéfice négatif ou faiblement positif. Au total,
les entreprises qui ont un intérêt à adhérer aux organismes agréés,
représentent environ un tiers des entreprises françaises, soit 1,25 million
d’artisans, commerçants, industriels, agriculteurs et professions libérales.
Bien que les entrepreneurs aient de plus en plus souvent recours à
un statut social
ou à un statut allégé en termes d’obligations fiscales
(auto-entrepreneurs,
régimes
micro),
le
nombre
d’adhérents
des
organismes de gestion agréés (1,1 million en 2012) demeure relativement
stable.
Les enjeux fiscaux liés aux organismes agréés sont significatifs :
les recettes fiscales provenant des entreprises individuelles imposées à
l’impôt sur le revenu
au régime réel
représentaient 10 Md€ en 2012
,
correspondant à 79 Md
€
de revenus déclarés.
…
et reposent désormais sur de nombreux avantages fiscaux
accessoires.
Les avantages fiscaux consentis en contrepartie de l’adhésion à un
organisme agréé se sont accumulés, notamment sur une période récente,
et font l’objet d’une juxtaposition peu cohérente et mal évaluée, dictée
par des considérations circonstancielles ayant plus à voir avec le souci de
préserver et de développer l’activité des organismes agréés que celui de
renforcer l’efficacité et l’équité de la politique fiscale.
Ainsi, la réduction d’impôt pour frais de tenue de comptabilité, en
contrepartie de l’adhési
on à un organisme agréé, représente un coût
budgétaire pour l’État de l’ordre de 40
M€ par an, alors même qu’elle a
surtout des effets d’aubaine pour les contribuables et qu’elle complexifie
inutilement le paysage fiscal.
De même, l
’introduction en 2010 d
e la réduction du délai de
reprise de l’administration fiscale de 3 à 2 ans
pour les adhérents réduit
l’efficacité du contrôle fiscal, en compliquant l’action de l’administration,
sans avantage évident pour la collectivité.
L’amélioration de la sincérité f
iscale des indépendants liée aux
organismes agréés est difficile à établir…
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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RÉSUMÉ
11
Quarante ans après leur création, la contribution des organismes à
l’amélioration de la connaissance des revenus non salariaux est difficile à
établir.
Des écarts demeurent entre les indépendants et les salariés en
matière de sincérité fiscale, même si la mesure de la sous-déclaration
reste imprécise. Les travaux de
l’INSEE
montrent
qu’elle
représenterait
environ 25 % des bénéfices des entreprises individuelles. Par ailleurs, les
contrôles menés par l’administration fiscale font apparaître des risques de
fraude spécifiques aux entreprises imposées au réel et ayant un chiffre
d’affaires et
un résultat fiscal faibles.
Il existe toujours une proportion signifi
cative d’entrepreneurs
individuels qui n’adhèrent pas aux organismes agréés alors qu’ils
remplissent les conditions pour bénéficier de la non majoration (30 % des
professionnels au réel à l’impôt sur le revenu).
Ceux-ci ne font donc pas
l’objet de vérifica
tions annuelles de leurs déclarations fiscales et
présentent des risques de fraude plus élevés.
Le comportement fiscal des adhérents, apprécié à partir des
résultats des contrôles fiscaux, apparaît dans une certaine mesure plus
sincère (résultat fiscal déclaré plus élevé, montants des redressements et
pénalités plus faibles), mais la proportion de redressements
à l’issue d’un
contrôle fiscal est identique chez les adhérents et non-adhérents et des
anomalies significatives sont décelées dans les déclarations de certaines
entreprises
individuelles
alors
même
qu’elles
sont
adhérentes
d’organismes agréés
. Il
n’est pas
possible en outre
d’établir
si cette
meilleure sincérité fiscale résulte des travaux des organismes agréés ou
d’un biais de sélection,
les contribuables les plus sincères ayant une
propension plus élevée à adhérer.
…
dans
un
contexte
où
l’articulation
avec
l’action
de
l’administration fiscale est insuffisante …
I
l n’existe aucune coordination en matière de programmation des
contrôles f
iscaux. L’administration ne tient jusqu’à présent
pas compte
des contrôles préalables effectués par les organismes agréés pour
programmer ses propres contrôles. Par ailleurs, malgré ce que prévoit le
livre des procédures fiscales elle ne communique pas systématiquement
aux organismes agréés les résultats de ses propres contrôles fiscaux sur
leurs adhérents.
… même si les organismes agréés exercent une fonction utile
d’intermédiation fiscale.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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12
COUR DES COMPTES
En matière de gestion de l’impôt, les travaux des organismes
ag
réés permettent un allègement du coût pour l’administration fiscale en
accompagnant les entrepreneurs individuels dans leurs obligations
déclaratives. Les organismes agréés interviennent à la fois en amont
(assistance à la télé-
déclaration, aide à l’établi
ssement des déclarations,
respect des délais de dépôt, relances) et en aval des déclarations fiscales
(observations qui peuvent conduire les adhérents à déposer des
déclarations rectificatives).
Au final, la contribution la plus importante des organismes agréés
réside dans leur rôle d’interface entre l’administration fiscale et les
entrepreneurs individuels
. Cette fonction a permis, dès l’origine,
de
pacifier
les relations entre l’administration et les petits entrepreneurs.
Aujourd’hui, ce rôle d’interface
tend vraisemblablement à améliorer le
consentement à l’impôt des contribuables
.
En parallèle de leurs missions fiscales, les organismes agréés ont
développé des missions annexes à la valeur ajoutée incertaine…
Ils ont
tout d’abord
développé des missions annexes (aide à la
gestion, formation, information), qui ont été renforcées par la législation
en 2005 avec la création d’une mission de prévention des difficultés
économiques. Pour autant, l’utilité de ces missions annexes n’est pas
établie et elles font fréquemment double emploi avec des prestations
qu’offrent les professionnels de l’expertise comptables et les chambres
consulaires.
Les
adhérents
attachent
d’ailleurs
beaucoup
plus
d’importance aux missions fiscales
des organismes de gestion agréés
qu’à
leurs missions annexes.
…
et leur indépendance vis-à-
vis des professionnels de l’expertise
comptable s’avère insuffisante.
La ligne de partage est floue entre
les professionnels de l’expertise
comptable qui établissent les comptes et les organismes agréés qui
vérifient les déclarations fiscales. La présence des experts comptables
dans le fonctionnement des organismes agréés est souvent forte : certains
experts comptables et certains organismes agréés peuvent à la fois établir
les comptes et vérifier les déclarations fiscales.
L
’indépendance des organismes agréés vis
-à-vis des professionnels
de l’expertise comptable
apparaît ainsi largement artificielle. Ceci fait
peser des risques sur la qualité des travaux des organismes agréés,
notamment dans les cas où des experts-comptables membres de conseils
d’administration menacent de retirer leurs clients de l’organisme agréé
si
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RÉSUMÉ
13
des comptes-
rendus de mission envoyés à l’administration
concernant
leurs clients ne sont pas positifs.
De plus, l’activité des organismes agréés engendre des coûts de
gestion qui pourraient être réduits, liés à une structure éparpillée
…
Le réseau des organismes agréés apparaît actuellement dense et
très hétérogène. Il est constitué de 432 organismes agréés à compétence
géographique ou professionnelle, regroupant un nombre très variable
d’adhérents, allant de quelques centaines à plusieurs milliers
, ce qui ne
permet pas la réalisation d’économies d’échelle suffisantes
. Les seuils
d’effectif minimal des organ
ismes agréés (100 adhérents pour les centres
agréés et 50 pour les associations)
apparaissent aujourd’hui
relativement
obsolètes dans la mesure où les centres agréés possèdent en moyenne
2 800 adhérents et les associations agréées 1 800.
…
une accumulation de trésorerie et des niveaux de cotisation
disparates.
En outre, le fonctionnement des organismes agréés depuis 40 ans
s’est accompagné de la constitution de réserves de trésorerie importantes,
représentant près de 300 M€ en 2012, soit 120 % de leur chiffre d’aff
aires
annuel moyen,
dont la justification n’est pas clairement établie
. Même si
ces réserves peuvent partiellement s’expliquer par un appel largement
anticipé des cotisations (un an et demi avant la réalisation des travaux),
elles suggèrent que les cotisations des entreprises adhérentes, qui ont
augmenté depuis 2009, sont trop élevées.
Cela s’accompagne d’une forte
variabilité des cotisations, entre 52
€ et 942 €, autour d’une moyenne
comprise autour
de 200 €.
L
e contrôle de l’administration sur les organismes agréés
trouverait matière à être renforcé.
En dernier lieu, le contrôle opéré par l’administration sur les
organismes agréés, bien qu’il ait été amélioré récemment, trouverait
matière à être renforcé. Si quelques non renouvellements d’agrément ont
été prononcés ces dernières années, la sanction du
retrait d’agrément est
insuffisamment
utilisée
pour
garantir
la
bonne
application
des
recommandations issues des audits. Ceux-ci ont été remodelés en
profondeur depuis 2008, mais apparaissent relativement formels et
gagneraient à être davantage harmonisés au niveau déconcentré.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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14
COUR DES COMPTES
Au final, un bilan mitigé…
Quarante ans après leur création, le bilan des organismes agréés
apparaît mitigé. Au fur et à mesure des années, le coût du dispositif s’est
alourdi, sans pour autant que l’avantage principal attendu en ter
mes de
garantie de la régularité des déclarations fiscales des entreprises
individuelles
soit
démontré.
L’automatisation
généralisée
des
vérifications effectuées par les organismes agréés depuis une dizaine
d’années du fait de la dématérialisation des décl
arations fiscales a
considérablement
facilité
leur
travail
mais
n’a
pas
modifié
substantiellement leur contrib
ution à l’amélioration de la si
ncérité fiscale
des adhérents.
Néanmoins, la suppression du dispositif n’apparaît
ni souhaitable
ni envisageable : il est en effet nécessaire de maintenir une différenciation
dans l’imposition des entreprises selon qu’elles acceptent ou non de se
plier à une procédure de nature à assurer une plus grande transparence de
leurs revenus. Cela passe par le maintien de l’inc
itation à adhérer que
constitue la non majoration des revenus professionnels.
De plus, il apparaît utile de conserver une forme spécifique
d’intermédiation entre les travailleurs non
-
salariés et l’administration
fiscale, compte tenu tout à la fois du nomb
re élevé d’entreprises
concernées et de la nécessité de préserver des relations apaisées. Une telle
intermédiation existe d’ailleurs dans la plupart des pays développés. Les
organismes agréés apparaissent notamment utiles en matière de gestion de
l’impôt,
en contribuant au respect des délais de dépôt des déclarations et à
leur dématérialisation.
…
qui appelle une réorientation profonde du dispositif vers
davantage de valeur ajoutée pour la collectivité.
Néanmoins, une réorientation du dispositif s’impose afin de
rééquilibrer au bénéfice de la collectivité le bilan coûts-avantages de
l’intervention des organismes agréés. Il convient ainsi de renforcer les
missions fiscales des organismes agréés, en veillant à ce que ce
renforcement n’incite pas les entreprises indi
viduelles adhérentes à opter
pour le statut de société et échapper ainsi au contrôle des organismes
agréés.
Dès lors, différentes mesures devraient être engagées :
r
ecentrer l’activité des organismes agréés sur leurs missions
fiscales.
L’objectif est d’améliorer
leur contribution à la sincérité fiscale des
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RÉSUMÉ
15
déclarations de leurs adhérents. Ainsi, les vérifications des organismes
agréés pourraient être étendues à de nouveaux impôts
ainsi qu’aux
pièces justificatives des dépenses. En parallèle, les missions annexes
des organismes agréés (dossier d’analyse économique et financière,
formation),
dont
l’utilité
apparaît
limitée,
seraient
rendues
facultatives. Ces propositions devraient également être appliquées aux
professionnels de l’
expertise comptable délivrant le visa fiscal.;
supprimer les avantages fiscaux accessoires. Dans la mesure où de
nombreux avantages concourent au même objectif
–
l’adhésion aux
organismes agréés
–
il convient de simplifier le système autour de la
principal
e mesure incitative qu’est la non majoration de 25 % des
revenus professionnels ;
rationaliser
le
fonctionnement
du
système.
Afin
d’améliorer
l’efficience
du système, tant pour la collectivité que pour les
entreprises adhérentes, il convient
d’harmoniser l
es conditions
d’exercice des vérifications fiscales entre organismes agréés et
professionnels de l’expertise comptable disposant du visa fiscal, de
renforcer l’indépendance des organismes agréés
, et de réduire leur
coût de gestion. Au final, la réduction des missions annexes des
organismes agréés, la résorption des montants de trésorerie élevés là
où cela est justifié et l’informatisation des processus devraient être de
nature à dégager des marges de manœuvre suffisantes pour leur
permettre de se recentrer sur leurs missions fiscales à plus forte valeur
ajoutée.
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Recommandations
Rationaliser le réseau des organismes agréés
1.
relever progressivement le nombre
minimal d’adhérents
exigé
pour l’agrément ou le renouvellement d’agrément d’un
organisme (Décret) ;
Supprimer les avantages fiscaux accessoires
2.
s
upprimer la réduction d’impôt pour frais de comptabilité et
d’adhésion à un organisme agréé (Loi)
;
3.
aligner la situation des adhérents et des non adhérents en
matière de déductibilité du salaire du conjoint de l’exploitant
(Loi) ;
4.
supprimer la réduction du délai de reprise de 3 à 2 ans pour les
adhérents d’organismes agréés (Loi)
;
5.
supprimer la possibilité de cumul, la première année de
l’adhésion à une association agréée, entre l’abattement de 3
%
sur les recettes des médecins du secteur 1 et la non majoration
(Instruction DGFiP) ;
Élargir les missions fiscales des organismes agréés tout en
recentrant ceux-ci sur ces missions
6.
étendre à de nouveaux impôts les missions de vérification des
organismes agréés (Loi et décret) ;
7.
élargir
à l’examen des pièces justificatives des dépenses
les
missions des organismes agréés (Loi et décret) ;
8.
améliorer la contribution des organismes agréés à la gestion de
l’impôt, en matière de télétransmission et de comptabilité
dématérialisée (Loi et décret) ;
9.
supprimer la possibilité pour un adhérent ayant fait l'objet de
pénalités exclusives de bonne foi de bénéficier des avantages
fiscaux (notamment la non majoration) au titre de l'exercice
redressé (Loi) ;
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18
COUR DES COMPTES
10.
v
eiller à la mise en œuvre effective de l’obligation
pour
l’administration
d’indiquer
aux
organismes
agréés
les
adhérents ne respectant pas leurs obligations fiscales, et
analyser les suites qui y sont données par les organismes
concernés (DGFiP) ;
Clarifier les conditions dans lesquelles interviennent les
organismes agréés et les experts comptables
11.
rendre facultatives les missions annexes des organismes agréés
et des professionnels de l’expertise compt
able délivrant le visa
fiscal
(dossier d’analyse économique et financière, formation)
(Loi et décret) ;
12.
rendre obligatoire, pour les professionnels de l’expertise
comptable pouvant accorder le visa fiscal, la transmission d’un
compte rendu de mission ainsi
qu’un contr
ôle direct par la
DGFiP, dans les mêmes conditions que pour les organismes
agréés (Loi et décret) ;
13.
introduire dans les statuts des organismes agréés une durée
minimale d’adhésion de trois ans
et une proportion maximum
de clients d’un même professionnel de l’expertise comptable
ou d’un même organisme parmi les adhérents d’un organisme
agréé (Décret) ;
14.
publier et rendre aisément accessible sur
impots.gouv.fr
la liste
nationale des organismes agréés et le montant de leur
cotisation et veiller,
à l’occasion des audits, à éviter
l’accumulation de réserves de trésorerie injustifiées
(DGFiP) ;
15.
instaurer
un
suivi
systématique
des
recommandations
formulées dans les audits de qualité, à la fois au niveau local et
au niveau central (DGFiP).
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Introduction
Créés par la loi de finances rectificative pour 1974 et mis en place
à l’initiative d’organismes consulaires, d’organisations professionnelles
ou d’experts
-comptables, les organismes de gestion agréés (OGA) sont
des structures associatives de la loi de 1901 exerçant une mission
d’assistance en matière de gestion et de prévention dans le domaine fiscal
auprès des très petites entreprises (TPE).
Ils bénéficient d’un
agrément
par
l’administration fiscale.
Les organismes agréés regroupent les centres de gestion agréés, qui
s’adressent à
des indépendants exerçant une activité commerciale,
industrielle ou agricole, et les associations de gestion agréées, créées par
la loi de finances pour 1977 et destinées aux membres de professions
libérales et assimilées. Même si les missions exercées ne sont pas
exactement les mêmes,
il n’existe pas de différence majeure entre les
centres et les associations de gestion agréés quant à leur organisation et
leur fonctionnement,.
Dans son enquête, la Cour s’est attachée à analy
ser en priorité
l’impact de l’
activité des organismes agréés sur la gestion et le contrôle
des impôts ainsi que la tutelle exercée par l’administration sur ces
organismes. Leurs autres missions
–
aide à la gestion,
prévention des
difficultés des entreprises,
formation et information, production
statistique
–
ont néanmoins également été examinées.
Après avoir présenté le système mis en place à partir de 1974 en
France (partie I) ainsi que les nombreux avantages fiscaux et
règlementaires sur lesquels il repose (chapitre II), le présent rapport
analyse
l’impact des organismes agréés en matière de régularité
des
déclarations fiscales des entrepreneurs individuels (partie III) et les
faiblesses de fonctionnement du dispositif existant (partie IV).
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Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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Chapitre I
Un système ancien et original dans le
contexte européen
Le dispositif
mis en place à partir de 1974 en France avec la
création des organismes agréés se distingue de systèmes similaires
adoptés par les pays européens continentaux
du fait d’une incitation
fiscale
à l’adhésion
. Il ne con
cerne qu’une partie des entreprises
: les
artisans, commerçants, industriels, professions libérales, exploitants
agricoles exerçant sous le statut d’entrepreneur
individuel et soumis à
l’impôt sur le revenu des professionnels
au régime réel.
I - Origine et missions
Les centres de gestion agréés ont été créés par l’article 1
er
de la loi
de finances rectificative n° 74-1114 du 27 décembre 1974 pour exercer
auprès de leurs entreprises adhérentes une mission d’assistance en matière
de gestion et d’assistance dan
s le domaine fiscal
1
.
Leur
création s’est effectuée dans le contexte tendu des
actions
conduites par le CID-UNATI dirigé par M. Gérard Nicoud dans les
années 1970. Elle visait à répondre aux revendications des professionnels
du commerce, de l’artisanat, de l’agriculture et des professions libérales
1
Les missions des organismes agréés sont définies par les articles 1649 quater C et
suivants du code général des impôts et les articles 371 BA à 371 Z de son annexe II.
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22
COUR DES COMPTES
qui voulaient bénéficier d’un abattement fiscal identique à celui des
salariés.
Ainsi, la création des organismes agréés répondait à plusieurs
objectifs :
étendre
le bénéfice de l’abattement de 10 %
(porté plus tard à 20 %)
sur le revenu imposable, jusque là réservé aux salariés, aux bénéfices
imposés au régime réel des industriels, artisans, commerçants et
agriculteurs adhérents de centres agréés
, ce qu’a consacré
l’article 1
er
de la loi de finances rectificative pour 1974 ;
en contrepartie de cet avantage, obliger les indépendants à adhérer à
un organisme
agréé par l’administration fiscale,
favorisan
t l’usage de
la comptabilité (l’adhésion impliquait une obligation de recourir à un
expert-comptable), pour permettre
à l’administration fiscale de
mieux
connaître les revenus professionnels des artisans, commerçants,
industriels et agriculteurs, en les
incitant à passer d’un régime
forfaitair
e à un régime réel d’imposition
.
La loi de finances créant les centres agréés ne mentionne
explicitement que leur mission
d’assistance en matière de gestion, via le
développement de l’usage de la comptabilité, et leur mission d’assistance
à l’établissement de la déclaration fiscale
2
.
La création des centres de gestion agréés s'inscrivait en effet dans
la perspective d'aide à l'amélioration de la gestion des entreprises tracée
par la loi d'orientation du commerce et de l'artisanat de 1973, dans un
contexte où les règles fiscales, comptables et sociales devenaient plus
complexes.
2
Les missions des centres de gestion agréés dans la loi de finances rectificative de
1974 sont énoncées comme il suit : «
I. Des centres de gestion dont l’objet est
d’apporter une assistance en matière de gestion aux industriels, commerçants,
artisans et agriculteurs peuvent être agréés dans des conditions fixées par décret en
Conseil d’É
ta
t. (…)
VII. Les centres sont notamment habilités à élaborer, pour le
compte de leurs adhérents placés sous un régime réel d’imposition, les déclarations
destinées à l’administration fiscale
; un agent de l’administration fiscale apporte son
assistance tech
nique au centre de gestion agréé (…)
».
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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UN SYSTEME ANCIEN ET ORIGINAL DANS LE CONTEXTE EUROPÉEN
23
La mission de contrôle des déclarations fiscales des adhérents par
les centres agréés n’est
définie dans la loi que de manière indirecte. En
effet, la loi instaurant les centres agréés prévoit que «
la comptabilité des
adhérents des centres de gestion doit être tenue, centralisée ou surveillée
par un expert comptable, un comptable agréé ou une société membre de
l’ordre qui vise les documents fiscaux après s’être assuré de leur
régularité formelle et de leur concordance avec la comptabilité
»
3
.
Le décret n° 75-911 du 6 octobre 1975 relatif aux centres de
gestion agréés a précisé leur fonctionnement. La forme juridique de
l’association régie par la loi du 1
er
juillet 1901 a été choisie en raison de
sa souplesse et parce qu’elle impliquait une démarche d’adhésion et
d’acceptation des statuts.
Le décret de 1975 institue l’obligation pour les centres agréés de
fournir à chaque adhérent un dossier de gestion commentant la situation
financière et économique de l’entreprise, notamment à partir d’une
analyse
comparative des bilans et comptes d’exploitation. Les centres
peuvent également élaborer les déclarations
d’impôts
destinées à
l’administration fiscale à la demande des adhérents.
Les premiers centres ont vu le jour en 1976. Ils s'adressaient aux
artisans, commerçants, industriels et agriculteurs.
Le dispositif des centres de gestion agréés a été étendu aux
professions libérales et assimilées par l’article 64 de la loi de finances
n° 76-1232 pour 1977 qui a instauré les associations de gestion agréées.
Ces associations ont également pour objet de «
développer l’usage de la
comptabilité et de faciliter l’accomplissement de leurs obligations
administratives et fiscales par les membres des professions libérales et
les titulaires des charges et offices
». Comme pour les centres agréés, il
est prévu que les associations agréées peuvent élaborer les déclarations
destinées à l’administration fiscale
pour le compte de leurs adhérents
placés sous un régime réel d’imposition. Les adhérents d’associations
agréées bénéficie également de
l’abattement de 10 %
, puis 20 %, sur leur
bénéfice imposable.
3
Article 1 de la loi de finances rectificative pour 1974.
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24
COUR DES COMPTES
Le législateur a limité l’adhésion des professionnels libéraux à
ceux qui relèvent d’organisations
ayant
pris l’engagement d’améliorer la
connaissance des revenus de leurs adhérents. Toutes les fédérations de
professionnels s’y sont par la suite engagées.
Les missions fiscales des organismes agréés ont été enrichies et
précisées dans la partie règlementaire du code général des impôts puis
dans le cadre d’instruction
s administratives. Le code général des impôts,
dans sa rédaction de 1977
4
, prévoyait les obligations des adhérents en
matière fiscale : engagement de sincérité, obligation de faire tenir,
centraliser ou surveiller sa comptabilité par un membre de l’ordre d
es
experts-comptables (pour les centres agréés
), et d’adresser un double de
leur déclaration de résultats et de ses annexes à l’organisme agréé. Les
mêmes articles disposaient que les manquements graves ou répétés à ces
obligations entraînaient l’engagement par l’organisme agréé d’une
procédure d’exclusion de l’adhérent.
Les instructions administratives du 25 février 1980 (pour les
associations agréés) et du 6 mars 1980 (pour les centres de gestion
agréés) ont formalisé
l’examen de cohérence et de vraisembl
ance (ECV)
qui doit être effectué par les organismes agréés sur
l’ensemble des
déclarations fiscales des adhérents. Deux éléments de ce contrôle étaient
distingués : un examen en la forme des déclarations de résultats, et un
examen de cohérence et de vraisemblance. La mission de vérification
fiscale a ensuite été une première fois affirmée par voie législative, pour
les associations agréées
5
.
L’article 76 de la loi de finances pour 2006 a supprimé
l’
abattement sur les revenus professionnels, des salariés et non-salariés,
4
Articles 371 E (pour les centres agréés) et 371 Q (pour les associations agrées) de
l’annexe II
du code général des impôts, dans leur rédaction issue des décrets
n° 75-911 du 6 octobre 1975 (pour les CGA) et n° 77-1519 du 31 décembre 1977
(pour les associations agréées).
5
L’article 1649 quater H du code général prévoyait ainsi, dans sa rédaction issue de la
loi de finances pour 1990, que les associations agréées «
s’assurent de la régularité
des déclarations fiscales que leur soumettent leurs adhérents. A cet effet, elles leur
demandent tous renseignements utiles de nature à établir la concordance entre les
résultats fiscaux et la comptabilité établie conf
ormément aux plans comptables (…)
».
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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UN SYSTEME ANCIEN ET ORIGINAL DANS LE CONTEXTE EUROPÉEN
25
qui avait été porté de 10 à 20 % à la fin des années 1970,
et l’a
directement intégré au barème de l’impôt sur le revenu. Afin de maintenir
une différence d'imposition entre les professionnels adhérents et non
adhérents aux organismes agréés, une majoration de 25 % a été instaurée
sur les revenus des non salariés soumis à un régime réel d'imposition non
adhérents à un organisme agréé.
Enfin, l’
examen de concordance, de cohérence et de vraisemblance
(ECCV) des déclarations fiscales a été institué
pour l’ensemble
des
organismes agréés par la loi de finances pour 2009
6
qui prévoit cet
examen des organismes agréés sur les déclarations de résultats et les
déclarations de taxes sur
le chiffre d’affaires
des adhérents, y compris la
taxe sur la valeur ajoutée.
Le contenu de leurs missions a également évolué au cours des
années en matière comptable. Lors de leur création, les centres de gestion
des agriculteurs ont obtenu la faculté de tenir eux-mêmes la comptabilité
de leurs adhérents, sous certaines conditions. Cette possibilité a ensuite
été accordée aux centres des artisans et commerçants par la loi de
finances pour 1977, avant d’être finalement supprimée pour tous les
centres de gestion agréés en 2009 afin de rétablir le monopole des
experts-comptables en matière de tenue de comptabilité. Elle reste
toutefois « tolérée
» par l’administration pour les associations de gestion
agréées.
6
Article 1649 quater E : «
Les centres demandent à leurs adhérents tous
renseignements utiles afin de procéder chaque année, sous leur propre responsabilité,
à un examen en la forme des déclarations de résultats et de leurs annexes, des
déclarations de taxes sur le chiffre d'affaires, puis à l'examen de leur cohérence, de
leur vraisemblance et de leur concordance. Les centres ont l'obligation de procéder
aux contrôles de concordance, de cohérence et de vraisemblance des déclarations de
résultats et de taxes sur le chiffre d'affaires de leurs adhérents dans les six mois à
partir de la date de réception des déclarations des résultats par le centre. ».
Article 1649 quater H : «
Les associations mentionnées à l'article 1649 quater F
s'assurent de la régularité des déclarations de résultats et des déclarations de taxes
sur le chiffre d'affaires que leur soumettent leurs adhérents. (…) Les associations ont
l'obligation de procéder aux contrôles de concordance, cohérence et vraisemblance
des déclarations de résultats et de taxes sur le chiffre d'affaires de leurs adhérents
dans les six mois à partir de la date de réception des déclarations des résultats par
l'association.
».
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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26
COUR DES COMPTES
Si les centres de gestion
agréés n’ont plus la possibilité de tenir la
comptabilité de leurs adhérents, les
professionnels de l’expertise
comptable ont en revanche obtenu, par la loi de finances pour 2009, le
droit d’apposer un «
visa fiscal » sur les déclarations de résultats de leurs
clients et ainsi de les faire bénéficier de la non majoration de 25 % de
leurs bénéfices.
Les organismes agréés sont ainsi passés progressivement d’une
mission d’aide à la gestion à une mission de contrôle des déclarations
fiscales qui a elle-
même été dissociée de l’établissement des comptes
par
les experts comptables même si cette dissociation est incomplète puisque,
d’une part, les associations agréées peuvent établir les comptes et, d’autre
part, les experts comptables peuvent viser les déclarations fiscales.
Les organismes de gestion agréés, centres et associations, ont
connu un fort développement depuis leur création, notamment auprès des
TPE. Actuellement, il existe 432 organismes agréés employant 2 500
salariés et regroupant 1,1 million
d’entreprises
adhérentes, soit 25 % des
quatre millions
d’entreprises
recensées en France (IR/IS, réel/forfait) et
environ 69
% des entreprises imposées au régime réel de l’impôt sur le
revenu.
II - Un système original dans le contexte européen
Les petites entreprises représentent un enjeu fiscal important, que
mettent en avant les administrations fiscales de plusieurs pays que la Cour
a sollicitées (Cf. annexe n° 4 sur les comparaisons internationales). Le
Royaume-Uni compte par exemple près de 4,6 millions de PME. En
Italie, on peut évaluer à environ 70 % (sur un total de 4,4 millions
d’entrepris
es) la part des entreprises organisées sous forme individuelle.
Cette proportion atteint 83 % si l’on y rajoute les sociétés de personnes
dont les résultats sont également imposés à l’impôt sur le revenu des
personnes physiques associées. À titre de comparaison, la France compte
environ 2,5 millions de petites entreprises imposées à l’impôt sur le
revenu, au réel ou au forfait.
Si chaque pays met en œuvre des solutions spécifiques pour
accompagner les petites entreprises dans leurs déclarations fiscales, deux
grands groupes peuvent être distingués.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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UN SYSTEME ANCIEN ET ORIGINAL DANS LE CONTEXTE EUROPÉEN
27
A -
Le modèle européen continental
Les pays européens continentaux (Italie, Allemagne) présentent un
système d'intermédiaires fiscaux agréés et règlementés qui se rapproche
du modèle français des organismes de gestion agréés.
La mission de ces intermédiaires fiscaux, dont le statut est défini
par la loi, et dont l’agrément est
délivré sous conditions par l’É
tat, est
d’aider les petites entreprises à établir leur comptabilité ainsi que leur
déclaration de revenus. Ils opèrent notamment des contrôles formels, mais
ils peuvent également (c’est le cas des centres d’assistance fiscale aux
entreprises en Italie) mener des contrôles de cohérence.
Ces intermédiaires fiscaux sont encadrés et réglementés. En
Allemagne par exemple, les conseillers fiscaux sont une profession
règlementée avec des exigences en termes de niveau de diplôme, un
encadrement des rémunérations, et un ordre professionnel propre (les
chambres des conseillers fiscaux du Land). Ils peuvent se charger de
t
outes les opérations liées à l’élaboration des déclarations fiscales
(tenue
de comptabilité, établissement des bilans et comptes de résultats, conseil
dans le choix des logiciels de facturation). Ils établissent également les
déclarations
des
salaires
que
l’employeur
doit
transmettre
à
l’administration fiscale et procède
nt au calcul de la retenue à la source de
l’impôt. La loi allemande prévoit également la possibilité d’inculper un
intermédiaire pour complicité de fraude fiscale et de le condamner au
paiement solidaire de l’impôt redressé et des intérêts de retard,
dispositions qui
n’existent pas en France.
De surcroît, la représentation d’un contribuable par un
conseiller
fiscal
est prise en compte favorablement par l’administration fiscale dans
sa stratégie de contrôle fiscal.
En Italie, des c
entres d’
assistance fiscale (CAF) ont été instaurés
dès le début des années 1990, au départ exclusivement pour les personnes
physiques, puis progressivement pour les entreprises. Leurs missions sont
d’aider les usagers dans l’accomplissement de leurs obligations fiscales
,
parfois complexes, et
d’
externaliser les tâches lourdes de contrôle formel
de l’administration fiscale
. Ils effectuent en effet des contrôles formels
des déclarations, mènent des contrôles de cohérence et de vraisemblance
et délivrent des certificats à l’administration fiscale,
de manière
obligatoire dès lors que le contribuable sollicite un remboursement
d’impôt (crédit de TVA notamment)
ou bien sur demande du
contribuable. Enfin, ces centres sont contrôlés par
l’
administration fiscale
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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28
COUR DES COMPTES
(Agenzia delle Entrate), afin de vérifier que les règles fixées pour
l’exercice de l’activité d’assistance fiscale sont respectées.
En cas
d’irrégularités, l’administration peut suspendre l’agrément. Les sanctions
contre les centres d’assistance fiscale aux entreprises qui manqueraient à
leurs obligations ont été durcies en 2014.
B -
Le modèle anglo-saxon
Dans les pays anglo-saxons (Canada, États-Unis, Royaume-Uni),
les entreprises comme les particuliers se font généralement assister dans
l’établissement de leur déclaration de revenus par des
« préparateurs » de
déclarations.
Les « préparateurs »
de déclaration n’ont
pas à obtenir d’agrément
de l’É
tat pour exercer. Ils peuvent aussi bien être des experts-comptables,
des avocats fiscalistes ou des particuliers offrant un service. Aux
États-Unis, ils ont seulement
l’obligation de s’enregistrer
auprès
d’organismes professionnels, ce qui n’est pas encore le cas au Canada
, ni
au Royaume-Uni où 30 % des intermédiaires fiscaux ne sont pas
enregistrés, et ne sont soumis à aucune règle. Le contrôle qui pèse sur les
intermédiaires fiscaux de ces pays est donc moindre.
La sous-déclaration de revenus des PME
à l’étranger
L
’agence de revenu du Canada
a mis en évidence d'importants taux
d'erreurs dans les déclarations de revenus produites par les PME. Les
recherches de
l’agence
montrent des redressements d'impôt fédéral de 1 000
$ ou plus pour 34,5 % des déclarants travailleurs indépendants en 2009-2010
et pour 27,5 % des sociétés déclarantes en 2007-2008 dans le secteur des
PME. Bien que ces redressements soient peu importants (en moyenne
environ 2 200 $ et 6 000 $ respectivement pour les travailleurs indépendants
et les sociétés), la fréquence élevée de ces redressements est une
préoccupation compte tenu de la taille de la population des PME.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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UN SYSTEME ANCIEN ET ORIGINAL DANS LE CONTEXTE EUROPÉEN
29
Au Royaume-Uni, le National Audit Office estimait dans un rapport
de 2010
7
que la sous-déclaration de revenus provenant de contribuables
accompagnés
dans
leurs
démarches
comptables
et
fiscales
par
un
intermédiaire était significative (respectivement 2,6 Md de livres et 900 M de
livres de pertes de recettes en matière d’impôt sur le revenu et d’impôt sur les
sociétés) et que ces pertes se concentraient sur les PME.
Des réformes récentes
des conditions d’exercice des
intermédiaires
fiscaux dans plusieurs pays témoignent d’une
volonté
d’améliorer le
recouvrement des recettes fiscales en provenance des petites entreprises,
tout en minimisant les coûts de gestion pour les administrations fiscales.
Au Canada par exemple, la ministre du Revenu national
a proposé
en janvier 2014 un plan destiné à mieux encadrer les préparateurs de
déclaration
fiscale.
Il
s’agit
d’un
programme
d’inscription
des
préparateurs de déclaration de revenus en janvier 2014 visant à les
identifier à l'aide d'un numéro, lier chaque déclaration de revenus au
préparateur de déclaration, établir dans quelle mesure un préparateur est
associé à des déclarations de revenus conformes ou irrégulières afin
d’
élaborer une approche stratégique en matière de contrôle. Les sanctions
seraient renforcées en cas d’irrég
ularités
8
.
Aux États-Unis, un nouveau bureau, le
Return Preparers Office
(RPO), a été créé en 2011
au sein de l’
administration fiscale (
Internal
Revenue Service
). Ce bureau a reçu le mandat de réglementer les
préparateurs de déclarations de revenus rémunérés en exigeant de ces
derniers qu'ils s'inscrivent, en évaluant leurs compétences fiscales, et en
identifiant les préparateurs de déclarations non conformes afin de
prescrire des mesures à leur égard.
7
National Audit Office
(« NAO ») octobre 2010, «
Engaging with the tax agents
»
8
Dénonciation du préparateur de déclarations auprès d'un organisme comptable ou
juridique réglementé par une province, imposition d'une pénalité, instauration d'une
période de surveillance, pénalité administrative voire une révocation.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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30
COUR DES COMPTES
C -
Les enseignements pour la France
La différence la plus notable entre les intermédiaires fiscaux de
l’ensemble de ces pays et les organismes de gestion agréés français réside
dans l’absence d’incitation fiscale. En Allemagne, l
e recours à un
professionnel de l’expertise comptable
ou à un conseiller fiscal permet
seulement de repousser les échéances de dépôt de la déclaration fiscale.
Le modèle français d’organismes agréés apparaît plus proche du
modèle continental. Il va au-delà sur certains points (contrôle de
cohérence et de vraisemblance systématique, incitation fiscale pour les
adhérents
) mais pourrait s’
en inspirer sur
d’autres points (meilleure
utilisation des résultats des contrôles fiscaux des adhérents pour établir la
fiabilité de chaque organisme agréé, responsabilité plus importante des
organismes agréés comme dans le modèle allemand). En dépit du
caractère moins structuré des intermédiaires dans les pays voisins, leurs
contrôles sont mieux articulés avec ceux de l’administration, qui les
surveille plus étroitement.
III - Les principales caractéristiques des organismes
agréés et des entreprises concernées
A -
Un tiers des entreprises a intérêt à adhérer à un
OGA
Deux types de populations peuvent être distingués parmi les
entreprises :
1.
Les entreprises ayant intérêt à adhérer à un organisme de gestion
agréé
: les entreprises individuelles soumises à l’impôt sur le revenu
des professionnels dans les catégories BIC, BA, BNC qui remplissent
les conditions pour bénéficier
de l’avantage principal lié à l’adhésion,
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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UN SYSTEME ANCIEN ET ORIGINAL DANS LE CONTEXTE EUROPÉEN
31
c’est
-à-dire la non majoration des revenus professionnels. Ces
entreprises remplissent deux conditions :
être imposées au réel de droit
9
ou sur option (entreprises sous les
seuils de passage au réel mais optant pour le régime réel car elles ont
beaucoup de charges à déduire) ;
avoir un revenu imposable par part supérieur au
seuil d’imposition
(environ 12
000 € pour un célibataire compte
-tenu de la décote)
. S’il
est difficile d’identifier statistiquement ces entreprises, leur nombre
peut être approché en retenant les entreprises au réel et déclarant des
bénéfices (résultat fiscal positif). Dans la mesure où certaines
entreprises individuelles déclarent des bénéfices sans pour autant être
imposables, cela revient toutefois
à majorer le nombre d’entreprises
ayant intérêt à adhérer.
2.
Les entr
eprises qui n’ont pas d’intérêt à adhérer à un organisme agréé
car elles ne remplissent pas les conditions pour bénéficier de la non
majoration, c’est
-à-dire :
les entreprises individuelles soumises à l’impôt sur le revenu mais non
imposées au réel : il
s’agit des micro
-entreprises
10
, et notamment des
auto-entrepreneurs
qui n’ont pas opté pour le régime réel
;
les entreprises imposées au réel mais soit déclarant des déficits
(résultat fiscal négatif) soit bénéficiaires mais non imposables ;
les entreprises
soumises de plein droit à l’impôt sur les sociétés
(SARL, SA, SAS) ou sur option (EURL, EIRL sous certaines
conditions et sociétés de personnes de type SNC, SCP, etc…)
11
.
9
c’est
-à-dire les entreprises déc
larant des BIC et dont le chiffre d’affaires annuel est
supérieur à 81
500 € pour les activités d’achat/vente ou de 32
600 € pour les autres
prestations de service ; les entreprises déclarant des BNC et dont les recettes sont
supérieures à 32
600 €
; les entreprises déclarant des BA et dont la moyenne des
recettes, calculées sur deux années consécutives, est supérieure à 76
300 €
. Ces seuils
de passage au réel ont été augmentés pour 2014, 2015 et 2016 par la loi de finances
pour 2014.
10
C’est
-à-dire les entreprises imposées dans la catégorie BIC dont le chiffre d'affaires
est inférieur aux seuils mentionnés dans la note précédente.
11
Les sociétés unipersonnelles
à l’IS dont l’associé est une personne physique
ont
néanmoins depuis 2010 un intérêt à adhérer pour bénéficier de la réduction du délai de
reprise de l’administration.
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32
COUR DES COMPTES
Le tableau ci-après dresse un panorama des entreprises selon leur
intérêt à adhérer et leur adhésion effective
12
.
Il révèle que seul un tiers (31 %) des entreprises ont intérêt à
adhérer à un organisme agréé, qu’elles le fassent ou non. Il s’agit des
BIC, BA, BNC déclarant des bénéfices. En revanche, plus des deux tiers
(69 %) des entrepr
ises n’ont pas intérêt à adhérer à un organisme agréé
.
En effet, 23 %
d’ent
re elles ne sont pas imposées au réel mais au forfait,
36 %
sont imposées à
l’IS, e
t 10 % déclarent des déficits.
12
Par convention, les entreprises imposées au forfait sont placées parmi les
entreprises n’ayant pas intérêt à adhérer et qui n’adhèrent pas car les statistiques
existantes ne permettent pas de distinguer celles qui adhèrent malgré tout à un
organisme agréé.
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33
Tableau n° 1 :
répartition des entreprises en fonction de leur intérêt
à adhérer (2012, en milliers)
Source : Cour des comptes à partir de données DGFiP (le tableau complet
figure en annexe) -
*Petites sociétés à l’IS
: entreprises dont le chiffre
d’affaires est inférieur à un plafond défini tel que 95 % des entreprises BIC,
BA,
BNC aient un chiffre d’affaires inférieur à ce plafond (soit 495
568 € en
2012)
En valeur
absolue -hors
sociétés IS
En proportion du
total - hors
sociétés IS
En valeur
absolue -avec
sociétés IS
En proportion
du total -
avec sociétés
IS
Entreprises ayant
intérêt à adhérer et qui
adhèrent
1 007,9
39%
1 007,9
25%
Entreprises ayant
intérêt à adhérer et qui
n'adhèrent pas
248,7
10%
248,7
6%
Entreprises n'ayant pas
intérêt à adhérer et qui
n'adhèrent pas
1 207,3
47%
2 659,5
66%
Entreprises au forfait
(micro et auto-
entrepreneurs)
943,6
37%
943,6
23%
Entreprises au réel
déclarant des déficits
263,7
10%
263,7
7%
Entreprises à l'IS
1 452,2
36%
Entreprises n'ayant pas
intérêt à adhérer et qui
adhèrent
108,1
4%
123,3
3%
Entreprises au réel
déclarant des déficits
108,1
4%
108,1
2,7%
Entreprises à l'IS
15,2
0,4%
Total
2 572,0
100%
4 039,4
100%
Nombre d'entreprises
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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34
COUR DES COMPTES
B -
Une diminution tendancielle de la part des
entreprises ayant intérêt à adhérer à un OGA
Le nombre d’adhérents potentiels des organismes agréés est en
diminution tendancielle sur longue période en raison de la baisse de la
part des BIC, BA, BNC au réel par rapport au nombre total des petites
entreprises
(c’est
-à-
dire petites sociétés à l’impôt sur les sociétés et
entreprises imposées au forfait)
13
.
Alors que la part des BIC, BA, BNC au réel (en rouge sur le
graphique de la page suivante) était de 55 % en 2008, dans ce périmètre,
elle n’était plus que de 45 % en 2012.
Cela résulte de deux facteurs.
D’une part, le nombre de petites sociétés
imposées
à l’IS
a
tendance à augmenter depuis 2008. Leur part (en vert) a ainsi crû de 27 à
29 % entre 2008 et 2012.
Cette évolution pourrait s’expliquer par un
certain nombre de réaménagements fiscaux comme l’extension du
bénéfice de l’abattement de 20 % sur les salaires aux gérants majoritaire
s
de SARL et EURL et l’instauration d’un taux réduit d’IS à 15 %. Elle
touche davantage les artisans et commerçants que les professions libérales
car ces dernières trouvent moins d’intérêt à se constituer en société, ayant
moins d’investissements à séparer
de leur patrimoine personnel.
D’autre part, de plus en plus d’entreprises sont imposées au forfait
depuis 2008, qu’il s’agisse du forfait agricole, du régime de la micro
-
entreprise ou du régime de l’auto
-entrepreneur pour les BIC et les BNC
(Cf. annexe n° 7
sur les différents régimes d’imposition).
La part des
entreprises imposées au forfait (en bleu) est ainsi passée de 18 % en 2008
13
Afin que les comparaisons entre les professionnels soumis à l’impôt sur le revenu et
ceux soumis à l’impôt sur les sociétés soient pertinentes, il convient de retenir
: d’une
par
t les entreprises imposées à l’IR
; d’autre part les petites et moyennes entreprises
imposées à l’IS, en excluant celles dont le chiffre d’affaires est trop élevé pour
qu’elles puissent avoir une forme individuelle.
Dans les analyses ci-dessous, le
périmètre des petites et moyennes entreprises à l’IS
retenu regroupe les entreprises dont le chiffre d’affaires est inférieur à un plafond
défini de telle sorte que 95 % des entreprises BIC, BA, BNC aient un chiffre
d’affaires inférieur à ce plafond (soit
495
568 € en 2012). Les résultats détaillés
figurent en annexe.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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UN SYSTEME ANCIEN ET ORIGINAL DANS LE CONTEXTE EUROPÉEN
35
à 26 % en 2012. D
epuis la création du statut de l’auto
-entrepreneur en
2009, de nombreuses créations d’entreprises se font
sous cette forme au
détriment du statut d’entrepreneur individuel classique
14
.
Ces deux évolutions ont tendance à réduire la population des
entreprises ayant intérêt à adhérer aux organismes agréés puisque ni les
sociétés à l’IS ni les entreprises au forfa
it ne peuvent bénéficier de la non
majoration des revenus, dont seules peuvent bénéficer les entreprises
soumises à l’IR au réel. Il s’agit d’une donnée structurelle qui affecte et
devrait continuer à affecter l’activité de centres de gestion agréés,
plus
fortement que celle des associations agréées.
14
INSEE Première n°1387
–
Janvier 2012.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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36
COUR DES COMPTES
Graphique n° 1 :
r
épartition du nombre d’entreprises selon leur
catégorie d’imposition
Source : Cour des comptes à partir de données DGFiP- *Petites sociétés à
l’IS
: entreprises dont le chiffre d’affaires est inférieur
à un plafond défini tel
que 95 % des entreprises BIC, BA, BNC aient un chiffre d’affaires inférieur à
ce plafond (soit 495
568 € en 2012)
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37
C -
La stabilité
du nombre d’adhérents des
organismes
agréés
Si le nombre d’adhérents potentiels est en diminution en
po
urcentage du nombre d’entreprises
, l
e constat d’une
forte baisse du
nombre d’adhérents–
souvent mis en avant par les organismes agréés
pour justifier leur volonté de se voir confier de nouvelles missions et
surtout obtenir de nouveaux avantages fiscaux pour leurs adhérents
–
est à
relativiser.
Il convient de distinguer deux périodes dans la mesure où les
données sur les BNC ne sont disponibles qu’à partir de 2009.
Sur la période 2002-
2008, le nombre total d’adhérents, hors BN
C,
a augmenté de 5 %, dont 9 % pour les BA et 5 % pour les BIC. En
revanche, le nombre de sociétés à l’IS adhérentes a diminué de 36 % sur
la même période.
Sur une période plus récente (2009-2012), le nombre total
d’adhérents des organismes agréés a augmenté de 3 %.
Cette évolution est
à nuancer selon les types d’adhérents.
Les
centres de gestion agréés ont connu une réduction de 5 % de leurs
adhérents BIC, tandis que les nombres
d’adhérents BNC
(associations
agréées) et, dans une moindre mesure, BA (centres de gestion agréés)
sont en augmentation respectivement de 12 % et de 2 % entre 2009 et
2012.
Le nombre d’adhérents
imposé
à l’IS, malgré sa faiblesse en valeur
absolue, a fortement augmenté entre 2009 et 2012 (83 %), probablement
en raison de la réduction du délai de reprise de l’ad
ministration en cas
d’adhésion
, qui bénéficie entre
autres aux petites sociétés à l’IS.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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38
COUR DES COMPTES
Tableau n° 2 :
é
volution du nombre d’adhérents des organismes
agréés, hors forfaits
Source : DGFiP
–
retraitements Cour des comptes
Note : les données pour les BNC ne sont
disponibles qu’à partir de 2009
D -
Les vérifications effectuées par les organismes
agréés et la transformation lente du réseau
Depuis une dizaine d’années, les vérifications effectuées par les
organismes agréés ont largement été automatisées du fait de la
dématérialisation
des
déclarations
fiscales.
Dans
la
plupart
des
organismes agréés, les déclarations reçues font l’objet de contrôle
s
automatiques de cohérence entre les différents postes comptables de la
liasse fiscale et les
ratios d’analyse financière prop
res à chaque secteur.
Les anomalies détectées font l’objet de questions
automatiques dont la
pertinence est ensuite revue par un analyste avant qu’elles soient
envoyées à l’adhérent. Le temps moyen passé par dossier dépend du
nombre d’anomalies détectées et de l’ampleur des
approfondissements
nécessaires.
BA
BIC
BNC
IS
Total
2002
180,1
461,6
nd
14,1
655,8
2003
192,4
434,6
nd
12,6
639,6
2004
202,4
448,1
nd
13,5
664,0
2005
168,1
468,3
nd
14,0
650,4
2006
203,4
457,2
nd
12,2
672,8
2007
195,4
481,7
nd
10,1
687,2
2008
196,7
485,2
nd
9,0
690,9
Variation
2002-2008
9%
5%
nd
-36%
5%
2009
200,3
478,1
409,1
8,3
1 095,8
2010
209,9
473,0
439,3
11,2
1 133,4
2011
204,1
462,9
449,1
13,6
1 129,7
2012
203,7
452,1
460,1
15,2
1 131,1
Variation
2009-2012
2%
-5%
12%
83%
3%
Année
Nombre adhérents
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UN SYSTEME ANCIEN ET ORIGINAL DANS LE CONTEXTE EUROPÉEN
39
Du fait de cette automatisation des fonctions, qui nécessite des
investissements en matériels informatiques, les fusions d’organismes
agréés se traduisent par des économies d’échelles importantes. E
ntre le 1
er
janvier 2003 et le 14 octobre 2013, 44 fusions ont été recensées. Elles ont
touché en priorité les organismes agréés de petite taille, présentant des
frais de gestion trop élevés par rapport au nombre d’adhérents, et ont
contribué à réduire le nombre
d’organismes agréés spécialisés dans une
profession (boucherie, boulangerie par exemple).
En conséquence, depuis 2009, le nombre
d’employés d
es
organismes agréés a sensiblement diminué : en 2012, les organismes
agréés comptaient environ 2 700 employés, dont 2 517 salariés,
98 salariés mis à disposition et 79 intérimaires, contre environ 3 250 en
2009.
Pour autant, le réseau des organismes agréés reste dense et très
hétérogène. On compte
aujourd’hui
432 organismes agréés de taille très
variable. Afin de rationaliser sa structure en continuant à réaliser des
économies d’échelle
, il pourrait être envisagé de relever progressivement
le
nombre
minimal
d’adhérents
exigé
pour
l’agrément
ou
le
renouvellement d’agrément d’un organisme
: actuellement, les centres de
gestion doivent justifier d’au moins 100 adhérents au moment de
l’agrément et d’au moins 300
trois ans après leur agrément
15
. Les
associations agréées n’ont à justifier que d’au moins 50 adhérents
16
. Ces
seuils
apparaissent aujourd’hui particuli
èrement bas dans la mesure où les
centres agréés possèdent en moyenne 2800 adhérents et les associations
agréées 1800.
E -
L’impôt
sur le revenu des professionnels
Le produit de l’impôt sur le revenu des professionnels a repr
ésenté
10 Md€ en 2012. Ces recettes fiscales provenaient à hauteur de 68 % des
BNC (7 Md€), de 21 % des BIC (2 Md€) et de 11 % des BA (1 Md€). En
15
Article 371 B de l'annexe II au code général des impôts (CGI), sauf pour les
départements d’outre
-mer.
16
Article 371 N de l'annexe II au CGI, sauf pou
r les départements d’outre
-mer.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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40
COUR DES COMPTES
comparaison, le produit de l’impôt sur les sociétés
, toutes sociétés
confondues,
s’est élevé à 40
Md€ en 2012.
Tableau n° 3 :
p
roduit de l’impôt sur le revenu des professionnels
(2012)
Revenus agricoles
1 118,60
BA au forfait
40,20
BA au réal des bénéficiaires
1 078,40
Revenus industriels et commerciaux professionnels
2 166,50
BIC micro et auto-entrepreneur
44,50
BIC au réel bénéficiares
2 122,00
Revenus non commerciaux professionnels
7 052,50
BNC micro et auto-entrepreneur
190,40
BNC
au réel bénéficiaires
6 862,10
Total des recettes fiscales IR professionnels (en M€)
10 337,60
Source : Cour des comptes à partir de données DGFiP
En termes d’assiette fiscale, les professionnels assujettis à l’IR
au
régime réel déclarent un bénéfice agrégé de 79
Md€ en 2012. Les BNC
arrivent en tête des montants déclarés, devant les BIC et les BA. Dans la
mesure où le nombre de contribuable est plus faible, cela signifie que les
BNC déclarent des bénéfices par entreprise plus élevés que les BIC.
Sur les 5 dernières années, la part des revenus BNC imposés au
réel dans les montants déclarés est restée relativement stable, tandis que
celle des BA au réel a augmenté et celle des BIC au réel s’est légèrement
réduite. Les entreprises au forfait représentent une part minime des
revenus déclarés. Ceux des
petites sociétés à l’IS sont deux fois moins
élevés, au niveau agrégé, que ceux des BIC au réel.
L’efficacité des organismes agréés en termes de sécurisation de
l’assiette fiscale des professionnels imposés à l’IR
est donc un enjeu
primordial, étant donnés les montants concernés et le caractère très
fragmenté du tissu des contribuables.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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41
Graphique n° 2 :
répartition des montants déclarés selon la catégorie
d’imposition de l’entreprise
Source : Cour des comptes à partir de données DGFiP - *Petites sociétés à
l’IS
: entreprises dont le chiffre d’affaires est inférieur à un plafond défini tel
que 95 % des entreprises BIC, BA, BNC aient un chiffre d’affaires inférieur à
ce plafond (soit 495
568 € en 2012)
Note : Les abattements forfaitaires sur les montants déclarés en forfait
agricole, en micro et en auto-entrepreneur ont été retranchés
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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42
COUR DES COMPTES
__________
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
________
Créés en 1974, les organismes de gestion agréés poursuivent
plusieurs objectifs : aider les entrepreneurs individuels à remplir leurs
obligations fiscales, alléger la gestion de l’impôt pour l’administration et
mieux assurer la régularité des déclarations fiscales de cette catégorie de
contribuables.
Des dispositifs similaires existent dans de nombreux pays et le
système français est plus proche des modèles européens continentaux
d’intermédiaires fiscaux règlementés (Italie, Allemagne) que des modèle
de
préparateurs
fiscaux
anglo-saxons
(États-Unis,
Canada,
Royaume-Uni). Il est en revanche le seul à prévoir une incitation fiscale à
l’adhésion des entreprises.
Les organismes agréés s’adressent en priorité aux entrepreneurs
individuels imposés au régime réel à l’impôt sur le revenu dans les
catégories BIC, BA, BNC. Au total, le « marché » des organismes agréés
recouvre environ un tiers des entreprises françaises, soit 1,25 million
d’artisans,
commerçants,
industriels,
agriculteurs
et
professions
libérales.
La part des
d’entreprises ayant intérêt à adhérer est en diminution
tendancielle sur longue période en raison du recours accru aux statuts
sociaux
ainsi qu’aux statuts allégés en termes d’obligations et
d’imposition (auto
-entrepreneur, régime micro). Pour autant, le nombre
d’adhérents
des organismes agréés est relativement stable depuis une
dizaine d’années. Seule une légère réduction du nombre d’adhérents BIC
des centres de gestion agréés s’observe sur une période
récente.
L’automatisation des taches effec
tuées par les organismes agréés
a entraîné des fusions et une réduction du nombre de leurs salariés.
Pour autant, le réseau des 432 organismes agréés reste dense et
très hétérogène, organisé à la fois sur des bases géographiques et
professionnelles, et regroupant
un nombre d’adhérents parfois insuffisant
au regard
des économies d’échelle
réalisables.
Les enjeux fiscaux liés aux organismes agréés sont significatifs :
les recettes fiscales provenant des entreprises individuelles imposées à
l’impôt sur le revenu représentaient 10 Md€ en 2012. Cela correspond
à
des revenus déclarés de 79 Md€
q
ue l’action des organismes agréés vise
à fiabiliser.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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UN SYSTEME ANCIEN ET ORIGINAL DANS LE CONTEXTE EUROPÉEN
43
La Cour formule en conséquence la recommandation suivante :
1.
relever progressivement le nombre minimal d’adhére
nts exigé
pour l’agrément ou le renouvellement d’agrément d’un
organisme (Décret).
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Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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Chapitre II
Un système reposant sur plusieurs
incitations fiscales
L’adhésion à un organisme agréé fait l’objet d’incitations fiscales
qui ont été accrues ces dernières années, davantage pour aider au
développement de ces organismes que pour améliorer l’efficacité de la
politique fiscale. Ces nouvelles mesures ont contribué à complexifier la
législation fiscale, sans que leur impact sur la régularité des déclarations
des entrepreneurs individuels apparaisse déterminant par rapport à la non
majoration des revenus qui demeure l’incitation la plus forte
à
l’adhésion.
La grande majorité des adhérents des organismes de gestion agréés
remplissent les conditions qui permettent de bénéficier de la non
majoration de 25 % de son revenu, ce qui
témoigne de l’importance
de
celle-ci
, dans la décision que prend un entrepreneur d’adhére
r ou non à un
organisme agréé.
Ces incitations fiscales ont un coût non négligeable pour les
finances publiques et ont déjà fait l’objet d’un examen par le Conseil des
prélèvements obligatoires en 2008 et en 2010
17
. Un seul des cinq
avantages octroyés en co
ntrepartie de l’adhésion à un organisme agréé (
la
17
Conseil des prélèvements obligatoires, « Les prélèvements obligatoires des
indépendants » (mars 2008), et « Entreprises et niches fiscales et sociales
–
Des
dispositifs dérogatoires nombreux » (octobre 2010).
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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46
COUR DES COMPTES
réduction d’impôt pour frais de comptabilité) est considéré comme une
dépense fiscale par le ministère des finances et fait l’objet d’une
évaluation dans l’annexe II Voies et moyens du projet de loi de fina
nces.
La liste des dépenses fiscales établie par le ministère des finances est
toutefois loin d’être exhaustive, comme la Cour l’a noté dans de
nombreux rapports.
I - La non majoration de 25 % des revenus déclarés
Dès leur création, l’adhésion aux organismes agréés a été
encouragée par l’octroi d’un avantage
fiscal correspondant à une
revendication récurrente des artisans et commerçants
: l’extension de
l’abattement de 10 % sur les salaires aux revenus des entrepreneurs
individuels. A compter de 1981
19
, ces derniers ont également bénéficié du
relèvement de 10 % à 20 % du montant de cet abattement.
L’article 76 de la loi de finances pour 2006 a supprimé cet
abattement de 20 %, à compter de l’imposition des revenus de 2006
, et a
baissé en conséquence les taux du barème
de l’impôt sur le revenu
pour
tous les redevables : salariés, professionnels adhérents ou non adhérents à
un organisme agréé. Afin de maintenir une différence d'imposition entre
les professionnels adhérents et non adhérents, une majoration de 25 % a
été instaurée sur les revenus des professionnels non adhérents soumis à un
régime réel d'imposition.
19
L. fin. pour 1981 n° 80-1094, 30 déc. 1980.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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UN SYSTEME REPOSANT SUR DE PLUSIEURS INCITATIONS FISCALES
47
Les conditions à réunir pour bénéficier de la non majoration des
revenus
-
être soumis à l’impôt sur le revenu
;
-
être placé de plein droit ou sur option sous un régime réel d’imposition (réel
simplifi
é, réel normal ou déclaration contrôlée), dans l’une des catégories de
revenus suivantes : bénéfices industriels et commerciaux (BIC), bénéfices
non commerciaux (BNC), bénéfices agricoles (BA) ;
- avoir adhéré à un organisme de gestion agréé pendant la durée totale de
l’exercice comptable, soit :
- pour une entreprise nouvelle : dans les cinq premiers mois du début
de l’activité ;
-
pour une première adhésion : avant le 31 mai lorsque l’exercice
comptable coïncide avec l’année civile ;
- dans les cinq p
remiers mois de l’exercice comptable dans les autres
cas.
L
a réforme de 2006, si elle maintient la différence d’imposition
antérieure, a suscité un sentiment d’incompréhension parmi les non
adhérents d’organismes agréés.
Si la majoration de 25 %
n’a pas
augmenté
l’imposition effective des non adhérents par rapport à la
situation antérieure et maintenu
à l’identique le différentiel d’imposition
entre adhérents et non-
adhérents d’un organisme agréé, le fait de payer un
impôt sur une assiette majorée a pu apparaître comme contraire au
principe d’égalité devant les charges publiques énoncé à l’article 13 de la
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
Le Conseil constitutionnel,
saisi d’une question prioritaire de
constitutionnalité sur ce fondement, a rendu une décision en juillet 2010
déclarant conforme à la Constitution la non majoration des revenus des
adhérents d’organismes agréés
20
. Il a été en effet jugé que l’octroi
d’avantages fiscaux était justifié par le fait que les organismes agréés
favorisai
ent la mise en œuvre de l’objectif constitutionnel de lutte contre
20
Décision n° 2010-16 QPC du 23 juillet 2010.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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48
COUR DES COMPTES
l’évasion fiscale en permettant une meilleure connaissance des revenus
non salariaux des adhérents et une meilleure tenue de comptabilité.
En 2011, un peu plus d’un million
(1 147 466)
d’e
ntreprises
bénéficiaient de la non majoration des revenus professionnels, soit 1/3 des
entreprises françaises imposables à l’IR ou à l’IS et 70 % de celles
imposables à l’IR.
Une extension de cette non majoration aux entreprises non
adhérentes à un organisme de gestion agréé
n’apparaît pas légitime dès
lors que les entreprises non adhérentes ne font pas l’objet de contrôles
attestant de la sincérité de leurs déclarations et priverait le système de tout
mécanisme de nature à inciter à une plus grande sincérité fiscale. De plus
elle aurait un coût élevé pour les finances publiques, estimé
à 152 M€ en
2011.
II - La r
éduction d’impôt pour frais de tenue de
comptabilité
À compter du 1
er
janvier 1983
21
a été instituée une réduction
d'impôt pour frais de tenue de comptabilité et d’adhésion à un organisme
de gestion agréé en faveur des adhérents relevant normalement du régime
des micro-
entreprises, et qui ont opté pour un régime réel d’imposition.
Cette r
éduction d’impôt est limitée à 915 € par an et ne peut être
supérieure au montant de l’impôt sur le revenu. Elle est versée tant que le
chiffre d’affaires de l’entreprise est inférieur aux seuils du régime réel,
soit 81 500 € HT pour les activités d’achat/vente et 32 600 € HT pour les
prestations de services
22
.
Le plafond de 915 € n’a pas été revalorisé depuis 1994 (il
représentait 6 000 F alors).
21
Loi n° 82-1126, 29 déc. 1982 - art. 72.
22
Ces seuils de passage au réel ont été augmentés pour 2014, 2015 et 2016 par la loi
de finances pour 2014.
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49
Les frais susceptibles d’être pris en compte englobent toutes les
dépenses engagées (ayant le caractère de frais de gestion) pour la tenue de
la comptabilité et l’adhésion à un organisme agréé. En pratique, il s’agit :
des honoraires versés à un professionnel de la comptabilité ou le cas
échéant à une association agréée pour une prestation concourant
directement à l'établissement de la comptabilité ;
de toutes les sommes versées à quelque titre que ce soit à un centre de
gestion ou à une association agréés (cotisations proprement dites,
droits d'entrée, cotisations ou honoraires particuliers versés en
rémunération et prestations personnalisées : assistance en cas de
contrôle fiscal, établissement de la déclaration fiscale, etc.) ;
d'une manière générale, de tous les achats et frais concourant
directement à l'établissement de la comptabilité.
Réduction d’impôt et déd
uctibilité des charges
La réduction d’impôt pour frais de tenue de comptabilité ne s’ajoute
pas à la déductibilité de ces frais du bénéfice fiscal dans le cadre du régime
réel. Les dépenses prises en charge sous forme de réduction d'impôt, y
compris les fr
ais de comptabilité et d’adhésion à un organisme agréé, doivent
être réintégrées pour la détermination du résultat catégoriel. Néanmoins, le
surplus de dépenses au-
delà de 915 € (montant de la
réduction d'impôt)
continue de constituer une charge déductible.
Par exemple, si un consultant réalise un chiffre d’affaires de
30 000
€/an
, il peut être amené à assumer les charges comptables suivantes
sur l’année : 990 € d’honoraires d’expert
-
comptable et 200 € versés à son
centre de gestion agréé. Su
r ces 1190 € de frais au total, il
peut
déduire de
son bénéfice une charge de
275 €
et
récupérer 915 € sous forme de réduction
d’impôt sur le revenu
.
Dans le cas où le montant des frais comptables est inférieur à 915 €, la
réduction d’impôt correspond a
u montant des frais engagés, ce qui veut dire
que son expert-comptable et son centre de gestion agréé ne lui coûtent rien.
La réduction d’impôt pour frais de tenue de comptabilité a concerné
près
de 75 000 bénéficiaires en 2012, soit environ 6 % du total des adhérents
des organismes agréés. Elle représente un coût de l’ordre de 40
M€, en
augmentation régulière depuis 2010, de près de 5 M€ par an. En
moyenne, chaque bénéficiaire a reçu 504
€ en 201
2 au titre de cet
avantage fiscal.
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50
COUR DES COMPTES
Tableau n° 4 :
évolution de la dépense fiscale
N°
mesure
Nature
Coût (en M€)
2010
2011
2012
2013
2014
110211
Réduction d'impôt pour
frais de comptabilité et
d'adhésion à un
organisme agréé
30
34
38
42
46
Source : Annexe II Voies et moyens, PLF 2014 et DGFiP
Cet avantage fiscal a fait l’objet d’une évaluation en juin 2011 par
le c
omité d’évaluation des dépenses fiscales et des niches sociales qui lui
a attribué un score égal à 3 indiquant qu’il s’agit d’une mesure efficace
(dont l’effet principal est atteint)
et efficiente (mesure correctement
ciblée, coût raisonnable). Cet analyse doit toutefois être relativisée.
L
e rapport part du principe d’une stabilité du coût de la dépense
fiscale d’une année sur l’autre. Or, il a été constaté et il est prévu dans les
documents budgétaires que ce coût augmente régulièrement à partir de
2010, d’environ 5 M€ par an.
Même si son coût budgétaire demeure limité, le maintien de cet
avantage fiscal pourrait être remis en cause pour les raisons suivantes :
il constitue davantage une
aubaine qu’une réelle incitation à basculer
du régime micro-fiscal au régime réel. C
omme l’a souligné le rapport
du Conseil des prélèvements obligatoires en 2010, cette réduction
d’impôt
est en effet redondante avec les autres avantages liés à
l’option
des plus petites entreprises pour le régime réel (possibilité de
récupérer la TVA payée sur les achats de biens et services, crédit de
départ de TVA, prise en compte
de l’ensemble
des frais réellement
payés et pas seulement les frais de tenue de comptabilité, etc.). Ainsi,
lorsque le montant
des charges dépasse un certain pourcentage des
recettes, le passage du régime forfaitaire au régime réel
s’impose de
lui-même pour pouvoir bénéficier de la déductibilité des charges et la
réduction d’impôt ap
paraît superflue ;
il fait double emploi avec le caractère déductible des dépenses et
complexifie inutilement le
calcul de l’impôt
. En effet, les frais de
comptabilité et d’adhésion constituent de toute manière une charge
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51
déductible du bénéfice, même si la
réduction d’impôt demeure plus
intéressante que la déductibilité. Le dispositif actuel complexifie la
déclaration fiscale et peut être source d’erreur
: l’entrepreneur doit
ainsi réintégrer dans le calcul du bénéfice la réduction d’impôt qu’il
perçoit et déduire le surplus au-
delà de 915 €.
Il serait plus simple de
supprimer la réduction d’impôt de manière à ce que l’ensemble des
frais de tenue de comptabilité et d’adhésion à un organisme agréé
constituent des charges déductibles.
Dans un objectif de simplification et de réduction des niches
fiscales, la réduction d’impôt pour frais de comptabilité et d’adhésion à
un organisme agréé devrait être supprimée. Le gain de cette suppression
représenterait de l’ordre de 40 M€ par an pour l’É
tat et cette mesure
toucherait environ 70 000 entreprises.
III - La déductibilité intégrale du salaire du
conjoint du bénéfice imposable
Depuis 1981
23
la part déductible de la rémunération des conjoints
mariés sous un régime exclusif de communauté (exemple : séparation de
biens) a été majorée pour les professionnels adhérents à un centre de
gestion agréé. À compter du 1
er
janvier 2005, la déductibilité s’applique à
l'intégralité et non plus à une partie seulement de la rémunération versée
au conjoint dès lors qu’il s’agit d’un travail
effectif donnant lieu au
paiement des cotisations sociales
24
. En revanche, cette déduction est
plafonnée à 13 800 € pour les non adhérents.
Cette mesure fiscale, qui n’est pas recensée dans l’annexe II Voies
et moyens du projet de loi de finances, n’est à
ce jour pas chiffrée par la
DGFi
P, ce qui ne permet pas d’avoir une vision de l’ensemble des
avantages consentis en contrepartie de l’adhésion à un organisme agréé.
23
Loi n° 80-1094 du 31 décembre 1980 de finances pour 1981.
24
Loi de finances pour 2005, n° 2004-1484, 30 déc. 2004, art. 12.
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52
COUR DES COMPTES
Si le principe d’une déductibilité du salaire du conjoint de
l’exploitant apparaît justifi
é afin de prendre en compte le travail
réellement effectué par le conjoint et lui accorder une protection sociale,
ses modalités de mise en œuvre sont complexes
car il est difficile de
contrôler la réalité du travail du conjoint. On peut cependant
s’interr
oger
sur la légitimité de réserver le bénéfice de la déduction intégrale aux seuls
adhérents des centres de gestion agréés, car les contrôles auxquels
procèdent ces derniers sur les déclarations fiscales de leurs adhérents ne
leur offrent que peu de moyens de vérifier la réalité du travail effectuée
par le conjoint ni le régime matrimonial.
Cette disposition visant essentiellement à favoriser l’adhésion des
entreprises familiales aux organismes agréés apparaît redondante avec la
non majoration des revenus professionnels.
Il conviendrait dès lors
soit d’étendre la déductibilité intégrale des
salaires du conjoint à toutes les entreprises individuelles, soit de la
plafonner à 13
800 € pour toutes.
IV - La dispense de pénalités fiscales au profit de
nouveaux adhérents
Depuis le 1
er
janvier 2006
25
, les adhérents qui font connaître
spontanément aux services fiscaux les inexactitudes, insuffisances ou
omissions
que
comportent
leurs
déclarations,
bénéficient
d’une
exemption
de majorations fiscales, hormis le cas de manœ
uvres
frauduleuses
26
.
Le bénéfice de la mesure, appelée « pardon fiscal », est ouvert à
tous les adhérents d’un organisme agréé dans les trois mois suivant leur
adhésion.
25
Ordonnance n° 2005-1512 du 7 décembre 2005.
26
Article 1755 du code général des impôts.
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53
Les conditions pour bénéficier du « pardon fiscal »
Déclaration des irrégularités : le contribuable doit faire connaître
spontanément au service des impôts les insuffisances ou inexactitudes que
comportent les déclarations et actes déposés ou les omissions qu'il souhaite
réparer.
Absence de procédure administrative ou judiciaire : les irrégularités
que le contribuable souhaite réparer ne doivent avoir fait l'objet de
l'engagement d'aucune procédure administrative ou judiciaire antérieurement
à l'envoi de la lettre recommandée.
Règlement des impositions supplémentaires : les droits ou taxes
résultant des déclarations ou actes rectificatifs doivent être acquittés dans les
nouveaux délais impartis.
Cette mesure paraît proportionnée au regard de l’objectif poursuivi
de promotion du civisme fiscal et d’incitation à l’adhésion aux
organismes agréés dans la mesure où elle est encadrée dans le temps et
dans ses modalités.
Toutefois son co
ût n’est pas chiffré par la DGFi
P ce qui ne permet
pas d’avoir une vision de l’ensemble des avantages consentis en
contrepartie de l’adhésion à un organisme agréé,
ni de l’impact de cette
mesure en terme de recouvrement de l’impôt. Cet avantage devrait faire
l’objet d’une évaluation par la DGFi
P de son coût budgétaire et du
nombre de bénéficiaires.
V - La réduction du délai de reprise de
l’administration fiscale
À compter du 1
er
janvier 2010
27
, les adhérents bénéficient d’un
avantage supplémentaire
: l’administration fiscale ne dispose que de deux
ans au lieu de trois, pour pratiquer des rectifications sur les déclarations
de résultats et sur les déclarations de taxes su
r le chiffre d’affaires pour
lesquelles l’organisme agréé a envoyé un compte
-rendu de mission au
27
Article 129 de la loi de finances pour 2009.
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54
COUR DES COMPTES
service des impôts des entre
prises dont dépend l’adhérent. À
la différence
des autres avantages liés à l’adhésion à un organisme agréé, la réduction
du délai d
e reprise s’applique non seulement
aux entreprises individuelles
soumises à l’impôt sur le revenu mais également à certaines sociétés
soumises à l’impôt sur les sociétés (petites sociétés dont l’associé unique
est une personne physique).
Les conditions pour bénéficier de la réduction du délai de reprise
Ce dispositif s’applique aux :
- personnes physiques imposées selon un régime réel dans la catégorie
des bénéfices industriels et commerciaux, bénéfices agricoles ou bénéfices
non commerciaux ;
- entrepr
eneurs imposables à l’impôt sur les sociétés et ayant opté
pour le statut de l’EIRL, de la SARL, de l’EARL et des sociétés d’exercice
libéral à responsabilité limitée dont l’associé unique est une personne
physique.
Cette réduction de délai ne s'applique pas aux contribuables pour
lesquels des pénalités autres que les intérêts de retard auront été appliquées
sur les périodes d'imposition non prescrites.
La mise en œuvre de cette nouvelle disposition pose plusieurs
difficultés.
La réduction du délai de reprise en contrepartie de la transmission
du compte-
rendu de mission par l’organisme agréé a connu une mise en
œuvre difficile et tardive. Les organismes agréés n’ont commencé à
remettre les comptes-rendus
de mission dans les délais qu’à partir de
2011-2012 après avoir procédé à des mises à niveau de leurs outils
informatiques et recruté du personnel. Ils ont également rencontré des
difficultés à obtenir les déclarations de TVA auprès de certains
experts-
comptables. L’administration quant à elle n’a publié la
note de
service précisant l’incidence de la réduction du délai de reprise en matière
de contrôle fiscal que le 5 juillet 2013.
Ces difficultés de mise en œuvre ont des conséquences parfois
négatives sur les adhérents. Ainsi, un adhérent a mis en cause la
responsabilité d’un organisme agréé
pour n’avoir pu bénéficier de la
réduction du délai de reprise de 3 à 2 ans en raison de l’absence de
transmission par l’organisme agréé du compte rendu de mission à
l’administration.
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UN SYSTEME REPOSANT SUR DE PLUSIEURS INCITATIONS FISCALES
55
Cette mesure a été adoptée dans un
contexte d’accumulation des
missions annexes et des avantages fiscaux au profit des organismes
agréés.
En l’
occurrence,
il s’agissait
de permettre aux organismes agréés
de conserver un avantage concurrentiel vis-à-vis des experts-comptables
ayant le visa fiscal dans un contexte où les conditions d’exercice de ces
derniers étaient allégées (pas de transmission de compte rendu de
mission).
L’administration fiscale considère toutefois aujourd’hui
que cette
mesure enserre le contrôle fiscal dans des délais trop courts et limitent
ainsi son efficacité. Elle ne peut en effet proposer des rectifications que
sur les deux exercices précédant le contrôle quand bien même des
irrégularités seraient observées
sur l’exercice précédent
. En outre, le
compte-
rendu de mission de l’organis
me agréé étant rendu dans les
huit mois après le dépôt de la déclaration fiscale, cela ne laisse à
l’administration qu’un an et
quatre mois pour mettre en place des
contrôles.
Cette mesure risque de réduire encore davantage le nombre de
contrôles
fiscaux
sur
place
d’adhérents
d’organismes
agréés
si
l’administration fiscale considère qu’en raison du délai de reprise de
deux
ans les adhérents ne représentent pas un enjeu suffisant pour justifier d’un
contrôle approfondi. Le seul avantage du point de vue de la sincérité
fiscale
réside dans l’incitation vis
-à-vis des petites sociétés soumises à
l’impôt sur les sociétés à adhérer aux organismes agréés
, alors
qu’elles ne
bénéficient
pas par ailleurs d’un avantage aussi incitatif que
la non
majoration de 25 %
. S’il est difficile d’
en
évaluer l’impact du fait du
faible recul quant à l
a mise en œuvre
de cette mesure, il apparaît que le
taux d’adhésion des sociétés, bien qu’ayant augmenté,
n’a pas
atteint une
proportion significative ces
dernières années. Ainsi, le taux d’adhésion
des entreprises imposées à l’IS est passé de
0,65 % en 2009 à 0,84 % en
2010 et 0,98 % en 2011, soit 5 300 nouvelles entreprises adhérentes entre
2009 et 2011.
Par ailleurs, la DGFi
P n’est pas en mesure de chiffrer l’impact
budgétaire de la réduction du délai de reprise de 3 à 2 ans.
La Cour recommande la suppression de la réduction du délai de
reprise de l’administration de 3 à 2 ans pour les adhérents d’organismes
agréés, en raison de son impact négatif sur
l’efficacité
du contrôle fiscal.
La suppression de cette mesure dérogatoire aurait aussi pour avantage de
simplifier la législation fiscale.
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56
COUR DES COMPTES
VI - Le cumul de
l’abattement
de 3 % sur les
recettes avec la non majoration pour les médecins
conventionnés
Un dernier avantage fiscal en faveur des adhérents des associations
agréées peut être souligné, même s’il n’a pas pour objectif principal
d’inciter à l’adhésion.
Il s’agit de l’abattement de 3 % qui s’applique aux recettes des
médecins conventionnés dans le secteur 1 qui sont soumis au régime de la
déclaration contrôlée. Cet abattement est recensé dans l’annexe Voies et
moyens en tant que dépense fiscale. Il a été initialement créé en 1972
pour remplacer des avantages préexistants qui ont été supprimés.
L’abattement de 3 % sur les recettes des médecins du secteur 1
n’est, en principe, pas cumulable avec la non majoration de 25 % des
revenus professionnels en cas d’adhésion à un organisme agréé.
Cependant, par exception à ce principe, les médecins du secteur 1 peuvent
bénéficier à la fois de l’abattement de 3
% et de la non majoration des
revenus de 25 %, la première année d’adhésion à une association agréée.
Cette
possibilité
de
cumul
temporaire
résulte
d’une
tolérance
administr
ative antérieure à la réforme du barème de l’
impôt sur le revenu
en 2005
28
.
Comme le
souligne le Comité d’évaluation des dépenses fiscales et
des niches sociales dans son rapport de 2011, cette possibilité de cumul
apparaît superflue et peu incitative. En effet, il est probable que la non
majoration
de 25 % des revenus professionnels est plus incitative pour
adhérer à une association de gestion agréée que la possibilité de
bénéficier d’un abattement de 3 % sur ses recettes applicable la seule
année
de l’adhésion.
28
Voir documentation de base 5 G 4431 de septembre 200
0 puis l’instruction 5
G-3-
07 de 2007 consultable au bulletin officiel des finances publiques (§ 270 du BOI-
BNC-SECT-40).
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UN SYSTEME REPOSANT SUR DE PLUSIEURS INCITATIONS FISCALES
57
Il n’est pas possible de chiffrer le nombre de bénéficiaires de la
possibilité de cumul et son coût budgétaire Seul l’abattement de 3 % fait
l’objet d’un chiffrage, à hauteur de 12 M€ dans le projet de loi de
finances pour 2014. La part des primo-adhérents à une association agréée
n’est pas calculée.
Dans la mesure où cette disposition possède un effet incitatif à
l’adhésion très limité et où elle fait double emploi avec les avantages déjà
existants, il conviendrait de supprimer la possibilité de cumul, la première
année de l’adhésion à une association agréée, entre l’abattement de 3 %
sur les recettes conventionnées des médecins du secteur 1 et la non
majoration de 25 % de revenus.
__________
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
________
Les avantages fiscaux consentis en contrepartie de l’adhésion à un
organisme agréé se sont accumulés, notamment sur une période récente,
et font l’objet d’une juxtaposition peu cohérente et mal évaluée, dictée
par des considérations circonstancielles ayant plus à voir avec le souci
de préserver et de développer l’activité des organismes agréés que celui
de renforcer l’efficacité et l’équité de la politique fiscale.
Ainsi, la réduction d’impôt pour frais de tenue de comptabilité, en
contrepartie de l’adhési
on à un organisme agréé, représente un coût
budgétaire pour l’État de l’ordre de 40
M€ par an, alors même qu’elle a
surtout des effets d’aubaine pour les contribuables
et qu’elle complexifie
inutilement le paysage fiscal.
De même, la déductibilité intégrale du salaire du conjoint du
bénéfice imposable en contrepartie de l’adhésion à un organisme agréé
n’
est pas justifiée par rapport à la situation des non adhérents qui voient
cette déductibilité plafonnée.
La réduction du délai de reprise de l’administr
ation fiscale de 3 à
2 ans réduit l’efficacité du contrôle fiscal, en compliquant l’action de
l’administration. Elle crée une dissymétrie entre adhérents et non
adhérents au regard du contrôle fiscal, d’autant plus regrettable qu’elle
concerne non seulement les entreprises individuelles mais aussi les
petites sociétés à l’IS.
Enfin, la possibilité de cumul pour les médecins du secteur 1 de
l’abattement de 3 % sur les recettes et de la non majoration de 25 % la
première année de l’adhésion à une association
agréée constitue un pur
effet d’aubaine.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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58
COUR DES COMPTES
Au final, la non majoration des revenus professionnels dont
l’impact est
déterminant devrait constituer la seule incitation fiscale à
adhérer à un organisme agréé.
La Cour formule en conséquence les recommandations suivantes :
2.
s
upprimer la réduction d’impôt pour frais de comptabilité et
d’adh
ésion à un organisme agréé (Loi) ;
3.
aligner la situation des adhérents et des non adhérents en
matière de déductibilité du salaire du conjoint de l’exploitant
(Loi) ;
4.
supprimer la réduction du délai de reprise de 3 à 2 ans pour
les adhérents d’organismes agréés (Loi)
;
5.
supprimer la possibilité de cumul, la première année de
l’adhésion à une association agréée, entre l’abattement de
3 % sur les recettes des médecins du secteur 1 et la non
majoration (Instruction DGFiP).
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Chapitre III
Une amélioration de la sincérité fiscale
non démontrée
Créés pour améliorer la connaissance des revenus non salariaux
par l’administration fiscale et la
régularité des déclarations fiscales des
adhérents, les organismes de gestion agréés présentent 40 ans plus tard,
un bilan en demi-teinte : les comportements fiscaux des adhérents
semblent un peu plus conformes à la réglementation que ceux des non
adhérents; pour autant, le lien de causalité avec
l’intervention
des
organismes agréés n’est pas établie et la connaissance des revenus des
indépendants demeure imparfaite.
I - Une connaissance encore imparfaite des revenus
non salariaux
En dépit du rôle joué par les organismes agréés, la connaissance
des revenus non salariaux des indépendants reste imparfaite : les petites
entreprises présentent toujours des risques de fraude spécifiques et la
sous-déclaration des revenus demeure importante chez les non-salariés et
supérieure à celle des salariés.
Afin d’identifier l’enjeu que représente l’amélioration des
déclarations fiscales des indépendants, il est nécessaire de procéder à une
évaluation de l’activité dissimulée des entreprises. L’INSEE réalise une
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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60
COUR DES COMPTES
telle évaluation pour établir les comptes nationaux, ceux-ci incluant les
activités non déclarées. Les derniers résultats en ont été publiés en 2011
29
.
En s’appuyant sur les résultats des contrôl
es fiscaux transmis
par
la DGFi
P, l’INSEE a estimé les revenus dissimul
és par les entreprises à
l’administration fiscale en mettant en œuvre des traitements statistiques
destinés à corriger les biais qui résultent du ciblage des contrôles fiscaux
sur les entreprises présentant le risque de fraude le plus élevé. Cette
méthode s’applique à tous les secteurs d’activité, hormis le secteur
agricole.
Malgré les précautions méthodologiques prises, les résultats
obtenus ne sont que des estimations statistiques, par nature imprécises
lorsqu’elles portent sur la fraude. Elles reposent su
r des hypothèses fortes,
par exemple que les redressements opérés par la DGFiP sur les
entreprises contrôlées correspondent exactement au montant de la fraude.
Il convient donc de les prendre comme des ordres de grandeur.
A -
Une activité dissimulée estimée à 25 % du bénéfice pour
les entreprises individuelles
Des taux de fraude, qui rapportent les redressements au chiffre
d’affaires, ont ainsi été estimés par l’INSEE pour l’année 2006.
Pour les entreprises individuelles non agricoles, hors entreprises au
forfait, la fraude sur le résultat, c’est
-à-dire la sous-déclaration de
bénéfices soit par dissimulation de recettes, soit par surestimation de
charges, représenter
ait selon l’INSEE environ 20 Md€ en 2006, soit le
quart des bénéfices déclarés au régime réel. Plus de la moitié (12,7
Md€)
serait imputable à des dissimulations de recettes (fraude sur le chiffre
29
INSEE, Document de travail de la Direction des études et des synthèses
économiques,
L’évaluation de l’activité dissimulée des entrep
rises sur la base des
contrôles fiscaux et son insertion dans les comptes nationaux
(G2011/09).
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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UNE AMÉLIORATION DE LA SINCÉRITÉ FISCALE NON DEMONTRÉE
61
d’affaires), le reste étant lié à des sur
estimations de charges ou à des
minorations, à la fois, des recettes et charges
30
.
La sincérité fiscale des travailleurs non salariés apparaît, selon les
comptes nationaux, comme moins forte que celle des salariés dans la
mesure où la fraude sur les salaires dans les entreprises existantes
représentait 10,3 Md€ en 2011
selon les comptes nationaux établis par
l
’IN
SEE, alors que la masse des salaires est beaucoup plus importante
que celle des revenus des non salariés.
B -
Des taux de fraude plus élevés dans les entreprises à
faible chiffre d’affaires
Selon l’étude de l’INSEE, le taux de fraude
augmente quand la
taille
de l’entreprise
diminue, pour les entreprises imposées en BIC ou à
l’IS
. Ainsi, la fraude sur le résultat représenterait 7,56 % du chiffre
d’affaires des entreprises au réel normal réalisant moins de 100
000
€ de
chiffre d’affaires, contre seulement 0,18
%
du chiffre d’affaires des
entreprises au réel normal réalisant plus de 20 M€ de chiffre d’affaires.
Du fait de ce taux de fraude plus élevé, la part des petites et
moyennes entreprises au réel dans le montant de
la fraude est loin d’être
négligeable. La moitié de la fraude sur le résultat se concentre sur les
entreprises dont le chiffre d’affaires est inférieur à 3
M€, alors qu’elles
réalisent seulement 13
% du chiffre d’affaires total des entreprises au réel.
30
Parmi les entreprises individuelles non agricoles, hors entreprises au forfait,
l’essentiel de la fraude proviendrait des entreprises déclarant des BIC et sou
mises au
régime du réel simplifié (RSI). Ainsi, 65 % de la fraude totale proviendrait des
entreprises au RSI, contre 5 % pour les entreprises au régime du bénéfice réel normal
(BRN).
Les
entreprises
déclarant
des
bénéfices
non
commerciaux
(BNC)
participera
ient également pour une proportion non négligeable (30 %) à l’activité
dissimulée des entreprises individuelles non agricoles.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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62
COUR DES COMPTES
Tableau n° 5 :
la fraude des entreprises au réel normal (BRN) selon
la taille des entreprises
Source : INSEE
Les taux de fraude des entreprises assujetties au régime du réel
simplifié sont en moyenne sensiblement plus élevés que ceux des
entreprises au réel normal quelle que soit la tranche de chiffre d’affa
ires.
Tableau n° 6 :
la fraude des entreprises au réel simplifié (RSI) selon
la taille des entreprises
Source : INSEE
Plus de 20 millions €
31,5
0,18
69,3
De 10 à 20 millions €
4,9
0,28
7,1
De 3 à 10 millions €
10
0,38
10,6
De 1 à 3 millions €
17,9
0,91
7,9
De 500 000 à 1 million €
14,3
1,96
2,9
De 100 000 à 500 000 €
18,5
3,79
2
Moins de 100 000 €
3
7,56
0,2
Ensemble
100
100
Répartition de la fraude
sur le résultat en % du
total
Taux de fraude en % du
chiffre d'affaires
Répartition du chiffre
d'affaires en % du total
Plus de 1 million €
1,6
2,8
7
De 200 000 à 1 million €
23,7
5,8
51,4
De 100 000 à 200 000 €
26,7
14,3
23,2
De 30 000 à 100 000 €
37,8
29,5
16
Moins de 30 000 €
10,1
53,3
2,4
Ensemble
100
100
Répartition de la
fraude sur le résultat
en % du total
Taux de fraude en %
du chiffre d'affaires
Répartition du chiffre
d'affaires en % du total
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UNE AMÉLIORATION DE LA SINCÉRITÉ FISCALE NON DEMONTRÉE
63
II - Une fraction significative de contribuables non
adhérents
La proportion des contribuables non adhérents aux organismes
agréés est de 30 %.
Il convient dès
lors de s’interroger sur les causes de
cette non adhésion.
A -
Une adhésion plus faible des artisans et
commerçants par rapport aux exploitants agricoles et
aux professions libérales
1 -
En théorie, toutes les entreprises peuvent adhérer à un organisme
agréé
a)
Adhérents des centres de gestion agréés
Toute entreprise commerciale, industrielle, artisanale ou agricole
peut adhérer à un centre de gestion, quelle que soit sa forme juridique
(entreprise individuelle ou personne morale), son mode d'imposition
(bénéfice réel ou micro-entreprise) ou la catégorie d'impôt dont elle
relève (impôt sur le revenu ou impôt sur les sociétés)
31
.
Les commerçants, industriels, artisans ou agriculteurs ont toute
liberté pour adhérer au centre de leur choix, quel que soit le lieu où le
centre a son siège.
Les personnes physiques n’exerçant pas en qualité d’entrepre
neur
individuel (bénéfices non professionnels et professions libérales) ne sont
pas autorisées à adhérer à un centre de gestion agréé, sauf si elles
31
Articles 1649 quater C du code général des impôts et 371 B de l’annexe II au code
général des impôts.
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64
COUR DES COMPTES
déclarent des revenus dans la catégorie des bénéfices industriels ou
commerciaux.
b)
Adhérents des associations de gestion agréées
Toute personne exerçant une profession libérale ou titulaire d’une
charge ou d’un office, relevant de l’impôt sur le revenu, peut adhérer à
l’association de son choix quel que soit le mode d’exercice de la
profession (à titr
e individuel ou sous la forme d’une société) ou son mode
d’imposition (micro
-BNC ou déclaration contrôlée)
32
.
Peuvent
également
adhérer
aux
associations
agréées
les
contribuables qui disposent de revenus non professionnels imposés au
réel dans la catégorie des bénéfices non commerciaux (revenus d'activités
artistiques ou sportives exercées à titre non professionnel par exemple),
et qui auront souscrit un engagement d'amélioration de la connaissance
des revenus.
2 -
Un taux d’adhésion plus élevé pour les exploit
ants agricoles et les
professions libérales que pour les artisans et commerçants
Alors que l’adhésion aux organismes agréés est en principe ouverte
à toutes les entreprises, 98,8 % des adhérents des organismes agréés sont
des entreprises individuelles soum
ises à l’impôt sur le revenu dans le
cadre du régime du bénéfice réel simplifié ou du bénéfice réel normal.
Seules 1 % des entreprises à l’IS étaient adhérentes en 2012 d’un
organisme agréé.
Les organismes agréés comptent au total 1,13 million
d’adhérents
en 2012. 69 % des professionnels soumis à l’impôt sur le revenu au réel
adhèrent à un organisme agréé. Inversement, une proposition significative
de ces professionnels (30 %) n’adhèrent pas à un organisme agréé et
supportent une majoration de 25 % de leurs revenus.
32
Articles 1649 quater F
du CGI et 371 M de l’annexe II au code général des impôts
.
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65
Le taux d’adhésion à un organisme agréé est très différent selon
le
régime fiscal des entreprises. Alors que 77 % des exploitants agricoles
(BA) et 85 % des professions libérales (BNC) adhèrent à un centre ou une
association agréés, seuls 55 % des artisans, commerçants et industriels
(BIC) sont adhérents.
Depuis 2002, le taux d’adhésion des agriculteurs est stable. Celui
des entreprises relevant des BIC connaît un léger repli depuis 2010. Celui
des professions libérales a tendance à augmenter régulièrement depuis
2008, d’environ 1
% par an.
Graphique n° 3 :
é
volution des taux d’adhésion (
professionnels IR au
réel)
Source : Cour des comptes à partir de données DGFiP
Note
: Les informations sur le taux d’adhésion des BNC ne sont pas
disponibles avant 2008.
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66
COUR DES COMPTES
B -
Les raisons de la non adhésion
1 -
Une non adhésion qui s’explique davantage par la déclaration de
déficits pour les BIC que pour les BA et les BNC
Le faible taux d’adhésion des BIC s’explique principalement par le
fait que les BIC au réel déclarent davantage de déficits que les BA ou les
BNC : 58 % des non adhérents BIC déclaraient des déficits en 2012, et
par conséquent n’avaient pas intérêt à adhér
er, contre seulement 38 % des
BA et 32 % des BNC.
Inversement, u
ne part importante de BA et de BNC n’adhèrent
ainsi
pas à un organisme agréé alors même qu’ils déclarent des bénéfices
et qu’ils auraient
donc intérêt à adhérer.
Ainsi, en 2012, 62 % des BA et
68 % des BNC n’adhéraient pas à un organisme agréé alors même qu’ils
déclaraient des bénéfices, contre seulement 42 % des BIC.
Pour autant, il convient de rappeler que le fait de déclarer des
bénéfices n’implique pas forcément d’être imposable, encore
faut-il que
le revenu imposable par part soit supérieur au seuil d’imposition. Seuls
les entreprises au réel déclarant des bénéfices et imposables ont
réellement intérêt à adhérer à un organisme agréé pour bénéficier de la
non majoration.
Il n’en demeure pas moins que la part d’entreprises
déclarant des
bénéfices
et n’adhérant tout de même pas (en bleu sur les graphiques) est
un indicateur de la population qui présente des risques de fraude.
2 -
Une population de non adhérents qui se renouvelle peu
Afin de déterminer la dynamique des non adhérents, leur
trajectoire a été reconstituée sur plusieurs années. Pour des raisons
techniques, deux populations ont été distinguées : l’ensemble des BIC et
BA au réel non adhérents en 2008,
d’une part, et l’ensemb
le des BNC au
réel non adhérents en 2009,
d’autre part. L’analyse effectuée consiste à
identifier
ce qu’elles sont devenues
, respectivement cinq et quatre ans
plus tard, pour voir quelles entreprises ont adhéré et lesquelles n’ont pas
adhéré.
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67
Les résultat
s montrent tout d’abord un nombre important de
cessations de dépôt de déclarations (en vert sur les graphiques
ci-dessous) : 41 % des BA et BIC et 33 % des BNC
, témoignant d’un
arrêt d’activité
.
Parmi les entreprises non adhérentes en 2008 et toujours existantes
quatre à cinq ans plus tard, la proportion de celles
n’adhérant toujours pas
à un organisme agréé alors même qu’elles y auraient intérêt
(déclaration
de bénéfices) est élevée (29 % pour les BNC et 20 % pour les BIC et BA,
en rouge foncé sur les graphiques).
Ceci suggère que le stock de non adhérents ne se renouvelle pas
continument au gré des créations d’entreprises mais qu’il reste pour plus
de la moitié (sections rouge foncé et rouge clair) composé des mêmes
entreprises, y compris lorsqu’elles son
t en situation de bénéficier des
avantages de l’adhésion.
Graphique n° 4 :
répartition en 2012 des BIC et BA non adhérents
en 2008
Source : Cour des comptes à partir de données DGFiP
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COUR DES COMPTES
Graphique n° 5 :
répartition en 2012 des BNC non adhérents en 2009
Source : Cour des comptes à partir de données DGFiP
Plusieurs raisons peuvent expliquer qu’un entrepreneur individuel
n’adhère pas à un organisme agréé alors même qu’il remplit les
conditions pour bénéficier des avantages fiscaux associés :
une volonté délibérée de fraude fiscale ;
une mauvaise information ;
une comptabilité désordonnée qui ne permet pas de satisfaire aux
formalités liées à l’adhésion
.
Il n’est pas possible de définir précisément la part de chacun de ces
facteurs.
Cependant, l’hypothèse d’une information insuffisante
des
entrepreneurs individuels sur l’existence des organismes agréés est peu
crédible, pour plusieurs raisons. La plupart des entrepreneurs ont un
expert-comptable qui devrait les informer de la possibilité de pouvoir
bénéficier de la non majoration de leurs revenus. De plus, la non
majoration de 25 % est en soi un avantage suffisamment important pour
qu’il soit vraisemblablement connu des milieux professionnels. Pour les
professions organisées relevant d’ordres ou de syndicats professionnels,
l’information
fournie par ceux-ci est de nature à faire connaître les
organismes agréés. Enfin, le recours à la publicité par les organismes
agréés est autorisé tout en étant encadré par la Charte des bonnes
pratiques. Celle-ci a en effet assoupli la règlementation applicable aux
organismes agréés en matière de publicité, en autorisant certaines actions
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69
de communication (encarts dans la presse, diffusion de dépliants,
affichettes dans les locaux, interventions publiques dans le cadre de
salons professionnel, etc.)
33
.
Dès lors, on ne peut exclure que la part des entreprises qui, sur une
durée de cinq ans, n’adhèrent toujours pas à un organisme agréé alors
même qu’elles pourraient bénéficier de la non majoration de leurs
revenus de 25 % corresponde à des contribuables considérant que le gain
obtenu de la sous-estimation de leurs revenus déclarés est supérieur à
celui lié à la non majoration de 25 % de leurs revenus dont ils
bénéficieraient en adhérant à un organisme agréé.
III - Un respect des obligations déclaratives sans
garantie sur la sincérité des déclarations fiscales
Au-delà de la non adhésion de certaines entreprises, la sous-
déclaration des indépendants pose la question de la
régularité des
déclarations fiscales des adhérents et du lien avec les contrôles
qu’effectuent les organismes agréés sur les déclarations fiscales.
A -
Les missions des organismes agréés en matière
fiscale
1 -
Les obligations des adhérents : transparence des revenus et
sincérité des déclarations fiscales
Les adhérents des organismes de gestion agréés s’engagent
principalement à fournir une comptabilité sincère et à être transparents en
matière de déclarations fiscales.
33
Cependant, demeurent prohibées plusieurs pratiques telles que le démarchage
auprès d’adhérents potentiels ou auprès de leurs conseils (experts
-comptables), la
publicité comparative avec des organismes de gestion agréés concurrents et le
parrainage de non adhérents par des adhérents.
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70
COUR DES COMPTES
En particulier, les adhérents de centres de gestion acceptent de
produire au professionnel de l’expertise comptable qui tient leur
comptabilité tous les éléments nécessaires à l’établissement d’une
comptabilité sincère, de communiquer leurs documents comptables au
centre (bilan, compte de résultat, annexes), et d’adresser tous les
renseignements nécessaires aux contrôles des organismes agréés.
Les adhérents d’associations agréées quant à eux s’engagent à
fournir tous les éléments nécessaires à l’établissement de déclarations
sincères et complètes (pour les adhérents dont les déclarations de
bénéfices sont élaborées par l’association agréée) et,
pour les autres, à
communiquer préalablement à l'envoi au service des impôts des
entreprises la déclaration de bénéfices, le montant du résultat imposable
et l'ensemble des données utilisées pour la détermination de ce résultat.
De
plus,
les
professionnels
libéraux
s’engagent
à
suivre
les
recommandations qui leur ont été adressées par les ordres et organisations
dont ils relèvent, en vue d’améliorer la connaissance des revenus de leurs
membres.
D’autres obligations des adhérents d’organismes agréés sont lié
es à
la transparence des flux financiers. Ils s’engagent
ainsi à accepter les
règlements par chèques et à informer leurs clients de leur qualité
d’adhérent et de la possibilité de régler par chèque.
2 -
Les vérifications effectuées par les OGA
a)
L’aide à l’étab
lissement des déclarations fiscales
Les centres de gestion agréés peuvent élaborer les déclarations
fiscales de leurs adhérents soumis à un régime réel d’imposition qui en
font la demande.
Cette prestation relève d’une mission accessoire
34
, et
non d’une mis
sion obligatoire rend
ue à l’ensemble des adhérents.
Elle
peut donner lieu à une facturation distincte.
34
BOFiP aux § 10 à 30 du BOI-DJC-OA-20-10-20-40.
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71
L’organisme chargé d'élaborer la déclaration de résultats doit
s'assurer que les documents à partir desquels il effectue ce travail ne
comportent pas d'erreurs matérielles (exemple : erreur de report ou de
calcul) ou de fond (exemple : inscription en frais généraux ou dans le
compte achats du prix de revient d'une immobilisation amortissable).
b)
Le contrôle formel des déclarations
Chaque année, les organismes agréés procèdent à un examen de la
forme des déclarations de résultats et de leurs annexes
35
. L’organisme doit
s'assurer que la méthodologie comptable à laquelle ses adhérents ont
recours leur permet de présenter des comptes annuels réguliers, sincères
et donnant une image fidèle du résultat de leur entreprise. Pour ce faire, il
peut demander des extraits de la comptabilité tenue par l’adhérent,
notamment des balances comptables, des extraits du grand livre ou du
livre-journal servi au jour le jour. Lorsque la comptabilité et la
déclaration sont élaborées par un professionnel de l’expertise comptable,
l’organisme est dispensé d’effectuer le contrôle formel des documents
comptables de l’adhérent concerné, s’il dispose
d’une attestation de
l’expert
-comptable.
c)
L’examen de cohérence, de concordance et de vraisemblance et le
compte rendu de mission
Les organismes de gestion agréés ont par ailleurs l’obligation
d’effectuer un examen de concordance, de cohérence et de vraisemblance
(ECCV) des déclarations fiscales transmises par chaque adhérent
36
. Cette
tâche, qui constitue le cœur de l
eur
activité, a pour objectif d’assurer la
cohérence interne des déclarations et de leurs annexes et d’apprécier la
vraisemblance du résultat déclaré.
35
Articles L. 1649 quater E et L. 1649 quater H du code général des impôts.
36
CGI, art. 1649 quater E (CGA) et H (AGA). Pour les BIC, la déclaration se fait sur
le formulaire Cerfa 2031.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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72
COUR DES COMPTES
Les organismes agréés disposent
d’une certaine latitude dans le
choix des techniques et procédures à mettre en œuvre pour réaliser
l’EC
CV. Ils peuvent demander des extraits de la comptabilité tenue par
l'adhérent, notamment des balances comptables, des extraits du grand
livre ou du livre-journal servi au jour le jour
37
.
En revanche, ils n’ont pas
accès aux pièces justificatives des dépenses.
Pour réaliser
l’EC
CV, ils doivent notamment :
veiller à la cohérence interne de la déclaration et de ses annexes, en
rapprochant les différents
postes du compte d’exploitation, du compte
de pertes et profits et du bilan ;
apprécier
la
vraisemblance
du
résultat
déclaré
à
partir
des
informations contenues dans la déclaration, notamment en comparant
les ratios de gestion de l’entreprise avec ceux de
son secteur
professionnel d’activité
.
Les anomalies ou erreurs
décelées par l’organisme agréé
38
doivent
être signalée aux adhérents en les invitant à fournir les explications utiles
et, le cas échéant, à procéder aux corrections nécessaires sous la forme du
dépôt d’une déclaration rectificative.
L’ECCV, qui ne concernait initialement que les déclarations de
résultats des professionnels (impôt sur le revenu), a été étendu aux
déclarations de taxe sur la valeur ajoutée (TVA) des adhérents par la loi
de finances pour 2009.
Les vérifications opérées par les organismes agréés sur les
déclarations de TVA consistent en des contrôles de la base imposable à la
TVA, des contrôles de la TVA collectée et de la TVA déductible.
37
(BO 5 J-1-11, nos 31 et 16 à 25).
38
P
ar exemple, stock d’entrée de l’exercice non identique au stock de sortie de
l’exercice précédent,
invraisemblance du résultat déclaré par rapport aux informations
contenues dans la déclaration et aux ratios du dossier de gestion, etc.
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73
Depuis la mise en œuvre du contrôle des décl
arations de TVA en
2009,
les
organismes
agréés
constatent
de
nombreuses
erreurs
déclaratives.
d)
Le compte rendu de mission
La loi de finances pour 2009 a imposé aux organismes de gestion
agréés d’établir un compte
-
rendu de mission suite à l’examen du dossier
de chaque adhérent. Il conclut ou non à la concordance, à la cohérence et
à la vraisemblance des déclarations et est adressé à l’adhérent ainsi qu’à
l’administration fiscale qui peut ainsi retracer les travaux effectués par
l’organisme de gestion agréé.
L’organisme agréé est tenu d'adresser le compte rendu de mission
à ses adhérents au plus tard dans les huit mois à compter de la réception
des déclarations fiscales
par l’organisme agréé.
Une entreprise dont la
clôture de l’exercice intervient au 31 décembre de l’année
n
déposera sa
déclaration de résultats au plus tard en mai de l’année
n+1
et recevra son
compte rendu de mission au plus tard en janvier
n+2
.
Les conclusions
d’un compte rendu de mission, document qui
engage la responsabilité des organismes de gestion agréés, ne préjugent
pas du déclenchement éventuel d’un contrôle fiscal externe par
l’administration fiscale.
La délivrance du compte rendu de mission par
l’organisme agréé à
l’administration subordonne la possibilité pour l’adhérent de bénéficier de
la réduction du délai de reprise de l’administration de 3 à 2 ans.
Les conclusions possibles d’un compte
-rendu de mission réalisé par
un organisme de gestion agréé
Les CRM peuvent déboucher sur une conclusion positive ou négative:
1/ Situation permettant de conclure à la concordance, la cohérence et la
vraisemblance des déclarations (CRM « positif ») :
-
absence d’anomalie
;
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74
COUR DES COMPTES
-
absence d’anomalie après réponse satisfaisante à demande d’éléments
complémentaires ;
-
envoi d’un courrier d’information par l’organisme agréé
;
-
transmission d’une ou des déclaration (s) rectificative(s) à la demande de
l’organisme agréé.
2/ Situation ne permettant pas de conclure à la concordance, la cohérence et
la vraisemblance des déclarations (CRM « négatif ») :
- absence de réponse aux demandes de renseignements envoyées par
l’organisme agréé
;
-
réponse jugée incomplète ou non satisfaisante par l’organisme agréé
;
- désaccord avec
l’organisme agréé.
e)
La possibilité d’exclure un adhérent
S’ils ne
procèdent pas aux rectifications, ne donnent pas suite aux
demandes d’informations
de leur organisme agréé ou y répondent de
manière insuffisante, les adhérents
s’exposent
à l’engagement d’u
ne
procédure d’exclusion à leur encontre
, inscrite dans les statuts des
organismes agréés.
Le nombre d’exclusions annuelles d’adhérents d’organismes de
gestion agréés au cours des dix dernières années oscille autour de 13 000
sur une population totale proche de 1,1 million, soit environ 1 % par an
en moyenne.
Le principal motif d’exclusion est le non paiement de la
cotisation. La fréquence des exclusions pour cause de défaut de
justification ou de non correction de la déclaration de résultat est très
faible.
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UNE AMÉLIORATION DE LA SINCÉRITÉ FISCALE NON DEMONTRÉE
75
Graphique n° 6 :
évolution d
es exclusions d’adhérents de centres de
gestion agréés entre 2002 et 2012
Source : DGFiP
f)
Une absence de contrôle sur les déclarations sociales
Il n’entre pas dans les missions des organismes agréés d’assurer le
contrôle direct des déclarations sociales.
Ils jouent toutefois un rôle de manière indirecte dans la
détermination de l’assiette des cotisations sociales. En effet,
le revenu
professionnel retenu pour le calcul de l’impôt sur le revenu dans le cadre
d’une activité non salarié
e (BA, BIC, BNC) sert de base au calcul de
l’assiette des cotisations sociales. L’intervention des organismes de
gestion agréés a donc un impact indirect sur le calcul de l’assiette des
cotisations sociales des entrepreneurs individuels dans la mesure où ils
contrôlent la cohérence et la vraisemblance du revenu fiscal déclaré.
0
2 000
4 000
6 000
8 000
10 000
12 000
14 000
16 000
18 000
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
Autre
Suite à procédure L. 166
du LPF
Défaut de rectification
Défaut de renseignement
Défaut de cotisation
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76
COUR DES COMPTES
B -
Une stabilité du nombre d’anomalies détectées par
les organismes agréés
Les données déclaratives transmises par les organismes agréés
dans le cadre de l’application de suivi de l
eur gestion utilisée par la
DGFiP permettent de dresser le bilan de leur activité.
À travers les contrôles formels et les examens de concordance, de
cohérence et de vraisemblance, les organismes de gestion agréés
examinent chaque année plus d’un million de décl
arations fiscales. La
proportion de déclarations rectifiées
est de l’ordre de 7
%
à l’issue du
contrôle formel et
de 6 % à l’issue de l’examen de cohérence et de
vraisemblance.
Dans la mesure où il s’agit de deux filtres différents
(contrôle formel et cont
rôle de fond), il peut s’agi
r des mêmes
déclarations ou de déclarations différentes. Cette proportion est stable
depuis une dizaine d’années.
La proportion de comptes rendus de mission
négatifs n’est pas connue.
Tableau n° 7 :
résultats du contrôle formel et des examens de
cohérence et de vraisemblance
Année
Contrôle
formel :
Déclarations
examinées
Contrôle
formel :
Déclarations
rectifiées
Contrôle
formel :
proportion
de
déclarations
rectifiées
ECCV :
Déclarations
examinées
ECCV :
Dossiers
rectifiés
ECCV :
proportion
de
déclaration
s rectifiées
2002
1 157 592
76 499
7 %
1 133 380
50247
4 %
2003
1 186 944
77 477
7 %
1 159 459
56 422
5 %
2004
1 192 315
72 447
6 %
1 159 030
62 801
5 %
2005
1 174 093
77 111
7 %
1 134 919
62 147
5 %
2006
1 144 455
77 184
7 %
1 102 538
61 743
6 %
2007
1 126 437
76 989
7 %
1 089 359
63 504
6 %
2008
1 164 970
84 229
7 %
1 123 383
78 079
7 %
2009
1 162 719
68 486
6 %
1 148 186
65 945
6 %
2010
1 143 836
64 101
6 %
1 162 351
65 237
6 %
2011
1 065 651
67 699
6 %
1 079 175
59 155
5 %
2012
1 109 055
83 727
8 %
1 075 974
48 123
4 %
Source : DGFiP- état OA1
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UNE AMÉLIORATION DE LA SINCÉRITÉ FISCALE NON DEMONTRÉE
77
C -
À
chiffre d’affaires donné, u
n résultat fiscal déclaré
légèrement plus élevé chez les adhérents
Les entreprises adhérentes déclarent un résultat fiscal légèrement
plus
élevé que les non adhérents quel que soit le chiffre d’affaires de
l’entreprise pour des chiffres d’affaires inférieurs à 350
000 €
39
.
Ce résultat est valable aussi bien pour les petites entreprises
soumises à l’impôt sur le revenu –
qui constituent plus de 98 % des
adhérents
–
que pour les petites entreprises à l’IS.
Pour les entreprises dont le chiffre d’affaires est supérieur à
350 000
€, il convient de
les
distinguer selon leur catégorie d’imposition.
Les BA et les BNC adhérents déclarent un résultat fiscal plus élevé que
les non adhérents.
En revanche, les adhérents BIC et sociétés à l’IS déclarent un
résultat fiscal nettement plus faible que les non adhérents. Pour les
sociétés à l’IS, cela s’explique par le fait que la grande majorité des
entreprises ne sont pas adhérentes et que les grandes entreprises
impactent à la hausse le résultat fiscal des non adhérents.
Pour les BIC, le poids des entreprises à fort chiffre d’affaires
et à
fort résultat fiscal parmi les non adhérents accroît fortement le résultat
fiscal moyen
40
. Il s’agit principalement de sociétés en nom collectif
(SNC), de sociétés civiles ou de sociétés en participation.
39
Ces résultats concernent l’essentiel des entreprises à l’IR puisqu’en 2011, 95
% des
BIC, BA, BNC avaient un chiffre d’affaires inférieur à 496
841
€.
40
Dans la tra
nche des entreprises ayant un chiffre d’affaires supérieur à 350
000 €,
celles ayant un résultat fiscal supérieur à 500 000
€ représentent plus de 10 % des non
adhérents contre moins de 1 % des adhérents. Parmi ces entreprises, certaines ont des
résultats
fiscaux très élevés (plus de 100 M€), ce qui impacte fortement à la hausse la
moyenne du résultat fiscal.
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78
COUR DES COMPTES
Graphique n° 7 :
r
ésultat fiscal moyen par tranche de chiffre d’affaires
(
en milliers d’euros,
2011)
Bénéfices agricoles
Bénéfices industriels et commerciaux
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79
Bénéfices non commerciaux
Impôt sur les sociétés
Source : DGFiP
–
retraitements Cour des comptes
Légende : a -
chiffre d'affaires ou recettes <= 27 000 €
; b -
27 000 € <
chiffre
d'affaires ou recettes <= 50 000 €
; c -
50 000 € < chiffre d'affaires ou recettes <= 76
000 €
; d-
76 000 € < chiffre d'affaires ou recettes <= 100 000 €
; e-
100 000 € <
chiffre d'affaires ou recettes <= 150 000 €
; f -
150 000 € < chiffre d'aff
aires ou
recettes <= 200 000 €
; g -
200 000 € < chiffre d'affaires ou recettes <= 250 000 €
;
h -
250 000 € < chiffre d'affaires ou recettes <= 300 000 €
; i -
300 000 € < chiffre
d'affaires ou recettes <= 350 000 €
; j - chiffre d'affaires ou recettes >
350 000 €
;
Toutes tranches de CAHT
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80
COUR DES COMPTES
Deux raisons peuvent être avancées pour expliquer un résultat
fiscal déclaré des adhérents plus élevé que celui des non adhérents pour
une même tranche de chiffre d’affaires
(hors grandes entreprises) :
soit les vérifications des déclarations fiscales des adhérents opérées
par les organismes agréés sont efficaces et permettent d’améliorer la
sincérité des déclarations des adhérents ;
soit ce sont les contribuables les plus sincères qui adhèrent aux
organismes agréés et il y a ainsi un « biais de sélection ». Dès lors, la
valeur ajoutée des vérifications opérées par les organismes peut être
remise en question.
Il est probable que ces deux causes expliquent chacune une part de
ce résultat, mais dans des proportions impossibles à déterminer.
D -
Des adhérents moins contrôlés que les non
adhérents
A partir des statistiques du contrôle fiscal, il est possible de
comparer les
adhérents aux non adhérents afin d’examiner si l’adhésion
à
un organisme de gestion agréé se traduit par une plus grande régularité
fiscale.
Comme le souligne le Conseil des prélèvements obligatoire
41
, la
distinction entre fraude et simple irrégularité (erreurs et omissions
involontaires, ignorance ou mauvaise interprétation du droit fiscal…)
est
complexe à établir. Dans la suite du propos, le terme de fraude fiscale
sera entendu au sens large, c’est
-à-dire incluant à la fois les fraudes
délibérées et les erreurs de déclarations de bonne foi. Il est en effet
difficile de distinguer statistiquement ces deux
sources d’irrégularités. Le
seul indicateur pouvant mesurer la fraude au sens strict, qui sera examiné,
est l’ampleur des
pénalités pour manquement délibéré.
41
Conseil des prélèvements obligatoire,
La fraude aux prélèvements obligatoire
, 2007
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81
Méthodologie des statistiques du contrôle fiscal
Les statistiques fournies par les services du contrôle fiscal de la
DGFiP portent à la fois sur le contrôle sur pièces et sur le contrôle sur place.
Les deux échantillons (contrôles sur pièces et contrôles sur place) ne sont pas
identiques dans la mesure où ces deux types de contrôles ne relèvent pas des
mêmes applications informatiques. Le premier échantillon regroupe les
contrôles sur pièces effectués sur environ 135 000 entreprises entre 2010 et
2012. Le second échantillon regroupe les contrôles sur place effectués sur des
entreprises entre le 1
er
janvier 2010 et le 31 décembre 2012 et dont les
rectifications portent sur les années 2009 à 2011. Dès lors, pour une
entreprise vérifiée sur la période 2009-
2011, les rappels concernant l’année
2010 seront restitués dans les statistiques en 2010. L’échant
illon des
contrôles sur place varie donc de 23 000 (2011) à 98 000 (2009) en fonction
de l’année vérifiée, selon l’état d’avanc
ement du contrôle sur place.
Un
compte
rendu
de
mission
est
classé
dans
la
catégorie
« indéterminé
» lorsqu’il n’est pas possible de rattacher
ses conclusions à un
exercice, voire lorsqu’il existe deux comptes rendus de mission au titre d’un
même exercice dont l’un est positif et l’autre négatif.
Un compte rendu de mission est classé dans la catégorie « absence de
CRM » lorsqu
’il
n’a pas été déposé ou lorsque l’application informatique ne
recense pas d’information sur
son dépôt.
1 -
Des adhérents 1,5 à 2 fois moins contrôlés que les non adhérents
Afin de comparer la situation des adhérents à celle des non
adhérents, il est tenu compte uniquement des contrôles portant sur les
entreprises imposées dans les catégories BIC, BA et BNC, qui
représentent 98,8 % des adhérents d’organismes agréés.
Il apparaît que les entreprises adhérentes à un organisme agréé font
statistiquement moins l’objet d’opérations de contrôle fiscal que les
entreprises non adhérentes.
En 2010, 45 % des contrôles sur pièces et 38 % des contrôles sur
place réalisés sur des entreprises déclarant des BA avaient porté sur des
adhérents, alors que 82 % de ces entreprises adhéraient à un organisme
agréé. De même, 33 % des contrôles sur pièces et 27 % des contrôles sur
place réalisés sur des entreprises déclarant des BIC avaient porté sur des
adhérents, alors que 55 % de ces entreprises adhéraient à un organisme
agréé. Enfin,
54 % des contrôles sur pièces et 45 % des contrôles sur
place réalisés sur des entreprises déclarant des BNC avaient porté sur des
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82
COUR DES COMPTES
adhérents, alors que 83 % de ces contribuables adhéraient à un organisme
agréé (Cf. annexe n° 8 sur le nombre de contrôles fiscaux sur pièces et sur
place).
Ces proportions se retrouvent sur les trois années examinées (2010,
2011, 2012 pour les contrôles sur pièces et 2009, 2010, 2011 pour les
contrôle sur place), à l’exception de l’année 2011 du contrôle sur place
42
.
Les statistiques du contrôle fiscal font donc ressortir que les
adhérents d’organismes agréés sont entre 1,5 et 2 fois moins contrôlés
que les non adhérents.
Plusieurs causes seraient de nature à expliquer le taux de fréquence
des contrôles fiscaux deux fois plus faible sur les adhérents :
l
e fait que l’administration ait tendance à écarter d’office les adhérents
de la programmation des contrôles fiscaux car elle estimerait que les
vérifications préalables des organismes agréés seraient efficaces et
suffisantes
, ce qui n’est pas le cas jusqu’à présent
(Cf. infra) ;
l
e fait que l’administration détecte moins facilement les adhérents
fraudeurs car les vérifications des organismes agréés amélioreraient la
qualité formelle des déclarations, voire contribueraient à un lissage
des éléments déclarés de nature frauduleuse les rendant plus
difficilement détectable par les outils d’analyse risque
des services
fiscaux ;
le fait que les adhérents présentent une meilleure sincérité fiscale que
les non adhérents, indépendamment des contrôles des organismes de
gestion agréés.
Ces deux derniers éléments sont examinés successivement ci-
dessous.
42
Les
années mentionnées désignent l’exercice sous revue et non l’année de clôture
du contrôle. Compte tenu du délai de reprise de trois ans de l’administration fiscale,
l’exercice 2011 peut faire l’objet de contrôles jusqu’en 2014.
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UNE AMÉLIORATION DE LA SINCÉRITÉ FISCALE NON DEMONTRÉE
83
2 -
Une moindre détection des adhérents lors de la programmation
des contrôles fiscaux
La moindre fréquence de contrôle des adhérents pourrait
s’expliquer pour partie par un biais
de sélection lié à la qualité formelle
des déclarations, voire à un lissage des éléments déclarés.
L’administration fiscale
a elle-même mis cet élément en avant dans
une étude réalisée en 2000 sur la contribution des organismes agréés à
l’amélioration de la connaissance des revenus des professionnels non
salariaux. Elle y indique que les déclarations des adhérents présentent une
meilleure qualité formelle et que cela peut expliquer la moindre
intervention des services sur ces dossiers.
De la même manière, les vérifications opérées par les organismes
agréés pourraient contribuer à un lissage des déclarations qui aboutirait à
un moindr
e contrôle des adhérents. En s’assurant de la concordance, de la
cohérence et de la vraisemblance des déclarations de leurs adhérents,
notamment par rapport aux déclarations des autres professionnels du
même secteur économique, les organismes agréés contribueraient à ce
que leurs adhérents ressortent moins lors des analyses-risques effectuées
par les services fiscaux. En effet, ces analyses-risques sélectionnent les
dossiers en fonction de critères de rupture de comportement, d’absence de
concordance entre
les différentes déclarations déposées ou d’absence de
vraisemblance des ratios économiques (marges par exemple), critères
faisant
plus particulièrement l’objet des contrôles
des organismes agréés.
L’analyse
-risque joue un rôle important dans la programmation des
contrôle fiscaux non négligeable puisqu’environ un quart des contrôles
menés sur des adhérents d’organismes agréés en résultent.
E -
Une absence de garantie sur la sincérité fiscale des
adhérents
1 -
Des adhérents redressés dans les mêmes proportions que les non
adhérents
Lorsque des contrôles fiscaux sur pièces sont réalisés sur des
adhérents, des erreurs ou des fraudes sont constatées en moins grand
nombre que chez les non adhérents.
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84
COUR DES COMPTES
En 2011, sur l’ensemble des adhérents soumis au régime BIC,
BA
ou BNC ayant fait l’objet d’un contrôle sur pièces, 22 % ont reçu une
proposition de rectification de l’administration, suite à des irrégularités
constatées. Chez les entreprises non adhérentes d’organismes agréés,
cette proportion est de 32 % (Cf. annexe sur les résultats des contrôles
fiscaux sur pièces et sur place).
Ce résultat peut cependant tenir au fait que les adhérents font
moins l’objet de rectifications pour défaut de pièces justificatives –
qui
est un des motifs principaux de rectifications
à l’issue du contrôle sur
pièces
–
en raison des vérifications et des questionnements préalables des
organismes agréés.
L
e contrôle sur pièces n’est
donc pas un indicateur suffisamment
pertinent pour mesurer le niveau de fraude des adhérents et l’efficac
ité
des vérifications des organismes agréés, au contraire du contrôle sur
place. L
orsque l’administration considère que le contrôle sur pièces n’est
pas suffisant, elle effectue alors un contrôle approfondi sur place qui
permet de déterminer les irrégularités les plus graves.
Lorsque des contrôles fiscaux sur place sont conduits sur des
adhérents, la proportion de fraudes ou d’erreurs apparaît très élevée. En
2011, sur l’ensemble des adhérents soumis au régime BIC, BA ou BNC
ayant fait l’objet d’un contrôle sur place, 82 % ont
reçu une proposition
de rectification de l’administration, suite à des irrégularités constatées.
L
a proportion de fraudes ou d’erreurs constatée chez les adhérents
est quasiment identique à celle constatée chez les non adhérents. En effet,
le taux de rectification suite à un contrôle sur place était identique en
2011 chez les adhérents et les non adhérents, soit 82 %. Ces taux étaient
de 74 % chez les adhérents et 77 % chez les non adhérents en 2009 et
80 % chez les adhérents et 83 % chez les non adhérents en 2010.
Ce résultat peut s’expliquer pour partie par le fait que, lorsque
l’administration engage un contrôle sur
place, elle est quasiment déjà sûre
de trouver des motifs de redressement.
Pour autant, la forte proportion de redressements des adhérents à
l’issue du contrôle sur place, et dans des proportions peu différentes des
non adhérents, conduit à s’interroger sur la portée des vérifications
préalables effectuées par les organismes agréés. S’ils permettent d’assurer
une conformité formelle et une vraisemblance des déclarations fiscales
des adhérents, les travaux des organismes agréés ne permettent pas de
déceler des irrégularités de fond chez les adhérents.
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UNE AMÉLIORATION DE LA SINCÉRITÉ FISCALE NON DEMONTRÉE
85
U
n compte rendu de mission positif n’est pas
ainsi une garantie de
la régularité d’une décl
aration fiscale : en 2011, 21 % des adhérents à un
organisme agréé ayant reçu un compte rendu de mission positif et ayant
fait l’objet d’un contrôle sur pièces et 83 %
de ceux
ayant fait l’objet d’un
contrôle sur place ont reçu une proposition de rectification, soit dans des
proportions similaires aux rectifications concernant l’ensemble des
adhérents.
2 -
Des droits rappelés de 1,5 à 2 fois moins élevés sur les adhérents
Si les contrôles fiscaux sur des adhérents débouchent sur des
propositions de rectification dans des proportions similaires pour les
adhérents et les non adhérents, le montant des droits rappelés est en
moyenne plus faible pour les adhérents quelle que soit la tranche de
chiffre d’affaires
(Cf. annexe n° 10 sur la moyenne des droits rappelés
lors de contrôles fiscaux sur place).
Pour les entreprises de taille intermédiaire, les petites entreprises et
les TPE adhérentes soumises au régime des
BIC ou à l’IS, les droits
rappelés sont environ deux fois moins élevés que chez les non adhérents
lors des contrôles fiscaux sur place. L’écart
atteint 2,7 fois pour les TPE.
Une partie des adhérents à des centres agréés dans cette catégorie
(micro-BIC) pourrait en effet présenter une meilleure sincérité fiscale
dans la mesure où ils adhèrent alors qu’ils n’y ont aucun intérêt d’un
point de vue fiscal (ils ne bénéficient pas de la non majoration).
Pour les petites et moyennes entreprises imposées en BNC, l
’écart
est un peu moins élevé : les droits rappelés sont en moyenne environ
1,5 fois plus faibles chez les adhérents que chez les non adhérents. Mais il
s’élève à 3,6 fois
pour les TPE pour les mêmes raisons que pour les BIC.
Pour les petites et moyennes entreprises imposées en BA, les droits
rappelés des adhérents sont environ 1,4 fois plus faibles que pour les non
adhérents. Les TPE agricoles sont les seules entreprises pour lesquelles la
relation s’inverse
: les droits rappelés des adhérents sont en moyenne
légèrement plus élevés que pour les non adhérents, alors même que les
adhérents de cette catégorie sont dans la même situation que les TPE en
BIC ou en BNC. Ils sont pour partie imposés au forfait agricole et pour
partie imposés au réel sur option dans la mesure où ils ont un chiffre
d’affaires inférieur au seuil de passage au réel. Au vu de ces résultats, les
TPE agricoles qui adhèrent à un centre agréé ne semblent pas présenter
une sincérité fiscale différente de celle des non adhérents.
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86
COUR DES COMPTES
Les travau
x des organismes agréés n’empêchent cependant pas des
fraudes sur de gros montants. La Cour a relevé dans les services fiscaux
départementaux plusieurs dossiers de cette nature. À
titre d’exemple, un
entrepreneur adhérent à un centre dans le domaine du bâtiment a fait
l’objet en avril 2013 d’un redressement de 100
043 € pour plusieurs
motifs (remboursements de TVA, remise en cause de charges déductibles,
rectification de TVA non déductible, etc.).
3 -
Des pénalités moins élevées chez les adhérents
Lorsque des
irrégularités sont constatées à l’occasion de contrôles
fiscaux chez des adhérents d’organismes agréés, elles semblent moins
relever d’une fraude délibérée que chez les non adhérents.
Ainsi l
es adhérents d’organismes agréés font moins l’objet que les
non
adhérents de mises en œuvre de pénalités
, hors intérêts de retard (cf.
annexe n° 11 sur la moyenne des pénalités lors de contrôles fiscaux sur
place)
. En 2011, sur l’ensemble des entreprises en BA ayant fait l’objet
de pénalités à l’issue du contrôle sur p
ièces, seules 13 % étaient
adhérentes d’un organisme agréé. Cette proportion s’élève à 17 % pour
les entreprises BIC et 35 % pour les entreprises BNC. De même, à l’issue
du contrôle sur place, 30 % des entreprises BA ayant fait l’objet de
pénalités étaient
adhérentes d’un organisme agréé
, contre 26 % pour les
BIC et 41 % pour les BNC.
Ces pénalités peuvent toutefois sanctionner aussi bien des erreurs
que de la fraude délibérée. Le bon indicateur pour évaluer la fraude
fiscale au sens étroit est la mise en
œuvre de pénalités pour manquement
délibéré. Ces données ne sont disponibles que pour le contrôle sur place
mais doivent être considérées avec prudence car elles portent sur des
échantillons trop petits (de l’ordre de 150 cas chaque année) pour qu’un
constat à valeur générale en soit dégagé.
Les adhérents sont moins concernés que les non adhérents par les
majorations pour manquement délibéré qui sanctionnent les irrégularités
les plus graves. En 2011, sur l’ensemble des entreprises
déclarant des BA
ayant fait l’objet de majorations pour manquement délibéré à l’issue du
contrôle sur pièces, aucune n’était adhérente d’un organisme agréé. Cette
proportion s’élève à 31 % d’entreprises adhérentes
pour les entreprises
BIC et 15 % pour les entreprises BNC. La variabilité de ces proportions
suivant les années témoigne toutefois
de l’étroitesse de l’échantillon
considéré.
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UNE AMÉLIORATION DE LA SINCÉRITÉ FISCALE NON DEMONTRÉE
87
Enfin, les montants
des pénalités hors intérêts de retard appliquées
aux adhérents d’organismes agréés
sont en moyenne plus faibles : pour
les entreprises en BIC ou à l’IS,
elles représentaient des montants 3 à 3,5
fois moins élevés en moyenne que pour les non adhérents, toutes tailles
d’entreprises confondues (TPE, petite entreprise, entreprise de taille
intermédiaire).
Pour les entreprises BNC, les pénalités des adhérents étaient 2 fois
moins élevées pour les PME et 6,5 fois moins élevées pour les TPE en
moyenne que celles des non adhérents.
Pour les entreprises en BA, les pénalités sont environ 3 fois moins
élevées pour les PME et 2 fois moins élevées pour les TPE chez les
adhérents par rapport aux non adhérents.
IV - Un rôle utile pour la gestion
de l’impô
t mais
sans lien avec le contrôle fiscal
Les organismes agréés présentent une utilité pour l’administration
fiscale à plusieurs niveaux. Ils lui évitent un certain nombre de tâches de
gestion de l’impôt (dématérialisation) tout en agissant de manière
préventive pour favoriser le dépôt des déclarations. Par ailleurs, ils sont
censés améliorer la détermination de l’assiette de l’impôt sur le revenu
des professionnels en effectuant des contrôles de cohérence et de
vraisemblance. Malgré cela, l’administration f
iscale tire peu parti des
contrôles préalables des organismes agréés dans sa stratégie de contrôle
fiscal, ce qui peut témoigner d
’un
e confiance réduite dans ces
organismes.
A -
Une utilité en matière de gestion de l’impôt
1 -
Un meilleur respect des délais
Les organismes de gestion agréés jouent un rôle positif en matière
de respect des délais de dépôt de déclarations professionnelles de leurs
adhérents, en les informant des dates arrêtées chaque année et en veillant
à ce que ces documents leur soient transmis suffisamment tôt. Le respect
des dates de dépôt des déclarations constitue un des éléments du civisme
fiscal des entreprises.
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88
COUR DES COMPTES
L
’administration constate que l
es défailla
nces d’adhérents à un
organisme
de gestion agréés s’avèrent plus rare
s (12 % seulement des
BIC, BA, BNC taxés d’office sont des adhérents)
, en raison
vraisemblablement de l’action préventive des organismes en matière
de
respect des délais de déclaration.
2 -
Une aide à la télédéclaration
Les organismes de gestion agréés participent également aux efforts
de l’administration pour promouvoir le recours au dépôt dématérialisé des
déclarations fiscales. Depuis l’origine de la procédure,
ils sont des
partenaires informatiques de l’administration pour l’envoi des fichiers de
déclarations, obligeant leurs adhérents à avoir recours à la procédure de
transfert des données comptables et fiscales (TDFC).
Depuis la loi de finances pour 2008, ils
ont l’obligation de
dématérialiser et de télétransmettre à la DGFiP les attestations qu’ils
délivrent à leurs adhérents pour bénéficier de la non majoration des
revenus ainsi que les liasses fiscales de ceux d’entre eux qui n’ont pas
déjà donné mandat à leur expert-comptable
50
. Cette obligation ne
concerne que les adhérents BIC, BA, BNC au régime réel et non les
micro-entreprises.
Le premier vecteur de télédéclaration demeure cependant
l’expert
-
comptable. En effet, en 2012, sur un peu plus d
’un
million de déclarations
professionnelles vérifiées par les organismes agréés, 73 % avaient fait
l’objet d’une télé
-déclaration par un autre intervenant (expert-comptable
ou autre
partenaire agréé de l’administration). Pour autant, les organismes
agréés ont un rôle en ce domaine puisque 24 % de ces déclarations
avaient été télé-déclarées
par un organisme agréé. Seules 3 % n’ava
ient
pas fait l’objet d’une télé
-
déclaration. Il peut s’agir d’entreprises au
forfait non concernées par la dématérialisation.
50
Articles 1649 quater E et 1649 quater H du code général des impôts.
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UNE AMÉLIORATION DE LA SINCÉRITÉ FISCALE NON DEMONTRÉE
89
Tableau n° 8 :
Origine de la télédéclaration des dossiers examinés
par les organismes agréés
2010
2011
2012
Télédéclaration par un autre intervenant
66 %
70 %
73 %
Télédéclaration par l’OA
30 %
26 %
24 %
Déclarations non télétransmises
4 %
4 %
3 %
Source : DGFiP-
état OA1 (données disponibles qu’à partir de 2010)
Concernant les déclarations de résultats, au total, le taux de
télédéclarants est plus élevé chez les adhérents d’organismes agréés
(98,9 %) que chez les non adhérents (80,4 %).
Concernant les déclarations de TVA, le taux de télédéclarants est
beaucoup plus faible (58 %), toutes entreprises conf
ondues, même s’il
augmente régulièrement depuis 2009 du fait de l’abaissement des seuils
de chiffre d’affaires
au-dessus desquels la télédéclaration est obligatoire.
Il n’est cependant pas possible de distinguer selon l’adhésion à un
organisme agréé.
L’i
mpact positif des organismes agréés sur la dématérialisation des
déclarations touche cependant à sa fin dans la mesure où la
télédéclaration e
st en voie d’être généralisée. À
partir d’octobre 2014,
toutes les entreprises soumises à un régime réel d'imposition (normal ou
simplifié, IR ou IS) devront télétransmettre leur déclaration de TVA, leur
paiement ainsi que leurs demandes de remboursement de crédit de TVA.
De la même manière, à compter de mai 2014, les déclarations de résultats
devront être télédéclaré
es à l’exception d
es professionnels non soumis à
l'IS dont le chiffre d'affaires HT est inférieur à 80 000
€
. En mai 2015,
cette obligation sera généralisée à l’ensemble des entreprises imposées au
réel.
B -
L’impact d’une reprise des missions des OGA
par
l’administration
Si les organismes agréés contribuent à alléger la charge de la
gestion de l’impôt sur le revenu des professionnels, il n’est pas aisé
d’évaluer l’économie que cela représente en termes budgétaires, ni
l’impact qu’aurait une reprise des missions des organis
mes agréés par
l’administration, dans les conditions actuelles de gestion de l’impôt.
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90
COUR DES COMPTES
La reprise des missions fiscales des organismes agréés se traduirait
par deux types de coûts.
Premièrement, cela engendrerait des coûts liés à l’assistance des
contribuables dans l’établissement des déclarations professionnelles et de
TVA. Ces coûts, et notamment la gestion de la relation avec les
contribuables, sont actuellement supportés par les organismes agréés.
Selon l’enquête activité effectuée par la DGFiP sur l’année 2012, la
gestion de l’assiette des BIC, BA, BNC représentait 35,85 M€ de masse
salariale. Cela correspond à la quotité de travail consacrée à la seule
fonction de gestion de l’a
ssiette des professionnels et particuliers en BIC,
BA, BNC (676 ETP), indépendamment des autres tâches des agents,
valorisée sur la base des coûts moyens constatés en 2012 par catégorie
d’agents. La DGFiP ne recense cependant pas le nombre d’actes de
gesti
on auxquels ce coût correspond, et ne distingue pas selon l’adhésion
à un organisme agréé.
En supposant que l’intégralité des actes liés à l’assiette des
professionnels concerne des professionnels BIC, BA, BNC non adhérents
(512 500 professionnels) et que les adhérents solliciteraient dans les
mêmes proportions les services de l’assiette, le coût de la gestion de
l’assiette
des
professionnels
adhérents
(1
115 900
entreprises)
représenterait 78 M€. Cette estimation présente plusieurs faiblesses
:
les 676 E
TP actuellement dédiés à la gestion de l’assiette concernent
non seulement des professionnels mais également des particuliers
imposés à titre non professionnel dans les catégories BIC, BA, BNC ;
le coût de gestion de l’assiette par l’administration pourra
it être plus
faible pour les adhérents que pour les non adhérents puisque les
premiers
devraient
avoir
besoin
de
moins
d’assistance
à
l’établissement de leur déclaration
; en outre, le coût des fonctions de
gestion de l’assiette et de contrôle formel dimin
ue progressivement
avec la télédéclaration et un recentrage des agents vers le contrôle sur
pièces d’initiative.
En plus des coûts liés à l’assistance des contribuables dans
l’établissement de leurs déclarations
, la reprise des missions des
organismes agré
és au sein de l’administration fiscale se traduirait par des
coûts liés aux contrôles sur pièces supplémentaires engendrés par la
disparition
de
l’examen
de
concordance,
de
cohérence
et
de
vraisemblance préalable. Actuellement, le coût unitaire du contrôle sur
pièces sur les BIC, BA, BNC est de 655 €. Ce chiffre est obtenu à partir
de la masse salariale dédiée aux contrôles sur pièces des BIC, BA, BNC
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UNE AMÉLIORATION DE LA SINCÉRITÉ FISCALE NON DEMONTRÉE
91
et du nombre de contrôles sur la même population. La reprise des
missions des organismes agréés au sein de
l’administration se traduirait
par 28
000 contrôles sur pièces supplémentaires par an, si l’on applique le
taux actuel de BIC, BA, BNC faisant l’objet d’un contrôle sur pièces
(2,51 %). Par conséquent, le coût de la reprise du contrôle de bureau
représente
rait 18,34 M€, selon la DGFi
P.
Au total, la reprise des missions des organismes agréés au sein de
l’administration représenterait un coût de l’ordre de 100 M€
, selon la
DGFiP.
Pour autant, cette estimation apparaît fragile dans la mesure où elle
ne tien
t pas compte des économies d’échelle qui résulteraient d’une
réappropriation par l’administration des missions des organismes agréés
relatives à la gestion de l’impôt. Elle ne tient pas compte non plus du
degré
d’approfondissement des vérifications préalab
les qui seraient
effectuées
par
l’administration.
Plus
généralement,
elle
part
de
l’hypothèse que la gestion de l’impôt concernant les actuels adhérents
s’effectuera
it dans les mêmes conditions que pour les actuels non
adhérents.
Plus fondamentalement, la reprise de ces missions ne peut se
mesurer à l’aune du seul critère bud
gétaire. I
l n’est pas certain que la
réappropriation des missions des organismes agréés par l’administration
ait le même impact en matière de civisme fiscal que l’acti
on menée par
les organismes agréés en raison de leur statut de tiers de confiance entre
l’entreprise et l’administration fiscale et des
bonnes
relations qu’ils sont
parvenus à mettre en place avec les chefs d’entreprise.
C -
Une absence de prise en compte des organismes
agréés dans la programmation des contrôles fiscaux
La vérification des déclarations fiscales est programmée sur la base
d
’une
analyse-risque qui permet de sélectionner informatiquement des
dossiers de contribuables en fonction de critères de risque de fraude. Pour
les professionnels au réel simplifié, les ratios des déclarations de résultats
font l’objet d’un contrôle de vraisemblance au regard des ratios par
profession dégagés dans les monographies établies par la direction
nationale d’enquêtes fiscales.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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92
COUR DES COMPTES
L’analyse
-
risque effectuée par l’administration fiscale est proche
des examens de concordance, de cohérence et de vraisemblance réalisés
par les organismes agréés sur les professionnels à l’IR.
L’adhésion ou non à un organisme de gestion agréé n’est pas un
critère de programmation des vérifications
dans la
mesure où
l’application utilisé
e par les services fiscaux pour cibler les contrôles ne
prend pas compte l’adhésion ou non à un organisme agréé comme critère
de sélection.
Les comptes rendus de mission élaborés par les organismes agréés
ont vocation à être de plus en plus intégrés dans la programmation des
contrôles fiscaux,
mais ce n’est
pas encore le cas aujourd’hui.
La position de l’administration fiscale
sur ce sujet a en effet évolué
depuis la création du compte rendu de mission en 2009. L’existence d’un
compte rendu de mission négatif est désormais considérée par la DGFiP
comme un risque de fraude pouvant conduire à un contrôle. Pour cette
raison, chaque année depuis 2010-2011, une liste des entreprises
adhérentes pour lesquelles un compte rendu de mission négatif a été
transmis par un organisme agréé est établie par la DGFiP et
communiquée aux services déconcentrés compétents. Les dossiers dont le
compte rendu de mission conclut à une anomalie sont censés être
examinés en priorité, notamment sur les points pour lesquels l’organisme
agréé n’a pas conclu à la concordance, la cohérence et la vraisemblance
des déclarations.
En pratique, la Cour a toutefois constaté lors de ses contrôles sur
place que les DR/DDFiP appliquent cette instruction de manière très
variable selon les départements. La mise en place fin 2013 de la
possibilité pour les agents des services déconcentrés de faire cette requête
directement dans
les applications devrait favoriser sa mise en œuvre
effective.
À
l’heure actuelle, il ne semble donc pas que les comptes rendus
de mission
–
et notamment les comptes rendus de mission négatifs
–
soient un élément déterminant dans la programmation des contrôles. En
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UNE AMÉLIORATION DE LA SINCÉRITÉ FISCALE NON DEMONTRÉE
93
effet, en 2010, seuls 0,2 % des contrôles sur pièces et 3,8 % des contrôles
sur place d’adhérents d’organismes agréés avaient porté sur des
entreprises ayant un compte rendu de mission négatif et respectivement
3,5 % et 0,5 % avaient porté sur des entreprises ayant un compte rendu de
mission indéterminé
51
. Cette proportion reste relativement stable entre
2010 et 2012 pour le contrôle sur pièces et entre 2009 et 2011 pour le
contrôle sur place.
Même si leur position évolue, ceci illustre le fait que la DGFiP, et
surtout les services chargés du contrôle fiscal, font peu confiance a priori
aux travaux des organismes agréés pour améliorer la régularité des
déclarations fiscales des entreprises individuelles.
Cette situation est regrettable dans la mesure où se superposent,
sans articulation, deux structures, l’une publique et l’autre associative,
chargées toutes deux de vérifier que les entreprises individuelles
remplissent bien leurs obligations fiscales. Si l’administration pouvait
obtenir davantage
d’assurance
sur la qualité des travaux des organismes
agréés et si elle les intégrait,
avec d’autres critères
, dans la
programmation des contrôles fiscaux, cela permettrait de concentrer les
efforts sur la population résiduelle de non adhérents et d’adhérents
présentant des risques sérieux de fraude. Une meilleure articulation entre
la politique du contrôle fiscal et les travaux des organismes agréés
suppose que les organismes agréés fournissent davantage de garanties sur
la qualité déclarative des assiettes fiscales qu’ils contrôlent.
Il convient cependant
d’être attentif à ce que cela ne débouche pas
sur un contrôle excessivement
allégé des adhérents d’organismes agréés
ayant fait l’objet d’un compte rendu de mission positif, alors que les
contrôles fiscaux sur c
es entreprises révèlent en l’état actuel un nombre
important d’irrégularités.
51
C’est
-à-dire
lorsqu’il n’est pas possible de rattacher le résultat du compte rendu de
mission à un exercice, voire lorsqu’il existe deux comptes rendus de mission au titre
d’un même exercice dont l’un est positif et l’autre négatif.
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94
COUR DES COMPTES
D -
Une absence de communicati
on de l’administration
sur les résultats des contrôles fiscaux
Un autre
signe de la mauvaise articulation entre l’administration
fiscale et les organismes agréés est que, l’administration n’informe pas
systématiquement les organismes agréés quand elle procède à des
redressements sur leurs adhérents.
Tout manquement grave ou répété aux obligations de l’adhérent
vis-à-
vis de l’organisme agréé entraîne normalement
son exclusion, sans
préjudice des sanctions fiscales pouvant, le cas échéant, être prononcées à
s
on encontre. L’adhérent doit être mis en mesure, avant toute décision
d’exclusion, de présenter sa défense.
Son exclusion
peut faire l’objet d’un
recours devant une juridiction de l’ordre judiciaire.
Les adhérents sont fréquemment tenus par les statuts des
organismes agréés de signaler les résultats des contrôles fiscaux dont ils
font l’objet.
En pratique,
une proportion importante d’adhérents ne sont
pas au courant de cette obligation. Selon les enquêtes de satisfaction
menées par les fédérations d’organis
mes agréés, sur 1 500 et 4 000
adhérents interrogés, c’était le cas de 21 % des adhérents d’associations
agréées et de 38 % des adhérents de centres agréés.
L
’organisme agréé peut exclure un adhérent qui
méconnaît
délibérément l’application d’une règle fiscale. La procédure de l’article
L. 166 du livre des procédures fiscales
52
délie l’administration fiscale du
secret professionnel et l’oblige à transmettre cette information au
président de l’organisme agréé concerné.
52
Article L. 166 du livre des procédures fiscales : «
L'administration des impôts doit
communiquer aux présidents des centres de gestion agréés ou des associations
agréées, les renseignements qui sont nécessaires à ces organismes pour leur
permettre de prononcer, en tant que de besoin, l'exclusion des adhérents qui ne
respectent pas les obligations leur incombant en vertu des statuts ou du règlement
intérieur de ces centres de gestion ou associations. Ces renseignements peuvent
porter sur la nature et le montant des rectifications dont l'adhérent a fait l'objet
».
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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UNE AMÉLIORATION DE LA SINCÉRITÉ FISCALE NON DEMONTRÉE
95
Cette procédure semble toutefois appliquée de manière hétérogène.
Certains organismes agréés indiquent ne pas être informés par
l’administration fiscale des rectifications dont leurs adhérents ont fait
l’objet. D’après un bilan e
ffectué par la DGFiP en novembre 2011, 43 %
des agents chargés du suivi des organismes agréés dans les DD/DRFiP
indiquent qu’il n’y a pas de suivi de cette procédure, tandis que 38 % sont
sans opinion et que seuls 19 % indiquent procéder à un tel suivi.
Pourtant, une note du directeur général des impôts de 2000 avait
déjà identifié cette situation et enjoint aux services déconcentrés de
recourir de façon plus systématique à la procédure de l’article L. 166, y
compris pour les redressements significatifs effectués en contrôle sur
pièces. Alors que
le système des organismes agréés, pour qu’il
fonctionne, implique une interaction avec l’administration fiscale
,
en
l’état actuel, on constate davantage une juxtaposition qu’une interaction.
De
plus
,
même
si
l’organisme
agréé
est
informé
par
l’administr
ation des rectifications effectuées sur ses adhérents, les suites
données sont hétérogènes. Les adhérents ne sont pas systématiquement
exclus de l’organisme agréé. Les données relatives au nombre
d’exclusions suite à la procédure de l’article L. 166 sont d’ailleurs très
variables selon les années, sans que la DGFiP soit en mesure de fournir
des explications.
Tableau n° 9 :
n
ombre d’exclusions suite à la procédure de l’article
L. 166 du livre des procédures fiscales
Source : DGFIP
–
états OA1
La DGFiP a publié le 24 décembre 2013 une note de service
rappelant le dispositif prévu par l’article L. 166 du livre des procédures
fiscales. Elle précise notamment le contenu des informations à
communiquer aux organismes agréés et les suites à effectuer. Ces
Nombre d'exclusions suite à
L.166
2009
6
2010
70
2011
6
2012
11
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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96
COUR DES COMPTES
instructions sont
de nature à améliorer la mise en œuvre des dispositions
de l’article L. 166.
Parallèlement
au
renforcement
des
missions
fiscales
des
organismes agréés
, l’administration devrait intégrer pleinement dans sa
stratégie de contrôle fiscal les
vérifications qu’ils effectuent.
Cela passe par la mi
se en œuvr
e effective par la DGFiP de son
obligation d’indiquer aux organismes agréés les adhérents ne respectant
pas leurs obligations fiscales, conformément à l’article L. 166 du livre des
procédures
fiscales, et d’analyser les suites qui y sont données par les
organismes concernés. Cette information permettrait aux organismes
agréés de suivre plus attentivement le dossier des contribuables déjà
redressés.
V - Une réorientation nécessaire : élargir les
missions fiscales des organismes agréés
L’impact des organismes agréés en matière de sincérité fiscale est
au final difficile à démontrer. Si la fréquence des redressements est
quasiment identique chez les adhérents et les non adhérents aux
organismes de gestion agréés, le montant de ces redressements et les
pénalités appliquées sont moins importants.
Ce n’est pas une preuve de l’efficacité
des organismes de gestion
agréés car il est probable que les adhérents sont spontanément plus
enclins au civisme fiscal que les non adhérents
Ce n’est pas non plus
une garantie de sincérité fiscale car les
irrégularités mises en évidence par les contrôle de la DGFiP restent
importantes.
Par ailleurs, les organismes agréés ont une utilité en matière de
gestion de l’impôt. Il contribuent au respect des délais de dép
ôt des
déclarations par les contribuables et à la dématérialisation des
déclarations. Ils exerc
ent surtout un rôle d’intermédiation utile entre
l’administration fiscale et les entrepreneures individuels.
Afin de renforcer les garanties fournies par les organismes agréés
sur la régularité des déclarations fiscales, il
apparaît nécessaire d’élargir
leurs
missions et les moyens dont ils disposent pour examiner ces
déclarations. Cela revient à rééquilibrer le bilan des organismes agréés
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UNE AMÉLIORATION DE LA SINCÉRITÉ FISCALE NON DEMONTRÉE
97
pour la collectivité
en exigeant davantage de plus-value de leurs travaux,
en contrepartie de
l’
avantage fiscal consenti à leurs adhérents.
Différentes pistes sont envisageables pour enrichir les missions des
organismes agréés.
En premier lieu, elles pourraient être étendues à de nouvelles
déclarations,
comme
les
taxes
assises
sur
les
salaires
(taxe
d’apprentissage, FPC, PEEC)
53
, la CVAE
54
, le CICE
55
, ou les
déclarations sociales des indépendants
56
. En particulier, l’extension des
missions des organismes agréés aux déclarations de cotisations et
contributions sociales des indépendants apparaît être une voie féconde à
la fois pour améliorer le suivi en matière sociale de cette population
nombreuse et hétérogène, dans un contexte de graves difficultés
rencontrées lors de la mise en œuvre du régime social des indépendants et
de l’interlocuteur social unique à partir de 2008
57
, et pour renforcer
l’articulation entre déclarations fiscales et sociales.
Ensuite, les contrôles des organismes agréés pourraient être
étendus aux pièces justificatives des dépenses, avec éventuellement la
possibilité de demander des informations à des tiers sur une base
volontaire, par exemple aux fournisseurs. Les résultats de ces nouveaux
contrôles devraient être retracés dans le compte rendu de mission.
53
Au regard des bases déclarées sur la DADS, l’organisme agréé s’assurerait que les
dépenses libératoires ont été réalisées ou à défaut qu’un borde
reau de liquidation
accompagné du paiement de la cotisation a été déposé auprès du service des impôts
aux entreprises (SIE).
54
A partir des déclarations n° 1330 et 1339, vérification de l’assujettissement à la
CVAE, cohérence de la valeur ajoutée déclarée par rapport à la liasse fiscale,
cohérence des chiffres d’affaires déclarés, cohérence des NIC déclarés (5 derniers
caractères du numéro SIRET), ventilation des acomptes payé.
55
Contrôle de concordance entre les rémunérations déclarées aux organismes sociaux
(bordereau RC) et celles portées sur l’imprimé n° 2079 souscrit auprès de la DGFiP.
56
Contrôle de concordance entre le résultat fiscal déclaré dans la déclaration de
résultats à la DGFiP et le résultat déclaré dans la déclaration sociale au Régime social
des indépendants.
57
Cour des comptes, Rapport Sécurité sociale 2012
, Chapitre VII « Le régime social
des indépendants et l’interlocuteur social unique
», septembre 2012.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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98
COUR DES COMPTES
Enfin, la contribution des organismes agréés
à la gestion de l’impôt
pourrait
être
améliorée
dans
deux
directions
:
l’
obligation
de
télétransmission de déclarations professionnelles
pourrait être étendue
(déclaration au titre du CICE, suivi des créances fiscales) ; en matière de
comptabilité dématérialisée, ils pourraient être chargés du contrôle du
respect des nouvelles règles de format des fichiers imposées
par l’article
L. 47 A-1 du livre des procédures fiscales et leurs adhérents seraient
soumis à une obligation de tenue de comptabilité sous format
dématérialisé.
L’extension
ainsi envisagée de leurs missions fiscales aurait
plusieurs avantages. Les vérifications effectuées sur les déclarations
fiscales des entreprises individuelles seraient approfondies, dans un
contexte où l’administration fiscale n’est en mesure de réaliser des
contrôles fiscaux qu’avec une fréquence moyenne très réduite
58
.
L
’effectivité des vérifications des
organismes agréés serait renforcée par
l’accès aux pièces justificatives des dépenses, alors qu’a
ctuellement les
examens effectués ne permettent pas de déceler des irrégularités de fond.
Enfin, l’extension
des missions fiscales des intermédiaires est de nature à
contribuer à
améliorer le recouvrement de l’impôt sur le revenu, tout en
diminuant le coût de gestion de
l’impôt par l’administration
(moins de
relance et de taxations d’office).
Afin de renforcer la portée des contrôles des organismes agréés, un
durcissement des sanctions
en cas de non respect par l’adhérent de ses
obligations fiscales pourrait également être envisagé, notamment en
supprimant la possibilité pour un adhérent ayant fait l’objet de
pénalités
exclusives de bonne foi de bénéficier des avantages fiscaux (notamment
la non majoration) au titre de l’exercice redressé.
L’extension des missions des
organismes agréés appelle toutefois
une vigilance particulière. Sans remettre en cause les prérogatives de
l’administration en matière de contrôle fiscal, elle
revient à les impliquer
dans le contrôle de l’assiette de l’impôt sur le revenu des professionnels.
58
En 2010, les entreprises adhérant à un organisme agréé faisaient l’objet d’un
con
trôle sur pièces par l’administration tous les 62 ans alors que les non adhérents
étaient contrôlés tous les 47 ans, indépendamment de la taille de l’entreprise
.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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UNE AMÉLIORATION DE LA SINCÉRITÉ FISCALE NON DEMONTRÉE
99
Elle suppose donc un encadrement strict de leurs travaux et un contrôle
renforcé, assorti de sanctions le cas échéant.
__________
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
________
Quarante ans après la création des organismes agréés, des écarts
significatifs demeurent entre les travailleurs indépendants et les salariés
en matière de sincérité fiscale, même si la mesure de la sous-déclaration
reste imprécise. Les travaux de
l’Insee
montrent qu
’elle
représente
environ 25 % des bénéfices des entreprises individuelles. Par ailleurs, les
contrôles
menés par l’administration fiscale font apparaître des risques
de fraude spécifiques aux entreprises
à faible chiffre d’affaires et à faible
résultat fiscal.
La contribution des organismes agréés à l’amélioration de la
connaissance des revenus non salariaux est difficile à établir.
D’une part, il existe toujours une proportion significative
d’entrepreneurs individuels qui n’adhèrent pas de façon persistante aux
organismes agréés (30 % des professionnels au réel à l’impôt sur le
revenu). Ceux-ci ne font do
nc pas l’objet de vérifications annuelles de
leurs déclarations fiscales et présentent des risques de fraude plus élevés.
À l’égard de cette population «
réfractaire », le renforcement des
contrôles fiscaux apparaît comme la voie à privilégier, renforcement qui
serait facilité si l’amélioration des garanties qu’offre à l’administration
le passage par un organisme agréé lui permettait de dégager des marges
de manœuvre à cet effet.
D’autre part, le comportement fiscal des adhérents, apprécié à
partir des résultats des contrôles fiscaux, apparaît dans une certaine
mesure plus sincère (résultat fiscal déclaré plus élevé, montants des
redressements et pénalités plus faibles), bien que la proportion de
redressements soit identique chez les adhérents et non-adhérents et que
des anomalies significatives soient décelées sur certaines entreprises
individuelles, alors même qu’elles sont adhérentes d’organismes agréés.
Il n’est
cependant
pas possible d’établir si cette meilleure sincérité
fiscale résulte des travaux des
organismes agréés ou d’un biais de
sélection, les contribuables les plus sincères ayant une propension à
adhérer plus élevée.
Le recours aux organismes agréés n’apporte, en tout état de cause,
aucune garantie sur la sincérité fiscale des adhérents. Les anomalies
relevées chez les adhérents d’organismes agréés
au cours des
vérifications de la DGFiP sont en effet importantes.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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100
COUR DES COMPTES
En matière de gestion de l’impôt, les travaux des organismes
agréés permettent un allègement du coût pour l’administration fiscale e
n
accompagnant les entrepreneurs individuels dans leurs obligations
déclaratives. Les organismes agréés interviennent à la fois en amont
(assistance à la télé-
déclaration, aide à l’établissement des déclarations,
respect des délais de dépôt, relances) et en aval des déclarations fiscales
(observations qui peuvent conduire les adhérents à déposer des
déclarations rectificatives).
En revanche, l
’administration ne tient jusqu’à présent aucunement
compte des contrôles préalables effectués par les organismes agréés pour
programmer ses propres contrôles. Par ailleurs, elle ne communique pas
systématiquement aux organismes agréés les résultats de ses propres
contrôles fiscaux sur les adhérents, en contradiction avec ce que prévoit
le livre des procédures fiscales.
Au final, la contribution la plus importante des organismes agréés
réside dans leur rôle d’interface entre l’administration fiscale et les
entrepreneurs individuels. Cette fonction a permis, dès l’origine,
d’apaiser les relations entre l’administration et les petits entrepreneurs
et
d’améliorer le consentement à l’impôt des contribuables.
La Cour formule en conséquence les recommandations suivantes :
6.
étendre à de nouveaux impôts les missions de vérification des
organismes agréés (Loi et décret) ;
7.
é
largir à l’examen des pièces justificatives des dépenses les
missions des organismes (Loi et décret) ;
8.
améliorer la contribution des organismes agréés en matière de
télétransmission et de comptabilité dématérialisée (Loi et
décret) ;
9.
supprimer la possibilité pour un adhérent ayant fait l'objet de
pénalités exclusives de bonne foi de bénéficier des avantages
fiscaux (notamment la non majoration) au titre de l'exercice
redressé (Loi) ;
10.
v
eiller à la mise en œuvre effective de l’obligation pour
l’administration
d’indiquer
aux
organismes
agréés
les
adhérents ne respectant pas leurs obligations fiscales, et
analyser les suites qui y sont données par les organismes
concernés (DGFiP).
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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Chapitre IV
Un système peu efficient
Les organismes de gestion agréés sont un des trois piliers, avec les
experts-
comptables et l’administration fiscale, d’un système
complexe
qui a pour objet le suivi fiscal et l’accompagnement des entrepreneurs
individuels. Parallèlement à leurs missions fiscales, les organismes agréés
ont développé des missions annexes
d’accompagnement de ces
entreprises (formation, aide à la gestion)
dont l’utilité est limitée
et qui
font fréquemment double emploi avec les prestations qu’offrent le
s
professionnels de l’expertise comptable ou les chambres consulaires.
De
plus, ce dispositif apparaît globelement coûteux pour les entreprises.
D’une manière générale,
les relations des organismes agréés avec les
experts-comptables sont caractérisées par une trop forte dépendance et un
partage des tâches en matière de suivi des entreprises de plus en plus flou.
Enfin, l
e contrôle exercé par l’administration
sur les organismes agréés et
sur les professionnels de l’expertise comptable disposant du visa fiscal
devrait être harmonisé et renforcé.
I - Des missions annexes des OGA à
l’utilité
limitée
Afin d
’accroître le
nombre de leurs adhérents, les organismes
agréés ont développé des activités annexes à leurs missions fiscales. Des
réformes législatives leur ont
aussi confié de nouvelles missions, et de
nouveaux avantages liés à l’adhésion
, alors même que
l’utilité
de ces
missions n’est pas établie
.
A -
Le déclin de la mission de développement de la
comptabilité
Jusqu’en
2009,
l
es
adhérents
des
centres
agréés
avaient
l’obligation de recourir à un expert
-comptable, tandis que les adhérents
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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102
COUR DES COMPTES
d’associations agréés, sans être
soumis à cette obligation, étaient tenus de
présenter leurs
documents comptables simplifiés conformément à l’un des
plans comptables professionnels agréés
59
.
La loi de finances pour 2009 a supprimé le recours obligatoire à un
expert-comptable pour les adhérents de centres de gestion agréés.
Aujourd’hui, malgré ces nouvelles dispositions et
à cause de la
complexification croissante de la législation fiscale, la quasi-totalité des
petites entreprises semble avoir recours à un expert-comptable à des
degrés différents. La DGFiP ne recense cependant pas cette donnée dans
son application de suivi des organismes agréés et le
nombre d’adhérents
ayant recours à un expert-
comptable n’est pas précisément connu
.
Pour autant, l’obligation d’avoir recours à un expert
-comptable
pour adhérer à un organisme agréé, prévue dès la création des centres
agréés, était une composante forte du dispositif visant à renforcer le
civisme fiscal des petites entreprises.
B -
L’aide à la gestion
Dès leur création, les centres de gestion agréés ont eu pour mission
d’apporter à leurs adhérents une aide à la gestion à travers l’analyse de
données comptables
60
.
À cette fin, les centres de gestion agréés fournissent chaque année
à leurs adhérents placés sous un régime réel d’imposition un dossier
de
gestion
de l’entreprise
61
. Ce dossier de gestion contient des ratios (marges
commerciales, valeur ajoutée, rendement des unités de production, durée
moyenne du crédit accordé aux clients, durée moyenne du crédit obtenu
59
L’arrêté du 30 janvier 1978 du ministre de l’économie
avait établi une
nomenclature comptable pour les professions libérales et les titulaires de charges et
offices.
60
Art. 1649 quater C et art. 371 A de l’annexe II du CGI.
61
Il s’agit notamment de
ratios et
d’
éléments financiers dont la liste est fixée par
arrêté.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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UN SYSTÈME PEU EFFICIENT
103
des fournisseurs, ratio de solvabilité à court terme, etc.) et un tableau de
financement accompagnés d’un commentaire personnalisé, relatif à la
situation de l’entreprise, tant sur le plan de sa structure fin
ancière que de
sa rentabilité. À partir de la deuxième année, le dossier de gestion est
complété par une analyse comparative des comptes de résultats et des
bilans par rapport aux entreprises similaires du même secteur
professionnel. Les associations agréées ne sont pas concernées par la
transmission du dossier de gestion.
Alors même q
u’aucun bilan n’avait été réalisé sur l’utilité du
dossier de gestion, la loi du 2 août 2005 en faveur des petites et moyennes
entreprises
62
a confié une nouvelle mission aux centres de gestion agréés
en matière de prévention des difficultés économiques et financières de
leurs adhérents.
Les centres de gestion agréés ont ainsi l’obligation de fournir
annuellement, en complément du dossier de gestion, un dossier de
prévention (ou document de synthèse) présentant l’évolution sur trois
années des principaux indicateurs de fonctionnement de l’entreprise
(variation des stocks, ratio des emprunts, nature des immobilisations,
besoin en fonds de roulement), notamment en les comparant avec les
statistiques professionnelles afin de mettre en évidence le positionnement
de l’entreprise par rapport
à son
secteur d’activité et d’éventuelles
faiblesses.
Le cas échéant, l’adhérent est alors invité à contacter
un
interlocuteur adapté : avocat, expert-comptable, c
entre d’
information et
de prévention, etc.
Le dossier de gestion et le dossier de prévention forment le dossier
d’analyse
économique et financière fourni chaque année par les
organismes agréés à leurs adhérents. Ce dossier était fourni dans un délai
de neuf mois suivant la clôture de l’exercice lorsqu’il coïncid
ait avec
l’année civile
et dans un délai de six mois lorsque l’exercice comptable ne
coïncidait
pas avec l’année civile
63
. À partir du 1
er
janvier 2014, le délai
62
Art. 8 et 9 de la loi n° 2005-882 du 2 août 2005 en faveur des petites et moyennes
entreprises (art. 1649 quater C et F du CGI).
63
Art. 371 E de l’annexe II au CGI.
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104
COUR DES COMPTES
de transmission est harmonisé à neuf mois quelle que soit la date de
clôture de l’exercice
64
.
Cette modification du délai répond à une demande constante des
organismes agréés pour leur permettre de délivrer les dossiers
prioritairement à leurs adhérents qui connaissent des difficultés
économiques.
En 2012, le taux de réalisation des
dossiers de gestion
dans les
délais (six mois) était de 79 %. Les centres de gestion agréés ne sont donc
pas en mesure de traiter l’ensemble des dossiers dans les six mois suivant
la réception des déclarations de résultat. Ceci a pour conséquence la
constitution d’un stock d
e dossiers non traités. L
’allongement d
u délai de
transmission réduit
l’utilité
du dossier de gestion : si une trajectoire à
risque est décelée (trésorerie insuffisante, charges dynamiques, marge
faible, etc.
), la mise en œuvre de mesures correctrices par l’entreprise
risque d’être trop tardive.
Tableau n° 10 :
le suivi de la réalisation des dossiers de gestion
Source : DGFiP
64
Décret n° 2013-1034 du 15 novembre 2013 relatif aux centres de gestion et
associations agré
és et aux professionnels de l’expertise comptable.
Déclarations
reçues
Stock au
31/12/N
Dossiers
réalisés (total )
Dossiers réalisés
dans les délais
réglementaires
2002
763 401
140 345
761 938
684 111
2003
790 441
139 573
781 895
710 950
2004
787 215
140 730
782 730
715 122
2005
762 531
135 143
764 452
697 039
2006
737 534
137 034
740 074
663 183
2007
739 881
118 946
688 204
614 462
2008
721 091
134 897
703 720
598 294
2009
710 077
118 810
719 018
601 916
2010
689 539
100 465
697 973
572 948
2011
640 896
102 660
627 151
505 262
2012
673 439
106 776
658 186
518 438
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UN SYSTÈME PEU EFFICIENT
105
Le
dossier de prévention
permet aux organismes agréés de détecter une
proportion non négligeable
d’
entreprises en difficulté. Entre 7 et 8 % des
dossiers examinés par les organismes agréés présentent des difficultés
économiques.
Tableau n° 11 :
examen des dossiers dans le cadre de la prévention
des difficultés des entreprises
Année
Dossiers
examinés
Dossiers
présentant des
difficultés
économiques
Dossiers
réalisés dans le
délai
réglementaire
2010
1 005 014
8 %
88 %
2011
970 626
7 %
85 %
2012
1 010 125
7 %
88 %
Source : DGFiP
–
(données disponibles
qu’à partir de 2010)
Pour autant, cette nouvelle mission confiée aux organismes agréés
présente plusieurs limites. Une proportion encore élevée
–
12 % en 2012
–
de dossiers de prévention ne sont pas réalisés dans les délais
règlementaires, soit 6 ou 9 mois suivant la date de clôture des exercices
65
.
De plus,
il n’existe pas de données permettant d’évaluer si les
recommandations visant à assurer le redressement de certaines situations
difficiles sont suivies d’effet
.
Plus fondamentalement, le document de synthèse transmis à
l’entreprise semble faire double emploi avec le dossier de gestion
transmis également chaque année dans des délais proches. Sa plus-value
réside dans le fait qu’il est également transmis aux professionnels
libéraux par les associations agréés, alors que ces dernières ne sont pas
tenues de faire un dossier de gestion. le document de synthèse est très
largement automatisé et la part des recommandations personnalisées pour
chaque entreprise est très faible voire inexistante.
65
À partir du 1
er
janvier 2014, le délai de transmission est harmonisé à neuf mois
quelle que soit la date de clôture de l’exercice.
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106
COUR DES COMPTES
Par ailleurs,
les professionnels de l’expertise comptable peuvent
établir des documents comparables aux dossiers de gestion et de
prévention
produits
par
les
organismes
agréés.
Ces
documents
poursuivent les mêmes finalités : examiner la situation de
l’exploitation et
engager des actions en vue d’améliorer la gestion et le résultat
d’exploitation. Toutefois, ce service fait l’objet d’une facturation
contrairement à celui rendu par les organismes agréés dont le coût est
inclus dans la cotisation annuelle.
De manière générale, la transmission du document de synthèse et
des recommandations est trop tardive lorsque les entreprises se trouvent
réellement en difficulté puisqu’elle intervient plusieurs mois après le
dépôt de la déclaration de résultats. Pour ces entreprises, seuls les
professionnels de l’expertise comptable en tant que conseils de
l’entreprise
peuvent
réellement
inciter
à
prendre
des
mesures
conservatoires. De plus, les difficultés des TPE sont majoritairement liées
à la situation des entrepreneurs
, notamment en cas de maladie, d’accident
ou de séparation. Pour la majorité des entreprises, les organismes agréés
ne peuvent que déceler une tendance risquée
dans l’évolution des données
économiques (charges trop élevées, marge en diminution, etc.).
Au
total, l’utilité du dossier de prévention des difficultés
économiques apparaît limitée pour les entreprises adhérentes. Les
données qui présentent une utilité réelle pour les petites entreprises sont
les comparaisons avec les résultats des entreprises du même secteur
professionnel aux niveaux régional et national. Ces données, qui sont
élaborées à partir des statistiques que recueillent les organismes agréés,
figurent déjà dans les dossiers de gestion.
Dans
le
prolongement
de
leurs
missions
obligatoires
les
organismes
agréés
peuvent
fournir
à
leurs
adhérents
une
aide
personnalisée complémentaire dans le cadre de l'assistance en matière de
gestion. Ces prestations devraient être facultatives et faire l'objet d'une
facturation distincte, en sus de la cotisation.
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UN SYSTÈME PEU EFFICIENT
107
C -
La formation
Les organismes de gestion agréés doivent assurer une mission de
formation
66
à l'intention de leurs adhérents ou du représentant désigné par
l’adhérent
(conjoint ou salarié par exemple), portant sur des thèmes tels
que les nouveautés fiscales et sociales, la gestion, la comptabilité, etc.,
sous la forme de cours théoriques ou de stages
67
. L’intervention des
organismes de gestion agréés est par conséquent de nature à améliorer
leur connaissance de la législation et à prévenir les incidents pouvant
notamment se traduire par des rectifications en matière fiscale ou sociale.
Depuis 2007, le
nombre d’actions de formation effectuées chaque
année par les organismes de gestion agréés oscille entre 11 000 et 12 000,
avec une baisse marquée (-18,4 %) entre 2010 et 2011. Elles rassemblent
en moyenne 10 bénéficiaires par formation, chiffre en baisse tendancielle
(-13 % entre 2002 et 2011).
Tableau n° 12 :
n
ombre annuel d’actions de formation effectuées par
l’ensemble des organismes agréés de 2007 à 2012
Source : DGFiP
66
La mission de formation des organismes agréés est définie à l’article
371 A de
l’annexe II du code général des impôts (centres de gestion agréés) et à l’article 371 M
de l’annexe II du code général des impôts (associations de gestion agréées)
.
67
En général, le coût des formations est couvert par la cotisation de l’adhérent
mais
une participation financière peut être demandée pour des formations très spécifiques
avec la mise en œuvre de moyens adaptés.
Nombre d'actions
de formation
Nombre de
participants
Nombre
d'adhérents
bénéficiaires par
formation
2002
12 018
130 955
11
2003
12 476
134 969
11
2004
13 207
142 082
11
2005
13 253
137 458
10
2006
12 356
119 613
10
2007
11 622
107 784
9
2008
12 268
107 079
9
2009
11 858
101 438
9
2010
12 219
94 926
8
2011
10 477
90 224
9
2012
10 154
86 864
9
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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108
COUR DES COMPTES
Les organismes agréés ne sont pas seuls à proposer des formations
dans le domaine fiscal aux entrepreneurs individuels : c
’est aussi le cas
des chambres consulaires.
Les missions annexes des organismes agréés sont moins valorisées
par les adhérents que leurs missions fiscales. D’après une enquête de
satisfaction menée p
ar des fédérations d’organismes agréés sur un
échantillon non représentatif, les adhérents considèrent que la principale
utilité des organismes agréés réside dans leurs missions fiscales (sécurité
fiscale, gestion des obligations administratives, meilleure perception de
l’administration fiscale, meilleure connaissance des obligations fiscales).
Les résultats de ces enquêtes figurent en annexe n° 13.
Dans la mesure où elles apparaissent largement redondantes par
rapport
à
celle
d’autres
acteurs
(organisatio
ns
professionnelles,
organismes consulaires), il pourrait être envisagé de rendre facultatives
les
missions
annexes
des
organismes
agréés
(dossier
d’analyse
économique et financière, formation). Ceci permettrait de dégager des
marges de manœuvre pour un re
centrage des organismes agréés sur leurs
missions fiscales, davantage sources de valeur ajoutée pour la collectivité.
II - Un dispositif globalement coûteux pour les
adhérents
La DGFiP exploite une application de suivi des organismes agréés
dont les données proviennent d’états déclaratifs remplis chaque année par
ceux-
ci. Les données ne sont disponibles que jusqu’en 2012.
Les organismes agréés réalisaient en 2012 un chiffre d’a
ffaires
global de 243 M€, soit près de 564
000 € par organisme agréé.
Ce chiffre
d’affaires correspond au montant des cotisations perçues auprès des
adhérents ainsi qu’aux autres ressources perçues au titre de leurs missions
accessoires (actions de formation personnalisées, transmission par
l’adhérent des déclarations sur un support
différent de celui requis, etc.).
Les organismes agréés touchent également d’autres produits, non
compris dans le chiffre d’affaires, correspondant à des produits de
placements financiers ou immobiliers ou des produits exceptionnels. Ils
représentaient 10 M€ en 201
2 soit 4
% du chiffre d’affaires, et
24 000
€
par organisme agréé.
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UN SYSTÈME PEU EFFICIENT
109
Ils reçoivent enfin, de manière plus marginale, des subventions de
l’É
tat, des régions, des départements, des communes et de leurs
établissements publics. Ces subventions ne sont pas comprises dans le
chiffre d’affaires. Ils ont interdiction de recevoir de manière directe ou
indirecte des subventions de la part de leurs membres fondateurs.
Tableau n° 13 :
ressources financières et trésorerie des organismes
agréés
En €
Chiffre
d’affaires
Autres
produits
(placements,
etc.)
Trésorerie
Emprunts
souscrits
Cession
d’immobilisations
Subventions
2009
268 504 723
12 518 559
278 617 655
326 545
4 500 970
258 426
2010
241 606 119
9 052 247
281 803 532
632 389
3 249 678
256 584
2011
234 289 302
10 328 658
280 168 963
2 230 409
3 361 000
311 383
2012
243 872 912
10 375 190
298 117 223
2 167 541
2 533 362
201 495
Source : DGFiP
Les organismes agréés disposent
d’une
trésorerie très importante
représentant 298 M€
au 31 décembre 2012, soit 690
000 € par organisme
ou encore plus de 120 % du chiffre d’affaires moyen.
Cette trésorerie
regroupe les disponibilités et les sommes investies en valeurs mobilières
de placement s
ans qu’il soit possible de les distinguer. En l’état actuel,
elle permettrait de payer plus de deux années de salaires.
Il semble que cette situation résulte de plusieurs facteurs : une
accumulation de cotisations durant plusieurs années, des gains de
pro
ductivités liés à l’informatisation des processus sans réduction des
cotisations, et le fait que certains organismes agréés appellent les
cotisations de leurs adhérents plus d’un an avant la réalisation des travaux
sur leurs déclarations
68
. Les représentants des organismes agréés justient
68
Par exemple, une entreprise clôturant ses comptes au 31 décembre de l’année
n’aura payé sa cotisation en tout début d’année
n. L’organisme agréé aura en
trésorerie le montant de cette cotisation mais n’effectuera les travaux (dossier de
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110
COUR DES COMPTES
également ce haut niveau de trésorerie par la nécessité de prévoir les frais
résultant d’une éventuelle fin d’activité (financement des indemnités de
licenciement notamment).
Les organismes agréés étant constitués sous forme associative,
l’emploi de ces ressources n’est soumis à aucune obligation
. Toutefois,
les auditeurs de la DGFiP doivent, lors du contrôle, examiner la situation
financière de l’organisme, notamment la part de la trésorerie par rapport
au chiffre d’affair
es, et la part des capitaux propres par rapport au passif.
Ils devraient également examiner, en présence de valeurs mobilière de
placement, quels types de placements ont été opérés. En pratique, ces
éléments sont peu renseignés par les contrôleurs dans l’é
chantillon de
rapports
d’audit que la Cour a examiné.
Les services déconcentrées de la DGFiP qui exercent la tutelle des
organismes
agréés,
notamment
en
participant
aux
conseils
d’administration, indiquent n’examiner
leurs comptes
que pour s’assurer
de leur viabilité. En revanche, en raison du statut associatif des
organismes agréés, ils estiment ne pas avoir les moyens de peser sur le
montant de la trésorerie, ni sur le niveau de la cotisation, tant que le
montant de la cotisation est identique pour tous les adhérents.
La règlementation impose en effet
un principe d’un
icité de la
cotisation pour tous les adhérents, quelle que soit leur qualité, leur régime
d’imposition ou la complexité de leur dossier. La
principale exception à
ce principe concerne les en
treprises soumises à l’impôt sur le revenu au
régime micro, y compris les auto-entrepreneurs, dans la mesure où les
contrôles effectués sur ces adhérents sont plus légers que ceux réalisés
pour un adhérent soumis à un régime simplifié d’imposition ou au ré
gime
réel.
L’existence d’un niveau élevé de
trésorerie dans les organismes
agréés soulève des interrogations relatives au niveau des cotisations que
doivent payer les entreprises adhérentes. Le montant moyen de la
cotisation aux organismes agréés est proche de 200 €.
Il a connu une
gestion, vérification fiscale, compte rendu de mission) qu’à la fin du premier semestre
de l’année n+1, après le dépôt de la déclaration fisca
le en mai n+1.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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UN SYSTÈME PEU EFFICIENT
111
légère baisse entre 2005 et 2008, avant de repartir à la hausse depuis lors.
En 2012, la cotisation minimale pour un adhérent s’élevait à 52 € et la
cotisation maxi
male à 942 €.
Tableau n° 14 :
évolution du montant moyen de la cotisation des
adhérents
Source : DGFiP
Il importe donc que la DGFiP veille, à l’occasion des audits ou lors
de sa participation aux conseils d’administration des organismes agréés à
ce que leur gestion n’aboutisse pas à une accum
ulation de trésorerie
injustifiée.
Davantage de transparence serait également de nature à résorber
les excédents injustifiés au cas par cas. Il conviendrait que la DGFiP
publie et rende aisément accessible sur le site impots.gouv.fr la liste
nationale des organismes agréés et le montant de leur cotisation.
Du côté des dépenses, l’essentiel des charges d’exploitation des
organismes agréés tient aux salaires et à la rémunération de la sous-
traitance de certaines missions. En 2012, les dépenses de sous-traitance
représentaient globalement 5
% des charges d’exploitation.
Les sommes versées aux membres des
conseils d’administration,
toutes prestations confondues, s’élevaient en 2012 à 4,3 M€, soit 10
000 €
Montant moyen de la
cotisation (en €)
2002
203
2003
205
2004
207
2005
208
2006
205
2007
197
2008
193
2009
192
2010
195
2011
199
2012
205
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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112
COUR DES COMPTES
par organisme agréé, ce qui n’apparaît pas négligeable pour des
organismes constitués sous forme associative. Les indemnités des
administrateurs recouvrent trois cas :
les
rémunérations
pour
fonctions
électives
versées
aux
administrateurs, lorsqu’elles correspondent à une somme forfaitaire
versée en fonction de la participation aux réunions (sous réserve des
interdictions
inhérentes
aux
différentes
réglementations
professionnelles) ;
les rémunérations pour fonctions techniques versées dans le cadre de
la sous-traitance (dossiers de gestion, examens approfondis de
déclarations
fiscales,
animation
d'actions
de
formation
ou
d'information,
travaux
statistiques
ou
tenue
de
documents
comptables). Elles sont admises dans la mesure où elles sont
encadrées (envoi d'une lettre de mission à l'intervenant, fixation du
montant des honoraires en assemblée générale, réalisation effective
des travaux) ;
le remboursement de frais engendr
és par l’exercice des fonctions
d’administrateurs, dès lors qu’ils sont justifiés dans leur montant et
leur réalité et qu’ils sont inhérents à ces fonctions (frais de
déplacement, de repas, de séjour, etc.).
Certains organismes fonctionnent sur la base du bénévolat des
administrateurs. À
titre d’exemple, deux associations agréées de
chirurgiens-dentistes sont dans ce cas.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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UN SYSTÈME PEU EFFICIENT
113
Tableau n° 15 :
charges des organismes agréés
Source : DGFiP
Note
: certaines données ne sont pas disponibles avant 2010 en raison d’une
refonte du système statistique
III - Une ligne de partage floue entre professionnels
de l’expertise comptable et OGA
A -
Le visa fiscal accordé par les professionnels de
l’expertise comptable
Alors que la séparation en 2004 des activités de comptabilité et de
vérification fiscale des CGAH et la création des associations de gestion et
de comptabilité (voir encadré) devaient permettre de clarifier les rôles
entre les organismes agréés et les experts comptables, l’octroi en 2008 du
bénéfice du visa fiscal aux
professionnels de l’expertise comptable a
brouillé à nouveau la répartition des compétences.
La réforme de la profession comptable
La tenue de la comptabilité constitue souvent une difficulté pour les
travailleurs indépendants, notamment lorsqu’ils démarrent leur activité et il
s’agit donc d’un service dont ils sont particulièrement demandeurs. La tenue
de la comptabilité par un tiers constitue également une garantie pour
l’administration fiscale, car les risques d’irrégularité sont théoriquement
diminués.
En €
Salaires et
charges
sociales
Remboursem
ent de frais
versés aux
administrate
urs
Sommes
versées aux
administrate
urs -
fonctions
électives
Sommes
versées aux
administrate
urs -
fonctions
techniques
Sous-
traitance des
missions
obligatoires
hors
formation
Total des
charges
d'exploitation
2009
143 468 820
1 156 343
2010
124 005 577
1 014 554
1 356 637
2 944 960
13 810 873
234 672 762
2011
126 766 322
995 991
1 340 711
2 162 835
13 275 698
240 065 043
2012
131 807 036
933 770
1 473 574
1 928 548
12 806 445
247 076 899
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114
COUR DES COMPTES
Pour ces raisons, les centres de gestion agréés ont été habilités à tenir
la comptabilité de leurs adhérents en 1977. Dans tous les cas, la tenue de la
comptabilité ne s’impose pas à l’adhérent qui peut s’en charger lui
-même ou
avoir recours à un expert-comptable. Les centres de gestion qui pouvaient
tenir une comptabilité étaient qualifiés de centres de gestion agréés et
habilités (CGAH). L
’existence des CGAH constituait une exception au
monopole des experts-comptables dans la tenue de la comptabilité.
La réforme de la profession comptable introduite par l’ordonnance du
25 mars 2004 portant simplification et adaptation des condition
s d’exercice
de certaines activités professionnelles a toutefois modifié cette situation.
L’ordonnance a créé un nouveau type de structures, les associations de
gestion et de comptabilité (AGC), qui constitue la forme associative de
l’exercice de l’experti
se-comptable. Or, seuls les AGC et les experts-
comptables sont autorisés à tenir une comptabilité depuis le 1
er
janvier 2009.
Les CGAH qui souhaitaient continuer leur activité ont dû alors se scinder
entre un centre de gestion agréé « classique » et une « AGC » en veillant à
maintenir une séparation stricte entre ces deux types d’activité.
Les débats parlementaires sur les lois de finances et lois de
finances rectificatives depuis fin 2006 ont souligné que l’application de la
majoration de 25
%, bien qu’équivalente à l’ancien abattement de 20
%,
pouvait conduire les contribuables à se sentir contraints
d’adhérer à un
organisme agréé.
Ces différents débats ont abouti fin 2008 à l’adoption du dispositif
dit du « visa fiscal
» dans l’article 10 de la loi de fi
nances pour 2009. Ce
dispositif permet d’être dispensé de la majoration de 25
% non seulement
en adhérant à un organisme agréé mais également en recourant aux
services d’un professionnel de l’expertise comptable (experts
-comptables
libéraux ou associations de gestion et de comptabilité) autorisé à cette fin
par l’administration fiscale et ayant signé avec elle une convention dans
laquelle il s’engage à réaliser un certain nombre de vérifications,
similaires à celles réalisées par les organismes agréés. Le visa fiscal ne
concerne que les déclarations de résultats et non les déclarations de TVA.
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UN SYSTÈME PEU EFFICIENT
115
Le visa fiscal
Pour pouvoir faire bénéficier leurs clients de la dispense de majoration
de leurs bénéfices, les professionnels de l’expertise comptable doivent :
-
disposer d’une autorisation délivrée par le commissaire du
Gouvernement auprès du conseil régional de l’ordre des experts
-comptables
dans le ressort duquel ils sont inscrits ;
-
conclure avec l’administration fiscale une convention portant sur une
période de trois ans et dans laquelle ils s’engagent
à ;
- viser les documents fiscaux transmis par leurs clients, ou les
documents fiscaux qu’ils établissent pour le compte de leurs clients, après
s’être assurés de leur régularité et avoir demandé à le
urs clients tous
renseignements utiles de nature à établir la concordance entre les résultats
fiscaux et la comptabilité ;
- procéder à un examen de cohérence et de vraisemblance du résultat
déclaré à partir notamment de ratios économiques et financiers ;
- dématérialiser et à télétransmettre aux services fiscaux, selon la
procédure prévue par le système de transfert des données fiscales et
comptables, les déclarations de résultats de leurs clients, leurs annexes et les
autres documents les accompagnant ;
- fournir annuellement à leurs clients ou adhérents commerçants ou
artisans un dossier de gestion ;
- fournir annuellement à leurs clients ou adhérents un dossier
d’analyse économique en matière de prévention des difficulté
s économiques
et financières ;
- se soumettre à un contrôle spécifique déf
ini par l’administration
fiscale.
Pour autant, l’octroi du visa fiscal aux professionnels de l’expertise
comptable pose plusieurs difficultés :
il revient sur la séparation des organismes agréés et des professionnels
de l’expertise comptable engagée depuis la réforme de la profession
comptable en 2004 ;
il peut être contestable sur le principe que les professionnels de
l’expertise comptable puissent à la fois être juges et parties,
c
’est
-à-
dire qu’ils élaborent les déclarations de résultats de leurs
clients puis qu’ils vérifient leur cohérence et leur vraisemblance
;
les professionnels de l’expertise comptable délivrant le visa fiscal
n’ont pas les mêmes obligations ni les mêmes conditions d’exercice
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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116
COUR DES COMPTES
que les organismes agréés. Par exemple, ils ne transmettent pas de
compte rendu de mission à l’administration retraçant les résultats de
leurs vérifications. De même, ils ne font pas l’objet d’un contrôle de
qualité par l’administration
elle-même mais par leurs pairs dans le
cadre de l’ordre des experts
-comptables.
En pratique,
la possibilité d’accorder un
visa fiscal est peu
demandée
par les professionnels de l’expertise comptable. Depuis 2010,
seules 82 conventions au titre du visa fiscal ont été signées entre la
DGFi
P et les professionnels de l’expertise comptable. En revanche, il
concerne proportionnellement plus les associations de gestion et de
comptabilité que les experts-comptables puisque des conventions ont été
signées avec 34 des 230 associations de gestion et de comptabilité en
France et seulement 48 des 19 000 experts-comptables en France. Ainsi,
15 % des AGC possèdent le visa fiscal contre seulement 0,2 % des
experts-
comptables. Au total, 0,4 % des professionnels de l’experti
se
comptable
ont la possibilité d’accorder un
visa fiscal.
La proportion d’entrepreneurs faisant vérifier leurs déclarations
fiscales par un professionnel de l’expertise comptable avec le visa fiscal
et
non
par
un
organisme
agréé
n’est
pas
connue.
Elle
e
st
vraisemblablement assez faible dans la mesure où seuls 15 % des AGC et
0,2 % des experts-
comptables possèdent le visa fiscal, alors qu’ils
représentent respectivement 18 % et 82 % des parts de marché sur les
TPE-PME.
Au final, l’activité d’intermédiaire fiscal peut aujourd’hui être
exercée par différentes entités, en l’occurrence par les organismes agréés
et par les professionnels de l’expertise comptable pouvant accorder le
visa fiscal. A
lors qu’ils sont censés avoir les mêmes missions en matière
fiscale, ils
ne sont pas soumis aux mêmes conditions d’exercice.
Afin d’harmoniser les conditions dans lesquelles s’exercent les
missions
de
vérification
fiscale
des
entreprises
individuelles,
il
conviendrait de r
endre obligatoire la transmission d’un compte r
endu de
mission par les professionnels de l’expertise comptable pouvan
t accorder
le visa fiscal
. Cela permettrait d’améliorer le suivi des travaux de contrôle
des viseurs fiscaux alors qu’actuellement ce suivi est réalisé de façon
triennale lors du contrôle de qualité opéré par le conseil supérieure de
l’ordre des experts
-comptables.
De même, toutes les mesures de renforcement des missions fiscales
des organismes agréés proposées plus haut (recommandations 6, 7 et 8),
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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UN SYSTÈME PEU EFFICIENT
117
devraient également être appliquées aux experts comptables bénéficiant
du visa fiscal.
Enfin, devrait être institué un contrôle par la DGFiP des
professionnels de l’expertise comptable accordant le visa fiscal, dans les
mêmes conditions que pour les organismes agréés.
Aujourd’hui, les audits
sont
réalisés
par
l’ordre
des
experts
-comptables
et
non
par
l’administration alors les missions
sont quasiment identiques.
B -
La tenue de comptabilité des professions libérales
par les associations agréées
Contrairement aux centres de gestion agréés, il est admis par
l’administration fiscale que
les associations agréées peuvent tenir la
comptabilité de leurs adhérents professions libérales.
La tenue de comptabilité de leurs adhérents par les associations
agréées ne repose toutefois sur aucun fondement légal. En effet, la tenue,
la centralisation ou la révision des documents comptables des
professionnels libéraux relève, en principe, du monopole accordé aux
experts-comptables en application des dispositions
de l’ordonnance
n° 45-2138 du
19 septembre 1945 portant institution de l’Ordre des
experts-comptables
et
réglementant
le
titre
et
la
profession
d’exp
ert-comptable.
Il s’agit d’une
pratique qui permet aux associations agréées de tenir
la comptabilité de leurs adhérents. Cette pratique, autorisée par
l
’
administration fiscale,
s’est appuyée sur une réponse
ministérielle du
4 mars 1979 à M. Robert Ballanger
69
qui comparait la situation des
associations agréées à celle des CGAH pour lesquels l’habilitation à tenir
la comptabilité de leurs adhérents emportait la faculté de viser leur
comptabilité et leurs déclarations. Cette position a été reformulée
69
AN 4 mars 1979 n° 9876
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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118
COUR DES COMPTES
expressément
dans
l’instruction
ministéri
elle
du
3 mars 2011 et constamment reprise dans la doctrine administrative
70
.
Cette
disposition
ne
concerne
qu’un
nombre
limité
de
professionnels : 18
632 en 2011 d’après l’application de suivi des
organismes agréés, soit 5,2 % des adhérents BNC des associations
agréées, essentiellement des professions médicales et juridiques.
Elle devrait être soit supprimée soit, a minima, être réservée aux
associations agréées qui garantissent une stricte séparation entre la tenue
de comptabilité et la vérification des déclarations fiscales.
IV - Une trop forte dépendance des OGA par
rapport aux experts comptables
A -
Le principe d’indépendance des OGA vis
-à-vis des
professionnels de l’expertise comptable
Afin d’assurer la qualité
de leurs travaux, les organismes agréés
doivent respecter
un principe d’indépendance vis
-à-vis de leurs membres
fondateurs, en particulier des professionnels de l’expertise comptable. En
effet, le principe est celui d’une séparation entre celui qui élabore
la
comptabilité et les déclarations fiscales de l’entreprise et celui qui les
contrôle. Les organismes agréés doivent donc disposer de moyens
matériels et humains suffisants pour pouvoir garantir leur indépendance
intellectuelle et financière.
Ce principe
d’indépendance et de séparation des activités a été
consacré depuis 2004 dans le cadre de la réforme de la profession
comptable. Il a été réaffirmé dans la Charte des bonnes pratiques des
organismes de gestions agréés élaborée en 2006 après concertation entre
les fédérations qui les représentent et
l’administration. Les modifications
70
Voir § 180 du bulletin officiel des impôts intitulé BOI-DJC-OA-20-10-20-20
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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UN SYSTÈME PEU EFFICIENT
119
réglementaires nécessaires à l’entrée en vigueur de certaines dispositions
contenues dans cette Charte ont été adoptées par décret en 2007.
Le principe d’
indépendance des organismes agréés
L’indépendance intellectuelle et financière des organismes agréés se
traduit par différentes règles :
- les organismes agréés doivent disposer de locaux propres. Si ces
locaux appartiennent aux membres fondateurs, le loyer versé doit être fixé
dans les conditions normales du marché ;
- les organismes agréés doivent disposer de mobilier et de matériels
qui leur sont propres En cas de mise à disposition auprès des organismes
agréés de matériels par leurs membres fondateurs, des contrats ou des
conventions doivent être rédigés, avec un loyer fixé dans les conditions
normales du marché ;
-
les salariés doivent être titulaires d’un contrat de travail à temps
complet ou à temps partiel conclu avec l'organisme agréé lui-même ;
- la sous-traitance d
’une partie de ces missions auprès de prestataires
extérieurs (personnes physiques ou morales) peut être réalisée dans la mesure
où les organismes agréés conservent la responsabilité et la maîtrise
intellectuelle des travaux réalisés par des tiers. Les dépenses de sous-traitance
ne doivent pas représenter
plus de 30 % des charges d’exploitation
;
-
les conseils d’administration des organismes agréés doivent
regrouper les membres fondateurs, au moins un tiers d’adhérents, et au plus
un tiers de membres associés (tous les membres autres que fondateurs ou
adhérents) ;
-
le montant global de l’indemnité versée aux administrateurs de
l’organisme est plafonné
;
- les centres de gestion ne doivent percevoir ni subventions directes ni
indirectes de leurs membres fondateurs.
B -
En pratique, une trop forte dépendance
Du fait de leurs conditions de création, les organismes agréés se
caractérisent par une forte proximité avec les autres acteurs agissant dans
l’accompagnement des TPE. En effet, les membres fondateurs de cen
tres
ou d’associations agréés peuvent être
:
soit des experts comptables ou des sociétés membres de l'ordre ;
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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120
COUR DES COMPTES
soit des organismes consulaires comme les chambres de commerce et
d'industrie territoriales, les chambres de métiers et de l'artisanat de
région ou les chambres d'agriculture ;
soit
des
organisations
professionnelles
légalement
constituées
d'industriels, de commerçants, d'artisans, d'agriculteurs, de membres
de professions libérales ou de titulaires de charges et offices.
En pratique, si les organismes consulaires et les organisations
professionnelles ont participé à la création d’organismes agréés, ils se
sont depuis
progressivement retirés des conseils d’administration des
organismes agréés, sauf dans le monde agricole où les organisations
professionnelles sont encore très présentes.
1 -
Le recours à la sous-traitance par les organismes agréés
Compte tenu de la très forte saisonnalité de leur activité, liée aux
dates de remise des déclarations fiscales, les organismes agréés ont
massivement recours à la sous-traitance. Les sous-traitants sont
principalement des membres de cabinets d’expertise comptable.
Le recours à la sous-traitance est encadré dans la Charte des
bonnes pratiques des organismes agréés élaborée en 2006 et ne doit pas
représe
nter plus de 30 % de leurs charges d’exploitation
.
Dans les dossiers qu’elle a examinés, la Cour a pu constater que le
respect des dispositions en matière de sous-traitance, notamment de la
règle de 30 %, est en progression et que la situation est globalement
conforme aux exigences réglementaires.
En revanche, bien qu’il soit parfois appliqué spontanément par les
organismes agréés, le principe selon lequel les centres ou les associations
ne confient pas les missions de contrôle à un professionnel étant ou ayant
été le conseil de l’adhérent n’a pas été repris dans le décret du
5 décembre 2007 qui a codifié certaines des dispositions de la Charte des
bonnes pratiques, alors même qu’il s’agit d’un aspect important de
l’indépendance de
s organismes agréés vis-à-vis des experts-comptables
auxquels ils ont recours. Ce principe est inscrit dans la doctrine
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UN SYSTÈME PEU EFFICIENT
121
administrative
71
mais
ne fait pas l’objet d’un point de contrôle dans les
audits de l’administration.
2 -
D
es conseils d’administration d’o
rganismes agréés où les experts
comptables sont très présents
Si la règlementation prévoit le principe d’un fonctionnement
autonome des organismes agréés tant sur le plan des moyens matériels et
en personnel que sur le plan de l’indépendance financière, de
s risques
apparaissent quant au fonctionnement des conseils d’administration.
Les organes dirigeants des organismes agréés ont pour mission de
veiller à ce que le centre ou l’association agréé soit géré en toute
indépendance. Les statuts doivent préciser les conditions de participation
à la gestion du centre ou de l'association des personnes qui ont pris
l'initiative de sa création, soit en qualité de président, soit en qualité de
membre du conseil d'administration.
Le conseil d’administration d’un organis
me agréé regroupe trois
catégories de membres : les membres fondateurs, les membres adhérents,
les membres associés, c’est
-à-dire tous les membres autres que les
membres fondateurs et les membres adhérents.
Cette répartition, définie dans la Charte des bonnes pratiques à
valeur réglementaire aboutit à des situations où une catégorie de
professionnels
(experts-comptables,
avocats
fiscalistes,
syndicat
professionnel, etc.)
peut
être
majoritaire
dans
les
conseils
d’administration d’organismes agréés, en étant
présente à la fois en tant
que membre fondateur et en tant que membre associé.
Certains bureaux et conseils d’administration sont effectivement
composés majoritairement
d’experts
-comptables. À
titre d’exemple, la
Cour a identifié un centre agréé et une association agréée dont les
conseils d’administration sont composés respectivement de 75
% et 66 %
d’experts
-comptables. Dans ces deux cas, les deux collèges de membres
71
Voir § 80 du bulletin officiel des impôts intitulé BOI-DJC-OA-20-20-20
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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122
COUR DES COMPTES
fondateurs et associés étaient constitués exclusivement d’experts
-
comptables. Une assoc
iation agréée contrôlée par l’administration en
2010 comportait un conseil d’administration dans lequel la frontière entre
membres fondateurs et associés n’était pas clairement définie et un
bureau auquel ne participait aucun représentant des adhérents. Désormais,
après avoir modifié ses statuts, cette même association est dirigée par un
conseil d’administration comportant 60
% d’experts
-comptables
–
appartenant indifféremment aux trois collèges des fondateurs, des
membres associés et des adhérents
–
et par un bureau formé de 50 %
d’experts
-comptables. De la même manière, il a été observé par la Cour
que le conseil d’administration d’une association agréée était composé de
17 avocats fiscalistes sur 24 membres, soit 71 %.
3 -
Le cas des organismes agréés dépenda
nt d’un seul cabinet
d’expertise comptable
Certains groupes d’expertise comptable
de première importance
ont créé leur propre organisme de gestion agréé. La Cour a ainsi identifié
au moins
trois cabinets d’expertise comptable placés parmi les 15
premiers en France qui ont recours à ce mode de fonctionnement. Si les
règles formelles de constitution des organismes agréés ont été respectées,
leur indépendance vis-à-
vis du cabinet d’expertise comptable fondateur
est sujette à caution.
Un exemple d’organisme agréé dépendant d’un groupe d’expertise
comptable
Sans mettre en cause la qualité des travaux effectués, la Cour a
cependant relevé dans
les rapports d’audits de la DGFi
P des problèmes de
gouvernance significatifs, qui se retrouvent dans d’autres organismes créés à
l’initiative d’un seul cabinet d’expertise comptable.
Comme
d’autres cabinets, un grand groupe français d’expertise
comptable a créé de longue date un centre agréé et une association de gestion
agréée qui vérifient les déclarations fiscales de ses clients.
L
a présidence du centre et de l’association agréés est ass
urée depuis
plus de vingt ans par le fondateur et actuel directeur du groupe d’expertise
comptable qui, n’assistant pas aux conseils d’administration, donne
procuration au vice-président.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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UN SYSTÈME PEU EFFICIENT
123
Le conseil d’administration de l’association était composé en
2012
pour 31 % de membres du groupe d’expertise comptable fondateur, de
37,5 % de membres associés (syndicats professionnels) et pour 31,5 %
d’adhérents (professions libérales). Cela n’est donc pas conforme à la
règlementation en vigueur qui prévoit q
u’au moins un tiers des sièges
est attribué aux adhérents. Même si cette règle était respectée, cela ne
constituerait pas une garantie de l’indépendance de l’association par rapport
au groupe d’expertise comptable dans la mesure où la totalité des membres
du bureau sont des représentants du cabinet d’expertise comptable,
alors
même que
le conseil d’administration se réunit
seulement une à deux fois par
an.
Quant au conseil d’administration du centre agréé, en 2009, 60 % des
membres représentaient le groupe
d’expertise comptable fondateur, 40 % les
adhérents et aucun les membres associés.
Les compositions des conseils d’administration du centre et de
l’association agréés ont été modif
iées suite aux audits de la DGFiP,
respectivement en 2010 et 2013, alors même que les règles régissant leur
composition étaient en vigueur depuis janvier 2008.
Le rapport d’audit de la DGFi
P note que le directeur du centre agréé
est également directeur de l’association agréée, depuis près de 15 ans. Il
travaille également à temp
s partiel pour le groupe d’expertise comptable
fondateur des deux structures. Le directeur technique de l’association agréée
était quant à lui auparavant salarié
au sein du groupe d’expertise comptable
.
Respectivement 93 % des adhérents du centre agréé et 68 % de
l’association agréée sont également clients du groupe d’expertise comptable
fondateur.
L’association et le centre agréé partagent les mêmes locaux, dans un
bâtiment par ailleurs intégré dans l’ensemble des locaux du groupe
d’expertise comptable
auquel ils les louent. Le logiciel utilisé par les deux
organismes agréés pour réaliser les travaux de contrôle sur les déclarations
fiscales des adhérents élaborées par le groupe d’expertise comptable est
développé par ce groupe lui-même.
Sans avoir néces
sairement d’impact sur la qualité des travaux des
organismes agréés, ces éléments mettent en avant une forte proximité avec
leur membre fondateur.
La traçabilité des travaux de vérification fiscale de ces organismes est
insuffisante. La traçabilité des dem
andes d’information par téléphone n’est
pas mise en œuvre et les réponses aux questions de la grille d’analyse
informatisée ne sont pas systématiquement notées et tracées dans le dossier
informatique de l’adhérent.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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124
COUR DES COMPTES
Le centre agréé a augmenté sa cotisation de 14 % depuis 2010, tandis
que celle de l’associa
tion agréée est restée st
able. D’après l’audit de la
DGFiP, e
n septembre 2012, l’association agréée disposait de 3,7 M€ de
trésorerie disponible, soit l’équivalent de 27 mois de chiffre d’affaires. Les
pro
duits constatés d’avance issus de l’encaissement des cotisations un an à
l’avance s’élevaient à 1,5 M€.
Depuis plusieurs années, le centre et l’association agréés étendent le
nombre de leurs adhérents en absorbant d’autres organismes agréés, en
fonction d
es rachats de cabinets d’expertise comptable opérés par le groupe
d’expertise comptable fondateur. Cet élément illustre l’adossement des deux
organismes agréés à leur membre fondateur, qui est également à l’origine de
leur politique d’expansion.
La trop forte dépendance d’un
organisme agréé par rapport à un
cabinet d’expertise comptable présente des risques.
Des pratiques ont été
signalées à la Cour
d’experts comptables menaçant de retirer tous leurs
clients
d’un
organisme agréé afin que dernier ne signale pas à
l’
administration
fiscale les anomalies qu’il avait constaté
es chez certains
de leurs clients.
Il est difficile d’évaluer de manière précise l’impact du manque
d’indépendance des organismes agréés en
matière de gouvernance sur la
qualité de leurs travaux dans la mesure où les taux moyens de comptes
rendus de mission négatifs ne sont pas connus. Seul le taux de
déclarations rectificatives déposées par les adhérents suite au contrôle des
organismes agréés est connu
: il est de l’ordre de 6 %.
Les relations entre cabinets d’expertise comptable et organismes
agréés manquent d’indépendance également dans le domaine financier. Il
a
été
constaté
des
pratiques
de
versement
de
« primes
de
dématérialisation » p
ar les organismes agréés aux cabinets d’expertise
comptable de leurs adhérents pour les inciter à la télétransmission des
déclarations fiscales. Ces primes ne figurent pas dans les dépenses de
sous-
traitance alors qu’elles devraient y figurer.
Ce risque l
ié à l’indépendance des conseils d’administration des
organismes agréés est d’autant plus grand que l
es audits de la DGFiP ne
permettent
pas en l’état actuel de déceler les situations potentielles de
conflit d’intérêt
s
. D’une part, les grilles d’audit
de la DGFiP ne
permettent que de vérifier le respect de la règle de répartition des sièges
en trois tiers mais n’autorisent pas l’auditeur à porter un jugement sur la
composition interne de chacun des collèges. D’autre part, cette grille
d’audit ne permet pas de rendre compte d’éventuelles pressions exercées
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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UN SYSTÈME PEU EFFICIENT
125
par le conseil d’administration. Un contrôle par échantillon lors de l’audit
sur place permettrait de vérifier si les examens de cohérence et de
vraisemblance sont effectués en toute indépendance. Pour autant, ce
contrôle par échantillonnage est rarement effectué et ses résultats ne sont
jamais reportés dans les rapports d’audit.
C -
Des relations très étroites avec des associations de
gestion et de comptabilité (AGC)
La réforme de la profession comptable a entraîné la séparation des
ex-CGAH (centres de gestion agréés et habilités), qui pouvaient à la fois
tenir la comptabilité de leurs clients et intervenir auprès d’eux comme
organisme de gestion agréé, en deux entités : association de gestion et de
comptabilité (AGC) assurant la comptabilité
d’une part et
centre de
gestion agréé (CGA)
d’autre part
. Ceci a posé des problèmes spécifiques
d’indépendance des centres de gestion agréés par rapport aux
professionnels de l’expertise comptable exerçant sous
la forme
associative
d’une AGC
.
La plupart des CGAH ont choisi de poursuivre leur activité
d’expertise comptable au sein d’AGC et de créer un centre de gestion
agréé auquel était confiée l’assistance à la gestion et la prévention fiscale.
La règlementation prévoit un principe d’autonomie des centres de gestion
agréés sur le plan des locaux, du matériel, des salariés et du financement.
Il existe actuellement 230 AGC en France, qui représentent 18 %
des parts de marché concernant les TPE-PME, selon une étude du Conseil
supérieur de l’Ordre des experts
-comptables
72
.
Cette séparation des CGAH a entraîné des problèmes spécifiques
liés à la création de centre de gestion agréés que l’administration elle
-
même qualifie de « coquilles vides ». Ces centres sont caractérisés par
une gouvernance quasi-
commune avec l’AGC dont ils sont issus, des
72
Etude de septembre 2012 sur
Le marché de la profession comptable
portant sur 600
TPE (0 à 19 salariés) et PME (20 à 249 salariés), uniquement des entreprises privées à
caractère marchand.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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126
COUR DES COMPTES
ressources humaines et des moyens matériels insuffisants, un recours
systématique à la sous-traitance qui dépasse parfois la limite de 30 % des
charges et une cotisation faible.
Pour certains CGAH en effet, la séparation des activités n’a été que
virtuelle ou même inexistante. Ainsi, suite à
la réalisation d’un audit, la
DRFIP PACA a porté plainte en juillet 2013 contre une AGC auprès de la
commission nationale de discipline de l’Ordre des experts
-comptables car
celle-
ci avait créé un centre de gestion agréé en 2008 qui n’avait fait
l’objet d’aucun agrément par l’administration fiscale ni même d’
aucune
déclaration auprès du centre de formalités des entreprises.
Le centre agréé était installé dans un espace situé dans les locaux
de l’AGC et fonctionnait avec une seule salariée de l’AGC dédiée.
Bien
que créé sous forme associative, le centre agréé n’a tenu, sur ses deux ans
d’existence, aucun conseil d’administration ni aucune assemblée
générale. Bien que sans fondement juridique à défaut d’agrément, des
attestations ont été produites aux adhérents, leur permettant de bénéficier
de la non majoration de leur revenu imposable. De plus, aucune mission
de contrôle formel ou de contrôle de cohérence et de vraisemblance n’a
été effectuée par le centre agréé. Depuis sa création, le centre n’avait
aucune existence économique, financière, comptable ou fiscale distincte
de celle de l’AGC. En réalité, l’AGC a poursuivi, sous un cadre juridique
différent, les activités précédemment exercées par le CGAH. La
séparation juridique n’a pas été suivie des séparatio
ns physique et
financière des activités.
Cet exemple n’est pas isolé. L’agrément d’un autre centre de
gestion agréé n’a pas
été
renouvelé en 2012 car, selon l’audit
de la
DGFiP, «
la composition des organes de direction du CGA et de l’AGC
met clairement e
n évidence l’interdépendance des deux structures. (…)
Le CGA est de fait
placé sous la tutelle de l’AGC
». En effet, les membres
du bureau et du conseil d’administration du centre agréé étaient
identiques à ceux de l’AGC.
La séparation de façade des CGAH entre AGC et centres de
gestion agréés s’accompagne souvent d’un excès de recours à la sous
-
traitance. Dans deux autres cas, l’agrément n’a pas été renouvelé, le
montant de la sous-traitance excédant largement le plafond de 30 % des
charges de fonctionnement (respectivement 80 % et 63 %).
Le manque d’indépendance du centre agréé par rapport à l’AGC se
manifeste également par le fait que les adhérents du centre sont quasi-
exclusivement des clients de l’AGC. Ainsi, dans un des centres ayant fait
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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UN SYSTÈME PEU EFFICIENT
127
l’objet d’un
non renouvellement de son agrément en 2012, 99 % des
adhérents faisaient tenir leur comptabilité par l’AGC partenaire.
Enfin, ce manque d’indépendance entre AGC et centres de gestion
agréés se manifeste au niveau des salariés. De nombreux salariés de ce
type d’organismes agréés travaillent en réalité la majorité du temps à
l’AGC et à temps partiel dans l’organisme agréé. Dès lors, la probabilité
est forte qu’ils soient amenés à vérifier des déclarations fiscales à partir
des comptabilités qu’ils auront élaborées dans le cadre de l’AGC.
Ces
dysfonctionnements
sont
symptomatiques
du
manque
d’indépendance des organismes agréés vis
-à-vis des professionnels de
l’expertise comptable, cette fois
organisés sous forme associative, et de la
confusion
entretenue
entre
établissement
de
la
comptabilité
et
pré-contrôle fiscal.
Différentes mesures pourraient être mises en œuvre pour
renforcer
l’indépendance des organismes agréés vis
-à-vis des experts-comptables.
Ainsi, afin de limiter les risques de pressions effectuées par
certains experts-comptables pour orienter les résultats des comptes-rendus
de missions envoyés à l’administration, il conviendrait d’i
ntroduire dans
les statuts types des organismes agréés,
une durée minimale d’adhésion
de trois ans. Ainsi, un adhéren
t aurait l’obligation de demeurer au moins
trois ans dans le même organisme agréé, avant d’avoir la possibilité d’en
changer.
De la même manière, pourrait être prévue dans les statuts une
proportion maximum de clients d’un même professionnel de l’expertise
comptable ou d’un même organisme parmi les adhérents d’un organisme
agréé. Cela permettrait de diversifier la population des adhérents et la
composition des conseils d’administration de certains organismes agréés
liés à des grands cabinets d’expertise com
ptable ou à des associations de
gestion et de comptabilité pour lesquels des problèmes de gouvernance
ont été identifiés.
V - Un contrôle insuffisant des OGA par
l’administration
Au-
delà de l’articulation
des contrôles
de l’administration
et des
organismes agréés sur leurs adhérents se pose la question de leur
agrément et de leur contrôle par la DGFiP.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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128
COUR DES COMPTES
Après déclaration et dépôt des statuts de l’association en
préfecture, l’organisme de gestion agréé
doit solliciter un agrément initial
auprès d’une commission
présidée par le directeur de la direction
régionale des finances publiques (DRFiP) de laquelle il dépend, à la
condition
d’avoir
préalablement
signé
une
convention
avec
l’administration fiscale.
L’administration délivre un agrément pour une
durée de six
ans (à l’exception du premier
qui est délivré pour trois ans)
73
.
Six mois avant l’échéance de l’agrément, l’organisme de gestion agréé
doit solliciter son renouvellement. Une nouvelle convention est signée. La
constatation de manquements dans l’accomplisse
ment de ses missions
peut conduire à la remise en cause de l’agrément.
A -
Un durcissement relatif des conditions de
renouvellement des agréments
Le
dossier d’agrément ou de renouvellement est préparé par la
direction départementale des finances publiques (DDFiP) d’implantation
de l’organisme de gestion agréé, à partir, notamment, du rapport d’audit
qui contient tous les éléments utiles au renouvellem
ent d’agrément, de la
rencontre annuelle
avec les dirigeants de l’organisme
et du suivi des
préconisations du contrôleur.
Lors de l’examen de la demande de
renouvellement de l’agrément, il est tenu compte de l’action exercée par
les organismes de gestion agréés pour améliorer la gestion des entreprises
adhérentes et s’assurer de la sincérité des résultats qu’elles déclarent.
En cas de dysfonctionnements mis en évidence lors des contrôles
de qualité, un nouveau contrôle peut être diligenté dans les meilleurs
délais ou au bout d’un ou deux ans, au terme desquels l’agrément peut ne
pas être renouvelé ou être retiré dès lors que les préconisations du
contrôleur n’ont pas été respectées
74
.
Les conditions d’octroi et de renouvellement des agréments se sont
durcies, dans une certaine mesure, en 2011 et 2012 par rapport aux
73
CGI, art. 1649 quater J.
74
Les cas de retrait d'agrément sont énoncés aux articles 371 K de l'annexe II au CGI
et 371 V de l'annexe II au CGI.
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UN SYSTÈME PEU EFFICIENT
129
années antérieures. Alors que depuis 2008 aucun refus d’agrément ni
aucun
non
renouvellement
d’agrément
n’avait
été
prononcé,
l’administration a
refusé un agrément en 2011 et a prononcé quatre non
renouvellements en 2011 et 2012
75
. Les principaux motifs de non
renouvellement sont liés à l’absence de mise en œuvre des prescriptions
d’application immédiate formulées dans le cadre des audits de q
ualité. En
cela, l’administration témoigne d’une volonté d’utiliser davantage les
pouvoirs de contrôle et de sanction qui lui sont dévolus.
Cela étant, en l’état actuel, rien n’empêche un organisme non agréé
ou non renouvelé, et ses membres fondateurs, de demander un nouvel
agrément immédiatement après la décision de l’administration, par
exemple dans un département différent, ce qui ne permettra pas à
l’administration de disposer de l’historique.
Afin de renforcer les sanctions sur les organismes agréés ne
respectant pas la règlementation, il conviendrait de prévoir que le retrait
ou le non renouvellement d’agrément, ou de conventionnement au
titre du
visa fiscal, soit assorti d’une période d’interdiction d’exercice pour
l’organisme ou le professionnel sanctionné, ainsi que pour ses membres
fondateurs.
B -
Un renforcement des contrôles sur les OGA à
poursuivre
1 -
Le nouveau dispositif
Un nouveau dis
positif en matière d’assistance, de contrôle et de
surveillance des organismes de gestion agréés a été mis en place le
1
er
septembre 2008. Ce renforcement très récent du contrôle qualité par
rapport à la date de création des organismes de gestion agréés s’
explique
par une volonté de professionnaliser les contrôles à compter de 2009.
75
Les adhérents d’un organisme de gestion agréé qui a perdu son agrément, pour
continuer à bénéficier des avantages fiscaux, sont contraints d’adhérer à un nouvel
organisme de gestion agréé avant le début de
l’exercice suivant.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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130
COUR DES COMPTES
Auparavant, d
es conseillers techniques issus de l’administration
étaient installés dans chaque organisme agréé, leur apportaient une aide et
procédaient au contrôle continu de leurs opérations. Depuis 2009, ils ont
été remplacés par des correspondants des organismes de gestion agréés
présents dans chaque DDFIP et par les contrôleurs qualité désignés dans
chaque DRFIP ou par interrégion
. L’objectif était ainsi de renforcer
l’indép
endance du contrôle et de réduire le coût lié au déploiement dans
les organismes agréés des nombreux conseillers techniques.
Parallèlement, un
corps d’auditeurs
, ou contrôleurs qualité,
nouvellement créé assure un audit triennal de l’ensemble des organisme
s
de gestion agréés d’une région ou d’une interrégion,
dont la durée
moyenne est environ de cinq jours. Le réseau de la DGFiP comprend
actuellement 25 auditeurs.
Chaque contrôleur établit son rapport à l’aide d’une
grille de
contrôle unique élaborée par la DGFiP. L’ensemble des constats effectués
au cours du contrôle de qualité est intégré avec la grille de contrôle dans
un rapport, transmis à la DRFiP concernée.
Lorsque l’audit de
l’organisme de gestion agréé met en
évidence un dysfonctionnement
significatif, celui-ci peut être à nouveau contrôlé dans un délai plus bref
afin de vérifier que les corrections attendues ont été apportées sur les
points relevés lors de l’audit initial.
Les auditeurs disposent d’un pouvoir d’investigation étendu qui
leur permet de consulter les soldes des comptes, balances comptables et
tableaux de passages afin de les confronter aux déclarations et tableaux
fiscaux de l’adhérent. En revanche, les auditeurs ne doivent en aucune
manière int
ervenir dans la procédure de contrôle fiscal dont ferait l’objet
un adhérent, même pour donner un simple avis.
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UN SYSTÈME PEU EFFICIENT
131
La portée des audits réalisés
sur les organismes de gestion agréés
76
Le contrôle porte sur les modalités de fonctionnement au regard de la
règlementation applicable (droit des associations, code général des impôts,
livre des procédures fiscales, Charte des bonnes pratiques des organismes de
gestion agréés, doctrine administrative) et sur la qualité des travaux fournis
par celui-ci aux adhérents (régularité, efficacité, efficience et qualité des
procédures internes mises en place).
L’audit s’attache notamment à expertiser
les
moyens mis en œuvre par
les organismes de gestion agréés ainsi que la pertinence et la bonne
application de la méthodologie de contrôle adoptée pour l'élaboration du
compte-
rendu de mission (CRM). Il permet également d’apprécier les
procédures (modification des statuts, suivi des échanges entre organismes de
gestion agréés et adhérents, mise en place d’un contrôle interne...). L
a réalité
de la transmission du CRM aux services des impôts des entreprises
compétents est également vérifiée.
L’auditeur
s’attache
à
identifier
les
causes
d’éventuels
dysfonctionnements, formuler des propositions afin de les réduire et de
mutualiser les b
onnes pratiques ; c’est également l’occasion de souligner les
aspects positifs des méthodes de travail et de certaines initiatives locales.
Le rapport de fin d’audit est adressé au président
de
l’organisme de
gestion agréé, qui est invité à produire sous quinze jours ses éventuelles
observations par écrit. En cas de dysfonctionnement, l’organisme de gestion
agréé s’engage à y remédier selon les modalités fixées par l’auditeur dans son
rapport.
Les préconisations issues du rapport d’audit font l’objet d’un s
uivi lors
de la réunion annuelle avec la DDFiP.
76
Bulletin officiel des impôts, BOI-DJC-OA-20-40-30-20 du 12 septembre 2012.
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132
COUR DES COMPTES
2 -
Une harmonisation inachevée
des rapports d’audit
Un groupe de travail a été mis en place en 2012 qui a débouché
sur
l’élaboration d’une grille d’audit adaptée aux nouvelles missions des
organismes de gestion agréés.
Depuis
2012, un
séminaire
annuel
des
auditeurs
et
des
correspondants réunis par la DGFiP est l’occasion de présenter les
difficultés constatées dans le fonctionnement des organismes de gestion
agréés et de mutualiser les solutions pouvant y être apportées.
En dépit de cet effort d’homogénéisation des pratiques, des
disparités
demeurent dans les critères d’appréciation. Ces disparités
s’apprécient à partir des grilles et des rapports d’audit. Si les grilles
d’audit sont homogènes dans leur forme,
les renseignements fournis sont
inégaux
en fonction des régions, par exemple s’agissant des chiffres
relatifs au taux de recours à la sous-traitance ou encore des observations
faites par l’auditeur dans les colonnes prévues à cet effet.
À
partir d’un échanti
llon non représentatif de treize rapports
d’audits examinés
par la Cour dans les DR/DDFiP, il apparaît que la
grille harmonisée n’a été
remplie de manière exhaustive que pour six
d’entre eux concernant le
recours à la sous-traitance respectant le plafond
réglementaire. Dans les sept autre cas, les informations contenues dans
les rapports étaient soit inexistantes, soit trop sommaires, ce qui suggère
que le taux de recours à la sous-
traitance n’a pas été vér
ifié dans le cadre
de l’audit de qualit
é.
Les rapports, dont le format de présentation n’est pas standardisé,
font également apparaître des différences notables. À partir
d’un
échantillon de neuf audits de qualité, la taille des rapports peut ainsi
varier de 6 à 37 pages
77
. À
cet égard, il serait souhaitable d’instaurer un
format de présentation standardisé des rapports d’audit.
77
Comparaison réalisée sur un échantillon de neuf grilles et rapports d’audit fournis
par la DGFiP et les DRFiP Provence-Aples
Côte d’Azur et Pays de la Loire
.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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UN SYSTÈME PEU EFFICIENT
133
Il conviendrait de renforcer
d’une part
le lien entre les informations
contenues dans la grille d’audit standardisée et les rapports d’audit
, et
d’autre part, l’homogénéité des rapports d’audit sur l’ensemble du
territoire national afin de s’assurer que les organismes de gestion agréés
sont contrôlés de la même manière. Enfin, il convient de veiller à un
meilleur suivi de la mi
se en œuvre des prescriptions.
3 -
Des contrôles à approfondir
La DGFiP a indiqué ne pas avoir encore réalisé de synthèse des
résultats obtenus par les auditeurs des organismes de gestion agréés mais
envisage de le faire au cours du premier semestre 2014 afin
d’établir un
bilan des outils mis en place en 2013.
L
a DGFiP s’engage en principe à réaliser un contrôle triennal mais
ne dispose pas d’outil de suivi et ainsi ne s’assure en pratique pas de la
fréquence des contrôles à ce stade. Elle a conscience du fait que dans
certaines régions, les audits ne sont pas menés tous les trois ans, ce qu’ont
confirmé les investigations menées par la Cour en Pays-de-Loire. Elle a
eu connaissance d’un cas de renouvellement d’agrément sans qu’un audit
ait été préalablement réalisé.
L
a Cour a analysé l’activité de contrôle de l’administration dans le
cadre des audits de qualité à partir d’un échantillon
, sélectionné de
manière aléatoire, de neuf dossiers fournis par la DGFiP et deux par une
DRFiP. Il en ressort que les contrôles des organismes de gestion agréés
sont de qualité inégale.
En particulier, l’obligation de procéder au
contrôle des diligences réalisées sur un échantillon de 30 dossiers
d’adhérent
s
est inégalement mise en œuvre et ne fait jamais l’objet d’un
compte rendu
dans les rapports d’audit. L’échantillon de 30 dossiers n’est
d’ailleurs pas toujours adapté ni par sa taille (30 dossiers quelle que soit
l’importance de l’organisme) ni aux particularités des organismes. De
plus, les auditeurs ne disposent pas des résultats des contrôles fiscaux
d’adhérents qui ont été opérés.
D’une façon générale, les résultats du contrôle fiscal des adhérents
ne sont pas analysés par les DR/DDFiP pour en tirer les conséquences sur
la politique à définir à l’égard des organismes agréés
de leur ressort.
L’analyse réalisée a permis
par ailleurs
d’établir que certaines
prescriptions d’application immédiate ne sont que tardivement, voire pas
du tout, mises en œuvre
.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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134
COUR DES COMPTES
Les audits ne portent que sur la vérification formelle de
l’
application de la réglementation existante et peuvent ainsi trouver leur
limite dans le fait qu’aucun encadrement n’existe dans la Charte des
bonnes pratiques sur les conflits d’intérêt pouvant apparaître dans les
instances dirigeantes et dans le cadre du recours à la sous-traitance.
Un exemple relevé lors des investigations de la Cour en région
PACA amène
à s’interroger sur la réactivité de l’administration face à des
détournements manifestement frauduleux du dispositif des organismes
agréés. Suite à la réalisation d’u
n audit, la DRFiP Provence-Alpes-
Côte-
d’Azur (P
ACA)
avait constaté qu’une AGC avait créé un centre de
gestion agréé en 2008 qui n’avait fait l’objet d’aucun agrément par
l’administration fiscale ni même aucune déclaration auprès du centre de
formalités des entreprises. Cependant, la DRFi
P PACA n’a porté plainte
qu’en juillet 2013 auprès de la commission nationale de discipline de
l’Ordre des experts
-comptables
78
, alors même que l’audit sur place réalisé
en mars 2012 avait décelé de graves irrégularités. De 2
008 à 2012, l’AGC
a pu poursuivre ses activités alors même que le registre des adhérents
était visé annuellement par le correspondant départemental de la DDFiP,
que le centre agréé ne communiquait aucun compte rendu de mission aux
SIE (services des impôts des
entreprises) et qu’aucun procès
-verbal
d’assemblée générale ou de conseil d’administration n’était transmis à
l’administration.
I
l convient par conséquent d’i
nstaurer un suivi systématique des
recommandations formulées dans les audits de qualité, à la fois au niveau
local et au niveau central. Les résultats des contrôles fiscaux réalisés sur
les adhérents pourraient être pris en compte dans la stratégie d’audit des
intermédiaires fiscaux, de manière articulée avec les demandes de
renouvellement d’agré
ment, sur le modèle des réformes récentes
intervenues aux États-Unis et au Canada. Les audits devraient également
être réorientés sur des aspects plus qualitatifs (diagnostic des diligences et
procédures mises en œuvre notamment dans les dossiers ayant fait l’objet
de redressements fiscaux).
78
Plainte pour non-
respect de l’obligation de probité (art. 49bis de l’o
rdonnance
n° 45-2138 du 19 septembre 1945 portant institution de l'ordre des experts-comptables
et réglementant le titre et la profession d'expert-comptable et art. 145 du décret
n°
2012-432 du 30 mars 2012 relatif à l'exercice de l'activité d'expertise comptable).
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UN SYSTÈME PEU EFFICIENT
135
C -
Un niveau de contrôle plus faible pour les
professionnels de l’expertise comptable
avec le visa
fiscal
Les professionnels de l’expertise comptable ayant signé une
convention leur octroyant un visa fiscal
s’engagent à se soumettre à un
contrôle spécifique défini par l’administration fiscale et mis en œuvre par
l’ordre des experts
-comptables
79
.
Le questionnaire spécifique utilisé par les contrôleurs de qualité de
l’ordre a été établi en concertation avec l’administration fiscale. Il repose
sur la même grille de travail que celle utilisée lors des contrôles des
organismes de gestion agréés par les contrôleurs qualité de la DGFiP.
Les résultats du contrôle sur les profes
sionnels de l’expertise
comptable disposant du visa fiscal sont communiqués au commissaire du
gouvernement du conseil régional
auprès de l’ordre des experts
-
comptables dans le délai de trois mois après sa conclusion. Celui-ci peut,
dès lors, dénoncer la convention :
dans le cas où le professionnel de l’expertise comptable s’abstient de
résilier la lettre de mission qui le lie à son client alors même qu’il
constate des manquements graves et répétés aux obligations
comptables, fiscales et sociales de la part de ce dernier ;
en cas d’inobservation par le professionnel de l’expertise comptable
des obligations stipulées dans la convention qu’il a signée.
Le cas échéant, cela fait perdre aux entreprises clientes ou aux
adhérentes le bénéfice de la non-majoration du revenu professionnel.
Le commissaire du g
ouvernement veille à ce qu’un contrôle de
qualité soit diligenté tous les trois ans pour les professionnels qui
bénéficient du visa fiscal
80
. Sinon, il peut en déclencher un.
79
Art.
401 de l’arrêté du 3 mai 2012
.
80
Art.
371 bis G de l’annexe II au CGI
.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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136
COUR DES COMPTES
Une vigilance particulière s’impose c
ar les experts-comptables
sont juges dans leur rôle de contrôle de la cohérence des comptes et
parties dans leur rôle d’établissement de ces mêmes comptes pour leurs
clients.
Les premiers résultats des contrôles qualité effectués sur les
experts-comptables
qui disposent du visa fiscal témoignent d’une
difficulté des auditeurs à s’approprier la grille d’audit.
Afin d’
harmoniser
les conditions d’exercice entre les organismes
agréés et les viseurs fiscaux, devrait être institué un contrôle par la DGFiP
elle-même
des professionnels de l’expertise comptable accordant le visa
fiscal, dans les mêmes conditions que pour les organismes agréés.
L’octroi du visa de conformité ouvrant droit à la non majoration du
résultat, les contrôles sur les professionnels de l’exper
tise comptable
disposant du visa fiscal doivent être aussi approfondis que les audits de
qualité sur les organismes de gestion agréés.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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UN SYSTÈME PEU EFFICIENT
137
__________
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
________
Le fonctionnement des organismes agréés apparaît peu efficient
à plusieurs égards et leurs relations avec les experts-comptables et la
DGFIP pourraient être améliorées.
Ils ont développé des missions annexes (aide à la gestion,
formation, information), qui ont été renforcées par la législation en 2005
avec la création d’une mission de
prévention des difficultés économiques.
Pour autant, l
’utilité de ces missions annexes n’est pas établie et elle
s
font fréquemment
double emploi avec des prestations qu’offrent les
professionnels de l’expertise comptables et les chambres consulaires.
Les
adhérents attachent d’ailleurs beaucoup plus d’importance aux missions
fiscales qu’à leurs missions annexes.
Le fonctionnement des organismes agréés représente un coût
non négligeable pour les petits entrepreneurs qui peut être estimé par le
montant total annuel des cotisations versées, soit 243
M€. Ce coût élevé
s’explique en partie par la multiplicité des organismes et la diversité des
missions exercées. Actuellement, le réseau est constitué de 432
organismes agréés à compétence géographique ou professionnelle,
regroupant un nombre d’adhérents très hétérogène, allant de quelques
centaines à plusieurs milliers (2800 adhérents en moyenne pour les
centres agréés et les 1800 pour les associations agréées).
De plus, le fonctionnement des organismes agréés depuis 40 ans
s’est accompagné de la constitution de réserves de trésorerie
importantes, représentant près de 300 M€ en 2012, soit 120 % de leur
chiffre d’affaires annuel m
oyen, ou encore deux ans de salaires. Même si
ces réserves peuvent partiellement s’expliquer par un appel largement
anticipé des cotisations (un an et demi avant la réalisation des travaux),
elles suggèrent que les cotisations des entreprises adhérentes, qui ont
augmenté depuis 2009, sont trop élevées. L’absence de regard de
l’administration sur le niveau des cotisations pose problème dans la
mesure où la loi oblige à adhérer à ces organismes pour être imposé au
taux de droit commun.
La réduction des missions annexes des organismes agréés, la
résorption des montants de trésorerie élevés là où cela est justifié et
l’informatisation des processus devraient être de nature à dégager des
marges de manœuvre suffisantes pour leur permettre de se recentrer sur
leurs missions fiscales à plus forte valeur ajoutée.
La ligne de partage est de plus en plus floue entre organismes
agréés et professionnels de l’expertise comptable.
Si les premiers ont pu
cumuler les missions de tenue de comptabilité et de contrôle des
déclarations fiscales pendant plus de trente ans, la loi a posé en 2004 le
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138
COUR DES COMPTES
principe d’une séparation entre ces deux activités
. Des exceptions à ce
principe ont toutefois été maintenues ou créées depuis 2004. D’une part,
ce cumul reste possible pour les associations agréées sans fondement
législatif clair.
D’autre part,
les professionnels de l’expertise comptable
ont obtenu en 2009 de pouvoir attribuer un visa fiscal à leurs clients. On
ne peut ainsi que constater l’absence de logique d’ensemble et la grande
fragilité des règles applicables aux organismes agréés en ce domaine.
L
’indépendance des organismes agréés vis
-à-vis de leurs
membres
fondateurs,
professionnels
de
l’expertise
comptable
en
particulier, est largement artificielle du fait des pratiques de sous-
traitance, de la composition des organes de direction, voire plus
généralement d’une imbrication à tous les niveaux (personnel, locaux,
systèmes d’information, etc…) avec ces professionnels
. Ceci fait peser
des risques sur la qualité des travaux des organismes agréés, notamment
dans
les
cas
où
des
experts-comptables
membres
de
conseils
d’administration menacent de retirer leurs clients de l’organisme agréé
pour orienter les comptes-
rendus de mission envoyés à l’administration.
En dernier lieu, le contrôle o
péré par l’administration sur les
organismes agréés,
bien qu’il ait été amélioré récemment
, trouverait
matière à être renforcé. Si quelques non renouvellements d’agrément ont
été prononcés ces dernières années, la sanction du retrait d’agrément est
insuffisamment
utilisée
pour
garantir
la
bonne application
des
recommandations issues des audits. Ceux-ci ont été remodelés en
profondeur depuis 2008, mais apparaissent relativement formels et
gagneraient à être davantage harmonisés au niveau déconcentré.
La Cour formule en conséquence les recommandations suivantes :
11.
rendre facultatives les missions annexes des organismes
agréés et des professionnels de l’expertise comptable délivrant
le visa fiscal
(dossier d’analyse économique et financière,
formation) (Loi et décret) ;
12.
rendre obligatoire, pour
les professionnels de l’expertise
comptable pouvant accorder le visa fiscal, la transmission
d’un compte rendu de mission ainsi qu’un contrôle direct
par
la DGFiP, dans les mêmes conditions que pour les organismes
agréés (Loi et décret) ;
13.
introduire dans les statuts des organismes agréés une durée
minimale d’adhésion de trois ans
et une proportion maximum
de clients d’un même professionnel de l’expertise comptable
ou d’un même organisme parmi les adhérents d’un organisme
agréé (Décret) ;
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UN SYSTÈME PEU EFFICIENT
139
14.
publier et rendre aisément accessible sur impots.gouv.fr la
liste nationale des organismes agréés et le montant de leur
cotisation
et veiller, à l’occasion des audits, à éviter
l’accumulation de réserves de trésorerie injustifiées
(DGFiP) ;
15.
instaurer
un
suivi
systématique
des
recommandations
formulées dans les audits de qualité, à la fois au niveau local
et au niveau central (DGFiP).
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Conclusion générale
Quarante ans après leur création, le bilan des organismes agréés
apparaît mitigé.
Au fur et à mesure des années, le coût du dispositif s’est
alourdi, sans pour autant que l’avantage principal attendu en termes de
garantie de la régularité des déclarations fiscales des entreprises
individuelles
soit
démontré.
L
’automatisation
généralisée
des
vérifications effectuées par les organismes agréés depuis une dizaine
d’années du fait de la dématérialisa
tion des déclarations fiscales a
considérablement
facilité
leur
travail
mais
n’a
pas
modifié
substantiellement
leur contribution à l’amélioration
de la sincérité fiscale
des adhérents.
Néanmoins,
la
suppression
du
dispositif
n’apparaît
pas
envisageable : il est en effet nécessaire de maintenir une différenciation
dans l’imposition des entreprises selon qu’elles acceptent ou non de se
plier à une procédure de nature à assurer une plus grande transparence de
leurs revenus
. Cela passe par le maintien de l’incitation à adhérer que
constitue la non majoration des revenus professionnels.
De plus, il apparaît utile de conserver une forme spécifique
d’inte
rmédiation entre les travailleurs non-
salariés et l’administration
fiscale, compte tenu tout à la fois
du nombre élevé d’entreprises
concernées et de la nécessité de préserver des relations apaisées. Une telle
intermédiation existe d’ailleurs dans la plupa
rt des pays développés. Les
organismes agréés apparaissent notamment utiles en matière de gestion de
l’impôt, en contribuant au respect des délais de dépôt des déclarations et à
leur dématérialisation.
Néanmoins, u
ne réorientation du dispositif s’impose afin de
rééquilibrer au bénéfice de la collectivité le bilan coûts-avantages de
l’intervention
des organismes agréés. Il convient ainsi de renforcer les
missions fiscales des organismes agréés, en veillant à ce que ce
renforcement
n’
incite pas les entreprises individuelles à opter pour le
statut de société et échapper ainsi au contrôle des organismes agréés.
Dès lors, différentes mesures devraient être engagées :
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142
COUR DES COMPTES
recentrer l’activité des organismes agréés et des professionnels de
l’expertise comptable délivrant le visa fiscal sur leurs missions
fiscales. L’objectif est d’am
éliorer la plus-value des organismes
agréés pour la collectivité en apportant de meilleures garanties sur la
sincérité fiscale des déclarations contrôlées. Ainsi, les vérifications
des organismes agréés pourraient être étendues à de nouvelles
déclarations
ainsi qu’aux pièces justificatives des dépenses. En
parallèle, les missions annexes des organismes agréés (dossier
d’analyse économique et financière, formation), dont l’utilité apparaît
limitée, seraient rendues facultatives ;
supprimer les avantages fiscaux accessoires. Dans la mesure où de
nombreux avantages concourent au même objectif
–
l’adhésion aux
organismes agréés
–
il convient de simplifier le système autour de la
principale mesure incitative qu’est la non majoration de 2
5 % des
revenus professionnels ;
rationaliser
le
fonctionnement
du
système.
Afin
d’optimiser
l’efficience et le coût des organismes agréés, tant pour la collectivité
que pour les entreprises adhérentes, il est envisagé d’harmoniser les
conditions d’exercice des vérifications fiscal
es entre organismes
agréés et professionnels de l’expertise comptable disposant du visa
fiscal, de renforcer l’indépendance des organismes agréés, et
de
réduire leur coût de gestion.
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Annexes
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144
COUR DES COMPTES
Annexe
n° 1
Lettre du Premier Président au président de la
commission des finances de l’Assemblée nationale
du 27 janvier 2014
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ANNEXES
145
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146
COUR DES COMPTES
Annexe
n° 2
Lettre du Premier Président au président de la
commission des finances de l’Assemblée nationale
du 12 mars 2014
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148
COUR DES COMPTES
Annexe n° 3
Liste des personnes rencontrées
Administrations :
DGFiP :
-
M. Bruno Rousselet, chef du service de la gestion fiscale
-
M. Jean-Luc Barçon-Maurin puis M. Laurent Martel, sous-directeur
des professionnels et de l’action en recouvrement (GF2)
;
-
Mme Christine Mangas, chef du bureau droit et outils du
recouvrement (GF2B) ;
-
M. Bastien Llorca, sous-directeur du contrôle fiscal ;
-
Mme Joëlle Massoni, cheffe du bureau politique et animation du
contrôle fiscal (CF1) ;
-
Mme Véronique Bied-Charreton, Directrice de la législation fiscale
(DLF) ;
-
M. Bruno Mauchauffée, sous-directeur de la fiscalité directe des
entreprises
DGCIS :
-
M. Benjamin Gallezot, directeur général adjoint
-
Mme Sonia Beurier, sous-directrice des affaires juridiques et du
droit des entreprises ;
-
Mme Evelyne Bonnafous, chef du bureau du droit social et de
l'environnement fiscal ;
-
M. Stéphane Ferron, adjoint au chef du bureau du droit social et de
l'environnement fiscal.
INSEE :
-
M. Ronan Mahieu, chef du département des comptes nationaux
-
Mme Laurence Rioux, Division salaires et revenus d’activité
Caisse centrale de la Mutualité sociale agricole (CCMSA) :
-
M Alain Pelc, Directeur des études, des répertoire et des statistiques
-
M. Frank Delmastro, Responsable du département contrôle externe,
lutte contre la fraude et le travail illégal
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ANNEXES
149
DRFiP Provence-Alpes-Côte-
d’Azur
/Rhône-Alpes :
-
Mme Claude Suire-Reisman, Directrice régionale des finances
publiques ;
-
M. Patrick Casabianca, Directeur du Pôle gestion fiscale ;
-
M. Gerald Ambrosino, Responsable de la division du contrôle fiscal
des professionnels ;
-
M. Bernard Chambert, Responsable de la division fiscalité des
professionnels ;
-
Mme Brigitte Archer, Correspondante OGA ;
-
Mme Nelly Marsigny, Auditrice qualité OGA.
DRFiP Pays de la Loire :
-
M. Rémi Rigolé, Responsable du pôle gestion fiscale ;
-
Mme Lucile Huchet, correspondante OGA ;
-
Mme Valérie Boisseau, coordonnatrice contrôle fiscal ;
-
M. Hervé Volant, auditeur qualité OGA.
DRFiP Nord-Pas-de-Calais :
-
M. Christian Ratel, Directeur régional
-
M. Laurent Grave, Adjoint au responsable du pôle fiscal
-
M. Bernard Vermont, chef du service des impôts aux entreprises du
Grand Lille Est
Centres de gestion agréés :
Fédération des centres de gestion agréés (FCGA) :
-
Mme Christiane Company, Présidente ;
-
M. Yves Marmon, vice-président ;
-
M. Alain Conesa, Membre du bureau chargé de la communication.
CERFRANCE
(en tant que fédération d’organismes agréés)
:
-
M. Christophe Lambert, Président du conseil national du réseau
CERFRANCE ;
-
M. Pascal Poitevin, Directeur général du conseil national du réseau
CERFRANCE ;
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150
COUR DES COMPTES
-
M. Loïc Le Menn, directeur général adjoint du conseil national du
réseau CER France.
Union francilienne des centres de gestion et associations agréés (UFCA) :
-
M. Daniel Forestier, Président ;
-
Mme Sylvie Barou, Directrice du centre de gestion et association
agréés de la région parisienne.
Fédération des centres de gestion agréés agricoles (FCGAA) :
-
M. Jean-Luc Theuret, Président.
Association nationale des directeurs de centres de gestion agréés
(ANPRECEGA) :
-
M. Jean-Claude Vicenzi, Président ;
-
Mme Catherine Poulain, Directrice du centre de gestion agréé des
Ardennes
Centre de gestion agréé des Bouches-du-Rhône (CGA13) :
-
M. Patrick Barre, Président.
CGA France et AGA-PL France :
-
M. Denys Fernbach, Directeur.
Associations de gestion agréées :
Union nationale des associations agréées (UNASA) :
-
M. Béchir Chebbah, Président ;
-
Mme Isabelle Hurier, Secrétaire générale.
Fédération nationale des associations de gestion agréées (FNAGA) :
-
M. Thierry Langlet, Président ;
-
M. Denys Fernbach, Secrétaire général.
ARAPL
Provence
(Association
régionale
agréé
des
professions
libérales) :
-
M. Hervé Perchet, Directeur.
Organisations professionnelles :
Conseil supérieur de l’Ordre des experts
-comptables (CSOEC) :
-
M. Joseph Zorgniotti, Président ;
-
M. Olivier Salamito, Secrétaire général ;
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ANNEXES
151
-
M. Ugo Lopez, directeur de cabinet.
Assemblée permanente des chambres des métiers et de l’artisanat
:
-
M. A. Griset, président
-
M. F. Moutot, directeur général
Assemblée permanente des chambres de commerce et d’industrie
:
-
Mme Sandrine Wehrli, directrice générale de CCI France
Assemblée permanente des chambres d’agriculture
:
-
M. Dominique Bouvier, chef du service entreprise
CGPME :
-
M. J.-F. Roubaud, président
-
M. P. Labet, directeur des affaires économiques et fiscales
UPA :
-
M. J.-P. Crouzet, président
-
M. Rougé, ancien directeur de CGA, secrétaire général de la
Confédération nationale des boulangers
CAPEB (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du
bâtiment) :
-
M. P. Liébus, Président ;
-
M. G. Bellier, Chef du service des affaires juridiques et sociales
Confédération française de la boucherie, charcuterie et traiteurs :
-
M. J. Bouillier, président
Association de gestion et de comptabilité CGA PACA :
-
M. Henri Taby, Président.
Commission nationale d'inscription des associations de gestion et de
comptabilité instituée par l’article 42 bis de l’ordonnance du 19
septembre 1945:
-
M. Claude Badrone, Président.
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152
COUR DES COMPTES
Annexe n° 4
Comparaisons internationales
81
A.
Panorama des réflexions sur les intermédiaires
fiscaux au
sein
des organisations internationales
1 -
Mise en perspective
Les
organismes
de
gestion
agréés
ne
sont,
à
l’échelle
internationale, qu’une composante
de la catégorie plus vaste des
« intermédiaires fiscaux
». Dans tous les pays membres de l’OCDE, des
organisations interviennent dans les relations entre le contribuable et
l’administration fiscale. Ces organisations sont très souvent des cabinets
d’expertise comptable, de conseil fiscal, ou des banques. Elles veillent à
l’exactitude de la comptabilité de leurs clients, et les aident à remplir en
bonne et due forme leurs déclarations de revenus.
Leur rôle dans la « planification fiscale agressive » de certains
contribuables, qui tend à minimiser l’impôt, a pu être dénoncé,
notamment lors du forum sur l’administration fiscale de l’OCDE de 2006,
à Séoul. Pour autant, leur efficacité a été reconnue, puisque le rapport de
l’OCDE sur les intermédiaires fiscaux (2007) conclut que la législation
fiscale ne serait pas mieux respectée en l’absence de ces intermédiaires.
Ainsi,
«
quels que soient les contribuables, les types d’imp
ôts et les
situations particulières considérées, la grande majorité des conseillers
aident leurs clients à éviter certaines erreurs, et les dissuadent de
s’engager dans des activités illégales ou excessivement agressives
»
.
Dans tous les pays, le recours aux intermédiaires fiscaux
s’explique par plusieurs facteurs. La complexification de l’impôt à
l’échelle nationale, l’ouverture des frontières, et donc des possibilités
d’optimisation fiscale à l’internationale, ont créé une demande de la part
81
Annexe établie à partir des éléments fournis par les attachés fiscaux des ambassades
de France interrogées
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ANNEXES
153
des contribuables. Par ailleurs, la fragilité des recettes fiscales et la
réduction des crédits alloués aux administrations ont contribué à faire des
intermédiaires fiscaux des interlocuteurs nécessaires.
2 -
Les liens entre l’administration et les intermédiaires fiscaux
Les contribuables faisant face à un impôt de plus en plus
complexe, le recours aux intermédiaires fiscaux a été perçu de la part des
administrations comme un moyen d’aider les redevables à remplir leurs
déclarations de revenus, voire même d’optimiser les re
cettes fiscales.
Trois conditions ont permis aux administrations fiscales de surmonter
leurs réticences à l’égard des intermédiaires, parfois suspectés de jouer un
rôle dans la minimisation de l’impôt des redevables.
a)
L’autorégulation des intermédiaires fi
scaux
Une première forme de contrôle qui s’impose aux intermédiaires
fiscaux est de nature interne. Les organismes professionnels édictent un
ensemble de règles de bonne conduite, faisant écho à la loi mais
également à des codes implicites de respect des obligations fiscales. Le
pays dans lequel cette autorégulation est la plus prégnante est le
Royaume-
Uni.
Par
exemple,
l’ICAEW
(
Institute
of
Chartered
Accountants in England and Wales
) impose cinq critères à ses membres:
l’intégrité,
l’objectivité,
la
compé
tence,
la
confidentialité
et
le
professionnalisme. Un écart par rapport à ces règles entrainerait la
condamnation du fautif, voire l’exclusion en cas de faute caractérisée. Les
grands cabinets d’expertise comptable sont de plus en plus attentifs à la
gestion de leur réputation, notamment parce que le public et les médias
ont
prêté
attention
aux
affaires
remettant
en
cause
l’intégrité
d’intermédiaires fiscaux.
L’autorégulation
peut se superposer à d’autres
formes de contrôle plus contraignantes.
b)
Le contrôle direct des intermédiaires fiscaux
Le contrôle direct des intermédiaires fiscaux, plus répandu que
l’autorégulation, permet à l’autorité fiscale d’imposer des règles bien
définies, notamment par le biais législatif, et vise à protéger les clients
tout aut
ant qu’à garantir la discipline fiscale des intermédiaires.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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154
COUR DES COMPTES
Au Japon, par exemple, la loi sur les comptables-fiscalistes agréés,
les « Zeirishi », prévoit que ces intermédiaires sont tenus par une
obligation de confidentialité, d’indépendance et d’impart
ialité. Ce sont
des fiscalistes agréés par l’autorité fiscale. La loi prohibe le conseil
d’opérations frauduleuses ou de «
conduites déshonorantes
». L’agence
nationale de fiscalité mène des enquêtes afin de mettre au jour
d’éventuelles pratiques illégales
, et sanctionne les fautifs selon un barème
allant du simple avertissement à la radiation.
Des modèles équivalents existent dans d’autres pays. En Australie,
la loi encadre l’activité des intermédiaires, en s’assurant notamment que
ces derniers ont le niveau de compétence requis pour exercer leur activité.
Le
Tax Practitioners Board
mène également des contrôles auprès de ces
intermédiaires pour s’assurer du respect
de la discipline fiscale. Aux
États-
Unis, l’
International Revenue Service
(IRS) a mis en place des
« accords de discipline future », visant par exemple à imposer des normes
comptables communes ou à mettre en place des contrôles internes
réguliers.
Il est courant dans les pays de l’OCDE que soit mise en place une
procédure
d’immatriculation
des
in
termédiaires
fiscaux.
Chaque
intermédiaire se voit attribué un numéro qui est utilisé lors des contacts
entre l’administration et les intermédiaires, mais également entre les
clients de l’intermédiaire et l’administration.
Par ailleurs, dans de nombreux pa
ys comme le Canada, l’Au
stralie,
le Royaume-Uni ou les États-
Unis, les intermédiaires ont l’obligation de
transmettre à l’administration les montages fiscaux qu’ils proposent à
leurs clients avant leurs applications, pour qu’ils soient soumis à un test
de légalité.
c)
La politique de la « main tendue »
Dans de nombreux pays, l’amélioration des relations entre
l’administration et les intermédiaires fiscaux a permis une gestion fiscale
plus efficace.
Au Royaume-Uni, un ensemble de mesures a été adopté à partir de
2007 pour faciliter l’activité des intermédiaires fiscaux. Une ligne
téléphonique dédiée aux «
tax agents
» a été mise en place, tout comme
un suivi personnalisé. Des sessions de formation et des forums sont
également organisés par l’administration pou
r former les intermédiaires
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ANNEXES
155
aux problématiques les plus récentes. Enfin, les intermédiaires ont la
possibilité de faire remonter à l’administration leurs remarques quant à la
gestion de la fiscalité.
Enfin, des services d’assistance
online
ont été ouverts, par exemple
au Canada (
« represent a client »
) ou en Irlande (
« Revenue Online
service »
).
3 -
Les intermédiaires fiscaux
: une alternative parmi d’autres pour
optimiser les recettes fiscales
a)
L’assistance directe de l’administration fiscale
Dans certains pays, c’est l’administration fiscale elle
-même qui
assure directement l’assistance aux contribuables qui ne font pas appel à
un intermédiaire fiscal. C’est notamment le cas des petites entreprises et
des indépendants. Au Royaume-Uni, une lettre a été adressée aux
entreprises soumises au régime d’auto
-
évaluation des bénéfices et n’ayant
pas de mandataire fiscal leur indiquant les points de contact et contenant
les réponses aux questions les plus fréquemment posées (régime de
déductibilité des charges). Selon les premiers résultats, les contribuables
qui ont reçu la lettre ont déclaré en moyenne des bénéfices supérieurs de
600 £ à ceux déclarés par un groupe témoin. Cette augmentation des
bénéfices déclarés tient essentiellement à ce que les contribuables qui
avaient reçu la lettre ont déclaré des charges plus faibles (ils n’ont pas
déclaré un chiffre d’affaires plus élevé)
82
.
Aux États-Unis, une unité « éducation du contribuable et
communication » a été créée au sein de la Division « petites
entreprises/travailleurs indépendants
» de l’IRS, afin de réduire au
possible les formalités fiscales et de simplifier les formulaires, les
communications et les publications.
82
OCDE, 2004,
Gestion du risque d’indiscipline fiscale
: gérer et améliorer la
discipline fiscale
, Centre de politique et d’administration fiscales, Publishing OCDE
p.54
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156
COUR DES COMPTES
b)
La gestion des risques : la segmentation des contribuables
Afin d’optimiser l’assiette fiscale tout en minimisant les coûts
pour l’administration, d’autres mesures existent. Il s’agit d’inciter les
petits entrepreneurs et indépendants à déclarer l’ensemble de leurs
revenus. L’idée générale est de repérer les profi
ls à risque
afin d’orienter
les contrôles. Cette technique, dite de la segmentation, est utilisée dans
plusieurs pays (Canada, Royaume-
Uni, Danemark, Australie…). Selon
des études menées par l’Agence du Revenu du Canada, le fait d’orienter
les contrôles en ciblant les groupes de contribuables peut conduire à un
gain 2,5 à 4,4 supérieur à celui qu’on pourrait attendre sans ciblage.
À
l’aide des données obtenues par l’administration fiscale auprès
de tiers déclarants, dans les comptes publiés, lors de procès (Suisse), ou
par dénonciation (Corée du Sud : un dénonciateur peut être récompensé à
hauteur de 91
000$), il est également possible d’affiner la segmentation.
Il s’agit de tracer un profil socioprofessionnel du contribuable
récalcitrant, en croisant des données économiques et des données
psychologiques
83
.
c)
La supervision horizontale
Le
modèle
de
la
supervision
horizontale
(«
horizontal
monitoring
»), développé aux Pays-Bas, et dans une moindre mesure aux
États-Unis et en Irlande, a pour objectif premier d
’améliorer les relations
entre l’administration fiscale et les entreprises, en les rendant plus
coopératives. Ce modèle est surtout appliqué aux grandes entreprises.
C’est une relation dans laquelle chaque partie trouve son propre intérêt.
83
James, Simon, Hasseldine, John, White, Peggy et Toumi, Marika (2001)
«
Developing a Tax Compliance Strategy for Revenue Services
», Bulletin du
Bureau international de documentation fiscale, avril l 2001, pp. 158-164.
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ANNEXES
157
En échange d’une
« bonne administration », reposant sur les principes
« compréhension fondée sur la connaissance des réalités commerciales,
impartialité, proportionnalité, transparence, réactivité », les entreprises
voient l’incertitude fiscale pesant sur elles et leurs c
oûts de discipline
fiscale réduits.
En 2005, l’administration fiscale des Pays
-Bas a lancé un projet
pilote auprès de vingt très grandes entreprises. Chaque entreprise passe
avec l’administration un accord qui autorise cette dernière à superviser la
gesti
on de la fiscalité de l’entreprise, en échange d’une assistance de
l’administration. Les résultats ont été jugés très concluants, à la fois par
l’administration fiscale et par les entreprises, ce qui a incité les Pays
-Bas
à étendre l’expérience. En 2011, 1
61 grandes entreprises avaient adhéré à
la
supervision
horizontale
(soient
11%
des
grandes
entreprises
néerlandaises).
Le dispositif a été étendu aux PME. Néanmoins, et devant
l’impossibilité pour l’administration de passer un accord avec toutes les
entreprises du pays, les associations commerciales et industrielles et les
intermédiaires fiscaux servent de relais. L’administration fiscale conclut
des accords-cadres avec ces associations, auxquels peuvent se joindre les
entrepreneurs membres de l’associatio
n. Il en va de même avec les grands
cabinets d’expertise comptable et fiscale. Ces derniers passent un accord
avec leurs clients, par lequel ceux-
ci s’engagent à transmettre des données
correctes, complètes et en temps voulu. En 2012, des accords ont été
signés avec environ 150 des plus grands intermédiaires fiscaux,
permettant à 200 000 entreprises de rejoindre le programme.
B.
Analyse par pays
1.
Allemagne
L’assistance fiscale des professions libérales et des petites
entreprises
en
Allemagne
repose
sur
les
conseillers
fiscaux
(« Steuerberater »
). Cette profession détient depuis
1961, en application
de
la
loi
réglementant
la
profession
de
conseiller
fiscal
(« Steuerberatungsgesetz »-StBerG
), un quasi-monopole du conseil fiscal.
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158
COUR DES COMPTES
d)
Le rôle des intermédiaires fiscaux
Le recours à un conseiller comptable ou
fiscal n’est pas obligatoire
et aucune incitation fiscale n’existe. Il est toutefois fortement conseillé, y
compris par les sites internet officiels. Les prestations proposées par un
conseiller fiscal sont larges.
t
outes les opérations liées à l’élaboration des déclarations fiscales sont
prises en charge : tenue de comptabilité, établissement des bilans et
comptes de résultats, conseil dans le choix des logiciels de facturation,
de contrôle interne, etc.
Les conseillers fiscaux établissent également les déclarations des
salaires que l’employeur doit transmettre à l’administration fiscale et
procèdent au calcul de la retenue à la source sur salaire des employés
pour le compte de l’employeur (
Lohnsteuer
).
Enfin, les conseillers fiscaux représentent leurs clients auprès des
différentes administrations fiscales allemandes et devant les tribunaux
statuant sur les contentieux fiscaux (
Finanzgericht
).Le recours à un
professionnel de l’expertise comptable et fiscal
e
présente l’avantage pour
son mandant de lui procurer une déclaration d’impôts exacte et de ne
payer que l’impôt exigé par la loi fiscale. Le professionnel de l’expertise
comptable et fiscale est tenu, dans le cadre des lois en vigueur, de
conseiller son mandant sur toutes les possibilités de minimiser l’impôt,
par exemple sur les opportunités légales offertes d’économiser de l’impôt.
Si l’administration fiscale a surimposé à tort le contribuable, c’est aussi la
mission du professionnel de l’expertise comptable et fiscal de conseiller
son mandant et de le représenter en effectuant un recours contre
l’imposition.
Le recours à un professionnel de l’expertis
e comptable et fiscal
permet de repousser les échéances pour le dépôt de la déclaration d’IR.
De surcroît, la représentation d’un contribuable par un professionnel de
l’expertise comptable et fiscal est prise en compte favorablement par
l’administration fi
scale dans son management des risques. En revanche, le
mandant
ne
bénéficie
d’aucun
avantage
fiscal
particulier
de
l’administration. Il n’y a pas
non plus d’avantage fiscal pour le
contribuable
dû à l’intervention d’un expert
-comptable.
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ANNEXES
159
e)
Le contrôle des intermédiaires fiscaux
La profession est très règlementée, notamment pour ce qui est des
conditions d’accès: pour devenir conseiller fiscal, il est nécessaire de
mener huit semestres d’études après le baccalauréat, suivis de deux
années de stage pratique.
Les
tarifs
des
conseillers
fiscaux
sont
réglementés
par
l’ordonnance sur les honoraires des conseillers fiscaux
, en fonction des
revenus à déclarer. Par exemple,
pour l’élaboration d’une déclaration de
revenus, un conseiller fiscal peut facturer au minimum
117 € et au
maximum 707 € pour un revenu brut global de 65.000 €.
Pour la
détermination du bénéfice imposable d’une profession libérale ou d’une
activité non soumise à la tenue d’une comptabilité
et l’élaboration de la
déclaration de revenus, un conseiller fiscal peut facturer au minimum
258
€ et au maximum 1.032 € pour des recettes brutes de 250.000 €.
Les éléments transmis par le conseiller à l’administration peuvent
faire l’objet d’un contrôle relativement approfondi. D
ans le cadre du
contrôle de la déclaration de revenus
, l’agent en charge du dossier est
habilité à demander la production de tout document justifiant la
déter
mination du bénéfice imposable. Ce contrôle sur pièces est l’élément
central du contrôle fiscal des petites entreprises, puisque les contrôles sur
place sont rares.
Ainsi, en 2012, la fréquence des contrôles fiscaux sur
place des entreprises moyenne était estimée à 15 ans, celle des petites
entreprises à 30,5 ans et celle des très petites entreprises à 101,7 ans.
84
Dans la mesure où un conseiller fiscal peut être poursuivi pour
assistance à la fraude fiscale, il est dans son intérêt de procéder à des
contrôles avant de soumettre les déclarations à l’administration fiscale.
L’article 27 StGB, qui est de portée générale, prévoit une sanct
ion pénale
pour une personne qui aura intentionnellement aidé un délinquant dans
l’accomplissement de la fraude. C’est pourquoi l
es conseillers fiscaux en
Allemagne
ont l’habitude d’affirmer qu’ils ont toujours un pied en prison
.
Par ailleurs, l’article 71
AO du livre des procédures fiscales prévoit une
solidarité de paiement de l’impôt et des intérêts de retard pour toute
84
Source BMF : Monatsbericht 22.08.2013 : Betriebsprüfungsstatistik 2012
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160
COUR DES COMPTES
personne ayant participé à une fraude fiscale ou reconnue coupable de
recel de fraude fiscale. Pour éviter les poursuites, un conseiller fiscal
devra, s’il n’arrive pas à convaincre son client de corriger sa déclaration,
résilier le mandat qui le lie au dit client.
La sanction est déterminée en fonction de la sanction encourue
pour l’acte principal
. Par exemple, la peine du conseiller fiscal ne peut
pas être inférieure au quart de la peine encourue par le redevable fautif.
Cette règle est également valable pour les amendes.
Il existe également un fort contrôle interne. Si les éléments
contenus dans un dossier de plainte ou de médiation d’un
client sont
constitutifs d’une infraction à l’
une des obligations professionnelles
prévues
par
les
statuts
de
la
profession
de
conseiller
fiscal
(
Berufsordnung (BOStB)
), la chambre des conseillers fiscaux du Land
peut en fonction de la gravité de l’infrac
tion :
convoquer le conseiller fiscal pour un rappel formel à ses obligations ;
adresser un blâme ;
demander l’ouverture d’une procédure judiciaire (le conseiller fiscal
encoure alors une amende d’un montant maximum de 50.000 €, une
interdiction d’exercice
de la profession d’une durée de 1 à 5 ans ou
encore une exclusion de la profession).
2.
Italie
Le tissu économique italien est composé dans sa grande majorité
de TPE. Un grand nombre de ces entreprises est organisé sous forme
familiale et le plus souvent sous forme d’entreprise individuelle, relevant
de facto de la « famille fiscale » de personnes physiques soumises à
l’impôt sur le revenu et relevant du régime
simplifié ou du régime
réservé aux entrepreneurs percevant un chiffre d’affaires très
faible
(inférieur à 30
000 €). 83% des entreprises italiennes sont imposées au
titre de l’impôt sur le revenu.
Il n’existe pas d’avantages fiscaux incitant les entrepreneurs dont
l
es bénéfices sont soumis à l’impôt sur le revenu à se faire aider dans
l’établissement de la comptabilité et de la déclaration de revenus.
Néanmoins, compte tenu de la complexité de la législation fiscale
italienne et de la lourdeur des formalités fiscales, la quasi-totalité des
entrepreneurs se fait assister par des intermédiaires habilités. En
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ANNEXES
161
particulier, toutes les formalités fiscales devant obligatoirement être
effectuées par voie télématique, de nombreux petits entrepreneurs
maîtrisant peu ou pas l’informatique s’adressent à des intermédiaires par
crainte de ne pas accomplir correctement leurs obligations fiscales.
Afin d’aider les usagers et de minimiser le coût de gestion de
l’impôt, des Centres d’Assistance Fiscales (CAF) ont été instaurés dès le
début des années 1990,
au départ exclusivement destinés aux personnes
physiques,
puis
progressivement
étendus
aux
entreprises
(CAF-entreprises). En parallèle, les entreprises peuvent recourir aux
services d’un cabinet d’expertise comptable, qui joue éga
lement un rôle
d’intermédiaire fiscal.
La mise en place des CAF n’avait pas pour vocation de lutter
contre l’évasion mais avait pour double objectif
:
aider les usagers dans l’accomplissement de leurs complexes
obligations fiscales ;
externaliser auprès d
’opérateurs du privé les tâches lourdes de
contrôle formel de l’administration fiscale. En effet, auparavant les
usagers étaient tenus de joindre à leur déclaration de revenus
tous les
justificatifs papiers
relatifs à l’ensemble des déductions ou autres
a
vantages fiscaux qu’ils sollicitaient. Le contrôle formel des
déclarations et justificatifs, l’archivage de ces mêmes documents
constituaient un coût financier et en ressources humaines jugé excessif
par l’administration fiscale qui a souhaité externaliser
ces activités de
gestion et contrôle a priori.
Ces intermédiaires fiscaux n’assurent pas une mission de contrôle
fiscal. Ils se limitent à l’assistance au contribuable. Le contrôle fiscal est
directement piloté par l’administration, à travers le crois
ement de données
transmises par des tiers déclarants, ainsi que par des contrôles sur pièces.
f)
Présentation des CAF-entreprises
Les CAF agissent comme intermédiaires entre les contribuables et
l’administration fiscale. Créés en 1991 pour les personnes phys
iques puis
en 1999 pour les CAF entreprises,
ils sont répartis sur tout le territoire.
On en dénombre 111 à ce jour. Les CAF assistent toutes les entreprises
qui le souhaitent. Ils ne constituent pas un dispositif particulier pour les
plus petites entreprises
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162
COUR DES COMPTES
Les CAF-
entreprises sont constitués obligatoirement d’associations
syndicales des entreprises ou d’organisations adhérentes aux syndicats
précités. Ils doivent se créer sous la forme de sociétés de capitaux,
désigner un responsable et avoir pour obje
t social l’exercice d’une
activité d’assistance fiscale. Leur capital social entièrement versé ne peut
être inférieur à 51 645,69 euros.
L’autorisation d’exercer est accordée aux CAF par la Direction
Régionale de l’Agenzia delle Entrate. Pour l’exercice de
leur activité ils
peuvent
se
prévaloir
des
services
de
professionnels
habilités
(essentiellement comptables et experts comptables).
Les missions des CAF sont les suivantes :
contrôler la régularité formelle de la documentation comptable ;
tenir la comptabilité ;
conserver la comptabilité ;
établir les différentes déclarations annuelles de l’entreprise mais
également de l’exploitant personne physique ou de son conjoint
;
transmettre à l’administration fiscale les différentes déclarations
fiscales ou soci
ales pour le compte de l’usager
;
remettre au contribuable une copie de la déclaration et de l’état de
liquidation des impôts.
Les CAF effectuent des contrôles formels. Sur demande, les
CAF-entreprises
apposent
un
visa
de
conformité
relatif
à
la
documentation comptable et aux charges déductibles de la déclaration
d’impôt sur le revenu des personnes physiques. Le visa est obligatoire
pour les demandes de remboursements de crédits d’impôts ou de
compensation d’impôts.
Ainsi ils s’assurent de la véracité des
chiffres
portés sur la déclaration au regard des documents fournis et apposent un
visa de conformité si sollicité par l’entreprise. Par ailleurs, ils procèdent à
des contrôles de cohérence et de vraisemblance des déclarations fiscales
et de la comptabilité, dès lors que leur client demande le visa de
conformité.
Le visa de conformité étant obligatoire dès lors que le contribuable
sollicite un remboursement d’impôt (crédit de TVA notamment) ou une
compensation d’impôts supérieure à 15
000 €, le CAF procède a
u
contrôle des pièces produites à l’appui de la demande.
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ANNEXES
163
Contrairement aux CAF destinés aux salariés et retraités, les CAF
entreprises ne perçoivent aucune rémunération de l’administration pour
les services rendus. Ils sont en revanche rémunérés par les contribuables.
Les tarifs ne sont pas fixes et peuvent varier en fonction de la nature de
l’opération réalisée, du montant du revenu, de la région,
etc. Des tarifs
préférentiels sont par ailleurs accordés si le contribuable est membre du
syndicat.
g)
La régulation de ces intermédiaires fiscaux
Il existe une responsabilité des intermédiaires fiscaux envers le
contribuable et envers l’administration prévue par le statut des CAF tel
que mis en place par les lois de 1991 et 1999. Les sanctions applicables
ont en outre été récemment renforcées par la loi de finances 2014.
Le même intermédiaire peut assurer à la fois les missions
d’établissement de la comptabilité, de la déclaration de revenus et de
contrôle de conformité et de cohérence de cette même déclaration.
L’indépendance des intermédiaires fiscaux
est garantie par la
possibilité pour l’administration fiscale de les mettre en cause dans les cas
où ils ont apposé leur visa. Contrairement à la France, le service chargé
du contrôle des intermédiaires fiscaux en Italie est la Direction Centrale
de contrôle fiscal ou la Direction Régionale de l’Agenzia delle Entrate.
Les services compétents de l’Agenzia delle Entrate peuvent en
effet effectuer des inspections auprès des sièges des CAF pour vérifier
que les règle
s fixées pour l’exercice de l’activité d’assistance fiscale sont
respectées. Lorsque des irrégularités sont constatées, le service compétent
de l’Agenzia delle Entrate rédige un procès
-verbal qui sera notifié au
représentant légal du CAF. Dans le procès-verbal sont indiquées les
irrégularités relevées. Le CAF dispose d’un délai maximum de 90 jours
pour se mettre en règle ou formuler ses observations et doit en informer le
service à l’origine de la notification. En l’absence de réponse dans le délai
imparti
ou en cas d’observations jugées inadéquates, le CAF dispose d’un
délai complémentaire de 30 jours pour éliminer les irrégularités
constatées. Une fois passé le délai,
l’autorisation d’exercer du CAF est
révoquée et il est radié.
Les sanctions applicables
ont en outre été récemment modifiées
par la loi de finances 2014 et sont les suivantes :
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164
COUR DES COMPTES
omission ou transmission tardive de la déclaration : sanction allant de
516 à 5 164 euros ;
ces mêmes sanctions s’appliquent lorsque l’activité n’est pas exercée
dans
le respect de critères fixés par l’Agenzia delle Entrate
;
en cas d’infractions graves et répétées aux règles fiscales et sociales et
si des documents faux ou incomplets sont transmis à l’administration
fiscale, une suspension de 3 à 12 mois de l’autorisation d’exercée est
infligée. Pour les infractions les plus graves, l’activité d’assistance
peut même être révoquée.
h)
L’administration fiscale assure en partie l’assistance aux TPE
L’administration fiscale assure également un service d’assistance
aux entreprises qui bénéficient du régime fiscal dit des « minimi »
85
:
téléphonique, par courriel, sur rendez-vous, etc. Elle a par ailleurs mis en
place sur son site un service d’aide à l’utilisation des services
télématiques obligatoires. Le but recherché est de permettre aux très petits
entrepreneurs soumis à un régime comptable ultra simplifié, de
s’acquitter
de
certaines
obligations
sans
devoir
recourir
à
un
intermédiaire.
3.
Espagne
Les PME et les entreprises individuelles, sous certaines conditions,
peuvent être imp
osées au titre de l’impôt sur le revenu. Elles peuvent se
faire aider par des professionnels de l’expertise comptable et de la
fiscalité pour remplir leurs obligations fiscales, mais ne bénéficient pas
pour autant d’avantages fiscaux. Elles ne font pas non
plus l’objet d’un
contrôle spécifique de la part de l’administration fiscale espagnole.
85
L
’impôt sur le revenu, l’impôt régional sur les activités productives et les impôts
additionnels sont remplacés par un impôt substitutif à taux forfaitaire unique de 5 %.
Depuis 2011, ce
régime s’adresse désormais aux seuls jeunes entrepreneurs de moins
de 35 ans qui constituent une nouvelle entreprise. Il est limité à une période maximum
de 5 ans et les recettes annuelles ne doivent pas être supérieures à 30 000 euros.
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ANNEXES
165
Un dialogue existe entre l’administration et les intermédiaires
fiscaux, notamment à des fins de communication et de simplification des
procédures fiscales. Des conventions ou accords bilatéraux sont passés
entre les parties pour faciliter leur relation. L’administration peut
également apporter une assistance aux intermédiaires fiscaux. Le « Forum
des Associations et Collège de professionnels de la fiscalité » sert
d’interphase entre l’administration et les fiscalistes.
Néanmoins, il n’existe pas de réel contrôle qui pèse sur ces
intermédiaires fiscaux. Ces derniers sont soumis aux mêmes règles que
n’importe quelle autre entité redevable de l’impôt.
4.
États-Unis
Dans ses
relations avec l’administration fiscale américaine
, un
contribuable (entreprise ou particulier) peut choisir de se faire représenter
par un tiers de confiance. Ce choix est
matérialisé par le dépôt d’un
mandat écrit qui délimite le champ de cette représentation. En principe,
un tiers de confiance peut réaliser tous les actes qu’un contribuable peut
faire sauf signer en son nom sa déclaration d’impôt. L’activité de ces tiers
de confiance est encadrée par un code de bonne conduite dont le non-
respect peut entraîner des sanctions.
i)
Les tiers de confiance
Huit catégories de personnes ont le droit au regard de la
réglementation américaine de représenter un contribuable. Parmi ces
personnes, figurent :
les avocats («
Attorneys »
) ;
les experts-comptables («
Certified public accountants ») ;
les agents enrôlés par l’administration fiscale américaine («
Enrolled
agents »).
Ce sont des personnes qui doivent justifier de leurs
compétences en matière fiscale, soit au travers de la réussite d’un
examen
écrit
spécif
ique,
soit
au
travers
d’une
expérience
professionnelle en tant qu’ancien agent de l’administration fiscale
américaine ;
les dirigeants et les employés à temps plein d’une entreprise
;
les membres de la famille immédiate du contribuable (épouse, parent,
en
fant, frère ou sœur)
;
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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166
COUR DES COMPTES
les personnes autres que les avocats, experts-comptables et autres
agents enrôlés qui préparent et éventuellement signent les déclarations
fiscales d’un contribuable en tant que préparateur («
Unenrolled
return preparer »).
j)
Les conditions pour devenir un tiers de confiance
Lorsqu’un contribuable souhaite se faire représenter par un tiers
devant l’administration fiscale américaine, il doit déposer une autorisation
écrite pouvant prendre la forme d’un formulaire spécifique
(« Form
2848 : Power of Attorney and Declaration of Representatives »).
Quand un contribuable autorise un tiers de confiance à le
représenter, l’administration fiscale américaine donne à ce tiers un
numéro spécial d’identification.
En 2011, un nouveau bureau, le
Return
Preparers Office
(RPO), a été créé au sein
de l’IRS
. Le RPO a reçu le
mandat de réglementer les préparateurs de déclarations de revenus
rémunérés en exigeant qu'ils s'inscrivent, en effectuant des vérifications
des antécédents, en évaluant les compétences fiscales et en sensibilisant
de façon continue, en plus d'identifier les préparateurs de déclarations non
conformes et de prescrire des mesures à leur égard.
Le processus d'inscription administré par le RPO permet à l'IRS de
déployer un mécanisme permettant de lier les déclarations de revenus aux
préparateurs
de
déclarations
rémunérés
à
l'aide
d'un
numéro
d'identification unique. L'examen sur les compétences fiscales, qui
s'applique uniquement aux préparateurs de déclarations inscrits et non
aux avocats et aux experts-comptables diplômés, a été mis en application
afin d'établir une note de référence minimum pour les compétences. Le
but ultime de ces deux mesures est d'améliorer l'exactitude des
déclarations préparées par les fiscalistes rémunérés
k)
Les pouvoirs des tiers de confiance
La représentation d’un contribuable par un tiers de confiance
s’étend en principe à tous les actes que ce dernier pourrait être amen
é à
réaliser en son nom propre (communication d’informations et de
documents, participations à des réunions, acceptation de redressements,
réclamation). En principe, un tiers de confiance ne peut pas signer à la
place du contribuable sa déclaration d’impôt
.
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ANNEXES
167
Le pouvoir de représentation d’un préparateur fiscal non engagé
(«
Unrenrolled return preparer »)
est limité. En pratique, il ne peut aller
au-
delà d’une représentation dans le cadre d’une vérification de la
déclaration qu’il a préparée. Il ne peut pas
par exemple représenter le
contribuable devant le service des réclamations («
Appeals »
).
l)
Les obligations des tiers de confiance
Un praticien fiscal (avocat, expert-comptable ou agent enrôlé) ou
un préparateur fiscal non enrôlé désigné par un contribuable comme tiers
de confiance doit respecter certaines règles et avoir un comportement
exemplaire notamment au regard des lois fédérales.
Il doit être diligent et transparent avec l’administration fiscale,
fournir rapidement tout document ou toute information demandé par un
agent des impôts. Il a également un devoir d’alerte auprès du contribuable
qu’il représente concerna
nt les conséquences fiscales de ses éventuelles
erreurs, omissions ou non-respect de la loi. Un tiers de confiance ne peut
pas non plus représenter un contribuable si cette représentation implique
un conflit d’intérêts.
Un professionnel qui ne respecte pas ces obligations ou qui fait
preuve d’incompétence peut être sanctionné. La sanction peut prendre la
forme d’une réprimande publique, d’une suspension ou d’une radiation.
Une pénalité financière peut également lui être infligée.
Au sein de l’administration fiscale américaine, un bureau
spécifique («
Office of Professional Responsability »)
est en charge des
procédures disciplinaires.
5.
Canada
Le cas canadien présente un intérêt majeur puisqu’une réflexion est
à l’œuvre en vue de modifier l’encadrement des intermédiaires fiscaux,
appelés préparateurs de déclaration. Ces préparateurs de déclaration
aident les particuliers, les petites et les grandes entreprises à faire face à
leurs obligations fiscales. En général, les préparateurs de déclaration
sont :
des comptables qui préparent des déclarations de revenus en échange
d'honoraires et qui font partie d'un organisme assujetti à la
réglementation d'une province ;
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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168
COUR DES COMPTES
des employés d'entreprises qui offrent des services de préparation de
déclarations de revenus en échange d'honoraires ;
des personnes qui offrent des services de préparation de déclarations
de revenus en échange d'honoraires, mais qui ne sont pas visées par
les deux premières catégories.
Un employé qui prépare des déclarations de revenus dans le cadre
de ses fonctions n'est pas considéré comme un préparateur de déclarations
de revenus.
m)
La situation actuelle
L’Agence du revenu du Canada
(ARC) estime aujourd’hui que
70 % des particuliers et des entreprises font appel à des préparateurs de
déclaration de revenus, soit pour la déclaration des revenus des
particuliers soit pour celle des entreprises. Les préparateurs de déclaration
qui fourn
issent des renseignements qu’ils savent faux sont passibles d’une
sanction pénale
86
.
Néanmoins, la fonction de préparateur de déclaration n’est que très
peu encadrée. Les préparateurs de revenus qui sont membres d’un ordre
comptable sont tenus par l’autorégulation au sein de l’ordre, mais ceux
qui n’en font pas partie ne sont pas contrôlés. Par ailleurs, il n’y a pas
d’exigence de compétence pour se faire reconnaitre comme préparateur
de déclaration.
L’ARC a établi d'importants taux d'erreurs dans les décla
rations de
revenus produites par les PME. Les recherches de l'ARC montrent des
redressements d'impôt fédéral de 1 000 $ ou plus pour 34,5 % des
déclarants travailleurs indépendants en 2009-2010 et pour 27,5 % des
sociétés déclarantes en 2007-2008 dans le secteur des PME. Bien que ces
redressements soient peu importants (en moyenne environ 2 200 $ et
6 000 $ en redressements pour les travailleurs indépendants et les
86
Tel que le prévoient les paragraphes 239(1) et 239 (1.1) de la
Loi de l'impôt sur le
revenu
ainsi que 285.1(2) et 285.1(4) de la
Loi sur la taxe d'accise
,
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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ANNEXES
169
sociétés, respectivement), la fréquence élevée de ces redressements est
une préoccupation compte tenu de la taille de la population des PME
(environ cinq millions). L'ARC attribue la majorité de ces redressements
à des erreurs récurrentes en raison d'une inattention ou d'un manque de
connaissances.
n)
Les contours de la réforme
Pour aider les contribuables et les préparateurs de déclaration à
faire face à leurs obligations, mais également pour instaurer un contrôle
plus efficace des préparateurs, la ministre du Revenu national a proposé
en janvier 2014 un plan intitulé Programme d’inscription des pré
parateurs
de déclaration de revenus (PIPDR)
87
.
Le premier objectif de cette réforme serait de réduire le nombre
important d’erreurs présentes dans les déclarations de revenus. En 2011
-
2012, l'ARC a décelé un manque de 1,034 milliard de dollars de recettes
fiscales pour le seul impôt sur le revenu. L'essentiel de ce montant a été
décelé en effectuant le rapprochement des déclarations de revenus des
particuliers avec des renseignements communiqués par les employeurs,
les institutions financières et d'autres s
ources. Or, l’ARC veut se doter
d’un outil permettant d’apporter une réponse systématique aux erreurs
dans les déclarations. A ces fins, l’ARC souhaiterait
:
identifier les préparateurs de déclarations de revenus à l'aide d'un
numéro d'identification personnel (NIP) ;
lier chaque déclaration de revenus au préparateur de déclarations et à
l'entreprise pour laquelle il travaille au moyen de ce NIP ;
établir dans quelle mesure un préparateur de déclarations particulier
ou une entreprise de préparation de déclarations est associé à des
déclarations de revenus conformes ou irrégulières ;
87
Pour accéder à l’intégralité du plan
:
pipdr/cnslttnppr-fra.html#fnb1
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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170
COUR DES COMPTES
élaborer une approche stratégique en matière d'observation pour traiter
les enjeux liés aux erreurs et omissions dans les déclarations de
revenus élaborées par des préparateurs de déclarations. Cette approche
comprend de la formation, des visites de suivi, l'élaboration de plans
d'action et des vérifications auprès des clients des préparateurs de
déclarations lorsque
l’irrégularité
persiste.
L’objectif,
également,
serait
de
ren
forcer
le
contrôle
de
l’administration sur le
préparateur de déclaration. Le préparateur devrait
notamment préciser, au moment où il s’enregistre auprès de l’ARC, le
nombre d'années d'expérience comme préparateur de déclarations de
revenus et son adhésion éventuelle à un organisme comptable ou
juridique réglementé par une province.
Dans un nombre limité de situations où un préparateur de
déclarations a omis d'exercer un soin raisonnable ou d'agir avec diligence
afin de corriger les erreurs, ou a réalisé délibérément des irrégularités,
l'ARC envisagerait de prendre des sanctions (dénonciation du préparateur
de déclarations auprès d'un organisme comptable ou juridique réglementé
par une province, imposition d'une pénalité, instauration d'une période de
surveillance, pénalité administrative voire une révocation). Les sanctions
seraient aussi requises dans les situations où un préparateur de
déclarations élabore une déclaration moyennant des honoraires, mais
demande au contribuable, ou à un autre préparateur de déclarations, de
produire la déclaration pour tenter d'éviter les exigences en matière
d'inscription.
En échange de l’inscription en tant que préparateur de déclaration,
l’ARC publierait une liste des préparateurs déclarés, ce qui pourrait
inciter les p
rofessionnels à se rapprocher de l’ARC. Par ailleurs, celle
-ci
fournirait une assistance technique afin d’aider les préparateurs à faire
face à leurs obligations.
6.
Royaume-Uni
Il n’existe pas au Royaume
-
Uni, d’organismes similaires aux
OGA. Les petites entreprises ont néanmoins la possibilité de se faire
assister dans l’établissement de leur comptabilité et dans la déclaration de
revenus.
Au niveau réglementaire, le gouvernement a introduit, à compter
du 1er avril 2013, la possibilité pour les TPE (les travailleurs
indépendants) d’opter pour une comptabilité de caisse lorsque leur chiffre
d’affaires n’excède pas 79 000 £. Le gouvernement considère que cette
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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ANNEXES
171
option pourrait concerner potentiellement 3 millions d’entreprises
individuelles (sur un total de 4,6 millions de PME).
Par ailleurs, l’administration fiscale britannique (
Her Majesty
Revenue &Customs HRCM
) estime que les intermédiaires fiscaux (« Tax
agents ») jouent un rôle essentiel dans l’accomplissement des obligations
déclaratives des contribuables. Ces intermédiaires fiscaux peuvent être
des conseillers fiscaux ou des experts comptables. Leur rôle consiste en
l’établissement des comptes et des déclarations des entreprises, ainsi que
le dépôt de ces dernières au nom et pour le compte des clients. Il est
possible qu’un même intermédiaire tienne la comptabilité et établisse les
déclarations fiscales. Cependant, dans les faits, l’activité d’audit et de
conseil sont séparées. En général, au sein des cabinets comptables, il
existe des règles internes strictes de fonctionnement qui assurent cette
séparation.
Ces intermédiaires fiscaux voient leur responsabilité engagée à
deux niveaux. Les organismes professionnels d’expertise comptable (il en
existe six principaux) occupent une place centrale dans le contrôle de
leurs adhérents, puisqu’ils imposent un code déontologique dont le
respect est garanti par des sanctions pouvant aller jusqu’à l’exclusion de
l’adhérent en cas d’infraction majeure. L’ensemble des membres de ces
organismes est également
placé sous la supervision du Financial
Reporting Council, qui est une autorité indépendante.
Néanmoins, cette autorégulation ne semble
pas suffisante. En
octobre 2010, le National Audit Office a rendu un rapport dans lequel il
estimait que la sous-déclaration de revenus provenant de contribuables
accompagnés dans leurs démarches comptables et fiscales par un
intermédiaire était significative (respectivement 2.6 milliards de livres et
900 millions de livres de pertes de recettes en matière d’impôt sur le
revenu et
d’impôt sur les sociétés) et que ces pertes se concentraient sur
les PME.
Par ailleurs, l’administration fiscale britannique peut intenter un
certain nombre d’actions contre les intermédiaires fautifs, allant de la
simple notification jusqu’à la sancti
on pénale. Les intermédiaires fiscaux
peuvent être poursuivis lorsque leur implication dans un schéma de
fraude ou d’évasion fiscale est caractérisée ou peuvent faire l’objet de
sanctions en qualité de promoteur de schémas d’optimisation. En
parallèle, l’un des axes stratégiques de l’administration est de construire
des relations solides avec les intermédiaires fiscaux en améliorant les
services qui leurs sont offerts.
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172
COUR DES COMPTES
Le renforcement de la relation avec les intermédiaires est un
moyen de favoriser le développement du recours aux services en ligne par
leurs clients, avec pour objectif affiché, la réduction du nombre d’erreurs.
Pour avancer sur un mode collaboratif avec les intermédiaires fiscaux sur
ces évolutions, a été créé le «
Joint Tax Agent Strategy Steering group
»,
comité
de
pilotage
composé
des
représentants
des
organismes
professionnels concernés et de l’administration.
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ANNEXES
173
Annexe n° 5
Répartition des entreprises en fonction de leur
intérêt à adhérer (2012, en milliers)
Le tableau ci-après pr
ésente la répartition de l’ensemble des
entreprises recensées par les services fiscaux. Il s’agit essentiellement,
des entreprises à l’IS, des entreprises à l’IR imposées au réel (BIC, BA,
BNC) et des entreprises à l’IR imposées au forfait (auto
-entrepreneurs,
micro-BIC, micro-BNC, forfait agricole). Les entreprises sont réparties en
fonction de leur intérêt à adhérer à un organisme agréé (c’est
-à-dire si
elles peuvent bénéficier de la non majoration de 25 % de leurs revenus
professionnels) et de leur adhésion effective.
Les organismes de gestion agréés, 40 ans après – septembre 2014
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174
COUR DES COMPTES
Source : Cour des comptes à partir de données DGFiP- *Petites sociétés à
l’IS
: entreprises dont le chiffre d’affaires est inférieur à un plafond défini tel
que 95 % des entreprises BIC, BA, BNC aient un chiffre d’affaires inférieur à
ce plafond (soit 495
568 € en 2012)
En valeur
absolue -hors
sociétés IS
En proportion
du total - hors
sociétés IS
En valeur
absolue -avec
sociétés IS
En proportion
du total -
avec sociétés
IS
Entreprises ayant intérêt à
adhérer et qui adhèrent
1 007,9
39%
1 007,9
25%
BA au réel déclarant des bénéfices
180,1
42%
180,1
BIC au réel déclarant des
bénéfices
389,0
31%
389,0
BNC au réel déclarant des
bénéfices
438,8
50%
438,8
Entreprises ayant intérêt à
adhérer et qui n'adhèrent pas
248,7
10%
248,7
6%
BA au réel déclarant des bénéfices
38,1
9%
38,1
BIC au réel déclarant des
bénéfices
156,2
12%
156,2
BNC au réel déclarant des
bénéfices
54,4
6%
54,4
Entreprises n'ayant pas intérêt à
adhérer et qui n'adhèrent pas
1 207,3
47%
2 659,5
66%
Entreprises au forfait (micro et auto-
entrepreneurs):
943,6
37%
943,6
23%
dont BA
165,2
38%
165,2
dont BIC
445,0
35%
445,0
dont BNC
333,4
38%
333,4
Entreprises au réel déclarant des
déficits:
263,7
10%
263,7
7%
dont BA
23,2
5%
23,2
dont BIC
214,5
17%
214,5
dont BNC
26,0
3%
26,0
Entreprises à l'IS:
1 452,2
36%
dont petites sociétés à l'IS*
1 038,9
26%
dont petites sociétés à l'IS
bénéficiaires
467,5
12%
Entreprises n'ayant pas intérêt à
adhérer et qui adhèrent
108,1
4%
123,3
3%
Entreprises au réel déclarant des
déficits:
108,1
4%
108,1
2,7%
dont BA
23,6
5%
23,6
dont BIC
63,1
5%
63,1
dont BNC
21,4
2%
21,4
Entreprises à l'IS:
15,2
0,4%
dont petites sociétés à l'IS
10,3
0,3%
Total
2 572,0
100%
4 039,4
100%
dont BA
430,2
100%
dont BIC
1 267,8
100%
dont BNC
874,0
100%
Nombre d'entreprises
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ANNEXES
175
Annexe n° 6
La détermination du régime d’imposition des
entreprises individuelles et des auto-entrepreneurs
Activités
commerciales et
artisanales
Bénéfices industriels
et commerciaux
(BIC)
Activités libérales
Bénéfices non
commerciaux (BNC)
Activités agricoles
(BA)
Entreprises
individuelles dont le
chiffre d'affaires est
inférieur ou égal à :
- 81 500 euros HT
(achat/vente),
- 32 600 euros HT
(autres prestations de
services)
Régime de la micro-
entreprise
Option possible pour
le régime du réel
simplifié ou du réel
normal
Entreprises
individuelles dont les
recettes sont
inférieures ou égales
à 32 600 euros HT
Régime de la micro-
entreprise
Option possible pour
le régime de la
déclaration contrôlée
Exploitants agricoles
dont la moyenne des
recettes, calculée sur 2
années consécutives,
n'excède pas 76 300 €.
Régime forfaitaire
agricole
Entreprises
individuelles dont le
chiffre d'affaires est
compris entre :
- 81 500 euros HT et
777 000 euros HT
(achat/vente)
- 32 600 euros HT et
234 000 euros
HT (autres prestations
de services)
Entreprises
individuelles dont les
recettes sont
supérieures à 32 600
euros HT
Sociétés
Régime de la
déclaration contrôlée
Exploitants dont la
moyenne des recettes
annuelles calculée sur
2 ans dépasse 76 300
€
sans
excéder 350 000
€.
Régime du réel
simplifié
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176
COUR DES COMPTES
Sociétés dont le
chiffre d'affaires est
inférieur à 777 000
euros (marchandises)
ou 234 000 euros HT
(prestations de
services)
Régime du réel
simplifié
Option possible pour
le réel normal
Entreprises dont le
chiffre d'affaires est
supérieur à :
- 777 000 euros HT
(achat/vente,
fournitures et denrées
à emporter ou à
consommer sur place,
fourniture de
logement).
- 234 000 euros HT
(autres prestations de
services).
Régime du réel
normal
Exploitants dont la
moyenne des recettes
calculée sur 2 ans
dépasse 350 000
€.
Régime du réel
normal
Source
: Agence pour la création d’entreprises
Note : Les seuils de passage au réel ont été augmentés pour les exercices
2014, 2015 et 2016 par la loi de finances pour 2014 à 82 200
€
et 783 000
€
pour les BIC (achat/vente), à 32 900
€ et 236
000 € pour les BIC (prestations
de services), à 32
900 € pour les BNC
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ANNEXES
177
Annexe n° 7
Les différents régimes d’imposition des entreprises
et des auto-entrepreneurs
Impôt sur le revenu
Impôt sur les sociétés
De plein droit :
- Entreprises individuelles
- EURL
- sociétés de personnes : SNC, SCP,
etc.
Sur option :
SARL "de famille", constituées entre
les ascendants, descendants du 1
er
et 2
ème
degré, les collatéraux et leurs conjoints
et
personnes
liées
par
un
Pacs.
SARL, SA, SAS, quelle que soit leur
activité (à l'exclusion de la gestion
propre de son patrimoine immobilier ou
mobilier), dès lors que l'entreprise :
- a été créée depuis moins de 5 ans au
moment
de
l'option,
- emploie moins de 50 salariés et réalise
un CA annuel ou un total de bilan
inférieur
à
10
millions
d'euros,
-
n'est
pas
cotée
sur
un
marché
réglementé,
- et a des droits de vote détenus à
hauteur de 50 % au moins par des
personnes physiques, et à hauteur de
34 % au moins par le (ou les) dirigeant
de l'entreprise et les membres de son
foyer fiscal.
De plein droit :
- SARL
- SA
- SAS
Sur option :
- EURL
- sociétés de personnes : SNC, SCP, etc.
- EIRL sous certaines conditions
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178
COUR DES COMPTES
Assiette de calcul de l'IR
Pour les entreprises individuelles,
l'assiette d'imposition est obtenue :
- soit par application d'un abattement
représentatif des frais professionnels
(régime
de
la
micro-entreprise),
- soit par déduction des charges réelles
de l'entreprise (régime du bénéfice réel).
Pourles sociétés : l'assiette
d'imposition est obligatoirement
déterminée par déduction des charges
réelles.
Assiette de calcul de l'IS
Le régime de la micro-entreprise n'est
pas applicable.
La société est obligatoirement soumise
au régime du bénéfice réel (simplifié ou
normal).
Taux d'imposition
Le barème progressif de l'IRPP
(imposition des revenus des personnes
physiques) s'applique.
Le taux est donc variable en fonction
des autres revenus et de la situation
familiale de l'intéressé.
Les micro-entrepreneurs ayant opté
pour le régime micro-social et dont le
foyer fiscal ne dépasse pas un certain
seuil ont la possibilité d'opter pour un
prélèvement libératoire de l'impôt sur le
revenu.
Taux d'imposition
taux normal : 33,33 %
taux réduit global : 15 %
applicable
sur une fraction du bénéfice imposable
limitée
à 38 120 euros
Pour bénéficier du taux réduit :
- l'entreprise doit réaliser un chiffre
d'affaires HT inférieur à 7 630 000
euros,
- son capital doit être entièrement libéré
et détenu pour 75 % au moins par des
personnes physiques ou par une société
elle-même détenue à 75 % au moins, par
des personnes physiques.
- au-delà de la limite de 38 120 euros,
les bénéfices sont taxés au taux normal.
Régime de la micro-entreprise
Ce régime s'applique de plein droit, sauf option pour un régime
réel d'imposition ou pour le versement fiscal libératoire.
Dans ce cas, l'entrepreneur est dispensé d'établir une déclaration
fiscale au titre des BNC et BIC. Il lui suffit de porter sur sa déclaration
d'ensemble de revenus n°2042 le montant de son chiffre d'affaires (BIC)
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ANNEXES
179
ou de ses recettes (BNC) ainsi que les éventuelles plus ou moins-values
réalisées ou subies au cours de l'année concernée.
Le bénéfice imposable est déterminé par l'administration fiscale
qui applique au chiffre d'affaires déclaré un abattement forfaitaire pour
frais professionnels de :
71 % du CA pour les activités d'achat/revente, et les activités de
fourniture de logement,
50 % du CA pour les autres activités relevant des BIC,
34 % du CA pour les BNC,
avec un minimum d'abattement de 305 €.
Pour déterminer l'impôt sur le revenu qui est dû, le bénéfice
forfaitaire ainsi calculé est ensuite soumis, avec les autres revenus du
foyer fiscal, au barème progressif par tranches de l'impôt sur le revenu.
Le versement fiscal libératoire de l’impôt sur le revenu
Le micro-entrepreneur peut opter pour ce mode de calcul et de
paiement de l'impôt sur le revenu s'il remplit les conditions suivantes :
il bénéficie du régime micro-social,
son revenu fiscal de référence de l'avant-dernière année est inférieur
ou égal
,
pour une part de quotient familial, à la limite supérieure de la
troisième tranche du barème de l'impôt sur le revenu de l'année
pr
écédente, soit 26 420 €.
Cette limite est majorée de 50 % ou de
25 % par demi-part ou quart de part supplémentaire.
Chaque mois ou chaque trimestre, selon l'échéance choisie pour le
régime micro-social, le micro-entrepreneur déclare le chiffre d'affaires
réalisé sur cette période, et adresse le règlement correspondant à l'impôt
sur le revenu correspondant à son activité.
Le prélèvement sera égal à :
1 % du chiffre d'affaires mensuel ou trimestriel pour les exploitants
dont l'activité principale est de vendre des marchandises, des objets,
des fournitures et des denrées à emporter ou à consommer sur place ou
de fournir un logement (hôtels, chambres d'hôtes, gîtes ruraux,
meublés de tourisme),
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180
COUR DES COMPTES
1,7 % du chiffre d'affaires mensuel ou trimestriel pour les autres
prestataires de services relevant des BIC,
2,2 %
du
chiffre
d'affaires
mensuel
ou
trimestriel
pour
les
professionnels relevant des BNC.
Dans ce régime, l'impôt sur le revenu est payé à titre définitif au
fur et à mesure de l'encaissement du chiffre d'affaires : contrairement au
régime classique de la micro-entreprise, les revenus tirés de l'activité
indépendante ne sont pas soumis au barème progressif par tranches de
l'impôt sur le revenu.
Source
: Agence pour la création d’entreprises
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ANNEXES
181
Annexe n° 8
Nombre de contrôles fiscaux sur pièces et sur place
Le tableau ci-
dessous présente le nombre d’entreprises ayant fait
l’objet d’un
contrôle sur pièces au titre des exercices 2010, 2011 et 2012,
et le nombre d’entreprises ayant fait l’objet d’un contrôle s
ur place au
titre des exercices 2009, 2010 et 2011. Les entreprises sont distinguées en
fonction de leur adhésion à un organisme agréé.
Source : DGFiP
–
contrôle fiscal
Contrôle sur
pièces
Fréquence
des contrôles
sur pièces en
année
62
47
49
61
52
53
61
53
55
Nombre
d'entreprise
faisant l'objet
d'un contrôle
sur pièces:
18 245
120 655
138 900
13%
18 492
117 114
135 606
14%
18 476
117 995
136 471
14%
BA
1 236
1 517
2 753
45%
1 159
1 274
2 433
48%
1 203
1 368
2 571
47%
BIC
8 794
17 727
26 521
33%
8 653
15 654
24 307
36%
8 324
15 478
23 802
35%
BNC
7 463
6 242
13 705
54%
7 981
6 537
14 518
55%
8 099
6 428
14 527
56%
IS
493
79 726
80 219
1%
486
79 447
79 933
1%
598
80 434
81 032
1%
Autres
259
15 443
15 702
2%
213
14 202
14 415
1%
252
14 287
14 539
2%
Contrôle sur
place
Nombre
d'entreprise
faisant l'objet
d'un contrôle
sur place
visant l'année
en référence:
6 837
92 054
98 891
7%
4 129
57 334
61 463
7%
1 703
22 200
23 903
7%
BA
404
641
1 045
39%
244
402
646
38%
12
225
237
5%
BIC
3 648
10 429
14 077
26%
2 254
6 069
8 323
27%
239
2 702
2 941
8%
BNC
2 570
3 144
5 714
45%
1 494
1 815
3 309
45%
54
815
869
6%
IS
176
71 556
71 732
0%
110
44 998
45 108
0%
1 263
16 805
18 068
7%
Autres
39
6 284
6 323
1%
27
4 050
4 077
1%
135
1 653
1 788
8%
Entreprise
n'adhérant
pas à un
OGA
2009
2010
2011
Entreprise
adhérant à
un OGA
Part OGA
dans TOTAL
Entreprise
adhérant à
un OGA
Part OGA
dans TOTAL
Entreprise
adhérant à
un OGA
Part OGA
dans TOTAL
Entreprise
n'adhérant
pas à un
OGA
Total
Total
Entreprise
n'adhérant
pas à un
OGA
Total
2010
2011
2012
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182
COUR DES COMPTES
Annexe n° 9
Résultats des contrôles fiscaux sur pièces et sur
place
Le tableau ci-dessous présente les résultats des contrôles sur pièces
et sur place réalisés sur les BIC, BA, BNC sur les périodes considérées. Il
permet d’identifier la proportion de contrôles aboutissant à une
proposition de rectification, en distinguant les adhérents et les non
adhérents et, pour les adhérents, en identifiant la nature du compte rendu
de mission envoyé par l’organisme agréé.
Source : DGFiP
–
contrôle fiscal
Avec un
CRM
positif*
Avec un
CRM
négatif**
Avec un
CRM
concorda
nt non
concorda
nt
Absence
de CRM
ou
indétermi
né
Avec un
CRM
positif*
Avec un
CRM
négatif**
Avec un
CRM
concorda
nt non
concorda
nt
Absence
de CRM
ou
indétermi
né
Avec un
CRM
positif*
Avec un
CRM
négatif**
Avec un
CRM
concorda
nt non
concorda
nt
Absence
de CRM
ou
indétermi
né
Contrôle sur
pièces
Entreprises
faisant l'objet
d'une
proposition de
rectification
(uniquement
BA, BIC, BNC)
24%
32%
29%
26%
25%
35%
31%
21%
46%
30%
25%
22%
32%
28%
21%
17%
17%
21%
21%
30%
26%
Contrôle sur
place
Entreprises
faisant l'objet
d'une
proposition de
rectification
(uniquement
BA, BIC, BNC)
74%
80%
80%
72%
74%
77%
76%
79%
89%
89%
83%
80%
83%
82%
83%
83%
100%
81%
82%
82%
82%
2009
2010
2011
Total
Entreprise adhérant à un OGA
Entrepris
e
n'adhéra
nt pas à
un OGA
Total
TOTAL
OGA
2010
2011
2012
Entreprise adhérant à un OGA
Entrepris
e
n'adhéra
nt pas à
un OGA
Total
TOTAL
OGA
TOTAL
OGA
Entreprise adhérant à un OGA
Entrepris
e
n'adhéra
nt pas à
un OGA
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ANNEXES
183
Annexe n° 10
Moyenne des droits rappelés lors de contrôles
fiscaux sur place
Le tableau ci-dessous présente le nombre de contrôles sur place
clos en 2010, 2011 et 2012 et la moyenne des droits rappelés suite à ces
contrôles. Les entreprises sont distinguées selon leur adhésion à un
organisme agréé et selon leur taille de chiffre d
’affaires.
En €
Source : DGFiP
–
Contrôle fiscal - Périmètre : Contrôles fiscaux externes
clos en 2010, 2011 et 2012
Nbre de
contrôles
Moyenne
Droits
Nbre de
contrôles
Moyenne
Droits
Entreprise de
taille
intermediaire
Chiffre d'affaires compris entre
230 000 et 1 million € pour les
prestataires de service et compris
entre 763 000 € et
3 millions pour les ventes
1932
32 072
23 666
68 051
Petite
entreprise
Chiffre d'affaires compris entre
50 000 et 230 000 € pour les
prestataires de service et compris
entre 150 000 et
763 000 pour les ventes
2344
24 755
24 418
56 031
TPE
Chiffre d'affaires inférieur à 50
000 € pour les prestataires de
service et
150 000 € pour les ventes
738
23 234
10 750
63 018
Nbre de
contrôles
Moyenne
Droits
Nbre de
contrôles
Moyenne
Droits
Petite et
moyenne
entreprise
Chiffre d'affaires compris entre
27 000 et 500 000 €
3104
21 613
2 883
35 624
TPE
Chiffre d'affaires inférieur à 27
000 € et régime Micro BNC
219
17 382
1 884
63 801
Nbre de
contrôles
Moyenne
Droits
Nbre de
contrôles
Moyenne
Droits
Petite et
moyenne
entreprise
Chiffre d'affaires compris entre
76 300 et 600 000 €
446
27 567
324
39 848
TPE
Chiffre d'affaires inférieur à 76
300 € et régime du forfait
agricole
117
29 278
459
26 131
BIC/IS
Bénéfices non commerciaux
Sans OGA
Sans OGA
Sans OGA
OGA
OGA
OGA
Bénéfices agricoles
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184
COUR DES COMPTES
Annexe n° 11
Moyenne des pénalités lors de contrôles fiscaux sur
place
Le tableau ci-dessous présente le nombre de contrôles sur place
clos en 2010, 2011 et 2012 et la moyenne des pénalités suite à ces
contrôles. Les entreprises sont distinguées selon leur adhésion à un
organisme agréé et selon leur taille de chiffre d’affaires.
En €
Source : DGFiP
–
Contrôle fiscal - Périmètre : Contrôles fiscaux externes
clos en 2010, 2011 et 2012
Nbre de
contrôles
Moyenne
pénalités
Nbre de
contrôles
Moyenne
pénalités
Entrprise de
taille
intermediaire
Chiffre d'affaires compris
entre 230 000 et 1 million €
pour les prestataires de
service et compris entre 763
000 € et
3 millions pour les ventes
1932
9 953
23 666
28 986
Petite
entreprise
Chiffre d'affaires compris
entre 50 000 et 230 000 €
pour les prestataires de
service et compris entre 150
000 et
763 000 pour les ventes
2344
7 698
24 418
28 172
TPE
Chiffre d'affaires inférieur à
50 000 € pour les
prestataires de service et
150 000 € pour les ventes
738
6 956
10 750
26 021
Nbre de
contrôles
Moyenne
pénalités
Nbre de
contrôles
Moyenne
pénalités
Petite et
moyenne
entreprise
Chiffre d'affaires compris
entre 27 000 et 500 000 €
3104
5 740
2 883
13 661
TPE
Chiffre d'affaires inférieur à
27 000 € et régime Micro
BNC
219
5 488
1 884
36 472
Nbre de
contrôles
Moyenne
pénalités
Nbre de
contrôles
Moyenne
pénalités
Petite et
moyenne
entreprise
Chiffre d'affaires compris
entre 76 300 et 600 000 €
446
4 575
324
12 401
TPE
Chiffre d'affaires inférieur à
76 300 € et régime du forfait
agricole
117
3 535
459
7 372
OGA
Sans OGA
BIC/IS
OGA
Sans OGA
Bénéfices non commerciaux
OGA
Sans OGA
Bénéfices agricoles
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ANNEXES
185
Annexe n° 12
Répartition des contrôles selon les résultats du
compte rendu de mission
Le tableau ci-dessous présente la répartition des contrôles sur
pièces et sur place sur la période considérée, sur les adhérents
d’organismes agréés seulement, en fonction du résultat du compte rendu
de mission. Ainsi, en 2010, 76, 4 % des entreprises adhérentes ayant fait
l’objet d’un contrôle sur pièces avaient un compte rendu de mission
positif.
Source : DGFiP
–
contrôle fiscal
Avec un CRM
positif*
Avec un CRM
négatif**
Avec un CRM
concordant
non
concordant
Absence de
CRM ou
indéterminé
TOTAL OGA
Avec un CRM
positif*
Avec un CRM
négatif**
Avec un CRM
concordant
non
concordant
Absence de
CRM ou
indéterminé
TOTAL OGA
Avec un CRM
positif*
Avec un CRM
négatif**
Avec un CRM
concordant
non
concordant
Absence de
CRM ou
indéterminé
TOTAL OGA
Contrôle sur
pièces
Nombre
d'entreprise
faisant l'objet
d'un contrôle
sur pièces:
76,4%
0,2%
3,5%
19,9%
100%
76,9%
0,3%
3,5%
19,3%
100%
74,2%
0,2%
5,9%
19,7%
100%
Contrôle sur
place
Nombre
d'entreprise
faisant l'objet
d'un contrôle
sur place
visant l'année
en référence:
78,0%
3,8%
0,2%
17,9%
100%
74,4%
3,8%
0,5%
21,4%
100%
73,0%
1,4%
0,1%
25,5%
100%
2009
2010
2011
2010
2011
2012
Entreprise adhérant à un OGA
Entreprise adhérant à un OGA
Entreprise adhérant à un OGA
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186
COUR DES COMPTES
Annexe n° 13
La satisfaction des adhérents
Plusieurs enquêtes de satisfaction ont été menées par les
fédérations d’organismes agréés sur leurs entreprises adhérentes pendant
l’enquête de la Cour en février 2014. Celle de la fédération des centres de
gestion agréés a obtenu 1 819 réponses, celle de
l’union nationale des
associations agréées 3
902 et celle de l’association nationale des
directeurs de centres de gestion agréés 1 512.
Ces enquêtes de satisfaction ont été menées sur une base volontaire
et non à partir d’un échantillon représentatif. Leu
rs résultats ne peuvent
donc pas refléter le degré de satisfaction de l’ensemble des adhérents. Les
différences de satisfaction entre adhérents des centres agréés et des
associations agréées proviennent pour partie du fait que le sondage
effectué par les fédérations de centres agréés offrait la possibilité de
répondre « sans avis », contrairement à celui des associations agréées.
Les adhérents d’organismes agréés ayant répondu se déclarent en
général très satisfaits. 96 % des adhérents d’associations agréé
s et 89 %
des adhérents de centres agréés interrogés s’estiment satisfaits ou très
satisfaits des services rendus par l’association.
Les missions fiscales des organismes agréés sont davantage
valorisées par les adhérents, au détriment des missions annexes. En effet,
pour les centres agréés, à la question « que vous apporte le centre agréé
en priorité ? (trois choix possibles) », 61 % des adhérents mettent en
avant des missions de nature fiscale (sécurité fiscale, gestion des
obligations administratives, me
illeure perception de l’administration
fiscale, meilleure connaissance des obligations fiscales), contre seulement
36 % pour les missions annexes (outil d’amélioration de la gestion
professionnelle,
meilleure
connaissance
du
secteur
professionnel,
formations). 3 % mettent en avant des motifs autres dont certains sont de
nature fiscale (avantages fiscaux divers) et d’autres annexes (formation,
réponses à des questions techniques).
Pour les associations agréées, le résultat est similaire. Lorsque l’on
interr
oge les adhérents sur ce qu’apporte l’association 50 % placent en
premier choix la sécurité fiscale, 33 % placent la gestion de leurs
obligations administratives (leur permettant de se concentrer sur leur
cœur de métier), 30
% placent une meilleure connaissance de leurs
obligations fiscales et 16 % placent une meilleure perception de
l’administration fiscale.
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ANNEXES
187
Annexe
n° 14
Liste des abréviations
AGC : association de gestion et de comptabilité
BA : bénéfices agricoles
BIC : bénéfices industriels et commerciaux
BNC : bénéfices non commerciaux
CGAH : centre de gestion agréé et habilité
CVAE : cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises
DGCIS
: Direction générale de la compétitivité, de l’industrie et de
services
DDFIP : Direction départementale des finances publiques
DGFiP : Direction générale des finances publiques
DRFIP : Direction régionale des finances publiques
EARL : exploitations agricoles à responsabilité limitée
EIRL : entrepreneur individuel à responsabilité limitée
EURL : entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (SARL
unipersonnelle)
FCGA : Fédération des centres de gestion agréés
FCGAA : Fédération des centres de gestion agréés agricoles
IR : impôt sur le revenu
IS : impôt sur les sociétés
SARL : société à responsabilité limitée
SA : société anonyme
SAS : société par actions simplifiée
SASU : société par actions simplifiée unipersonnelle
SELARL
: société d’exercice libéral à responsabilité limitée
SNC : société en nom collectif
TPE : très petites entreprises
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