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2/78
Dès qu'aura eu lieu la première réunion du conseil municipal ou conseil départemental suivant sa
réception, il deviendra communicable aux tiers en vertu des dispositions de l'article R. 241-18 du
code des juridictions financières.
En application des dispositions de l'article R. 241-23 du code des juridictions financières, une copie
du rapport d'observations définitives a été transmise au préfet et au directeur départemental des
finances publiques.
Je vous prie d'agréer, Monsieur, l'expression de ma considération la plus distinguée.
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Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
2/78
TABLE DES MATIERES
1.
L’ENSEIGNEMENT DE LA MUSIQUE ET DE LA DANSE DANS L’YONNE
...............................................
6
1.1.
LES COLLECTIVITES LOCALES SONT DES ACTEURS ESSENTIELS DE L’EDUCATION ARTISTIQUE
.........................
6
1.2.
UNE POLITIQUE DEPARTEMENTALE AFFIRMEE, DES ETAPES SUCCESSIVES
................................................
7
2.
LA CREATION ET LA MISE EN PLACE DE L’EPCC
....................................................................................
10
2.1.
L’INITIATIVE D’UNE COOPERATION CULTURELLE
.............................................................................................
10
2.2.
L’EXISTENCE ET LA QUALITE DES ETUDES DE FAISABILITE ET DES MESURES PREPARATOIRES
...........................
11
2.3.
LE CHOIX DU REGIME JURIDIQUE APPLICABLE
................................................................................................
11
3.
LA GOUVERNANCE DE L’EPCC ET LES ATTRIBUTIONS RESPECTIVES DU CONSEIL
D’ADMINISTRATION ET DU DIRECTEUR
....................................................................................................
12
3.1.
LE CONSEIL D’ADMINISTRATION DISPOSE DES ATTRIBUTIONS CLASSIQUES D’UNE ASSEMBLEE DELIBERANTE.12
3.2.
LE RECRUTEMENT ET LA NOMINATION DU DIRECTEUR : DE NOMBREUSES ANOMALIES
................................
13
3.3.
LE STATUT ET LES POUVOIRS DU DIRECTEUR LUI CONFERENT LA DIRECTION DE L’ETABLISSEMENT
.................
22
4.
L’IMPLANTATION DE L’EPCC : LA MISE A DISPOSITION DES MOYENS ET L’ORGANISATION DE
L’ETABLISSEMENT
..............................................................................................................................................
26
4.1.
LA CITE DES MUSIQUES
..................................................................................................................................
26
4.2.
LA GESTION CRITIQUABLE DU PARC INSTRUMENTAL DU CONSERVATOIRE
.....................................................
28
5.
LES ELEVES DU CONSERVATOIRE A RAYONNEMENT DEPARTEMENTAL D’AUXERRE
...............
35
5.1.
L’ORIGINE GEOGRAPHIQUE DES ELEVES
.........................................................................................................
35
5.2.
LA TARIFICATION
...........................................................................................................................................
35
5.3.
LA FREQUENTATION PAR CLASSE D’AGE ET PAR DISCIPLINE
............................................................................
36
5.4.
LES CYCLES D’ENSEIGNEMENT
........................................................................................................................
37
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
3/78
6.
LES AGENTS DE L’ETABLISSEMENT ET LA GESTION DES RESSOURCES HUMAINES
............
39
6.1.
L’ORGANISATION DU SERVICE RESSOURCES HUMAINES
.................................................................................
39
6.2.
L’EVOLUTION DES EFFECTIFS
..........................................................................................................................
40
6.3.
L’EVOLUTION DE LA MASSE SALARIALE
..........................................................................................................
43
6.4.
LES TRANSFERTS DE PERSONNEL
....................................................................................................................
45
6.5.
LES CONVENTIONS CROISEES DE MISE A DISPOSITION ENTRANTES ET SORTANTES DE PERSONNELS
...............
46
6.6.
LES SITUATIONS DE CUMUL D’EMPLOIS PUBLIC ET PRIVE
...............................................................................
52
6.7.
LES DIFFICULTES PROPRES A QUELQUES POSITIONS ADMINISTRATIVES PARTICULIERES
..................................
54
7.
LA FIABILITE DES COMPTES
....................................................................................................................
58
7.1.
UNE ADMINISTRATION LACUNAIRE
................................................................................................................
58
7.2.
LES APPORTS ET LE BILAN D’OUVERTURE DE L’EPCC AU 1ER JANVIER 2008
.....................................................
58
7.3.
LE RESPECT DES GRANDS PRINCIPES COMPTABLES
.........................................................................................
59
7.4.
LA SINCERITE DES INSCRIPTIONS BUDGETAIRES : LA TAXE SUR LES SALAIRES
..................................................
62
7.5.
CONCLUSION
.................................................................................................................................................
64
8.
LA SITUATION FINANCIERE DE L’EPCC
................................................................................................
65
8.1.
L’ANALYSE FINANCIERE
..................................................................................................................................
65
8.2.
LA STRUCTURE FINANCIERE DE L’ETABLISSEMENT
..........................................................................................
71
8.3.
CONCLUSION SUR LA SITUATION FINANCIERE DE L’EPCC
................................................................................
74
9.
UNE TENTATIVE DE BILAN
.......................................................................................................................
76

Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
4/78
S Y N T H E S E
Un arrêté préfectoral du 21 décembre 2007 a créé l’établissement public de coopération culturelle
de l’Yonne (EPCC).
Ses membres fondateurs sont le département et la ville d’Auxerre. Il a pour mission, sans que l’Etat
y participe, de structurer et coordonner une politique départementale portée par un réseau actif de
partenaires associatifs, communaux et intercommunaux. Cette politique publique s’est développée
dans un département rural, étendu, à la démographie stagnante (342 463 habitants en 2011) et dont
la plus grande ville, Auxerre, ne rassemble que 35 460 habitants (80 000 habitants sur l’aire urbaine
en 2011).
C’est une politique volontariste et ambitieuse que les élus ont voulu porter. C’est au regard de ces
enjeux qu’il convient d’apprécier les objectifs, les moyens et les résultats de cette démarche.
L’établissement, doté d’un budget de 3,8M € en 2013, doit dans ce cadre :
-
porter juridiquement le conservatoire à rayonnement départemental (CRD) ;
-
apporter un concours, coordonner et mettre en cohérence les initiatives départementales
concernant l’enseignement de la musique et de la danse.
En 2008, c’est un élu du département, cette collectivité étant l’initiatrice du schéma départemental
de la musique, qui assure la présidence de l’établissement, la ville d’Auxerre assurant la vice-
présidence. L’EPCC s’est installé dans un immeuble d’Auxerre (La Cité des musiques) regroupant
sur un site unique divers organismes dont le conservatoire, les associations que sont le jazz club,
Service Compris (délégataire de la ville pour l’exploitation de la scène de musiques actuelles le
Silex), la Fenice, le Centre
de gestion des enseignants de la musique et de la danse (CGEMD),
l’Association départementale pour le développement et l’initiative de la musique (ADDIM)…
Le positionnement du directeur de l’EPCC illustre cette démarche. Le projet qu’il personnifiait a
convaincu les collectivités publiques de le considérer comme l’unique interlocuteur et de lui confier,
sous des modalités juridiques et conventionnelles diverses, des prérogatives importantes. La
direction de l’EPCC lui a été confiée au prix d’une méconnaissance des règles les plus habituelles
de la gestion des ressources humaines et du principe d’égal accès aux emplois publics, lui assurant
une rémunération disproportionnée. En confiant la responsabilité de l’établissement à son
promoteur, les fondateurs ont postulé qu’il disposait des compétences pédagogiques, managériales
et administratives nécessaires.
Pourtant, la mise en place de l’EPCC a rapidement débouché sur une triple crise :
De croissance : l’EPCC a notamment repris la gestion du conservatoire sans anticiper les
conséquences de cette évolution institutionnelle.
De soutenabilité : le statut d’établissement public administratif, l’intégration de nombreux
salariés de droit privé, des relations croisées, avec plusieurs satellites et l’assujettissement fiscal
d’une masse salariale croissante ont eu de lourdes implications juridiques et financières.
De gouvernance : le directeur dirigeait en effet par ailleurs un réseau dense de structures,
partenaires ou prestataires de l’établissement. Il a démissionné à mi-mandat et un ordonnateur
intérimaire lui a succédé.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
5/78
Le président du conseil d’administration, M. Pierre Bordier, sénateur, vice-président du conseil
général a démissionné le 4 novembre 2011. Il a été remplacé par M. Patrick Gendraud, vice-
président du conseil général qui a démissionné à son tour le 11 juillet 2013. Avec l’élection de
M. Michel Morineau, adjoint au maire, la ville d’Auxerre a assuré la gestion de l’établissement et
la gestion durant la crise qui a abouti à sa dissolution, après l’intervention de plusieurs audits.
Dans ce contexte, la situation financière de l’EPCC est caractérisée par :
-
Une extrême dépendance aux ressources externes – subventions d’exploitation - par ailleurs
non actualisées et des charges dynamiques présentant une très forte inertie ;
-
Des ressources propres faibles et stagnantes – la structure tarifaire étant figée - et des
prestations de service pour compte de tiers mal suivies et remboursées ;
-
Des charges très majoritairement composées de frais de personnel et dépenses liées
(déplacements, accompagnement social) résultant d’un périmètre croissant et non maîtrisé ;
-
Un équilibre précaire dès l’origine de l’établissement qui n’était pas viable sans l’attribution
de subventions exceptionnelles renouvelées par ses fondateurs.
Au final, alors que de très importants moyens financiers (estimés à près de 21 M€ pour le seul
EPCC sans compter les aides directes ou exceptionnelles versées à l’ADDIM, au CGEMD et aux
écoles communales et associatives de musique par le département) et humains ont été engagés
entre 2008 et 2013 par les fondateurs de l’EPCC, la dissolution de l’établissement public apparait
comme un échec important et une perte de moyens publics considérable.
Pour l’heure, si un arrêté de dissolution de l’EPCC a été pris par le préfet de l’Yonne le 31 décembre
2013, il reste que des dépenses et quelques charges de l’établissement n’ont pas été réalisées et
que l’établissement devra établir un budget pour 2014 afin d’y pourvoir et de permettre la clôture
définitive des comptes.
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Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
6/78
1.
L’ENSEIGNEMENT DE LA MUSIQUE ET DE LA DANSE DANS L’YONNE
1.1. Les collectivités locales sont des acteurs essentiels de l’éducation artistique
L’article L 216-2 du code de l’éducation prévoit l’articulation des interventions locales en matière
d’éducation artistique : «
Les établissements d'enseignement public de la musique, de la danse et
de l'art dramatique dispensent un enseignement initial, sanctionné par des certificats d'études, qui
assure l'éveil, l'initiation, puis l'acquisition des savoirs fondamentaux nécessaires à une pratique
artistique autonome……………... Ces établissements relèvent de l'initiative et de la responsabilité
des collectivités territoriales ... Les communes et leurs groupements organisent et financent les
missions d'enseignement initial et d'éducation artistique de ces établissements. ……………. Le
département adopte, …, un schéma départemental de développement des enseignements
artistiques dans les domaines de la musique, de la danse et de l'art dramatique….. .
La région
organise et finance, dans le cadre du contrat de plan visé à l'article L. 214-13, le cycle
d'enseignement professionnel initial.
L'État procède au classement des établissements en
catégories correspondant à leurs missions et à leur rayonnement régional, départemental,
intercommunal ou communal… »
L’arrêté du ministre de la culture et de la communication en date du 15 décembre 2006, organisant
le classement des établissements d’enseignement public de la musique, de la danse et de l’art
dramatique, leur assigne différentes missions obligatoires :
« Article 2 : En outre, les établissements doivent, en cohérence avec le schéma départemental de
développement des enseignements artistiques …:
établir un projet d'établissement ; ce document, .., présente les choix pédagogiques,
artistiques et culturels ainsi que le plan pluriannuel de réalisation…;
s'inscrire dans une organisation territoriale de l'enseignement artistique, qui favorise
notamment l'égalité d'accès des usagers, la concertation pédagogique et la mise en oeuvre
de projets pédagogiques et artistiques concertés ;
fonctionner en réseau, notamment par le moyen de conventions passées avec d'autres
établissements classés ou reconnus ou toute personne morale de droit public ou de droit
privé exerçant une mission d'enseignement, de création ou de diffusion ».
« Article 3 : Les missions communes aux trois catégories d'établissement sont les suivantes : 1° Des
missions d'éducation fondées sur un enseignement artistique spécialisé, organisé en cursus………..
; 2° Des missions d'éducation artistique et culturelle privilégiant la collaboration avec les
établissements d'enseignement scolaire….. ; 3° Des missions de développement des pratiques
artistiques des amateurs, notamment en leur offrant un environnement adapté…».
En application de l’article 5
« Sont classés conservatoires à rayonnement départemental les
établissements qui réunissent les conditions suivantes :
Assurer, dans l'aire de rayonnement départemental, les missions prévues aux articles 2 et 3.
A ce titre, ils ont vocation à mettre en place, dans le cadre de projets pédagogiques et
artistiques ouverts aux publics du département et dans les domaines du répertoire et de la
création, des résidences d'artistes, des ensembles instrumentaux et des orchestres, des
ensembles vocaux, des chorales, des pratiques chorégraphiques et théâtrales ; outre les
missions des conservatoires prévues à l'article 4, dispenser ou garantir l'enseignement d'au
moins deux spécialités, dans les deux premiers cycles du cursus et le troisième cycle de
formation des amateurs.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
7/78
Assurer ou garantir le cycle d'enseignement professionnel initial, lorsque la spécialité
musique ou la spécialité danse est retenue. Pour l'art dramatique, la mise en place du cycle
d'enseignement professionnel initial est facultative.
Constituer un lieu de ressource pour les plans départementaux et régionaux de formation
continue des enseignants… ».
Ce contexte légal et réglementaire a structuré les évolutions de l’enseignement musical dans
l’Yonne pendant la période sous revue.
1.2. Une politique départementale affirmée, des étapes successives
L’article 4 des statuts de l’EPCC de l’Yonne prévoit ses missions
: « Dans le cadre du schéma
départemental des enseignements artistiques dans les domaines de la musique, de la danse et du
théâtre, l’établissement public de coopération culturelle de l’Yonne a pour mission :
de constituer le support juridique du Conservatoire à rayonnement départemental de l’Yonne
tel que défini par le décret n° 2006-1248 du 12 octobre 2006 ;
d’apporter son concours, de coordonner et de mettre en cohérence l’ensemble des initiatives
prises sur le territoire du département de l’Yonne dans les domaines de l’enseignement
spécialisé de la musique, de la danse et du théâtre. »
Sous l’impulsion de l’Etat (DRAC) et du conseil général, sur la base d’un diagnostic départemental
réalisé en 1989 a été créée l’association départementale pour le développement et l’initiative de la
musique (ADDIM). Elle a initié un réseau d’enseignement musical répondant
« aux besoins de la
population et développant les pratiques amateurs ».
Cette démarche est formalisée dès 1993 par un «
plan départemental de rayonnement musical
»,
ensuite actualisé périodiquement qui proposait la création, l’accompagnement et la mise en réseau
d’écoles de musiques (puis danse et théâtre) associatives ou communales et avait pour ambition
«
de permettre à chaque habitant d’accéder dans son canton à au moins un atelier régulier de
pratique musicale et chorégraphique collective, délivrant un enseignement du premier cycle dans un
cadre pédagogique complet
» (cuivre, bois, voix, cordes, danse classique et contemporaine, rock et
jazz).
Si l’ADDIM assurait une fonction d’ensemblier et de coordination, une autre association, le centre
de
gestion des enseignants de la musique et de la danse (CGEMD), créé en 1993, mutualisait la
gestion des enseignants mis à disposition des écoles locales.
L’intégration du Conservatoire d’Auxerre à ce dispositif fut plus tardive : L’ADDIM et son directeur,
M. Patrick BACOT, furent missionnés par la ville en 2003 pour refonder le conservatoire et sa
relation avec le réseau départemental et étudier un regroupement à «
la cité des musiques
».
Au terme de cette évolution, la chambre a observé que la démarche engagée dès 1989 pour
développer et structurer l’enseignement musical dans l’Yonne avait eu un impact significatif en
termes de couverture du territoire et de densification de l’offre comme l’établissent les cartes ci-
dessous (source SDDEA Conseil général 2007) identifiant 24 écoles de musiques locales, soit 8
associations communales, 5 régies municipales et 11 régies intercommunales.
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L’organisation départementale s’appuie sur un cumul de mandats publics et sociaux, de
représentations, de fonctions et d’emplois qui permet aux élus, au directeur général de l’EPCC et à
ses proches collaborateurs de maîtriser toute démarche pédagogique artistique et créative dans le
département.
La chambre observe que l’organisation déployée et rassemblée pour l’essentiel autour du concept
de « cité des musiques » pouvait se synthétiser de 2008 à début 2013 comme suit, s’agissant des
organismes liés de fait ou de droit à l’EPCC :
Ces liens multiples étaient source de fragilité financière pour l’ensemble du réseau et de risques
juridiques pour les décideurs et gestionnaires publics. En effet, le lien privilégié existant entre les
maires des communes sièges des écoles communales, les conseillers généraux et les associations
dépendantes qui assuraient le portage du réseau départemental a accompagné le développement
de ce réseau notamment sur le plan financier mais sans capacité réelle le maîtriser.
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Financeur
déléguant
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
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2.
LA CREATION ET LA MISE EN PLACE DE L’EPCC
L’article L. 1412-3 du code général des collectivités territoriales autorise les collectivités territoriales,
leurs établissements publics, les EPCI et les syndicats mixtes
« à individualiser la gestion d’un
service public culturel relevant de leur compétence par la création d’un EPCC…
» sans participation
de l’Etat. C’est le cas de l’espèce, même si l’Etat (DRAC) via son pouvoir de labellisation et
l’attribution d’aides toutefois marginales et décroissantes, a gardé un rôle important. C’est dans ce
contexte juridique qu’a été créé l’EPCC de l’Yonne qui disposait ainsi d’un cadre d’ensemble
complet, auquel il s’est fidèlement référé.
2.1.
L’initiative d’une coopération culturelle
L’initiative d’une coopération culturelle appartient, aux termes de l’article L. 1431-2 du CGCT, aux
collectivités intéressées
« … exprimées par des délibérations concordantes de leurs conseils ou de
leur organes délibérants...
». Au vu de ces délibérations, il revient au préfet de prendre un arrêté de
création et d’approuver les statuts proposés.
Par délibération du 01/10/2007, le conseil général a décidé
« d’adopter les statuts de
l’établissement public de coopération culturelle … »
et désigné ses représentants au conseil
d‘administration.
Par délibération du 25/10/2007, visant une «
étude de faisabilité commencée en janvier
2005
» le conseil municipal d’Auxerre a approuvé la création d’un établissement public
administratif «
garant d’un partenariat original et renforcé dans le domaine culturel …et
permettant de poursuivre …la démarche entreprise …de démocratisation de l’accès à la
culture
». La délibération précise que l’arrêté préfectoral créant l’EPCC comportera «
outre
les statuts, la nature des moyens apportés par chaque collectivité et les modalités de
transfert des personnels
». Elle précise aussi que
« les conditions de mise à disposition des
biens, meubles et immeubles et du maintien ou non des prestations assurées par la ville
sont définies par les statuts joints ou feront l’objet de convention
».
Par arrêté du 21/12/2007, le préfet crée l’EPCC à la date du 01/01/2008 et approuve les
statuts annexés. L’article 5 précise que «
les modalités de répartition des charges
d’investissement et de fonctionnement, de mise à disposition des biens meubles et
immeubles, produits apports et contributions, ainsi que les dispositions en matière de
personnels sont fixées conformément aux statuts ci annexés…
».
Plusieurs irrégularités sont à noter dès la création de l’EPCC :
Si les statuts sont là, les annexes évoquées par les délibérations créant l’EPCC ne sont pas
jointes à l’arrêté du préfet.
Deux versions des statuts ont été successivement délibérées par la ville d’Auxerre : les
dispositions relatives aux personnels adoptées par le conseil municipal d’Auxerre le
20 décembre 2007, la veille de l’arrêté préfectoral approuvant les statuts, ne sont pas celles
retenues par la délibération du conseil général le 1er octobre 2007.
Il n’a enfin pas été produit de délibération modificative du conseil général se prononçant sur
la version statutaire annexée à l’arrêté préfectoral du 21 décembre 2007.
La Chambre observe que du fait de ces approximations, dès l’origine une ambiguïté existait sur les
financements attribués, les moyens transférés et l’occupation des locaux attribués à l’EPCC.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
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2.2.
L’existence et la qualité des études de faisabilité et des mesures préparatoires
Le recours à l’EPCC, outil nouveau, souple et peu connu, mis en place par la loi n° 2002-6 du 4
janvier 2002, aurait dû inciter l’ensemble des partenaires à adopter une démarche prudente. Or
aucune étude de fond sur les implications du régime juridique de l’EPCC, aucune analyse du régime
fiscal applicable et ses conséquences, aucune prospective budgétaire de moyen terme, aucune
projection financière et juridique des transferts de personnels et de moyens n’ont été réalisées alors
même qu’un des objectifs de ce nouveau dispositif était la dissolution des associations dans
lesquelles le département était fortement engagé et le transfert de leurs missions à l’EPCC.
Cette absence d’étude de faisabilité approfondie aura trois conséquences majeures :
la concertation préalable sur le projet, tant vis à vis des agents, enseignants et administratifs,
que des usagers et parents d’élèves, a été réduite et peu transparente ;
de multiples conventions de mise à disposition de personnels ont chaque année fragilisé la
situation financière et la gestion de l’établissement ;
le litige fiscal né de l’assujettissement d’une masse salariale croissante à la taxe sur les
salaires, n’a pas été géré de façon appropriée.
La chambre observe que le recours à l’EPCC support d’une politique publique ambitieuse, sans
projection suffisante au-delà du premier exercice budgétaire s’est accompagné d’un pilotage par le
conseil d’administration et l’ordonnateur caractérisé par une gestion au jour le jour.
La juridiction constate qu’à sa dissolution après six exercices, l’EPCC ne disposait toujours pas de
projet d’établissement, d’organigramme fonctionnel, de fiches de postes, de règlement intérieur, de
règlement du conservatoire, de politique tarifaire ou de règlement des études…
2.3.
Le choix du régime juridique applicable
Aux termes de l’article L. 1431-1 du CGCT, les EPCC «
sont des établissements publics à caractère
administratif ou industriel et commercial, selon l’objet de leur activité et les nécessités de leur
gestion
». L’article R. 1431-2 prévoit que «
les statuts de l’EPCC définissent les missions de
l’établissement, son caractère administratif ou industriel et commercial, ses règles d’organisation et
de fonctionnement …
».
De toute évidence l’EPCC de l’Yonne, dont l’article 1
er
des statuts prévoit qu’il est « …
un
établissement public de coopération culturelle à caractère administratif..
» qui «
dans le cadre du
schéma départemental des enseignements artistiques dans les domaines de la musique, de la
danse et du théâtre
» est à 94 % financé par des fonds publics et qui doit : «
constituer le support
juridique du conservatoire à rayonnement départemental…»,
est un établissement public
administratif au regard des textes.
Dès lors le régime juridique applicable est public, le domaine affecté au service relève de la
domanialité publique, la comptabilité publique est applicable, en l’espèce la M14, et le personnel
relève du statut général de la fonction publique.
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3.
LA GOUVERNANCE DE L’EPCC ET LES ATTRIBUTIONS RESPECTIVES DU
CONSEIL D’ADMINISTRATION ET DU DIRECTEUR
Selon l’article L. 1431-3 du CGCT,
« L’établissement public de coopération culturelle est administré
par un conseil d’administration et son président. Il est dirigé par un directeur ».
Les articles
R.1431-7, 8 et 13 précisent ces modalités d’organisation.
3.1.
Le conseil d’administration dispose des attributions classiques d’une assemblée
délibérante
Il détermine les orientations générales de la politique de l’établissement ;
Il approuve le budget et en contrôle l’exécution ;
Il approuve les créations, modifications et suppressions d’emplois permanents ;
Il approuve les conditions générales de passation des contrats, conventions et marchés publics ;
Il approuve le règlement intérieur de l’établissement.
Sur la période, le conseil d’administration de l’EPCC a été composé de 14 administrateurs avec voix
délibérative, de la façon suivante :
délibérations
Conseil général
3 T+3 S (six ans)
Ville d’Auxerre
3 T+ 3S (six ans)
2 personnalités
qualifiées
(trois ans)
2 représentants
du personnel
2 représentants
des élèves
Observations
2008-1
21/01/2008
Pierre Bordier
Patrick Gendraud
Jean Noêl Loury
Bruno Gervier
Jean Paul Rousseau
Mélanie Antier
Philippe Aussavy
Didier Michel
Romain Didier
Gérard Brun
-
-
2008/10
16/05/2008
2008-17
13/06/2008
Pierre Bordier
Patrick Gendraud
Jean Noêl Loury
Bruno Gervier
Michel Morineau
Jean Paul Rousseau
Guy Paris
Didier Michel
Romain Didier
Gérard Brun
Gaëlle Robert
François Arnold
Martine Faure
Joël Henrion
2011-10
2011-11
24/06/2011
Pierre Bordier
Patrick Gendraud
Michel Pellerin
Jacques Parcheminier
Michel Morineau
Jean Paul Rousseau
Guy Paris
Didier Michel
Gaëlle Robert
François Arnold
Ove Rasmussen
Martine Faure
démission Bordier
le 24/06/11
élection Gendraud
le 04/11
26/06/12
Gaëlle Robert
Thierry Dramard
2011-23
04/11/2011
Patrick Gendraud
Michel Courtois
Michel Pellerin
Jacques Parcheminier
Gérard Brun
Jean Tubery
démission Gendraud
le 23/06/2013
12/12/2012
Michel Morineau
Jean Paul Rousseau
Guy Paris
Didier Michel
Gaëlle Robert
Annick Becquet
2013-23 et
23 bis
11/07/2013
Patrick Gendraud
Michel Courtois
Michel Pellerin
Jacques Parcheminier
Michel Morineau
Jacques Hojlo
Guy Paris
Didier Michel
Gaëlle Robert
Annick Becquet
Emmanuelle
Bardos
Ove Rasmussen
élection M Morineau
le 11/07/13
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
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Le conseil d’administration a été installé le 21 janvier 2008. Il s’est réuni 32 fois entre 2008 et 2013
et de façon soutenue au rythme de la crise qui s’est rapidement enclenchée :
Nombre
2008
2009
2010
2011
2012
2013
totaux
réunions du CA
5
3
3
3
6
12
32
délibérations prises
42
21
23
29
28
44
187
L’ensemble des séances à fait l’objet de comptes rendus circonstanciés et exhaustifs exposant
clairement, notamment à partir de 2012, les questions et débats portés par les administrateurs.
La Chambre relève que sur cette période :
M.
Pierre
Bordier,
Sénateur,
conseiller
général
de
Saint-Fargeau,
président
du
21 janvier 2008 au 24 juin 2011, cumule ses fonctions de président de l’EPCC avec celle de
président de l’ADDIM ;
M. Patrick Gendraud, vice-président du conseil général, maire de Chablis, président du
4 novembre 2011 au 23 juin 2013, cumule ses fonctions à l’EPCC avec celle de président du
CGEMD ;
Certes, le président du conseil d’administration n’a de compétences que résiduelles et l’article R.
1431-8 du CGCT précise qu’il se borne à convoquer et présider le conseil d’administration dont il
fixe l’ordre du jour. Il dispose néanmoins d’un pouvoir propre important en recrutant et nommant aux
emplois ouverts au budget.
Néanmoins, le fait marquant du mandat des trois présidents successifs est le constat de leur
immixtion constante dans les fonctions de l’ordonnateur.
3.2.
Le recrutement et la nomination du directeur : de nombreuses anomalies
3.2.1. Un recrutement irrégulier
La nomination du directeur est un des pouvoirs du président de l’EPCC, encadrée (L. 1431-5 et R.
1431-10) par un appel public à candidature, assortie d’un «
cahier des charges
» aux termes duquel
les «
personnes publiques membres de l’EPCC arrêtent la liste des candidats
» au vu de leurs
projets d’orientation artistique, culturelle ou pédagogique. Le conseil d’administration propose
ensuite le meilleur candidat à la décision du président qui le nomme pour un mandat de trois à cinq
ans, renouvelable par période de trois ans et assorti d’un contrat de même durée.
L’arrêté ministériel du 27 février 2008
impose aux candidats à des fonctions de direction dans les
établissements d’enseignement artistique de musique, danse ou art dramatique de répondre à des
conditions de diplôme ou d’appartenance à un corps et à un grade de fonctionnaires.
Mais, en sa qualité de «
directeur de l’école de musique d’Auxerre
», directeur salarié de l’ADDIM et
de directeur salarié du CDGE, M. Bacot se trouvait dans la situation prévue par l’article 6 de la loi du
22 juin 2006 qui prévoit que quand «
…. l’activité d’une personne morale unique… est transférée et
reprise par un EPCC, son directeur est maintenu dans ses fonctions. Au sein du nouvel
établissement jusqu’à la fin de son mandat en cours. Dans le cas où le directeur ne disposerait pas
d’un tel mandat, il lui est proposé d’accomplir un mandat de trois ans au sein du nouvel
établissement… Lorsque le directeur est titulaire d’un contrat, le nouveau contrat proposé reprend
alors les clauses substantielles. En cas de refus l’établissement procède à son licenciement
».
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
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Le recours à un contrat temporaire n’avait donc aucune raison d’être. Il convenait de mettre en
oeuvre le transfert contractuel prévu tant par les textes (Code du travail, CGCT) que les statuts de
l’EPCC approuvés (article 21).
Ces dispositions ont été méconnues. Le recrutement du directeur général, employé de la ville
d’Auxerre en qualité de directeur intérimaire du conservatoire dont l’EPCC devenait la structure
porteuse, et par ailleurs directeur de l’ADDIM et directeur du CGEMD ne s’est inscrit dans aucune
des dispositions susvisées.
3.2.1.1. Le recrutement de M. Bacot en qualité de directeur de l’EPCC s’appuie sur deux
délibérations exécutoires et deux contrats de directeur intérimaire avant son recrutement
définitif.
Formellement, le recours à deux contrats « transitoires » d’un an, puis trois mois, fondés sur l’article
3 alinéa 1er de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 modifiée,
a pour conséquence d’écarter le
dispositif dérogatoire d’intégration directe bénéficiant au seul premier recrutement.
Date du
contrat
Durée du
contrat
Date d’effet
Durée
hebdo
Grade annoncé
IB
INM RI
Observations
1
31/01/2008
12 mois
01/02/2008
35h
Directeur territorial
d’établissement artistique
1015
821
Délibération 2008/05 contrat
Exécutoire le 14/02/08
2
02/04/2009
3 mois
01/02/2009
35h
Directeur territorial
d’établissement artistique
1015
821
Délibération 2009/02 contrat
Exécutoire le 03/04/09
3
11/05/2009
5 ans
01/05/2009
38h35
Directeur général
HE G-1
1501
Délibération 2009/02 contrat
Exécutoire le 12/05/09
3 bis
Avenant n°1
03/12/2009
-
01/11/2009
-
-
HEB2
Délibération 2009-17 Avenant
Exécutoire le 04/12/2009
La chambre observe que seul le contrat du 01/05/2009 a été transmis au centre départemental de
gestion des personnels territoriaux (CDG 89) conformément à l’article 23-1 du statut général.
Enfin, tous les contrats du directeur de l’EPCC ont pris effet rétroactivement, ce que la jurisprudence
administrative sanctionne avec constance
1
.
La chambre considère que ce processus de recrutement était d’emblée inéquitable pour les
éventuels candidats compte tenu de l’installation anticipée du directeur :
dès décembre 2007, le schéma départemental d’enseignement de la musique et de la
danse, présentait M. Bacot comme directeur de l’EPCC ;
un contrat d’un an a été signé dès le jeudi 31 janvier 2008 au profit de M. Bacot, exécutoire
le 14 février 2008 ;
l’avis de vacance lié à l’ouverture du poste de directeur, établi par l’EPCC le 12 février 2008,
n’a été publié par le CDG 89 que le 21 avril 2008 ;
le 02 avril 2009, un deuxième contrat, de 3 mois, est attribué à M. Bacot, rétroactif au
1
er
février ;
le 11 mai 2009, en application des délibérations du 21 février 2008 et du 16 mars 2009, un
dernier contrat, de 5 ans, rétroactif au 1er mai et exécutoire le 12 mai 2009, est accordé à M.
Bacot, pour un traitement fixé à l’indice majoré 1501 HEG 1.
1
Rétroactivité CE 10/02/1995 Royer rec 78545 78546 ; effet antérieur à la transmission au préfet CAA Paris
13/10/2009 préfet val de Marne rec 95 PA01549.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
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3.2.1.2. L’expérience et les diplômes requis pour diriger l’EPCC
Aux termes de l’article 2 du décret n°91-855 du 2 septembre 1991 portant statut particulier du cadre
d'emplois des directeurs d'établissements territoriaux d'enseignement artistique
«
les directeurs de
1ère catégorie exercent .. . dans les conservatoires à rayonnement régional et les établissements
d’art plastique habilités à délivrer un enseignement conduisant à un diplôme d’Etat…
».
En surclassant le poste du directeur en première catégorie, l’EPCC s’est écarté du texte
réservant ce niveau aux conservatoires à rayonnement régional.
Il a également permis un classement indiciaire au dernier échelon de la première catégorie,
équivalant à 24,5 ans d’ancienneté en 1ère catégorie à l’avancement minimum, alors que l’accès à
la 1ère catégorie suppose une carrière préalable en 2ème catégorie. Le directeur a donc bénéficié
d’un avantage de carrière auquel son expérience professionnelle, sa formation et ses diplômes,
l’importance de l’établissement à diriger ne lui donnaient pas accès.
L’article 2 de l’arrêté ministériel du 27 février 2008 susvisé précise en effet les diplômes requis pour
assurer ces fonctions de direction, supérieurs au DEUG de musicologie dont est titulaire M Bacot :
«
diplôme sanctionnant
5 années
d’études supérieures en danse, musique ou art dramatique/ soit
un diplôme étranger de même niveau homologué/ soit le
certificat d’aptitude aux fonctions de
directeur
des écoles nationales de musique/certificat d’aptitude aux fonctions de professeur chargé
de direction des écoles territoriales de musique…
. »
Il n’est pas acquis, que la mission de coordination et mise en réseau, aspect classique des fonctions
d’un gestionnaire local, suffisent à conférer à la direction de l’EPCC une importance particulière.
La motivation de ce contrat temporaire modifiée n’apparaît pas plus régulière :
Il vise l’article 3 al 1er
2
de la loi 84-53 du 26/01/1984 modifiée «
Article 3.
(1) Les collectivités et établissements mentionnés à l'article 2 ne peuvent recruter des agents non
titulaires pour occuper des emplois permanents que pour assurer le remplacement momentané de
titulaires autorisés à exercer leurs fonctions à temps partiel ou indisponibles en raison d'un congé de
maladie, d'un congé de maternité ou d'un congé parental, ou de l'accomplissement du service
national, du rappel ou du maintien sous les drapeaux, ou pour faire face temporairement et pour une
durée maximale d'un an à la vacance d'un emploi qui ne peut être immédiatement pourvu dans les
conditions prévues par la présente loi.
(2) Ces collectivités et établissements peuvent, en outre, recruter des agents non titulaires pour
exercer des fonctions correspondant à un besoin saisonnier pour une durée maximale de six mois
pendant une même période de douze mois et conclure pour une durée maximale de trois mois,
renouvelable une seule fois à titre exceptionnel, des contrats pour faire face à un besoin
occasionnel.
(3) Par dérogation au principe énoncé à l'article 3 du titre Ier du statut général, des emplois
permanents peuvent être occupés par des agents contractuels dans les cas suivants :
(4) 1° Lorsqu'il n'existe pas de cadre d'emplois de fonctionnaires susceptibles d'assurer les
fonctions correspondantes ;
(5) 2° Pour les emplois du niveau de la catégorie A, lorsque la nature des fonctions ou les
besoins des services le justifient.
2
Dans sa version en vigueur au 21 février 2007 au 7 août2009 et avant la refonte de l’article 3 par la loi n°2012-347 du
12/03/2012.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
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Les agents recrutés conformément aux quatrième, cinquième et sixième alinéas sont engagés par
des contrats à durée déterminée, d'une durée maximale de trois ans. Ces contrats sont
renouvelables, par reconduction expresse. …………. ».
La délibération précitée, du 21 janvier 2008, vise le cadre d’emploi de directeur territorial
d’établissement d’enseignement artistique sans se prononcer sur la catégorie. Elle précise que
l’emploi peut être pourvu par un non titulaire, conformément à l’article 3-2° du texte alors en vigueur
et en conséquence décide «
…devant la nécessité absolue d’assurer le bon fonctionnement de
l’établissement, il convient dès à présent de prévoir le recrutement d’un agent non titulaire afin
d’occuper l’emploi permanent de directeur »
.
La Chambre considère que la situation de l’EPCC ne présentait pas de spécificités telles que le
recrutement précipité de M. Bacot en qualité d’agent contractuel de haut niveau s’imposait.
En tout état de cause, le caractère tardif du recrutement du directeur doit être souligné. Il aurait été
nécessaire de le recruter par anticipation, après une véritable réflexion sur son profil, dans le cadre
de la réglementation applicable à la fonction publique territoriale.
3.2.1.3. Un dispositif visant à éviter ou évincer d’autres candidatures
La chambre considère que le processus retenu au sein de l’EPCC pour recruter M. Bacot était
irrégulier et en outre inéquitable pour les éventuels candidats compte tenu des modalités de
publicité constatées.
Les agents non titulaires recrutés sur un emploi permanent obéissent aux mêmes conditions
d’accès aux emplois publics que les fonctionnaires. Il s’agit pour l’essentiel d’une publicité
adaptée pour permettre aux candidats de se présenter.
Dès qu’un emploi est créé ou devient vacant, le centre de gestion des personnels, informé par
l’autorité territoriale doit assurer la publicité nécessaire
3
, y compris si la vacance résulte du terme
d’un contrat, sous peine d’illégalité du recrutement opéré
4
avant éventuel renouvellement de
l’engagement du non titulaire
5
.
Dans deux des contrats sur trois cette publicité n’a pas été effectuée. Il s’agit du premier contrat
d’un an, à compter du 14 février 2008 et du deuxième contrat, de 3 mois, à compter du 1
er
février
2009, signé le 2 avril 2009.
En fait, il s’agissait pour l’EPCC d’un dispositif provisoire dont l’articulation avec un dispositif
pérenne est critiquable.
3
(art. 41 loi n°84-53 du 26 janv 1984)
4
Sur le fondement de l'article 46 de la loi du 2 mars 1982 le préfet peut demander au tribunal administratif l'annulation pour excès de
pouvoir d'un contrat conclu par le département, même si ce contrat n'est pas soumis à l'obligation de transmission prévue à l'article 45 de
la même loi
Les dispositions de l'article 41 de la loi du 26 janvier 1984 prescrivant que lorsqu'un emploi est créé ou devient vacant
l'autorité territoriale en informe le centre de gestion compétent qui
assure la publicité de cette création ou de cette vacance
s'appliquent
alors
même
que la collectivité entend pourvoir l'emploi par le recrutement d'un agent contractuel. Annulation sur déféré préfectoral d'un contrat
conclu sans que le centre de gestion ait été informé de la vacance de l'emploi. (CE 14 mars 1997 n°143800)
5
(quest. écr. S n°12391 du 26 nov. 1998)
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
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Le seul véritable appel à candidature a été organisé de telle manière que les conditions de
délais, de publication et de réponse étaient dissuasives.
L’avis de vacance lié à l’ouverture du poste de directeur, établie par l’EPCC le 12 février 2008, n’a
été publié par le CDG 89 que le 21 avril 2008. Il fixe une date de candidature au 31 mai 2008 pour
une prise de poste au 1
er
juin 2008. Ce délai de cinq semaines était insuffisant pour apparaître
raisonnable
6
,
et irréaliste s’agissant d’une prise de fonction prévue le lendemain du jour de la
sélection des candidats.
Un contrat définitif qui n’est pas conforme à l’appel à candidatures
Le contrat signé le 11 mai 2009 fait référence à la délibération du 21 février 2008, tout en visant
également celle du 16 mars 2009.
C’est un contrat de 5 ans, rétroactif au 1er mai et exécutoire le 12 mai 2009, accordé pour une
durée hebdomadaire de travail de 38h35 mn et un traitement fixé à l’indice majoré 1501 HEG 1.
La chambre observe que ni la rémunération ni la durée du travail ne sont conformes à l’avis de
publicité diffusé par le centre de gestion le 24 avril 2008 sous la référence 13143 et qu’aucune
publicité rectificative n’a été faite entre le 31 mai 2008 et le 11 mai 2009, soit durant un an.
Au demeurant, aucune trace d’une candidature de M. Bacot avant le 31/05/2008 n’a été produite. Il
n’a candidaté ni dans les délais, ni dans les formes prévues sur le poste ouvert
7
qui lui sera
finalement attribué à des conditions différentes de celles ayant fait l’objet de l’avis publié.
3.2.1.4. Il apparait que M. Bacot est directement intervenu pour qu’aucune candidature
concurrente ne soit examinée par le conseil d’administration.
La chambre considère que ce processus a été inéquitable pour les éventuels candidats compte tenu
des modalités de publicité constatées et de l’installation anticipée du directeur.
De façon très convenue, le procès-verbal de la réunion du conseil d’administration du 16/03/2009
ayant examiné sa candidature mentionne
la difficulté, faute d’autres postulants, à comparer les
qualités du candidat unique. La délibération 2009-02 mentionne d’ailleurs «
qu’à l’issue de la
consultation régulièrement organisée, …une seule candidature, conforme au cahier des charges a
été déposée..
». Or, ni le
« cahier des charges
» évoqué, ni même la candidature formalisée de
M. Bacot n’ont été produits. En revanche, il résulte de l’instruction qu’une autre candidature avait été
produite le 29 mai 2008 dans la forme et dans les délais fixés par l’avis de publicité effectué le
24 avril 2008 par le CDG 89.
Cette candidature a été écartée…. par M. Bacot en qualité «
de directeur de l’EPCC de l’Yonne
»
dans un courrier du 10 juin 2008 ainsi libellé :
« vous avez dernièrement répondu à l’appel lancé
…en vue du recrutement d’un directeur pédagogique.. J’ai le regret de vous informer que la
commission d’examen des candidatures, réunie le 9 juin dernier, n’a pas retenu votre proposition…
si vos motivations nous ont paru convaincantes…votre parcours professionnel nous a semblé en
décalage avec le profil que nous recherchions…
».
Contrairement à ce qu’écrit le directeur, cette candidature ne visait pas le poste de
« directeur
pédagogique
», mais très précisément la direction générale de l’établissement, ce qu’attestent la
lettre de motivation et le curriculum vitae du 29 mai 2008.
6
Cf. note 11 CAA Paris 13/10/2009 préfet du Val de Marne /Cmn de Limeil Brévannes rec 08PA01647.
7 Comme le confirme sa note aux personnels du 19 mars 2009 et la note d’orientation « mars 2009 »
présentée au conseil d’administration.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
18/78
La chambre observe que sans préjuger du résultat final d’une candidature produite conformément à
l’avis diffusé, il n’appartenait pas à M. Bacot, directeur intérimaire de l’EPCC, de l’écarter avant que
le conseil d’administration ait examiné les candidatures recueillies, se soit prononcé sur la liste des
candidats et ait fait une proposition au président du Conseil d’administration.
Cette décision, qui ne relevait pas des prérogatives de M. Bacot, a incontestablement fait perdre
toute chance d’être retenue à la personne qui postulait au poste de directeur de l’EPCC. Elle a
également permis à M. Bacot d’être recruté sans concurrence.
3.2.1.5. Enfin, en consolidant la situation de M. Bacot, le président de l’EPPC a
irrégulièrement recruté le directeur.
Dans tous les cas, au terme d’un premier contrat à durée déterminée qui de fait écartait l’intégration
dérogatoire prévue au bénéfice des dirigeants de structures absorbées par un EPCC nouvellement
créé, le conseil d’administration se trouvait dans l’obligation d’appliquer l’article L. 1431-5 du CGCT
imposant des conditions de grades, de diplômes et de projets aux candidats inscrits sur une « liste »
après appel public à candidature.
3.2.2. Un dispositif complexe pour une rémunération disproportionnée
3.2.2.1. De nombreuses parties prenantes pour rémunérer M. Bacot
Depuis 2005 selon des montages divers et créatifs
8
,
et de façon plus transparente à partir de 2007,
M. Bacot était assistant spécialisé d’enseignement artistique non titulaire (catégorie B) rémunéré au
1er échelon du grade IB 320
9,
agent de la ville d’Auxerre et directeur du conservatoire depuis la
démission de l’ancien directeur.
L’article 5 des deux CDD successifs qui ont précédé son recrutement définitif le 11/05/2009
lui attribuait un traitement égal à l’IB 1015 (INM 821) du grade de directeur d’établissement
territorial d’enseignement artistique de 1ère catégorie 9ème échelon (terminal) soit :
Barème au 01/07/2009 - VPI 55.1217 €
IB
INM
Traitement
brut
annuel
Traitement
brut
mensuel
Ind
Résidence
Ind
Résidence
SFT ½
enfants
SFT 3/+
enfants
Retenues
Traitement
net
mensuel
1015
821
45 254.92
3 771.24
1
2
3
113.14
37.71
2.29
109.71
278.72
202.18
597.47
591.62
588.68
3286.91
3217.33
3182.56
8
Par exemple convention Ville ADDIM du 29/04/2004 relative à la mise à disposition de P. Bacot en qualité de
directeur de l’ENM/Convention Ville ADDIM du 10/03/2006 relative à la mise à disposition de P. Bacot à temps
non complet.
9
Cf. arrêté municipal du maire d’Auxerre 2007 n°RH123 du 19/03/07
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
19/78
Il apparaît que les deux délibérations exécutoires du 21 février 2008 et du 16 mars 2009 ne fixent
pas le montant de la rémunération du directeur de l’EPCC. Il s’agissait
« d’ouvrir un poste de
directeur, de lancer l’appel à candidature, de recruter un non titulaire, d’inscrire la dépense
correspondante au BP 2008 chapitre 12 charges de personnel
».
La chambre observe que la rémunération attribuée, fondée sur la seule décision du président du
conseil d’administration, incompétent pour ce faire, est irrégulière.
Une dépense que l’EPCC n’a pas faite.
Le journal de paye du 01/01/2008 au 01/05/2009 ne retrace aucun paiement par l’EPCC d’un
traitement quelconque au directeur.
L’ordonnateur en fonction a confirmé en cours d’instruction «
qu’il n'a été rémunéré directement par
l'EPCCY
qu'à
partir
de
Mai
2009
(après
procédure
de
recrutement),
que
M. P. Bacot n'a eu aucune fiche de paie en 2008 et 2009 (de janvier à avril). La première fiche de
paie a été établie au 1er mai 2009. Concernant le paiement des salaires … pour la période 2008
jusqu'à fin avril 2009, ce dernier était rémunéré par l'ADDIM et le CDGEMD».
M. Bacot a expliqué cette situation de la façon suivante dans le cadre de l’instruction : «
Je n’ai
jamais adressé …une... demande d’autorisation [de cumul] et ne dispose donc pas du document …
dès le début de ma prise de fonction début 2008 trois difficultés administratives m’auraient incité à
solliciter ….ce cumul. Et …à décliner la responsabilité de direction générale si …elle avait été
refusée… : d’une part l’établissement ...n’était pas en mesure de salarier directement ses agents,
…c’est donc en continuant d’être salarié par l’ADDIM que j’exerçais parallèlement la responsabilité
de directeur… d’autre part, … s’agissant de l’établissement public … celui-ci devait absorber les
activités existantes (conservatoire addim CDGE…) procéder au recrutement « dans les formes » de
son futur directeur alors que j’étais en CDI à l’ADDIM depuis 19 ans et que l’EPCC me proposait un
contrat d’un an ...non payé… en attendant le recrutement définitif … Une troisième difficulté s’est
greffée ... après avoir enfin été officiellement recruté …(seulement en mai 2009) après avoir négocié
avec mon président les conditions salariales .. la préfecture s’est opposée a posteriori à ce que mon
salaire excédât celui prévu par le cadre d’emploi spécifique… Des 6000 € nets mensuels négociés
avec mon président …on repassait à 3500 € ce qui était naturellement pour moi inenvisageable …
seule la possibilité de cumuler la direction de l’EPCC avec un temps devenu partiel à la tête de
l’ADDIM permettait l’accompagnement du projet…. ».
Une rémunération néanmoins prise en charge par la ville d’Auxerre
La chambre observe que cette argumentation est d’autant plus surprenante que la convention de
« services et de moyens » du 16/05/2008 a conduit la ville d’Auxerre à verser à l’EPCC 53 200 € par
an
(soit
318
K€
sur
la
période
2008/2013)
correspondant
à
la
rémunération
de
M. Bacot, antérieurement portée par l’ADDIM, au titre des missions de direction du conservatoire et
de réflexion.
La chambre observe avec étonnement cette situation où le directeur d’un établissement public
administratif est rémunéré à ce titre par deux organismes privés dont il est également directeur
salarié, dans des conditions opaques pour le conseil d‘administration et les autorités chargées du
contrôle de légalité. Elle s’interroge sur la régularité des délibérations 2008/5 et 2009/2 du conseil
d’administration de l’EPCC, dans la mesure où le président et le vice-président de celui-ci sont
également les représentants légaux des deux organismes associatifs employeurs de M. Bacot.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
20/78
Ce mécanisme démontre, tant pour le directeur que pour les présidents de l’ADDIM et du CDG89, la
porosité totale entre l’EPCC et les associations partenaires, source de conflits d’intérêts qui
pèseront sur la gestion de l’EPCC.
Un cumul d’emplois public et privé.
La situation de M. Bacot jusqu’en mai 2009 méconnait la règle de non cumul entre emploi public à
temps complet et emploi privé posée par l’article 25 de la loi du 13/07/2003 dans sa rédaction
applicable au 02/02/2007. L’interdiction des cumuls a certes été atténuée par la loi du 02/02/2007
qui a actualisé le contenu et le périmètre des dérogations autorisées mais, s’agissant des cumuls
d’emplois lucratifs, ils doivent avoir été préalablement autorisés, demeurer accessoires et
compatibles avec les fonctions publiques exercées sans affecter leur exercice.
Le directeur de l’EPCC n’a demandé aucune autorisation, ni produit aucun document permettant de
connaître la nature, le champ et les rémunérations des fonctions privées occupées en même temps
que son emploi public. Il ne peut être considéré comme ayant été autorisé à le cumuler avec une
activité privée.
La chambre observe en outre que le fait que M. Bacot ait été également directeur salarié des deux
associations qui le rémunéraient est contraire aux dispositions de l’article R. 1431-14 du CGCT aux
termes duquel
« Le directeur ne peut prendre ou conserver aucun intérêt dans les entreprises en
rapport avec l’établissement, occuper aucune fonction dans ces entreprises, ni assurer des
prestations pour leur compte, à l’exception des filiales de l’établissement. Si, après avoir été mis à
même de présenter ses observations, il est constaté qu’il a manqué à ces règles, le directeur est
démis d’office de ses fonctions par le conseil d’administration ».
Enfin, l’absence de paiement du traitement au directeur a conduit l’EPCC à n’éditer aucune fiche de
paye et à ne pas déclarer aux organismes sociaux et fiscaux que cet emploi était pourvu. Cette
situation qui a permis une minoration de la masse salariale 2008/2009 et porté atteinte à la fiabilité
du tableau des effectifs de l’établissement.
L’utilisation de fonds associatifs pour rémunérer un service que le directeur devait
exclusivement consacrer à la gestion de l’établissement public pose une difficulté sérieuse.
La chambre s’interroge sur la contrepartie éventuellement attendue de ce montage, l’utilisation des
fonds associatifs à cet effet et l’usage ainsi fait des financements publics que ces associations
recevaient, notamment du département de l’Yonne.
Alors même que le directeur de l’EPCC était salarié par l’ADDIM et le CGEMD en 2008/2009,
l’EPCC mettait gratuitement, et sans convention, à disposition du CGEMD des enseignants de
l’EPCC pour une charge salariale non remboursée estimée à 120 K€ en 2008/2009. En outre, la
chambre a constaté que le directeur de l’EPCC n’a pas fait rembourser, lors des mises à disposition
de la période 2009-2012 , les cotisations dues au CNAS, les frais de déplacement des personnels
employés par des tiers ou la taxe sur les salaires dont l’EPCC était pourtant redevable au titre des
impôts assis sur la masse salariale estimée à 57 K €.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
21/78
3.2.2.2. La rémunération du directeur correspond au sommet des traitements publics
La rémunération du directeur, hors échelle G1, (succédant à un IB 320 en 2007 puis IB 1015 en
2008) s’écartait manifestement de celles auxquelles auraient pu prétendre un agent du cadre
d’emploi ou de l’Etat disposant de qualifications et exerçant des fonctions équivalentes
10
.
Soumis à retenue pour pension à compter du 1
er
juillet 2010
Groupes
1
er
chevron
2
ème
chevron
3
ème
chevron
E
70 565.43
73 343.82
-
F
76 066.43
-
-
G
83 400.81
-
-
Lors du premier paiement de M. Bacot à ce niveau, le 8/06/2009, le comptable public a soulevé
l’absence de délibération fixant la rémunération. Par délibération 2009-12 du 19/06/2009, exécutoire
le 30 juin, le conseil d’administration de l’EPCC a confirmé à l’unanimité une rémunération HE G1
INM 1501.
Toutefois à la suite de deux courriers du préfet de l’Yonne, par avenant n°1 du 01/11/2009,
exécutoire le 04/12/2009 et rétroactif au 01/09/2009, le président du conseil d’administration
modifiait la clause salariale en précisant que «
le directeur reçoit une rémunération ne dépassant
pas le traitement HE B 2ème chevron
».
La chambre observe que néanmoins, le journal de paye de l’EPCC atteste que du 1
er
mai au 31
octobre 2009 le directeur a été rémunéré en HE G1 et que le trop perçu n’a pas fait l’objet d’un
reversement, l’ordonnateur n’ayant pris aucune disposition en ce sens et le conseil d’administration
ayant omis d’évoquer ce point.
En tout état de cause, le grade de reclassement et le niveau de positionnement sur l’échelle
indiciaire du grade n’ayant pas été délibérés par le conseil d’administration de l’EPCC, il
n’appartenait pas au président d’arrêter un traitement engageant l’EPCC et validant l’INM 1501.
Au surplus, la délibération 2009-12 du 19/06/2009 ne pouvait s’appliquer rétroactivement.
3.2.3. Conclusion
Le projet qu’il personnifiait a convaincu les collectivités publiques de considérer M. Bacot comme
l’unique interlocuteur et de lui confier, sous des modalités juridiques et conventionnelles diverses
des prérogatives importantes. La direction de l’EPCC lui a été confiée au prix d’une
méconnaissance des règles les plus habituelles de la gestion des ressources humaines et du
principe d’égal accès aux emplois publics, lui assurant une rémunération disproportionnée. En
confiant la responsabilité de l’établissement à son promoteur, les fondateurs ont en outre postulé à
tort qu’il disposait des compétences pédagogique, managériale et administrative nécessaires.
10 CE 28/07/1985 Département des Alpes Maritimes Rec 154675/149801)
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
22/78
3.3.
Le statut et les pouvoirs du directeur lui confèrent la direction de l’établissement
Si l’article L. 1431-13 du CGCT ne pose qu’un principe de répartition entre président et directeur, les
dispositions réglementaires lui confient des attributions très étendues, associées à des
incompatibilités visant à empêcher tout conflit d’intérêts.
Le directeur dispose du pouvoir d’impulsion «
élabore et met en oeuvre le projet artistique,
culturel, pédagogique ou scientifique » et « assure la programmation de l’activité artistique,
scientifique, pédagogique ou culturelle de l’établissement », « il est ordonnateur des recettes
et des dépenses » il « prépare le budget et ses décisions modificatives et en assure
l’exécution », « il assure la direction de l’ensemble des services », « il passe tous actes,
contrats et marchés, dans les conditions définies par le conseil d’administration » « il
représente l’établissement en justice et dans tous les actes de la vie civile… ».
Il « …dirige l’établissement… » (L. 1431.3) ; le conseil d’administration
« détermine les
catégories de contrats, conventions et transaction qui en raison de leur nature ou du montant
financier engagé doivent lui être soumis pour approbation et celles dont il délègue la
responsabilité au directeur…
» (R. 1431.7 14°) ; le président nomme le personnel après avis
du directeur «
il peut déléguer sa signature au directeur
» (R. 1431.8) le directeur «
… est
ordonnateur des recettes et des dépenses… assure la direction des services passe tous
actes, contrats marchés dans les conditions définies par le conseil d’administration…
représente l’établissement en justice et dans tous les actes de la vie civile….
» (R. 1431.13).
A ces pouvoirs sont adjointes (R. 1431.14) des incompatibilités électives s’appliquant à la
ville d’Auxerre et au conseil général et des incompatibilités techniques et professionnelles
puisque
« le directeur ne peut prendre ou conserver aucun intérêt dans les entreprises
11
en
rapport avec l’établissement, occuper aucune fonction dans ces entreprises, ni assurer des
prestations pour leur compte… ».
Il apparaît que la lettre et l’esprit de ces dispositions ont été assez largement ignorées voir
contournées tant par le directeur que par les présidents successifs du conseil d’administration.
3.3.1. Les ordonnateurs et les présidents de l’EPCC
L’EPCC a connu, entre 2008 et 2013 deux ordonnateurs: Patrick BACOT nommé directeur le
14 février 2008 et démissionnaire le 31 août 2012 puis Agnès GELEY désignée « ordonnateur
intérimaire » le 3 octobre 2012.
Pendant deux périodes distinctes : du 1
er
janvier au 13 février 2008, du fait de la faible anticipation
de la mise en place de l’EPCC, puis du 1
er
septembre au 2 octobre 2012, du fait de la crise ouverte
par la démission le 31 aout du directeur, l’EPCC a engagé ses crédits sans ordonnateur.
11
Une association prestataire de service à titre principal, intervenant dans le champ concurrentiel et assujettie
à l’IS et à la TVA doit être regardée comme une entreprise CC décision n°2006-20/21)
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
23/78
La chambre constate l’irrégularité de la prise en charge des opérations pendant ces périodes. Elle
observe que la méconnaissance des prérogatives de l’ordonnateur est constante chez les
présidents successifs, élus expérimentés, exerçant de nombreuses responsabilités locales et
fonctions publiques. Ils ont engagé l’établissement par leur signature et leurs interventions
irrégulières ont conféré une apparence de régularité aux conventions, contrats et facturations que
les signataires engageaient à des titres divers entres les différents établissements, associations et
collectivités au sein desquelles ils exerçaient leurs responsabilités. Ce faisant, ils ont placé
l’établissement en situation de risque juridique et financier majeur débouchant parfois sur des
préjudices considérables.
3.3.2. La pratique du conseil d’administration démontre une méconnaissance des
prérogatives et responsabilités respectives de l’ordonnateur et de l’assemblée
délibérante
3.3.2.1. La répartition des compétences
entre l’assemblée délibérante et l’exécutif
La répartition des compétences
entre l’assemblée délibérante et l’exécutif
prévue par les textes
autorise une délégation du pouvoir de l’assemblée délibérante au profit de l’exécutif qu’est le
directeur selon les modalités suivantes :
La délégation est impersonnelle et es qualité (du délibérant vers l’exécutif) ;
elle n’est légale que si elle se fonde sur un texte, (R.1431-7 du CGCT), elle est formelle et
explicite ;
elle dessaisit le conseil d’administration tant qu’elle n’est pas rapportée ;
elle doit être précise et limitée.
L’EPCC a développé une tout autre pratique reposant sur une absence de délégation au directeur
général du 1er janvier 2008, jusqu’à sa démission au 31 août 2012 puis une «
délégation de
signature
» accordée en deux temps par arrêté du président du conseil d’administration au directeur
intérimaire, ordonnateur en fonction :
Concernant M. Bacot, aucune délibération n’a défini ceux de ses actes soumis à délibération
préalable et ceux relevant d’une délégation de pouvoir qui lui aurait été consentie.
Ainsi par une délibération du 16 mai 2008, le directeur rend compte des décisions prises par lui
(contrats, conventions et transactions diverses) du 21 janvier 2008 au 16 mai 2008.
Date de
visa
Objet
Pa conv 1
11/03/2008
Convention de dépôt et gestion de distributeurs automatiques
Pa conv 2
08/04/2008
Convention de récupération des consommables informatiques
Pa mapa2
06/05/2008
Contrat Acquisition de logiciel et matériels associés
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
24/78
Le président de l’EPCC n’a jamais «
délégué sa signature
» à M. Bacot en matière de recrutement
de personnel et tout acte de gestion et recrutement pris pendant cette période sans délibération
préalable de l’assemblée délibérante est irrégulier.
Concernant Mme Geley : Par délibération 2012-16 du 2 octobre 2012, le conseil décide «
de
confier à la directrice administrative et financière l’intérim dans l’attente du nouveau
responsable de la structure et d’autoriser le président à signer l’arrêté portant délégation de
signature correspondant
.. »
Le président ne lui a jamais «
délégué sa signature
» en matière de recrutement de
personnel et, en application de cette délibération pour le moins vague, le président prend le
3 octobre 2012 un arrêté «
portant délégation de signature
» pour toute une série d’actes
«
bons de commandes …pour un montant limité à 50 000 € ht…ordonnancement et signature
des mandatements, y compris la paye… ordonnancement et signature de toutes les recettes,
notamment
facture
…signature
des
contrats
d’engagement
du
personnel
temporaire…signature des contrats fournisseurs …signature de toutes les décisions relatives
à la gestion du personnel …
».
La chambre observe que cet acte est inopérant car la délibération ne fixe aucune limite à l’exercice
des prérogatives confiées à l’ordonnateur à l’exception des bons de commandes supérieurs à
50 000 € HT et le président ne dispose d’aucun pouvoir réglementaire pour prendre un arrêté de
« délégation de signature », encadrant les prérogatives du directeur, d’autant qu’il ne détient aucun
pouvoir à déléguer. Seule l’assemblée délibérante peut déléguer une partie de ses pouvoirs au
directeur sous réserve des limites ou interdictions qu’il lui appartient de fixer. C'est alors la
délibération exécutoire, et elle seule, qui constitue la base légale de la répartition du pouvoir de
décision.
La régularité des interventions de l’ordonnateur ayant été soulevée par le comptable, une
délibération du 12 décembre 2012 prévoit que «
l’ensemble des contrats, conventions et
transactions relevant de la compétence de l’EPCC, dont le montant financier est supérieur à
50 000 €, doivent lui être soumis pour approbation. Qu’en dessous de ce seuil, il en délègue la
responsabilité au directeur…
».
La chambre observe que ce n’est donc que 4 ans après la création de l’établissement qu’un
équilibre régulier des relations entre l’assemblée délibérante et l’exécutif aura été formalisé.
3.3.2.2. Dans ce contexte, il apparaît que de très nombreux actes ont été engagés
irrégulièrement par les présidents successifs du conseil d’administration.
Le tableau ci-dessous en donne quelques exemples :
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
25/78
Auteur de
l’acte EPCC
Date de
l’acte
Nature de l’acte
Engagement
financier
Délibération
préalable
Observation
P. Bordier
P. Gendraud
P. Bordier
P. Bordier
P. Gendraud
M. Morineau
28/05/2011
20/12/2011
13/01/2009
28/05/2010
26/06/2012
03/12/2013
mise
à
disposition
de
personnel
CDGE
à
l’EPCC
délégation
des
actions
artistiques et
des
billetteries à l’ADDIM
mutualisation de services
et moyens
mise
à
disposition
de
service compris
mise
à
disposition
de
service compris
mise à disposition d’un
directeur
661 154 €
35 000 €
Variables selon
consommation de
services
Personnel 50000 €
Personnel 47500 €
Personnel 20810 €
Non
2011-25
2008-40
2010-11
2012-15
2013-
Co signataire P. Gendraud
président CGEMD
Co signataire P. Bacot
« président de l’ADDIM »
Co signataire B Bacot Service
compris, P Gendraud CGEMD
P. Bordier / P Bacot Service
compris
P. Gendraud M. Ronot Service
compris
M. Morineau M. J. Gilet
association école de musique de
Puisaye
La chambre insiste sur les conséquences juridiques de cette situation : l’acte étant irrégulier ou sans
portée, il pourrait être considéré comme inexistant par tous tiers ayant intérêt à agir, des salariés
notamment, devant le juge.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2. FG-20 en date du 12 juin 2015
26/78
4.
L’IMPLANTATION DE L’EPCC : LA MISE A DISPOSITION DES MOYENS ET
L’ORGANISATION DE L’ETABLISSEMENT
4.1.
La cité des musiques
L’EPCC s’est installé 7 rue de l’Ile aux plaisirs dans un vaste ensemble immobilier appartenant à la
ville d’Auxerre. Cet immeuble d’une emprise de 7315 m
2
(selon la surface au contrat d’assurance),
distribué sur trois niveaux, ancien, comporte un auditorium de 60 places, trois studios
d’enregistrements équipés, une salle d’orchestre, environ 40 salles banalisées équipées
(percussions, pianos, Hifi etc.) des locaux techniques et des espaces de stockages et publics
divers. Il héberge diverses structures.
Les conditions de mise à disposition et la répartition des charges du propriétaire et du locataire ont
été arrêtées par une convention ville/EPCC du 15/05/2008 exécutoire le 29/05/2008 elle précise de
façon très générale
« la commune met à disposition à titre gratuit, les immeubles affectés au 31
décembre 2007 à l’exercice des missions de l’Ecole Nationale de musique »
sans identifier les
locaux transférés à l’EPCC et ceux occupés par les nombreux tiers.
4.1.1. Des occupations multiples
Le tableau ci-dessous
dresse la liste des organismes installés dans les locaux en vertu d’une
convention, ou comme occupant sans titre (ADDIM).
Le conservatoire
Convention
mise à disposition de services
ville du 15 mai 2008 (signée P Bordier G
Ferez)
Convention mise à disposition services Ville
du
13 janvier
2009 (signée P Bordier G
Ferez)
Avenants
financiers
à
la
convention
du
13/01/2009 :
N°1 du 28 février 2012, N°2 du 31 octobre
2012, N°3 du 23 septembre 2013, N°4 du 08
novembre 2013
Etat des lieux initial au
1er janvier 2008 signé (P
Bordier G Ferez)
Etat
des
lieux
complémentaire
au
1er mars
2010
(signé
P Bordier G Ferez) : état
des lieux après travaux
1er étage (dont bureaux
Fenice
et
Service
compris)
Convention tardive
(tvx 1er étage) signé P Bordier
Le siège et les
bureaux de l’ADDIM 89
(en cours de
dissolution).
Pas de Convention d’occupation
néant
Convention mutualisation
3 photocopieurs
pour la période du 1er janvier au 30
septembre 2013 (avec CDGEMD EPCCY
Service Compris et Ensemble Fenice)
Le siège et les bureaux
de l’association Centre
de Gestion des
enseignants CDGEMD
Pas de convention d’occupation
néant
Départ 4 agents décembre 2012 mais départ
« physique mai 2013 » ds nouveaux locaux
(C.Général 89)
Convention mutualisation avec
EPCC/affranchissement et téléphonie
Le siège et les bureaux
de Service
Compris délégataire de
la ville d’Auxerre pour
la salle des musiques
actuelles jusqu’au
31/12/2013 (le Silex)
Pas de convention d’occupation
néant
Convention mutualisation
1 photocopieur période du 1er janvier au 30
septembre 2013 (avec CDGEMD EPCCY
ADDIM, Ensemble Fenice)
Convention mutualisation avec
EPCC/affranchissement et téléphonie
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
27/78
Le siège et les bureaux
de l’association Jazz
club.
Pas de convention d’occupation
néant
Le siège et les bureaux
de la FENICE
Convention sur 3 ans - résidence avec la ville/
reconductible annuellement depuis le ………..
(en attente infos Fenice )
Convention mutualisation avec EPCCY (pour
la partie affranchissement ) du
Enregistrée en préfecture 13/11/2009
Service Compris :
La Cuisine (studios
d’enregistrement)
Convention
d’occupation
avec
la
Ville
d’Auxerre: délibération du 27 novembre 2000
+ convention 13 décembre 2000 signée entre
Jean Garnault maire d’Auxerre et l’association
S Compris
Pas de la mise à jour lors
de la création de l’EPCC
et
de
la
prise
de
possession des locaux.
Cette occupation complexe est accompagnée d’une couverture par l’assurance insuffisante,
difficilement explicable compte tenu de la nature des activités de l’EPCC :
En application de l’article 3 de la convention initiale de transfert, la ville a assuré les
immeubles et leur contenu au titre des garanties dommages aux biens jusqu’au 31/12/2008.
N’ayant pas recensé les occupations, les usages et la répartition des risques, la direction de
l’EPCC n’a pu obtenir d’assurer les dommages aux biens du 01/01/2009 au 31/12/2012.
Seule une assurance responsabilité civile a été souscrite durant cette période, mais les
modalités d’extension de la couverture aux risques liés à l’activité des tiers occupants sont
restées imprécises. L’EPCC n’a été assuré qu’à compter du 01/01/2013 pour le dommage
aux biens d’une surface totale occupée arrêtée à 7 315 m
2
.
Enfin, la Chambre observe que la garantie vol (plafonnée à 40 000€ par sinistre…) n’était
pas adaptée à la valeur des matériels techniques et que la destruction ou la dégradation de
divers instruments de musique n’a pas été couverte par l’assurance souscrite, faute de
recensement et de valorisation du parc de matériel de l’EPCC. Ce risque est d’autant plus
présent que de nombreux matériels sont répartis dans les différentes salles de cours et que
le local de stockage des instruments est aisément accessible.
4.1.2. Des prestations en nature opaques et non remboursées
L’EPCC a fourni sur la période des moyens téléphoniques, des fournitures bureautiques, la prise en
charge des affranchissements ainsi que les fluides et l’énergie aux divers occupants. Une
convention de mutualisation des besoins et services entre l’EPCC et les associations hébergées sur
le site de la « cité des musiques » en date du 13 novembre 2009 répartit la charge des services et
matériels selon une clef 2/3-1/3 entre l’EPCC, le CGEMD et l’ADDIM 89.
Si le principe de cette convention apparaît sain, elle est néanmoins typique de la confusion des
responsabilités puisqu’elle est signée de :
M. Bordier, Président de l’EPCC, incompétent pour engager l’établissement
M. Gendraud, Président du CGMED et administrateur de l’EPCC
M. Bacot, Directeur de l’EPCC et « représentant » de l’association Service compris.
L’absence de comptabilité analytique n’a pas permis de répartir les charges d’assurances, de
chauffage, de maintenance, de nettoyage et d’entretien des locaux. Ces charges n’ont jamais été
facturées aux différentes structures occupantes. De même, divers services supports tels l’accueil
partagé ont été supportés par le budget de l’établissement public, sans remboursement de la part
des autres bénéficiaires.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
28/78
La chambre observe que cette subvention en nature aux divers occupants a pesé sur les charges
de l’EPCC. L’aide ainsi attribuée n’a jamais été délibérée par le conseil d’administration, n’est pas
apparue dans les comptes de l’EPCC et n’a pas été retracée en annexe au compte administratif.
4.2.
La gestion critiquable du parc instrumental du conservatoire
Le parc instrumental permet la découverte et l’apprentissage des instruments par les élèves. Sa
gestion, sa qualité, sa disponibilité sont stratégiques pour le bon fonctionnement du conservatoire.
4.2.1. Un parc instrumental non comptabilisé, mal suivi et dispersé.
L’Ecole Nationale de musique d’Auxerre disposait au 31/12/2007 d’un parc instrumental important.
Même si aucun inventaire, aucun extrait de l’actif municipal n’a été annexé à la convention
de transfert entre la ville et l’EPCC du 15 mai 2008, divers indices attestent de son
importance.
Un premier état du 31 décembre 2003, structuré par familles identifie 484 instruments
valorisés pour 494 934,19 €. Ce document, seul recensement produit du parc de la ville
d’Auxerre, est établi à la césure entre deux directeurs du conservatoire, M. Bacot en
prenant progressivement la direction à partir de 2003/2004.
Au 31 décembre 2010, l’état de l’actif d’Auxerre est tenu en valeur d’acquisition, et ne
mentionne que quelques instruments avec une mise en service fixée par convention à 1999
et des durées d’amortissement parfois surprenantes. Sa fiabilité et son exhaustivité sont
douteuses :
État de l’actif 00200 Auxerre – extraits
inventaire
Compte
2188
Immobilisation
Valeur
brute
Valeur
brute
Durée
d’amortissement
Amortissement
Valeur
nette
comptable
2987
2988
2991
2993
2994
2995
3152
3162
4461
4487
4593
4594
Piano 1/2queue yamaha c6
Ensemble sonorisation
Ensemble sonorisation
2 retours amplifiés Mic
2 micros audio technica
Enregistreur Yamaha
Guitare N2 avec étui
Flute traversière basse Yamaha
Bongos sonor avec pied
Orgue marque Allen
Saxophone alto
Cor de basset Buffet Crampon,
22 339,50
50 527,70
11 755,95
728.71
289,65
1 211,97
1 067,14
4 875,93
404,75
3 048,98
975,67
5 220,01
1999
1999
1999
1999
1999
1999
1999
1999
1999
1999
1999
1999
5
20
20
1
1
5
5
5
5
5
5
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
22 339,50
50 527,70
11 755,95
728,71
289,65
1 211,97
1 067,14
4 875,93
404,75
3 048,98
975,57
5 220,01
102 445,96
0
102 445,96
(Source Hélios)
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
29/78
Il n’existe pas de valorisation dans les comptes de l’EPCC du parc instrumental mis à sa
disposition, dans des conditions juridiques, techniques et comptables particulièrement
déficientes.
Aucun des « inventaires »
(simples listes physiques) existants ne se recoupe, se compare ou
s’enchaîne avec les autres.
La chambre constate que cette opacité sera source de très nombreuses difficultés pour l’EPCC et
cause de dérives.
L’article 5 des statuts de L’EPCC précise que «
les biens meubles et immeubles ….. sont mis à la
disposition de l’établissement pour toute sa durée.
». La mise à disposition s’analyse comme un
transfert de compétences entraînant de plein droit la mise à disposition du bénéficiaire des biens
meubles et immeubles utilisés à la date du transfert pour l'exercice de cette compétence. Sur le plan
comptable, les opérations de transfert sont passées par le comptable public, sur la base des
informations contenues dans le certificat administratif transmis par l'ordonnateur, ce qui n’a pas été
fait.
A l’article 4 de la convention de mise à disposition à l’EPCC des biens meubles et immeubles
nécessaires à son activité il est prévu : «
…. Les biens mobiliers et matériels mis à disposition
…sont les suivants : …….les mobiliers, matériels et instruments de musique affectés à l’ENM au 31
décembre 2007… ».
Outre la mise à disposition des instruments, les dispositions financières liant la ville d’Auxerre et
l’EPCC identifient un crédit annuel «
CPAJ Instrument de musique »
de 30 000 € (soit 180 K€ sur la
période) destiné à «
l’entretien et l’investissement de renouvellement du parc instrumental
». Cette
convention établit donc au 15/05/2008 à la fois l’existence d’un parc instrumental et l’attribution de
moyens financiers pour l’entretenir et le renouveler.
Faute d’inscription au bilan de l’EPCC, à compter du 1
er
janvier 2008, toute trace comptable et
valorisation justifiée du parc instrumental du conservatoire disparaît.
La chambre observe que l’actif identifié par l’arrêté préfectoral du 30 décembre 2013 portant
dissolution au 31/12/2013 de l’EPCC comme revenant à la ville ne correspond pas à l’état du
patrimoine mobilier constaté et mis en évidence par le contrôle. L’annexe 3 de cet arrêté «
liste des
biens EPCCY à transférer
» confirme ce constat, puisque le conservatoire ne justifie à cette date
que
d’un
parc
évalué
à
41 153
€,
valeur
nette
comptable,
se
résumant
à
4 pianos neufs, quelques percussions et du matériel HIFI obsolète.
4.2.2. Un parc instrumental négligé
Le parc instrumental municipal n’a pas été pris en charge par l’EPCC avant le départ du directeur en
août 2012, à l’occasion duquel il a
emporté les 6 pianos qui lui appartenaient, démunissant les
classes en cours.
La chambre constate l’absence de politique patrimoniale de l’EPCC qui ne dispose pas pour son
parc
instrumental
de
plan
d’entretien,
de
programmation
du
renouvellement,
de
plan
d’investissement, alors même que la ville lui verse une contribution annuelle de 30 K€ pour en
assurer l’entretien et le renouvellement. Il résulte d’ailleurs de l’instruction que cette contribution
était affectée aux autres dépenses courantes de l’établissement, essentiellement salariales.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
30/78
Grand livre en €
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Observations
Location 6135
Entretien 615 58
Acquisition 2188
0
0
0
0
250
0
0
1 281,20
0
485,73
776
9 313,85
1 388,55
717,40
14 834,95
739,65
35 948,56
Location pianos en 2012
Investissement 4 pianos 2013
Contribution Auxerre €
30 000
30 000
30 000
30 000
30 000
30 000
180 000€
4.2.3. Des pratiques de gestion inadaptées et obsolètes
4.2.3.1. Jusqu’à la création de l’EPCC l’enseignement musical Icaunais bénéficiait de parcs
instrumentaux dispersés sur le territoire, qui rendaient difficiles un suivi et une maintenance
mutualisés.
Le parc de l’Ecole Nationale de Musique (ENM), financé par Auxerre, était mis à disposition des
élèves et enseignants et affecté aux enseignements du conservatoire.
Le parc ADDIM était plus particulièrement affecté aux écoles du réseau et aux élèves.
Le parc relevant des écoles locales de musiques (Brignon, Migennes..) était réduit.
Un des objectifs attribués à l‘EPCC était la création d’un parc unique et une gestion rationalisée, au
plus près des besoins. Cette démarche impliquait le regroupement des instruments à l’EPCC qui
disposait des locaux, des régisseurs, des moyens financiers et de la compétence statutaire pour ce
faire.
Contrairement à cet objectif, le directeur maintiendra la gestion regroupée de l’ensemble des
instruments à l’ADDIM. En outre la gestion de son parc par l’ADDIM était lacunaire : elle disposait
d’un progiciel de gestion de « parc et matériels divers » principalement destiné aux travaux publics
et il est apparu dès 2008/2009 que ce logiciel, ni maintenu ni mis à jour, était inadapté à la gestion
d’un parc instrumental consolidé, évalué alors à 400/650 instruments d’une valeur à neuf 450 K€
/750 K€).
4.2.3.2. Un recensement du parc instrumental sollicité en cours d’instruction confirme pour
l’essentiel les constats précédents :
Confusion totale entre parc public et parc privé.
Absence de valorisation et de comptabilisation.
Suivi artisanal et hasardeux hors du périmètre de l’établissement public.
Disparition d’une partie significative du parc en quantité et en valeur.
Mise en évidence d’un parc important de gros instruments en quantité et valeur, non
consolidé avec le parc instrumental, à intégrer à l’inventaire, à l’actif et au bilan de l’EPCC
avant dissolution. Ont en effet été recensés dans les locaux, en sus des instruments ci-
dessous, 32 pianos mis à disposition par la ville d’Auxerre, 5 pianos propriétés de l’EPCC et
3 pianos appartenant à l’ADDIM dont le sort et la destination sont incertains, l’ensemble
n’apparaissant ni dans les comptes de l’EPCC ni dans les inventaires jusqu’alors fournis.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
31/78
Sur un parc de 608 instruments tous parcs confondus recensés au 3 février 2014 :
31 % du total sont « absents » (en fait perdus et non localisables) ;
28 % ont été « vendus » ;
41 % restent « disponibles » pour l’enseignement (en face à face/ par location ou prêt).
S’agissant plus particulièrement du parc identifié comme mis à disposition par Auxerre,
(218 instruments) :
32 % (soit 70 instruments) de ce parc sont « perdus » ;
23 % (16 instruments) ont été vendu par « erreur » ;
60 % (soit 132 des 218 des instruments recensés) sont disponibles pour l’enseignement (en
face à face/ par location ou prêt à rapprocher d’un effectif moyen d’environ 650 élèves).
La chambre observe, si l’on accorde crédit à l’inventaire d’Auxerre du 31 décembre 2003, recensant
484 instruments valorisés à hauteur de 494 934 €, que 50 % de ce patrimoine a disparu dix ans
après. L’estimation de la valeur à neuf (prix catalogue 2014) de reconstitution d’un parc composé,
pour chacune des familles d’instruments du parc initial, d’un seul instrument équivalent à ceux ayant
disparu nécessiterait un investissement immédiat de 190 000 €.
Il résulte de ce qui précède que le bilan et les inventaires de la ville devront être corrigés à due
concurrence à l’issue de la remise de l’actif de l’EPCC qui lui reviendra à sa dissolution.
4.2.4. Une gestion fragile, opaque et irrégulière
Dès 2008, la gestion du parc d’instruments a été confiée à deux salariés de l’Addim.
Le régisseur gérait physiquement le parc et la gestionnaire assurait le suivi contractuel et la
facturation mais le parc géré ne représentait qu’une partie du parc total, puisque d’une part les
« gros instruments » (pianos, harpes, percussions…) à demeure dans l’établissement n’étaient pas
inscrits à l’inventaire et que d’autre part les appareils acoustiques ou de son et d’éclairage relevaient
d’un autre suivi et d’un autre régisseur sans être comptabilisés ou amortis.
4.2.4.1. La sortie d’instruments relevait du régisseur, via un logiciel en réseau avec la
gestionnaire.
Le régisseur était chargé de :
recevoir le locataire demandeur ;
créer un nouveau « client » ou appeler la fiche d’un « ancien client » ;
attribuer au demandeur l’instrument recherché ;
éditer à partir du logiciel MATOS un contrat identifiant le locataire, l’instrument le tarif
mensuel, les garanties apportées (caution assurance) et une description de l’état de
l’instrument établi en deux exemplaires (1 client/1 ADDIM) ;
faire signer le contrat au « client » recevoir le chèque de caution (100€) agrafé au contrat ;
transmettre le contrat pour archivage et facturation au service facturier.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
32/78
Ces opérations traitées dans la base informatique décomptaient et ajoutaient les instruments entrés
ou sortis par les élèves.
La sortie d’instruments en mise à disposition gracieuse auprès des écoles du réseau départemental,
des enseignants ou pour des manifestations particulières, était gérée en dehors de cette base par
un système parallèle de fiches cartonnées, ni sauvegardées, ni consolidées. Ces entrées sorties ne
faisaient pas l’objet d’une convention, d’une prise de garantie ou d’un PV de remise et la
constatation d’un retour se traduisait par la destruction de la fiche papier afférente.
Dès lors, la connaissance de la disponibilité et de l’état des instruments (entré/sorti/jouable/cassé…)
ou l’identification consolidée des « utilisateurs » était variable, voire impossible à un instant donné.
Enfin, la chambre observe que le régisseur n’était pas seul à disposer d’une clef d’accès au local de
stockage, que l’accès au logiciel était partagé et que la mise à disposition n’était pas suspendue
pendant ses absences ou congés non remplacés.
Au total, une organisation défaillante a permis un accès aux instruments peu encadré.
4.2.4.2. La facturation aux locataires relevait de la gestionnaire.
Le gestionnaire était chargée de :
prendre en charge, gérer et archiver les contrats de location et les cautions afférentes ;
facturer à terme échu la location mensuelle sur la base du tarif fixé par l’ADDIM ;
relancer les créances non recouvrées (trois relances avant abandon) ;
encaisser les paiements à l’ordre du compte bancaire de l’ADDIM.
Le tarif applicable aux instruments loués, propriété de l’ADDIM ou de l’EPCC (parc ENM), était fixé
par l’ADDIM dans des conditions qu’il n’a pas été possible de connaître dans le cadre du contrôle.
En outre, la grille tarifaire appliquée aux familles était inconnue de l’EPCC, celui-ci n’ayant jamais
délibéré sur les modalités de gestion et de tarifications applicables aux prêts du parc public.
Le régisseur et la gestionnaire, à la suite de leur démission ou départ, ont détruit les données de la
base MATOS et évacué les archives (contrats, preneurs, facturations, flux financiers et cautions)
vers l’ADDIM. Ils ont refusé de répondre aux sollicitations du magistrat instructeur et la situation
reste relativement confuse.
4.2.4.3. En conclusion, la chambre considère que des agents titulaires de l’EPCC ont été
chargés par le directeur de l’ADDIM, et pour le compte de l’ADDIM, de gérer un parc dont
une partie appartenait à l’EPCC. Les recettes de location des instruments, propriété de
l’EPCC, auraient dû lui revenir.
Le 12 avril 2013, M. Cambou, liquidateur de l’ADDIM, par ailleurs directeur financier de l’ADDIM,
estime les loyers perçus au cours du premier semestre 2013 à 2 448 €.
Il faut d’ailleurs relever que le 13 juin 2013 la gestionnaire du parc produisait une liste de
23 instruments loués, pour un loyer semestriel théorique de 102 € soit au total 2 346 €, précisant
que « d’autres instruments sont également en prêts dans différentes écoles du réseau et chez
quelques particuliers ».
Le recouvrement des redevances reste en fait inconnu car ni les conventions de location ni les
modalités de recouvrement n’ont fait l’objet d’une grande attention.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
33/78
L’existence et l’utilité des dépenses avancées par le liquidateur de l’ADDIM, notamment l’entretien
des instruments et l’augmentation du parc EPCC sont invérifiables puisque recettes et charges
relevaient d’une comptabilité privée extérieure à celle de l’EPCC, agrégeant les flux financiers gérés
par la gestionnaire et les dépenses instrumentales de gestion et d’investissement effectuées par
l’ADDIM, selon les instructions de M. Bacot en sa double qualité de directeur de l’association et de
l’établissement public. Il apparaît plutôt au terme de l’instruction que l’entretien était réduit, voire
inexistant et que l’état dégradé de nombreux instruments posait au quotidien des difficultés
d’apprentissage aux élèves.
4.2.5. Une vente précipitée du parc, dommageable au patrimoine public
Le 6 janvier 2014 le liquidateur bénévole de l’ADDIM précise
«… l’ADDIM a dès 1990 acquis des
instruments de musique dans le but de les louer à des élèves d’écoles de musique… puis ..ayant
connaissance d’un stock d’instrument peu utilisés, propriété de la ville d’Auxerre, a proposé de les
intégrer à son propre parc ... je n’ai retrouvé aucun document entre la ville d’Auxerre et l’association
encadrant l’intégration de ces instruments « ville » au parc existant… Enfin et pour finir….l’ADDIM a
décidé de cesser cette activité …et décision a été prise de proposer aux magasins de musiques de
racheter les instruments de musique… il s’agit bien entendu des instruments de l’ADDIM…
cependant sur 200 instruments vendus par l’ADDIM une quinzaine d’instruments « Ville » ont été
vendus par erreur…
».
Le directeur de l’ADDIM (par ailleurs directeur de l’EPCC) a décidé fin 2011 la cession immédiate du
parc instrumental et donné instruction à M. Cambou, directeur financier de l’EPCC, de la réaliser.
Le contrôle de la chambre n’a pas établi les circonstances dans lesquelles le conseil
d’administration de l’association ADDIM a pu décider de cette vente. Une des hypothèses est que la
grave crise financière à laquelle cette association était confrontée requérait une liquidation urgente
des actifs disponibles pour assumer ses dettes, notamment salariales et fiscales. Le résultat
déficitaire de l’ADDIM au 31 décembre 2010 est de 455 K€, selon le rapport du cabinet Equation de
décembre 2011.
La chambre observe le conseil d’administration de l’EPCC n’a pas délibéré sur la liquidation du parc
d’instruments. Seul un courrier aux usagers du 3 juin 2011, signé de M. Bacot «
Directeur de
l’ADDIM
» les a informés qu’ils devaient restituer les instruments en leur possession et les renvoyer
vers les loueurs commerciaux dont la liste leur était fournie. Cet appel à restitution n’a pas rencontré
un total succès eu égard au nombre d’instruments perdus, non localisés ou indisponibles.
La vente de 180 à 200 instruments sera rapidement diligentée début 2012, par cession de gré à gré
auprès de divers professionnels. Il est intéressant de relever que la personne ayant facturé aux
luthiers acheteurs pour le compte de l’ADDIM est l’agent de l’EPCC gestionnaire du parc, identifiée
comme «
vbena@citédesmusiques.org
».
Il résulte de l’instruction que les instruments ci-dessous, figurant à l’inventaire physique du
3 février 2014 ont été cédés par l’ADDIM :
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
34/78
Facturation des instruments vendus - Source ordonnateur/régie du parc instrumental
Facture
Nature de
l’acheteur
nature
Total vendus
Dont instruments
EPCC
Prix facturé
TTC
Prix moyen
Valeur à
neuf
ADDIM
10/01/2012
Luthier Auxerre
Accordéons saxos
clarinette cornets
trombones Tubas
Xylophone
129
1 Saxo n°105062
1 saxo tenor n° 539905
1 tromb n°365670
1 tromb n°224283
15 250 €
118,21
2000 €
3000 €
525 €
525 €
ADDIM
27/02/2012
Luthier Auxerre
Cordes violon alto
Violoncelle
contrebasse
16
1 violoncelle n° c011
1 violoncelle c0116e
3045 €
190.31
1200 €
1200 €
ADDIM
03/02/2012
Luthier Migennes
Cordes Violon
Violoncelles
7
-
970 €
138.57
ADDIM
28/02/2012
Luthier Auxerre
Violons violoncelles
contrebasses
10
-
1220 €
122
ADDIM
2012/03/0008
27/03/2012
Association Joigny
5 guitares octavo
requinto Bajo
5
250 €
50
ADDIM
20/09/2012
Luthier Migennes
Violoncelles violon
4
600 €
150
ADDIM
26/10/2012
Orchestre de la ville de
SENS
Percussions
xylophone
1
-
400 €
400
ADDIM
25/10/2012
EM du Gâtinais
Violoncelle cor
trombone cornet
4
400 €
100
ADDIM
05/10/2012
Luthier Sens
Violoncelles
contrebasse
3
420 €
140
TOTAUX
179
22 555 €
-
Le produit de cette « vente » est resté dans les caisses de l’ADDIM et n’a fait l’objet d’aucun
reversement dans la caisse du comptable, au titre de la vente des instruments, propriété de l’EPCC.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2. FG-20 en date du 12 juin 2015
35/78
5.
LES ELEVES DU CONSERVATOIRE A RAYONNEMENT DEPARTEMENTAL
D’AUXERRE
Le conservatoire d’Auxerre est l’une des missions de base de l’EPCC.
Selon les documents produits, rapport d’activité, suivi de la scolarité, documents de programmation
stratégique, rapport d’audit, rapport
diagnostic et de positionnement du conservatoire rendu au
« groupe de pilotage » en 2013,
les données sont hétérogènes, non cohérentes et parfois
divergentes. C’est donc avec recul et en très grandes tendances qu’il faut apprécier les données qui
suivent, pour l’essentiel tirées de la base « Rhapsodie ».
5.1.
L’origine géographique des élèves
819 élèves ont été inscrits en 2012/2013 se décomposant en :
282 élèves d’Auxerre (46,4
% des inscrits) ;
178 élèves de la communauté d’agglomération (hors Auxerre) (21.74 % des inscrits) ;
240 élèves Icaunais (hors agglomération) et 19 hors département (31,62 % des inscrits).
*
hors Auxerre ville
** hors agglomération et Auxerre
Pour l’année scolaire 2013/2014 le nombre des inscrits (640) a baissé de 21 %.
5.2.
La tarification
Une tarification non objectivée par une comptabilité analytique, non corrélée à l’évolution des coûts
d’enseignement, explique la stagnation voire la baisse de la part des redevances usagers dans le
total des ressources de fonctionnement sur la période.
2008
2009
2010
2011
2012
2013
% évolution
moyenne/an
prestation de service
155 161 €
225 417 €
228 500 €
238 468 €
232 905 €
220 968 €
7,33 %
charges de fonctionnement
2 344 196 €
2 898 639 €
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3 929 115 €
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3 827 866 €
10,30 %
recettes de fonctionnement
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3 789 728 €
8,83 %
poids en structure par année
6,25 %
7,81 %
6,14 %
6,15 %
5,80 %
5,83 %
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Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
38/78
L’évolution apparemment importante des usagers sur la période contrôlée, l’EPCC a
communiqué sur des fréquentations de près de 1000 élèves, est en grande partie due à la
comptabilisation d’un public adulte (plus de 25 ans) inscrit hors cycle d’enseignement et
pesant plus de 30 % des effectifs ;
L’un des points forts développés par l’EPCC en créant un enseignement de danse en trois
cycles, requis pour obtenir la labellisation de conservatoire à rayonnement départemental, ne
débouche pas positivement malgré les moyens consacrés (-12,82 %) ;
Qu’il s’agisse de musique ou de danse, l’essentiel des effectifs est en premier cycle. Cette
érosion significative s’explique notamment par l’émergence des contraintes scolaires parfois
peu compatibles avec celles de l’enseignement artistique développé en 3ème cycle et seule
une attention plus importante à l’articulation entre cursus scolaire et cursus artistique pourrait
stabiliser la fréquentation et notamment l’enchaînement des premier et second cycles.
L’origine des diplômés de l’EPCC suggère un établissement resté majoritairement auxerrois,
bénéficiant d’un faible apport des écoles de musiques :
Source
Rhapsodie
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Complet
DEM
complet
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Agglomération
Auxerroise
Département
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Région
Hors région
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2008/2009
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2009/2010
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2010/2011
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2011/2012
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2012/2013
0
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10
4
7
1
1
L’EPCC apparaît donc plus comme un établissement d’éveil et de sensibilisation que comme un
établissement de formation conduisant à une pratique autonome et professionnelle.
La chambre ne constate pas d’évolution significative résultant d’une mise en cohérence des écoles
du réseau autour d’un parcours pédagogique construit, orientant les élèves de ces écoles vers une
poursuite de cursus au sein du conservatoire. Sans préjuger de l’animation musicale sur l’ensemble
du territoire icaunais, cette situation peut s’analyser comme un échec de la mise en synergie des
acteurs et des moyens confortant la persistance d’un dispositif d’enseignement musical qui reste
local et fragmenté. Dans sa réponse aux observations provisoires de la chambre, l’ordonnateur
annonce toutefois la conduite de projets avec d’autres acteurs sur le territoire auxerrois (recherche
de publics d’origine sociale diversifiée) ainsi que des tentatives de recomposition d’un partenariat
avec d’autres écoles (projets communs, évaluations communes, etc…).
Annexe à la lettre n° 15.ROD2. FG-20 en date du 12 juin 2015
39/78
6.
LES AGENTS DE L’ETABLISSEMENT ET LA GESTION DES RESSOURCES
HUMAINES
L’EPCC était investi de deux missions ayant de fortes conséquences en matière de ressources
humaines :
porter juridiquement le conservatoire à rayonnement départemental (CRD) ;
apporter un concours, coordonner et mettre en cohérence l’ensemble des initiatives prises
dans le département concernant l’enseignement de la musique et de la danse.
Les agents de l’EPCC sont d’origines diverses :
pour partie, ils présentent une homogénéité de formation, de carrières et de profils issus de
la filière culturelle ou administrative de la fonction publique territoriale ;
pour partie, ce sont des salariés de droit privé, embauchés par le réseau associatif
départemental de la musique et de la danse CGEMD et relevant de la convention collective
de l’animation.
La gestion des ressources humaines, le transfert des personnels, l’homogénéisation de statuts
différents et de rémunérations hétérogènes constituaient donc des enjeux majeurs pour l’EPCC,
dont l’un des objectifs était de se substituer aux employeurs associatifs historiques (ADDIM/
CDGE…). Ces enjeux ont été mésestimés par l’EPCC.
Les modalités de gestion des ressources humaines (RH) mise en place en interne sont apparues
opaques, difficiles à suivre et source de risques financiers et juridiques majeurs. La difficulté de
rationaliser un système multipliant les employeurs, les donneurs d’ordre, les statuts et les
obligations de service a posé des difficultés multiples aux gestionnaires alors même que l’effectif,
direct et indirect, connaissait une croissance rapide et importante.
6.1.
L’organisation du service ressources humaines
En l’absence d’organigramme fonctionnel, le seul document permettant d’apprécier l’organisation du
service des ressources humaines est
« l’annuaire téléphonique interne de la Cité des musiques
». Il
fait apparaître un pôle administratif et financier structuré autour de deux missions identifiées :
o
Administration et ressources humaines : doté de trois agents :
o
le directeur (ordonnateur en fonction)
o
un agent par ailleurs mis à disposition d’une association pour 100 % de son temps de
service,
o
un agent chargé de la paye, de la préparation et de l’exécution budgétaire.
o
Finances et juridique : doté de 4 agents :
o
le directeur financier et deux agents intégralement mis à disposition de tiers
o
le quatrième agent intervient en appui du service administration ressource humaine.
En pratique, le service des ressources humaines se limite à trois agents à temps complet (1A, 2B)
et un agent B pour 1/3 de son temps de travail, assumant par ailleurs d’autres missions de gestion
budgétaire ou de suivi des partenariats, affecté auprès de deux directeurs différents (administration
et finances).
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
40/78
La fonction des ressources humaines s’appuie également sur des services supports extérieurs :
le centre de gestion de la fonction publique territoriale départemental (CDG 89) qui fournit
une assistance technique et un appui au recrutement ;
contre remboursement, la ville d’Auxerre
a accompagné financièrement et techniquement la
gestion des personnels transférés à l’EPCC au premier semestre 2008.
le service des ressources humaines est déchargé de la gestion des salariés de droit privé
(environ 1/3 de l’effectif total) mis à disposition par le CGEMD, qui relèvent de cet
employeur.
Le taux d’encadrement (3,5 Agent RH / total des agents) apparaît élevé au regard des postes
ouverts.
Effectifs EPCC
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Tableau des effectifs
51
49
69
60
63
71
Postes ouverts
50
64
75
78
78
81
Postes mis à disposition
41
25
27
24
30
NC
Total effectifs
91
89
102
102
108
Les outils de gestion sont certes limités (progiciel magnus module RH) mais suffisants, compte tenu
des modalités de recrutement et d’emploi des personnels.
La chambre observe
que,
la dissociation des emplois entre plusieurs statuts, l’absence d’organi-
gramme fonctionnel et hiérarchique, de fiche de poste, l’absence de dispositif de suivi des
obligations de service et la lourdeur des partenariats institutionnels régissant les mises à disposition,
les affectations, les cumuls d’emplois, d’activités complémentaires ou accessoires, ont fortement
contribué aux difficultés de pilotage et de suivi constatées.
En outre, le fait que les instances paritaires, aient été mises en place très tardivement et l’incapacité
de produire des bilans sociaux sur la période expliquent sans doute qu’aucune analyse prospective
n’ait été faite sur l’évolution des effectifs et de la masse salariale.
6.2.
L’évolution des effectifs
6.2.1. Des personnels aux statuts différents
Au 31/12/2008, l’EPCC disposait de 50 titulaires et contractuels au tableau des effectifs auquel il
faut ajouter 41 agents mis à disposition par le CGEMD soit 91 postes pourvus.
Au 31/12/2012, l’établissement affichait 78 titulaires et contractuels auxquels s’ajoutaient
24 d’agents mis à disposition soit 108 postes pourvus.
La mauvaise appréciation des besoins à pourvoir et le suivi insuffisant de la masse salariale de
l’établissement ont été masqués par le recours massif à des mises à disposition entrantes et
sortantes qui venaient compléter les postes statutaires.
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Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
42/78
Ces mouvements incessants de création/suppression sont par ailleurs mal suivis puisque le nombre
de postes figurant aux tableaux des effectifs est inférieur au nombre de postes réellement pourvus.
Tableau synthétique des variations des postes ouverts (retraitement CRC)
La chambre observe que de 2008 à 2013, le rythme moyen d’évolution annuelle des créations de
postes a été de 9,20 % par an et que dès lors, les recettes de l’EPCC étant pour l’essentiel stables,
la croissance des frais de personnel mettait en cause l’équilibre du budget.
6.2.4. Des mises à disposition entrantes et sortantes
Les besoins en ressources humaines ne se sont pas limités aux postes ouverts au budget puisque
sur la période, l’EPCC a recouru chaque année à un nombre variable de personnels de droit privé
mis à sa disposition :
Conventions entrantes
2008
2009
2010
2011
2012
2013
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41
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27
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45 %
28 %
26 %
23,5 %
27,7 %
-
Inversement l’établissement a mis des agents titulaires à disposition de tiers :
Conventions sortantes
2008
2009
2010
2011
2012
2013
agents mis à disposition sortantes
4
7
8
12
10
10
poids des mises à disposition
sortantes dans l’effectif total de l’année
4,4 %
7.9 %
7.8 %
11,8 %
9.25 %
12.34
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2
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1
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1
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1
1
1
2
1
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15
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1
1
2
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1
1
1
1
2
50
Solde créations de postes en 2009
2
5
2
2
1
2
1
1
2
14
Total postes créés au 31/12/2009
1
17
8
0
0
12
1
3
1
1
1
2
2
1
1
1
1
2
2
1
2
1
1
2
64
28,00%
Tableau des effectifs au 31/12/2009
19
5
0
13
3
3
1
1
2
2
49
Ecart
1
2
3
1
2
1
1
1
1
1
2
2
1
2
1
1
2
15
Total postes créés au 31/12/2010
1
17
8
0
0
12
1
3
1
1
1
2
2
1
1
1
2
1
3
2
4
1
2
2
2
1
1
2
75
17,19%
Tableau des effectifs au 31/12/2010
1
19
6
12
2
3
3
6
2
4
1
3
2
1
3
1
69
Ecart
2
2
1
1
2
5
2
2
1
1
1
1
1
2
1
3
2
4
1
2
2
2
1
1
1
6
Total postes créés au 31/12/2011
1
17
9
0
0
14
1
3
1
1
1
2
2
1
1
1
2
1
3
2
4
1
2
2
2
1
1
2
78
4,00%
Tableau des effectifs au 31/12/2011
0
Ecart
1
17
9
14
1
3
1
1
1
2
2
1
1
1
2
1
3
2
4
1
2
2
2
1
1
2
78
Total postes créés au 31/12/2012
1
17
9
0
0
14
1
3
1
1
1
2
2
1
1
1
2
1
3
2
4
1
2
2
2
1
1
2
78
0,00%
Tableau des effectifs au 31/12/2012
17
4
1
16
4
1
3
1
4
1
3
1
1
2
1
2
1
63
Ecart
1
5
14
13
3
2
1
2
1
1
1
1
1
2
1
3
2
3
2
2
2
1
1
15
Total postes créés au 31/12/2013
1
18
8
0
0
14
1
4
2
1
1
2
2
1
1
1
2
1
4
2
4
1
2
2
2
1
1
2
81
3,85%
Tableau des effectifs au 31/12/2013
1
17
3
15
5
1
1
2
2
1
1
3
1
2
1
2
1
2
1
2
2
3
1
1
71
Ecart
1
5
1
4
4
2
2
1
2
1
1
4
4
2
2
1
1
1
1
1
1
10
FONCTIONNAIRE
CONTRACTUEL
Culturelle
Administratif
Culturelle
Administratif
Technique
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
43/78
Au 31/12/2008 le tableau des effectifs affiche 51 postes pourvus, les postes ouverts sont au
nombre de 50 et les besoins effectivement pourvus (via 41 mises à disposition) totalisent 91
postes.
Au 31/12/2009 le tableau des effectifs affiche 49 postes, les postes ouverts sont au nombre
de 64 et les besoins effectivement pourvus (via 25 mises à disposition) totalisent 89 postes.
Les créations évoluent de 28 % par rapport à 2008.
Au 31/12/2010 le tableau des effectifs affiche 69 postes, les postes ouverts sont au nombre
de 75 et les besoins effectivement pourvus (via 27 mises à disposition) totalisent 102 postes.
Les créations évoluent de 17,19 % par rapport à 2009.
Au 31/12/2011 le tableau des effectifs affiche 69 postes, les postes ouverts sont au nombre
de 78 et les besoins effectivement pourvus (via 24 mises à disposition) totalisent 102 postes.
Les créations évoluent de 4 % par rapport à 2010.
Au 31/12/2012 le tableau des effectifs affiche 63 postes, les postes ouverts sont au nombre
de 78 et les besoins effectivement pourvus (via 30 mises à disposition) totalisent 108 postes.
Les créations n’évoluent pas par rapport à 2011.
Au 31/12/2013 le tableau des effectifs affiche 71 postes, les postes ouverts sont au nombre
de 81.
Il ressort de ces constats que les autorisations budgétaires d’emploi ouvertes par le conseil
d’administration ont fortement progressé sur la période (+10,13 %) mais sans satisfaire les besoins
affichés par l’établissement qui les a pourvues par un recours massif à la mise à disposition de
personnel de droit privé.
Au demeurant le coût d’un agent de droit privé est moins onéreux compte tenu de ses obligations de
services de 26 heures hebdomadaires supérieures à celles d’un agent public, de 16 à 20 heures
hebdomadaires.
Ces emplois ont été financés sur les ressources propres de l’établissement abondées de
subventions exceptionnelles du conseil général qui venaient notamment compenser les intégrations
successives de personnels de droit privé, dont les associations employeurs voyaient en retour les
aides publiques diminuer.
Les difficultés de l’EPCC s’expliquent donc pour partie par l’effet combiné de la rigidité d’une
structure d’emplois non maîtrisée et l’absence de ressources dynamiques permettant de les financer
dans la durée.
6.3.
L’évolution de la masse salariale
Pesant en moyenne plus de 90 % des dépenses réelles de fonctionnement, la masse salariale a
connu une progression moyenne annuelle de 15,13 % de la création de l’établissement jusqu’au
départ du directeur en 2012.
La chambre constate un effet de ciseau lié à une croissance des recettes inférieure en moyenne de
près d’un point à celle des charges de personnel (14,48 %/15,13 %).
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
44/78
Tableau des charges de rémunération sur la période 2008/2013
L’ensemble des postes de charges connaît une évolution dynamique à l’exception de la taxe
sur les salaires que l’EPCC a ignorée et qui se reporte en masse sur l’exercice 2013.
L’évolution de la rémunération des titulaires (+21,2 %) s’explique par la création de postes et
l’effet des mesures de carrières, celles-ci étant gérées à l’ancienneté minimum.
Le poste « indemnités de licenciement » connaît une augmentation significative en
2011/2013 du fait de la liquidation qui a conduit l’EPCC à se séparer sur la période de
plusieurs agents dont le directeur pédagogique, pour un coût total de près d’un demi-million
d’euro (465 K€).
Enfin l’augmentation des charges liées aux non titulaires (+ 69,9 %) procède des
remboursements des salaires des agents du CGEMD mis à disposition de l’EPCC et relevant
de la convention collective de l’animation. Ce remboursement inclut la taxe sur les salaires à
laquelle le CGEMD était assujetti.
Le fait
que des subventions exceptionnelles du conseil général aient compensé les transferts de
personnel que les associations ADDIM et CGEMD ne supportaient plus, n’a pas permis d’absorber
la dérive naturelle de la masse salariale.
La Chambre observe que l’absence de fiches de poste, d’organigramme fonctionnel, la confusion
des fonctions et des missions aux divers niveaux des postes administratifs, la gestion pédagogique
en année scolaire sont autant d’éléments qui ont rendu cette situation particulièrement difficile à
suivre pour les gestionnaires de l’EPCC.
Cette situation amène la Chambre à s’interroger sur la répartition et l’articulation des responsabilités
entre le directeur financier, théoriquement garant des grands équilibres budgétaires de l’EPCC et le
directeur administratif et ressources humaines, responsable du pilotage de la masse salariale et des
créations d’emplois.
Salaires et traitements
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Evolution
moyenne
Rémunération principale titulaires
492 610,92 €
1 065 775,97 €
1 192 905,90 €
1 216 464,08 €
1 311 975,33 €
1 288 357,08 €
21,20%
Rémunération principale non titulaires
54 566,91 €
409 818,25 €
751 327,00 €
764 163,79 €
747 533,39 €
773 887,57 €
69,96%
dont Heures supplémentaires et complémentaires
3 500,30 €
4 694,23 €
5 481,66 €
16 001,38 €
4 924,15 €
15 583,39 €
34,81%
dont Primes
67 885,39 €
182 787,43 €
259 335,20 €
358 079,54 €
255 588,92 €
235 501,67 €
28,25%
dont IDV et indemnités de licenciement
93 721,00 €
372 834,00 €
Charges sociales
911 231,15 €
689 107,35 €
937 290,86 €
1 035 487,23 €
1 061 591,28 €
1 045 008,38 €
2,78%
Personnels extérieurs
716 604,00 €
442 737,00 €
396 701,38 €
401 315,22 €
389 796,69 €
289 611,92 €
16,57%
Taxe sur les salaires décaissée
1 002 350,86 €
En 2008, remboursement à la ville d'Auxerre pour le 1er semestre
659 725,05 €
Total frais de personnel
2 175 012,98 €
2 607 438,57 €
3 278 225,14 €
3 417 430,32 €
3 510 896,69 €
4 399 215,81 €
15,13%
Total des recettes de fonctionnement
2 366 181,99 €
2 708 452,81 €
3 510 822,40 €
3 691 204,63 €
4 106 673,68 €
4 652 076,20 €
14,48%
Poids des charges de personnel sur recettes de fonctionnement
91,92%
96,27%
93,37%
92,58%
85,49%
94,56%
Remboursements des personnels mis à disposition *
0,00 €
120 939,19 €
203 783,00 €
209 901,00 €
398 068,71 €
323 800,00 €
27,92%
Total des frais de personnel après remboursement MAD
2 175 012,98 €
2 486 499,38 €
3 074 442,14 €
3 207 529,32 €
3 112 827,98 €
4 075 415,81 €
Poids des charges NETTES de personnel sur recettes de fonctionnement
91,92%
91,81%
87,57%
86,90%
75,80%
87,60%
en €
Sources : Comptes de gestion, comptes administratifs, Etats annuels de paie
* à compter de 2009
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
45/78
6.4.
Les transferts de personnel
6.4.1. Le transfert initial des agents du conservatoire
Par délibération n°2007-207 du 20 décembre 2007, Auxerre a transféré dès le 1
er
janvier 2008 les
agents affectés à titre exclusif au conservatoire de musique à la date du 31 décembre 2007 ainsi
que les crédits correspondant à la masse salariale constatée au jour du transfert. Par délibération
n°2008-2 du 21 janvier 2008 (renouvelée chaque année, le conseil d’administration de l’EPCC a pris
acte de ce transfert, validé le tableau des effectifs transférés et créé les postes nécessaires, ouverts
pour les quotités de travail correspondant aux agents à intégrer.
Le tableau des personnels transférés fait état d’un effectif de 37 agents. Parmi ces
37 personnes, 33 relèvent de la filière culturelle (enseignants) dont 8 à temps non complet,
3 relèvent de la filière administrative et un de la filière technique (ces derniers à temps complet).
La convention entre la ville d’Auxerre et l’EPCC en date du 15 mai 2008, prévoit que :
la ville assure les paies des personnes transférées à compter du 1er janvier 2008 jusqu’au
30 juin 2008 au plus tard (article 4) ;
l’EPCC rembourse les prestations qui continueraient à être assurées par cette dernière
(article 6).
La créance d’Auxerre a été justifiée par des tableaux mensuels récapitulant les salaires et charges
payées à chaque agent et ventilée de la façon suivante :
Ces tableaux font apparaitre les 37 agents transférés et les charges correspondantes, mais trois
agents ont été rajoutés in fine : un sur six mois, un à partir d’avril et un dernier pour le seul mois
d’avril. C’est un montant de 21 959,79 €, dont près de 44 % au titre d’un seul agent, qui a été ainsi
mis indûment à la charge de l’EPCC sans avenant à la convention.
6.4.2. Les transferts de personnels de droit privé
L’EPCC avait pour objet de porter le conservatoire à rayonnement départemental (CRD) et
d’apporter un concours à l’ensemble des initiatives prises dans le département concernant
l’enseignement de la musique et de la danse. Deux mouvements successifs d’intégration de
personnels de droit privé issus du CGEMD sont venus participer à l’augmentation de l’effectif pour
un total de 19 postes : le premier a pris effet au 1
er
janvier 2008 et concerné 8 agents ;
le second a
pris effet au 1
er
janvier 2010 et concerné 11 agents.
2008
janvier
février
mars
avril
mai
juin
total 1er semestre 2008
montant facturé
105 561,68 € 107 699,49 € 106 342,14 € 118 858,65 € 108 575,93 € 112 687,17 €
659 725,06 €
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
46/78
6.5.
Les conventions croisées de mise à disposition entrantes et sortantes de personnels
Dans la logique de la démarche mutualisée, l’EPCC ne pouvait assurer ses missions sans moyens
complémentaires et a privilégié un dispositif complexe et interdépendant de conventionnements
croisés avec des associations dépendantes structurant le réseau départemental. Annuellement, et
pour des sommes considérables, des mises à disposition « sortantes » d’agents publics de l’EPCC
vers diverses associations, très majoritairement le CGEMD 89, ont été symétriquement
accompagnées de mises à disposition « entrantes » de personnel de droit privé du CGEMD vers
l’EPCC.
6.5.1. De l’EPCC vers divers tiers, le cgemd 89 et d’autres associations
Le tableau ci-dessous rassemble les conventions annuelles par lesquelles l’EPCC a mis à
disposition son personnel contre remboursement des traitements, frais salariaux et charges
exposées.
6.5.1.1. La chambre observe que de 2010 à 2013 la totalité de ces conventions ont été
signées par les présidents de l’EPCC, M. Bordier, puis M. Gendraud, juridiquement
incompétents.
La convention 2011, signée par le président Gendraud pour le compte de l’EPCC a même été
cosignée par P. Bacot en qualité de directeur du CGEMD 89.
6.5.1.2. D’une façon générale l’examen des conventions annuelles montre une grande
instabilité des méthodes et principes de gestion de l’EPCC :
Les conventions sont reconduites d’un exercice sur l’autre rendant parfois incohérents les
montants financiers et les calendriers sur lesquels la contractualisation intervient.
Certaines sont établies en année scolaire d’autres en année civile et donnent lieu à des
avenants en tant que de besoin, sans concordance entre elles.
Date et n° délibération du
CA
Objet Convention et date
Période couverte
Coût estimé et réalisé
Observations
1
21/01/2008 n°3
Mad en 2008/2009 EPCC versle CdG
2008/2009
160 000,00
Pas de convention avec le CDG et mad
en cascade
mad par le CdG en cascade auprès des écoles du réseau
recouvré
0,00
2
prév à recouvrer par l'epcc
28/05/2010
MaD par l'Epcc versle CdG
123 210,36
enseignants
n°2010/11
Mad EPCC vers harmonie punicipale de joigny
30 572,64
poste direction
exécutoire 04/06/06
Mad EPCC versService Compris
50 000,00
poste d'administration
soit à recouvrer
203 783,00
3
31/01/2011
MaD
EPCC du 20/12/2011 versle CdG
exercice 2011
230 193,00
enseignants
n°2011
02
Mad EPCC vers
vers Ecole
Puisaye
?
59 500,00
poste direction
exécutoire 11/02/2011
MaD vEPCC versService Compris
exercice 2011
50 000,00
poste d'administration
soit à recouvrer
prév 339 693
recouvrement des autres sommes?
n°2011
26
suvb exceptionnelle du CG89 à l'EPCC pour le compte du
CdG à déduire de la dette du CdG
150 000,00
convention du 20/12/2011ajustement CDGE
soit à recouvrer
189 693,00
convention rétroactive
4
26/06/2012 n°15
exercice 2012
prev à recouvrer par EPCC
exécutoire le 2/07/12
n° 2012
15
MaD par l'Epcc du 02/07/2012 versCDGE
292 000,00
enseignants
école puisaye
59 500,00
poste direction
exécutoire 02/07/2012
Service Compris
47 500,00
poste d'administration
20/12/2012 n°2012
24
soit à recouvrer
399 000,00
5
exécutoire le 17/12/12
avenant n°1 ajustement CDGE
exercice 2012 exe
292 038,71
6
25/03/2013 N°2013
7 7
convention initiale versle CdG
rbst sur R 708 MaD
facturée
293 200,00
enseignants
vers
Ecole
Puisaye exercice 2013 prev
62 500,00
poste direction
soit à recouvrer
355 700,00
7
14/10/2013 n°2013
29
avenant n° 1 d'ajustement CDGE
exercice 2013 exé
261 890,00
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
47/78
Malgré la délibération et la convention-cadre de mise à disposition annuelle qui prétend
rassembler l’ensemble des mouvements d’un exercice budgétaire ou scolaire, des
conventions particulières ont été conclues pour des périodes et des coûts différents : par
exemple la convention de mise à disposition du directeur de l’école de la Puisaye du
7/12/2010 pour 59 598 € est reprise par la délibération du 31/01/2011 et la convention du
20/12/2011 pour 59 500 €.
Les conventions arrêtant un montant et une durée prévisionnelle sont en général suivies
d’avenants ajustant les soldes en exécution. Il est fréquent qu’un avenant d’ajustement soit
présenté et délibéré comme une nouvelle convention, ce qui rend le suivi de l’engagement
financier et le rattachement des charges et produits à l’exercice particulièrement difficile.
6.5.1.3. Ont été examinées plus particulièrement les conventions 2011, 2012 et 2013 par
lesquelles l’EPCC met à disposition de l’association « Ecole de musique et danse et théâtre
de la Puisaye » un directeur pour un coût moyen annuel de l’ordre de 60K€, prévoyant le
remboursement à l’EPCC par l’association Service Compris du salaire de son directeur,
ainsi que la convention du 31 janvier 2011 prévoyant le remboursement à l’EPCC par le
CGEMD 89 des salaires des agents mis à sa disposition.
Les personnels mis à disposition du CGEMD par l’EPCC sont ainsi relativement nombreux :
Si les sommes prévues par les conventions ont bien été encaissés pour les montants et dans les
délais prévus. il apparaît que l’EPCC minore au bénéfice de ses cocontractants et notamment du
CGEMD les charges qu’il répercute :
Les conventions 2010, 2011 et 2013 répercutent des coûts salariaux nets de taxe sur les
salaires alors que celle-ci représente 57 K€ sur la période.
Ce n’est qu’à compter de l’exercice 2011 que l’EPCC répercute à l’utilisateur les frais de
déplacement versés aux personnels soit 19 K€ en 2011; 12 K€ en 2012 et 10 K€ environ en
2013. Ce n’est qu’à compter de l’exercice 2012 que l’EPCC répercute à l’utilisateur les
cotisations qu’il verse au CNAS au titre de la couverture des personnels mis à disposition,
soit 8,5 K€ en 2012 et 7,1 K€ environ en 2013.
Agent s concer nés
Rémunérations
taxe à répercute
Rémunérationstaxe à répercuteRémunérationstaxe à répercute
Rémunérationstaxe à répercuteRémunérationstaxe à répercuteRémunérations
taxe à répercuter
Mme A (20/20)
24 803,00
1375,14
26 365,00
1555,00
25 884,00
1514,13
25 079,18
1516,68
Mme B (12/20 ème)
4 404,91
187,21
13 760,08
852,51
13 919,00
864,75
14 649,00
922,00
10 406,00
561,34
16 197,45
1105,25
Mme C (passage à 20/20)
3 599,31
152,97
14 863,67
946,32
21942,00
1902,78
22 472,00
1958,59
23 203,00
2 058,00
Mme D (20/20 ème)
8 907,00
433,93
27 027,00
2 578,07
27 959,16
1737,29
Mme E (16/16 ème)
28 733,00
790,33
30 104,00
608,67
30 022,95
606,43
Mme F
21200,71
Mme G (20/20 ème)
10 658,46
597,84
21633,96
1865,00
22 141,00
1929,85
22 467,00
1957,91
23 417,00
1878,39
16 249,55
1015,00
Mme H (20/20 ème)
6 203,73
65,91
20 286,71
420,37
23 582,00
478,30
20 426,00
420,08
22 782,00
450,16
23 352,06
467,61
Mme I (20)
8 586,00
406,64
25 847,00
2 175,83
17 803,94
976,25
Mme J (20/20)
7 299,40
310,22
22 417,00
1967,38
22 661,00
1984,29
24 272,00
2 203,39
25 079,18
2 313,16
Mme K
23 901,00
2 152,93
33 135,00
3 408,76
33 524,78
3 461,77
TOTAUX
24 866,41
1003,93
77 843,82
4 394,42
128 804,00
8 518,20
199 167,00
12 581,70
246 077,00
17 436,74
236 468,96
13 199,44
CALCUL REPERCUSSION TAXE SUR LES SALAIRES DANS LE CADRE DE LA CONVENTION AVEC LE CDGEMD/YAV DE 2008 à 2013
Exercice 2008
Exercice 2009
Exercice 2010
Exercice 2011
Exercice 2012
Exercice 2013
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
48/78
Sur l’ensemble de la période concernée, l’EPCC a donc supporté une charge de près de
105 000 €, (57 K€ de taxe sur les salaires, 24 K€ de frais déplacement, 24 K€ de cotisation
CNAS) sans remboursement par les utilisateurs du personnel mis à disposition.
6.5.1.4. Des prévisions budgétaires insincères sont à l’origine d’une exécution du budget de
l’EPCC en déséquilibre.
Les mises à disposition vers le CGEMD réalisées en 2008/2009, sans délibération ni convention,
n’ont fait l’objet d’aucun remboursement par le CGEMD qui a ensuite lui-même mis les agents
concernés à disposition des écoles de musique utilisatrices contre remboursement. Or, le Budget
primitif 2008 de l’EPCC avait inscrit à ce titre une prévision de recettes de 150 000
€ dont l’arrêté
des comptes au CA établit qu’elle n’a pas été recouvrée.
De même, le budget primitif 2009 avait inscrit à ce titre une prévision de 205 000 € en recettes au
compte 758. L’arrêté des comptes au compte administratif établit qu’elle n’a été recouvrée qu’à
hauteur 120 939 €. C’est donc une masse salariale de près de 102 000 € dont l’EPCC a supporté la
charge sans remboursement par les utilisateurs.
La chambre régionale des comptes observe que l’EPCC a subi un préjudice financier significatif qui
peut être estimé au montant des salaires non remboursés augmenté de la taxe sur les salaires et
des frais annexes non répercutés. Symétriquement,
la charge sous-valorisée constitue un avantage
significatif consenti à l’utilisateur qui rembourse à l’employeur un coût salarial minoré (impôt,
cotisation patronale, charges annexes) et évite d’avoir lui-même à embaucher.
6.5.1.5. Enfin, il ressort des documents produits lors du contrôle que les écoles de
musiques locales, utilisatrices finales de ces mises à disposition en cascade, bénéficiaient
d’une refacturation des coûts par le CGEMD inférieure au coût déjà minoré dont il
bénéficiait de la part de l’EPCC employeur.
La chambre a retracé pour 14 agents titulaires de l’EPCC, de 2010 à 2012 les affectations
successives que l’association CGEMD leur a attribuées à l’issue de la mise à disposition de l’EPCC
au CGEMD. Il ressort des pièces du dossier :
que le signataire des conventions engageant l’EPCC est le président de l’EPCC, M. P.
Gendraud ;
que le signataire des ordres de mission (et donc le payeur des frais de déplacement) est
l’ordonnateur de l’EPCC et non l’utilisateur des agents mis à disposition ;
que le signataire des conventions du CGEMD affectant les agents de l’EPCC dans les
écoles communales est le directeur de l’association, M. P. Bacot ;
que le signataire de la convention liant EPCC et CGEMD est le responsable légal de l’école
de musique bénéficiaire (le maire ou le président de l’EPCI pour l’essentiel).
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
49/78
Cette cascade de conventions se traduit, par une réduction des charges salariales assumées par
l’employeur et facturées à l’utilisateur :
l’EPCC ne facture pas, comme la loi l’y oblige, la totalité des frais qu’il assume au CGEMD,
l’écran qu’est le CGEMD ne refacture pas la totalité du coût qu’il verse à l’EPCC aux écoles,
faisant apparaître ainsi un solde non remboursé par l’utilisateur final,
le département, par l’attribution au CGEMD d’une subvention d’équilibre annuelle, assure, au
bénéficie des écoles le financement d’une part significative des charges salariales.
Le plan d’apurement du passif du CGEMD du 17 décembre 2012, faisant suite au redressement
judiciaire du 22 septembre 2011 a conduit à l’abandon de 45 596 € de créances fiscales et
d’URSAAF. Il a imposé au conseil général d’intervenir en garantie pour 130 000 €. Il confirme que
ce montage avait finalement échappé à toute maîtrise et que l’équilibre financier en était rompu.
6.5.1.6. Un dispositif juridiquement contestable :
Le décret n°92-1194 du 04/11/1992 modifié, fixant les dispositions applicables aux
fonctionnaires territoriaux stagiaires, ne prévoit pas que ces derniers puissent être mis à
disposition.
Il apparaît pour chacun des exercices sous revue que des stagiaires sont dès leur embauche mis à
disposition d’utilisateurs multiples en contradiction avec l’objectif du stage et le texte applicable :
Mis à disposition
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Effectif total
4
7
8
12
10
10
dont stagiaires
2
1
1
0
1
1
En cas de mise à disposition, l’accord préalable de l’agent est requis et l’arrêté de
l’employeur territorial fixant sa position administrative le vise. Aucun accord préalable n’a pu
être produit.
La mise à disposition est rendue effective par arrêté de l’autorité territoriale dont l’objet,
réglementairement fixé, doit :
Désigner l’organisme auprès duquel le fonctionnaire accompli son service ;
Définir la quotité de travail qu’il effectuera auprès de l’utilisateur ;
Fixer une durée (et donc un terme) à la mise à disposition.
Aucun arrêté de mise à disposition n’a été produit par l’ordonnateur. Seule une convention annuelle
(sauf en 2008/2009) entre l’employeur et le CGEMD vient formaliser les affectations et le
remboursement des charges assurées par l’EPCC.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
50/78
Cette convention ne répond donc pas aux prescriptions des textes précités en ce qu’elle lie l’autorité
territoriale à un écran qui n’est pas l’utilisateur final et qui, par une série d’actes inconnus de
l’employeur de l’agent, mettra celui-ci à disposition d’un utilisateur final.
Ont été produits en cours d’instruction et pour les seuls exercices 2010/2011/2012/2013, les
«
ordres de mission permanent
s» établis par l’ordonnateur de l’EPCC pour chacun des agents mis à
disposition du CGEMD. Ces ordres de mission identifient, par année scolaire et par jours travaillés,
le lieu d’affectation effectif de l’agent (dans les écoles du réseau) qui sert de base à la liquidation
des frais de déplacement qui lui sont dus. Cette pièce postérieure à la délibération de mise à
disposition du conseil d’administration démontre que l’affectation réelle des agents de
l’établissement n’est pas celle qui lui a été soumise. Cette affectation réelle est confirmée par les
conventions sous-jacentes établies entre le CGEMD et les écoles communales ou intercommunales
et associatives dont l’EPCC n’a pas connaissance.
6.5.1.7. Des partenaires aux intérêts divergents :
Il apparaît enfin, s’agissant des conventions du 24/09/2008, 22/09/2009, 07/10/2010, 02/12/2011,
que M. Gendraud maire de Chablis, président de la communauté de communes, vice-président à la
culture du conseil général et président de l’EPCC est l’initiateur, l’organisateur et le destinataire de
cette série d’actes, qui le conduit à sous-facturer à l’école de musique qu’il dirige la charge salariale
assumée par l’EPCC qu’il préside, tout en prenant part, es qualité de vice-président délégué à la
culture, aux décisions de soutien du conseil général qui assurent l’équilibre financier en dernier
ressort du dispositif, y compris au profit de la communauté de communes du chablisien.
Le même constat s’applique aux interventions de M. Bacot ordonnateur de l’établissement public,
qui contribue, à chacune des étapes, à minorer la charge répercutée à l’utilisateur au détriment des
intérêts de l’établissement qu’il est chargé d’administrer et à M. Bordier qui a engagé l’EPCC dans
les conditions sus évoquées.
M. Bordier étant aux dates des diverses conventions, président de l’EPCC et de l’ADDIM,
M. Gendraud étant Président du CGEMD et président de l’EPCC, M. Bacot étant ordonnateur de
l’EPCC et directeur de l’ADDIM et du CGMED, ils se trouvaient confrontés à des intérêts divergents
qui les ont conduits à privilégier une des structures en liquidation (ADDIM) ou redressement
judiciaire (CGEMD) ou un acteur local dont ils avaient la responsabilité. En accroissant les charges
de l’établissement public dont ils avaient la responsabilité pour diminuer celles de l’association
bénéficiaire en ne lui répercutant pas une charge salariale et fiscale qu’ils savaient pourtant due, et
que l’EPCC a finalement dû honorer, ils sont à l’origine d’un préjudice financier important pour
l’EPCC.
6.5.2. Des mises à disposition de tiers vers l’EPCC : le CGEMD prestataire
de main d’oeuvre
6.5.2.1. Le tableau ci-dessous rassemble les conventions annuelles par lesquelles l’EPCC
accueille par mise à disposition « entrantes » des salariés de droit privé du CGEMD, contre
le remboursement intégral des charges que cette association expose dès lors qu’elle
assure le service des rémunérations, frais, taxes (dont la taxe sur les salaires) et
contributions diverses.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
51/78
date et n° delib du CA
objet Convention de mise à
disposition
période couverte
Coût estimé et réalisé
1
21/01/2008
de personnel
CdG vers l'EPCC
exercice 2008
Prév 661 154 €
2
13/10/2008
Avenant n° 1 d'ajustement
rbst dû par Epcc
exé 716 604 €
"autre personnels
extérieurs"
solde 55 450 €
3
15/12/2008 n° 37
de personnel
CdG vers l'EPCC
exercice 2009
Prév 539 793 €
4
15/01/2010 n° 1
Avenant n° 1 d'ajustement
rbst dû par Epcc
exé 442 737 €
solde -97 056 €
5
15/01/2010
de personnel
CdG vers l'EPCC
exercice 2010
prév 390 798 €
6
31/01/2011 n° 1
par le
CdG vers l'EPCC
exercice 2011 prév
385 000 €
7
26/06/2012 n° 14
par le
CdG vers l'EPCC
exercice 2012 prév
375 243 €
8
12/12/2012
avenant n°1 exé
rbst dû par Epcc
exé 366776 €
8
25/03/2013
par le
CdG vers l'EPCC
année civile 2013
prév 301 311 €
9
14/10/2013
Avenant n° 1 d'ajustement
Rbst dû par EPCC
exé 281 250 €
En recourant de façon privilégiée à cette association pour assurer des enseignements et en
méconnaissant le statut général de la fonction publique, l’EPCC se place dans une situation
juridiquement risquée.
6.5.2.2. Une mise à disposition « entrante » et récurrente de personnel de droit privé est
critiquable.
L’EPCC ayant un caractère administratif, son personnel est soumis à la loi statutaire du 26/01/1984
modifiée, qui implique que les recrutements de personnels respectent les formes budgétaires et
juridiques que la réglementation impose. En l’espèce, la création d’un emploi permanent appelle
une décision de l’assemblée délibérante et une ouverture des crédits budgétaires nécessaires pour
y pourvoir.
l’EPCC a recouru, sans créer les emplois nécessaires, à des mises à disposition
« entrantes» de personnel de droit privé pour assurer ses missions. Ces agents ont donc
participé à l’exécution du service public.
La récurrence des besoins et des spécialités a d’ailleurs permis de constater, sur toute la
période, une relative stabilité (géographique et pédagogique) desdits agents au vu de leurs
affectations.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
52/78
En conséquence, les agents concernés satisfaisaient un besoin permanent de la collectivité et ne
relevaient pas d’un travail intérimaire ou temporaire autorisant des recrutements temporaires. Dans
ces conditions, l’EPCC pour pourvoir à ces emplois permanents se devait de recourir aux
recrutements statutaires lui imposant après création d’emploi, déclaration de vacances et appel à
candidature.
Les collectivités territoriales et leurs établissements publics administratifs peuvent certes
accueillir par voie de mise à disposition, pour l'exercice de fonctions requérant une
qualification technique spécialisée, des personnels de droit privé, avec l'accord de ceux-ci
(art. 61-2 loi n°84-53 du 26 janvier 1984, et art. 11 décret. n°2008-580 du 18 juin 2008. Il faut
néanmoins pour ce faire établir que les besoins du service justifient la mise à disposition
pour une mission ou un projet déterminé.
Autant l’accueil d’enseignants professant des techniques ou des instruments rares ou spécifiques
pourrait répondre à cette exigence, autant les exemples suivants s’en éloignent manifestement :
-
convention du 20/05/2008 : batterie, Chant, guitare électrique, danse Jazz, danse flamenco,
danse classique, chargé d’accueil et d’information, régisseur, responsable de pôle
« service
aux usagers » ;
-
convention du 03/04/2009 : batterie, violoncelle pratique collective, danse classique,
accordéon chant, chargé d’accueil studio d’enregistrement ;
-
convention du 05/01/2010 : guitare classique ; violoncelle pratique collectives percussions,
danse jazz Violon, danse classique ;
-
convention du 31/01/2011 : percussions, violoncelle, guitare basse, guitare classique
saxophone ; batterie …
-
convention du 26/06/2012 : percussions, guitare classique, accordéon, saxophone, violon,
batterie, danse classique ;
-
convention du 27/03/2013 : percussions, violoncelle pratiques collectives, accordéon,
accompagnement piano, violon, danse classique formation musicale.
Au final, la chambre considère que l’EPCC a recouru annuellement à une main d’oeuvre privée pour
satisfaire des besoins permanents d’enseignement, hors de toute prestation régulière de fourniture
de main d’oeuvre, mise à disposition par un employeur privé, dont il n’était ni membre, ni adhérent ,
ni associé. Elle prend acte de la réponse de l’ordonnateur aux termes de laquelle la convention
passée avec Yonne Arts Vivants (ex centre de gestion) pour
la mise à disposition de personnels
associatifs pour
le compte du Conservatoire de musique et danse (rentrée 2013/2014), a pris fin en
juillet 2014, la Ville d'Auxerre ayant
décidé
d'ouvrir pour
le 1er septembre 2014, les postes
nécessaires et de recruter directement le personnel indispensable à l'enseignement de ces
disciplines.
6.6.
Les situations de cumul d’emplois public et privé
La chambre constate que l’établissement n’a pas mis en place de règles particulières organisant les
cumuls d’activités et d’emplois. Aucune note de service interne, aucun formulaire de demande
d’autorisation préalable et aucun suivi effectif des rares demandes identifiées n’ont été constatés.
Le service des ressources humaines ne disposait pas d’information sur une pratique pourtant très
répandue dans l’établissement.
Ces cumuls concernent tant les personnels enseignants que les personnels administratifs et
certaines mises à disposition n’étant ni refacturées ni conventionnées, la rémunération des agents
concernés est parfois intégralement à la charge de l’EPCC.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
53/78
L’analyse des tableaux d’effectifs joints aux conventions précitées
,
confirmée par une note du
07/02/2014 du directeur du centre de gestion des enseignants (Yonne Arts Vivants), M. Hervé
Cambou, a permis d’identifier plusieurs agents publics de l’EPCC exerçant par ailleurs des activités
complémentaires ou accessoires
rémunérés pour ce faire.
La chambre observe que :
les cumuls d’emplois public et privé mis en évidence n’ont fait l’objet d’aucune autorisation
préalable et sont donc irréguliers, à l’exception de celui du directeur financier qui a produit
une autorisation de l’ordonnateur ;
en l’absence de dispositif de suivi des temps travaillés par agents et par catégories, les
durées affichées ne sont pas vérifiables et le contrôle des temps de services impossible,
notamment pour messieurs Bacot et Cambou ;
certains agents publics titulaires effectuent des travaux privés équivalents à un temps
complet statutaire, voire 175 % ou 200 % d’un temps complet statutaire. Le retraitement des
temps travaillés appliqué aux traitements versés a permis d’établir les estimations suivantes :
Agents
Fonction EPCC*
Coûts
EPCC*
ADDIM
89
CDGE/YAV
Jazz club
Service
compris
AGEM
totaux
Hervé Cambou
directeur financier et
juridique
67 031,00
75 %
0
10 %
10 %
95 %
Solde EPCC
3 351,55
50273,25
6703,10
6703,10
63679,45
Véronique Béna
finances et juridiques
31550,00
70%
70%
Solde EPCC
9465,00
22085,00
Patrick Bacot
Directeur
81019,00
*11,24 %
*11,24 %
22,48
Solde EPCC
62805,93
9106,53
9106,53
18213,07
Sylvie Esclavy
Pôle administratif et
financier
42624,00
100 %
Solde EPCC
0,00
42624,00
42624,00
* Coût annuel chargé au 31/12/2012
* Source annuaire téléphonique interne
* note H Cambou du 07/02/2014
* estimation rapport Equation décembre 2011
Ainsi,
Pour 95 % de son temps M. Cambou ne travaillait pas pour la collectivité qui le rémunérait ;
Pour
70% de son temps Mme Béna ne travaillait pas pour la collectivité qui la rémunérait ;
Pour 23 % de son temps M. Bacot ne travaillait pas pour la collectivité qui le rémunérait ;
Pour 100 % de son temps Mme Esclavy ne travaillait pas pour la collectivité qui la
rémunérait.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
54/78
Dans ces cas, aucune convention ni reversement des quotes-parts des rémunérations payées par
l’EPCC n’ont été constatés et, dès lors, à proportion des quotes-parts identifiées, l’EPCC a salarié
des agents qui travaillaient pour le compte d’un tiers.
Le préjudice total estimé (pour ces seuls salaires
chargés non remboursés assumés par l’employeur
pour le compte d’autrui) pourrait être estimé à environ 145 000 €
par an, soit 435 000 € pour les
exercices 2010,2011 et 2012:
Service effectué hors
EPCC
Estimation du salaire annuel 2010-2011-
2012
assuré par l’EPCC (chargé)
observations
Cambou 95 %
63 000
pas de convention non remboursé
Béna 70%
22000
pas de convention non remboursé
Esclavy 100 %
42 000
pas de convention non remboursé
Bacot 23 %
18 000
pas de convention non remboursé
TOTAUX
145 000
M. Bacot a confirmé cette situation.
M. Cambou a également confirmé ce cumul non autorisé : «
Mon cas a…posé un problème … ne
sachant quelle fonction m’attribuer M. Bacot souhaitait m’avoir au plus près de lui mais souhaitait
également que je continue à m’occuper de l’association CGEMD et que je sois également une
personne ressource pour les associations présentes sur le site ». … « La quasi-totalité de mon
temps de travail était donc consacré à l’association CGEMD qui employait à l’époque plus de 180
personnes
... ». De l'ensemble des éléments recueillis lors de l'instruction, il ressort en effet qu'il n'a
été possible de retrouver des traces attestant d’une activité effective du directeur financier au sein
de l'EPCC, d’autant que ce poste était occupé depuis l’origine par un agent titulaire.
La situation constatée pour les emplois de M. Cambou et de Mmes Béna, Esclavy ne semble pas
justifier le traitement que la collectivité leur a versé pour un service qu’ils n’effectuaient pas pour
l’établissement. En substance la chambre considère que M. Cambou, Mme Esclavy et Mme Béna,
notamment n’ayant pas consacré tout leur temps de travail (dans des proportions variables) à
l’EPCC, leur transfert ne présentait pas un véritable intérêt pour l’EPCC.
6.7.
Les difficultés propres à quelques positions administratives particulières
Quelques dossiers de personnels présentent des particularités.
6.7.1. Un enseignant détaché de l’Etat et mis à disposition d’une structure privée
Jusqu’au 31 août 2010, ce professeur certifié enseignait en collège. Du 01/09/2010 au 31/08/2012, il
a été détaché à l’EPCC pour 2 ans puis ce détachement a été renouvelé le 01/09/2012 jusqu’au
31/08/2014.
Cet enseignant n’a cependant jamais exercé au sein de l’EPCC. Dès son détachement, il est mis à
disposition de l’Ecole
de Musique, de danse et de théâtre du Pays de Puisaye Forterre à Toucy, en
qualité de directeur.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
55/78
Il apparaît en application de l’article 14 du décret n°85-986 du 16 septembre 1985 relatif au régime
particulier de certaines positions des fonctionnaires de l'Etat et a certaines modalités de mise à
disposition et de cessation définitive de fonctions, que cet agent détaché par l’éducation nationale à
l’EPCC a été irrégulièrement mis à disposition.
La chambre considère que l’objectif de ce montage n’était pas d’employer cet enseignant à l’EPCC,
qui n’avait d’ailleurs pas ouvert de poste, mais de le mettre à disposition d’une association.
6.7.1.1. Sur l’existence du poste de direction et les modalités de recrutement du titulaire de
ce poste.
Le poste spécifique de professeur chargé de direction n’a pas été créé ni ouvert au budget de
l’EPCC préalablement au recrutement. L’EPCC a utilisé la vacance du poste de direction
pédagogique de l’EPCC pour gager le recrutement du directeur de l’école de Puisaye Forterre.
En mars 2010, un avis de recrutement d’un chargé de direction de l’école de musique de Puisaye
Forterre a été publié dans le réseau spécialisé par le CGEMD. Le poste est à pourvoir au
1
er
septembre et les candidatures à déposer avant le 3 mai auprès du CGEMD.
L’enseignant, par lettre du 29 mars 2010, avait sollicité l’Education nationale, pour un détachement
à l’EPCC qui lui proposait un poste de directeur d’école de musique à temps plein pour diriger
l’école de musique de Puisaye-Forterre. Il anticipait ainsi les résultats des entretiens prévus avec le
jury du 17 au 21 mai 2010. Retenu, il obtiendra son détachement auprès de l’EPCC au 01/09/2010
et sera rémunéré par l’EPCC à compter de cette date.
Le poste a été déclaré auprès du centre de gestion départemental le 31 août seulement, alors que
le recrutement était déjà réalisé par l’association CGEMD.
La chambre observe enfin que le directeur de l’EPCC, a organisé ce recrutement en l’absence de
toute décision ou information de son conseil d’administration,.
6.7.1.2. Sur la mise à disposition de l’agent détaché auprès de l’association « Ecole de
Musique de Puisaye-Forterre ».
Le premier document ayant trait à cette affectation est une convention pluriannuelle de mise à
disposition du directeur d’établissement signée le 07/12/2010, entre le directeur général de l’EPCC
et le président de l’école de musique de Puisaye par laquelle les parties conviennent de la mise à
disposition au bénéfice de l’association d’un directeur rémunéré par l’EPCC du 1er septembre 2010
au 31 aout 2012.
La chambre observe que cette convention est rétroactive.
Au niveau financier, une participation est détaillée pour la première année de fonctionnement par
une annexe n°1 signée également le 07/12/2010. Cette annexe prévoit pour l’année scolaire
2010/2011 (01/09 – 31/08) une participation de 59 598 € intégrant forfaitairement 3 500 € de frais de
déplacement, à payer en 2011 en 4 échéances.
A la date de la convention, le conseil d’administration de l’EPCC n’a toujours pas délibéré. Il ne le
fera qu’au moment du vote du budget primitif 2011 le 31/01/2011 en validant globalement le principe
de mise à disposition de personnel EPCC à diverses associations, dont l’école de musique de
Puisaye-Forterre, et en autorisant son directeur à régulariser les accords déjà intervenus. S’agissant
de l’école de Puisaye-Forterre, le CA se prononcera d’ailleurs pour une mise à disposition sur le
seul exercice 2011 ;
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
56/78
La Chambre observe qu’aucune décision juridiquement opposable ne justifie de la mise à
disposition de cet enseignant auprès d’un tiers du 1er septembre au 31 décembre 2010.
Par la suite, trois autres conventions entre les mêmes parties ont renouvelé cette mise à disposition
jusqu’au 31 décembre 2012.
Un arrêté également rétroactif du 26 septembre 2012 a renouvelé le détachement pour deux ans à
compter du 1
er
septembre 2012.
6.7.1.3. Sur le coût de cette mise à disposition pour l’EPCC
Sur le plan financier, cette mise à disposition n’a entraîné qu’un remboursement partiel de la charge
supportée par l’EPCC.
La Chambre observe que l’EPCC n’a pas obtenu de l’association le remboursement intégral de la
charge salariale liée à la mise à disposition. Un montant de 13 205 euros est resté à la charge de
l’EPCC.
En outre, l’EPCC a déclaré à tort cet agent auprès de la CNRACL alors que compte tenu de sa
position il relevait de l’Etat. La chambre prend acte de l’intention des services de l’ordonnateur
de
demander le remboursement des sommes versées à tort et de reverser les sommes dues à l’Etat, le
différentiel à inscrire au titre des dettes non connues de l’EPCCY étant estimé par lui à environ
45 000 €.
6.7.2. Un enseignant affecté à l’EPCC mais travaillant à Dijon
6.7.2.1. Une mise à disposition irrégulière
Pour ce qui concerne un enseignant titulaire de l’EPCC, professeur d’enseignement artistique de
classe normale qui fait partie des 37 agents transférés par la ville d’Auxerre à l’EPCC le 01/01/2008,
la Ville d’Auxerre mentionne dans son arrêté de transfert qu’il
«
conserve sa position de
détachement auprès de l’association déclarée Musique Danse Bourgogne à Dijon
».
2010
2011
2012
2013
totaux
salaire brut et accessoires
13 203,96 €
39 611,90 €
39 780,59 €
42 372,38 €
134 968,83 €
Charges sociales employeur
5 860,14 €
17 439,02 €
17 481,67 €
19 237,59 €
60 018,42 €
Cout employeur supporté par EPCC
19 064,10 €
57 050,92 €
57 262,26 €
61 609,97 €
194 987,25 €
Taxe sur les salaires
1 592,05 €
4 289,48 €
4 312,42 €
4 664,90 €
14 858,85 €
Cout employeur réel
20 656,15 €
61 340,40 €
61 574,68 €
66 274,87 €
209 846,10 €
Frais de déplacement
0,00 €
1 125,80 €
1 019,60 €
1 361,60 €
3 507,00 €
Cout total Mise à disposition
20 656,15 €
62 466,20 €
62 594,28 €
67 636,47 €
213 353,10 €
Remboursement de l'association
0,00 €
79 708,00 €
58 530,00 €
61 910,00 €
200 148,00 €
Différentiel
20 656,15 €
17 241,80 €
4 064,28 €
5 726,47 €
13 205,10 €
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
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L’EPCC n’a
établi ni l’arrêté de détachement qu’il lui appartenait de prendre à compter du transfert,
ni les arrêtés de renouvellement de détachement alors que, selon les
courriers adressés à cet
enseignant, ce renouvellement informel
est intervenu pour les périodes du 15 septembre 2010 au
15 septembre 2013 et du 15 septembre 2013 au 15 septembre 2016.
Enfin et surtout, aucune convention entre l’association utilisatrice et l’EPCC n’a été produite.
En l’absence d’arrêté de détachement ou de convention de mise à disposition, la situation juridique
de cet agent pose difficulté. Comme précédemment il est douteux qu’un agent détaché au sein d’un
établissement public puisse être mis à disposition d’une association déclarée.
6.7.2.2. Des liens financiers informels
Cet enseignant est rémunéré par l’association où il exerce mais l’EPCC s’acquitte des cotisations
CNRACL qui sont ensuite remboursées à l’EPCC par l’association (part patronale) et par l’agent
(part salariale).
La chambre observe que cette situation présente un risque financier réel pour l’EPCC en cas de
défaillance des débiteurs.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
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7.
LA FIABILITE DES COMPTES
7.1.
Une administration lacunaire
La fonction financière de l’établissement est difficilement lisible. Bien qu’il existe dans
« l’annuaire
téléphonique interne de la cité des musiques
» un «
service finances et juridique
» placé sous
l’autorité d’un directeur financier, l’essentiel du travail financier, comptable et budgétaire est assuré
par le directeur « administration ressources humaines » appuyé de trois agents.
La chambre constate que le dispositif de comptabilité analytique, de contrôle de gestion et de
pilotage par indicateurs de suivi et tableaux de bord évoqué par l’ordonnateur dans sa « proposition
de projet d’orientation 2009-2013 » présentée au conseil d’administration lors de son recrutement
n’a jamais été mis en place. Les outils de pilotage et d’analyse sont donc restés sommaires et n’ont
pour l’essentiel jamais été déployés.
7.2.
Les apports et le bilan d’ouverture de l’EPCC au 1
er
janvier 2008
Les statuts de l’EPCC prévoient que, outre les dotations financières, des apports en nature et
moyens seront fournis par les fondateurs à compter du 1
er
janvier 2008 pour assurer son
fonctionnement.
7.2.1. Les apports en nature prévus dans les statuts à l’article 5 pour les biens meubles
et immeubles et à l’article 21 s’agissant des personnels transférés
L’article 5 dispose que «
Les biens meubles et immeubles ci-annexés, nécessaires à l’activité de
l’EPCC et dont la ville d’Auxerre est propriétaire ou occupante sont mis à la disposition de
l’établissement pour toute sa durée à compter de la signature de l’arrêté préfectoral. Les apports et
les contributions nécessaires au fonctionnement de l’établissement font l’objet d’une annexe aux
présents statuts qui reprend l’évaluation et le détail des biens et des actifs transférés avec indication
de leur valeur. L’établissement assure les charges d’investissement et de fonctionnement de ses
activités, les charges d’investissement liées aux immeubles restant du ressort de la ville d’Auxerre »
La chambre constate que l’état mentionné dans cet article n’a pas été annexé aux statuts. Il est
probable que le seul document traitant des apports de la ville soit la convention du 15 mai 2008
entre l’EPCC et Auxerre.
Outre les bâtiments, la ville d’Auxerre a également mis à disposition de l’EPCC des mobiliers et
matériels, listés à l’article 4 de la convention du 15 mai 2008 :
Matériels informatiques et téléphoniques ainsi que les logiciels associés.
Mobiliers, matériels et instruments de musique.
Un véhicule de marque Renault Kangoo.
Un photocopieur dont le contrat de maintenance est également transféré.
Deux distributeurs automatiques dont le contrat d’exploitation est transféré.
Un parc instrumental et matériel.
Le détail, la consistance, l’état, la valeur comptable et la situation juridique de ces biens ne sont
précisés ni dans les statuts, ni dans la convention, ni dans ses annexes. Aucun procès-verbal de
transfert n’a été établi entre les collectivités et aucune intégration n’a été effectuée dans les
comptes de l’EPCC.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
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Si le bilan 2013 comporte à l’actif un solde de 14 509,54 € au compte 2281 « Biens reçus en
affectation », il s’agit là non pas de l’intégration d’un patrimoine affecté mais de travaux
d’aménagement et de câblage réalisés par l’EPCC depuis 2009 et qui auraient dû être inscrits au
chapitre 21.
La Chambre observe que ces lacunes ont eu un impact important sur l’exactitude des
immobilisations portées au bilan et sur la valeur réelle de l’actif de l’établissement dont le montant
exact, inconnu à la création de l’EPCC, n’est pas plus fiable ni connu au moment de sa dissolution.
Les amortissements nécessaires au remplacement de ces biens n’ont pas été constitués, jusqu’à
l’acquisition en 2013 de pianos neufs.
L’absence de cette prise en compte comptable des biens mis à disposition a compromis la fiabilité
et la sincérité du bilan sur toute la période considérée.
La Chambre prend acte de ce que dans sa réponse aux observations provisoires, la ville d’Auxerre
précise être prête à passer les écritures comptables nécessaires à la régularisation de ces
anomalies
7.2.2. Le fonctionnement des régies
La situation des régies de l’EPCC retrace la gestion approximative déjà dénoncée :
Alors que les recettes liées à la gestion du parc instrumental étaient gérées hors de la comptabilité
publique au sein d’une association, l’établissement s’est doté de deux régies de recettes : la régie
d’encaissement des frais de scolarité et la régie pour l’encaissement de frais de location de
costumes.
La chambre constate que l’arrêté de création de la régie des locations de costumes n’a pas été
produit et que l’arrêté du 26 juin 2012 qui nomme le régisseur et le mandataire de cette régie a été
pris sans que le comptable public ait été consulté pour avis conforme, conformément à la
réglementation. En outre, cet arrêté de nomination n’est pas signé de l’ordonnateur mais du
président du conseil d’administration, incompétent pour ce faire.
Il est à noter qu’aucune régie d’avance n’a été mise en place au sein de l’EPCC, ce qui peut
sembler surprenant eu égard à ses missions.
7.3.
Le respect des grands principes comptables
7.3.1. Le rattachement des charges et des produits à l’exercice
Le principe comptable de rattachement des charges et des produits à l’exercice n’a pas été observé
par l’EPCC sur la période, comme le démontrent les exemples suivants :
7.3.1.1. Concernant l’exercice 2010: l’absence de rattachement de produits à l’exercice
Pour cet exercice, il a été observé que la ressource tirée de la mise à disposition de personnel
auprès de l’association « école de musique de Puisaye-Forterre » du 1er septembre au
31
décembre
2010
n’a
pas
été
comptabilisée
malgré
une
convention
signée
le
14 décembre 2011 entre les parties qui renvoie à une annexe financière pour la liquidation de la
participation de l’association, soit 20 110 € dont 460 € pour les frais de déplacement.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
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Cette convention sera prise en compte en 2011, ce qui fausse d’autant le résultat des deux
exercices
7.3.1.2. Les « cotisations » élèves.
7.3.1.2.1. Le compte 7062 – Redevances et droits des services à caractère culturel –
enregistre les redevances perçues sur les usagers.
Les écritures sont liées à l’encaissement par la régie des cotisations sur les élèves. Les soldes de
ce compte de 2008 à 2013 sont les suivants :
On constate des variations importantes, particulièrement pour les exercices 2009 et 2012.
En fait, ces cotisations étant encaissées pour une année scolaire, soit de septembre à juin, le
comptable doit procéder à des écritures pour constater sur l’exercice le produit correspondant et
renvoyer (extourner) sur l’exercice suivant la part des cotisations qu’il convient de rattacher.
La
Chambre observe que le principe de la
permanence des
méthodes de rattachement n’a pas
été respecté par l’EPCC.
7.3.1.2.2. D’autres anomalies ont été constatées pour les exercices 2008 et 2009 :
Une charge de 38 497 € figure au compte 678 résultant de la prise en charge d’un titre émis
par Auxerre ayant pour objet
« reversement cotisations 2007-2008 encaissées par l’EPCC
».
Le justificatif est un décompte signé de l’ordonnateur qui détermine un montant de 115 491 €
de cotisations 2007/2008 reçues par l’EPCC dont un tiers soit 38 497 € était à reverser à la
ville d’Auxerre.
La Chambre observe que la régie municipale aurait dû solder ses comptes au 31 décembre 2007 et
que c’est la ville d’Auxerre qui aurait dû reverser à l’EPCC la part de cotisations lui revenant au titre
du premier semestre 2008. La modification du statut du conservatoire aurait dû entrainer une
reddition des comptes de la régie « Ville » au 31 décembre 2007 et la reprise par la régie « EPCC »
au 1
er
janvier 2008. De fait, la régie municipale n’a rendu ses comptes qu’en août 2008 à l’EPCC
pour les cotisations encaissées pour la saison 2007/2008.
Il est constaté au compte 7062 de l’exercice 2008, une recette de 40 000 € portant comme
libellé «
produits à recevoir en cotisations 2008/2009
», la contrepartie figurant en compte de
tiers (c/4181). Cette recette ne sera pas encaissée car le titre émis en 2008 sera annulé en
2009, sans justificatif, le compte de tiers c/4181 étant soldé par cette opération.
La chambre observe que les résultats des exercices 2008 et 2009 doivent être retraités du montant
de cette opération.
Exercice
Compte 7062
2008
233 658,64 €
2009
185 417,60 €
2010
228 500,00 €
2011
238 468,00 €
2012
292 905,00 €
2013
257 475,00 €
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
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Enfin, il a été constaté au compte 7062 de l’exercice 2008, une recette de 65 8410 € sur le
CGEMD portant le libellé « Cotisations 2008 maison de la danse ». Cette recette n’est
appuyée d’aucun justificatif. La chambre
ne saurait admettre la réponse de l’ordonnateur
selon laquelle cette opération serait justifiée
par une « anticipation » de
l’intégration de la
maison de la danse, structure associative
que le directeur de l’EPCC
dirigeait également.
7.3.2. Les manquements au principe d’exhaustivité : l’impact de la facturation des
personnels mis à disposition.
En matière comptable, le principe d’exhaustivité se définit par la prise en charge des
enregistrements comptables détaillant la totalité des droits et obligations de l’entité concernée.
L’EPCC met une partie de son personnel à disposition de tiers. De nombreuses anomalies
comptables dans l’exécution de ces accords ont été relevées :
Pour l’exercice 2008, la mise à disposition de personnel EPCC au bénéfice du CGEMD a été
réalisée sans délibération ni convention, n’a pas généré de facturation et aucun
enregistrement comptable n’a été réalisé.
Pour mémoire, le budget primitif 2008 prévoyait une ressource de 150 000 € au compte 758 alors
que le compte 70848 aurait dû être utilisé.
Pour l’exercice 2009, le budget primitif prévoyait, au même compte 758, imputation
également erronée, une recette de 205 000 €.
En exécution apparaît une recette de 15 426,19 € pour la mise à disposition du directeur à
l’harmonie de Joigny, à laquelle est jointe une convention du 6 décembre 2009. Quant à la recette
de 105 513 €, concernant le CGEMD, les deux titres relatifs à ce paiement mentionnent « acompte
sur convention CGEMD pour mise à disposition de personnel » et « convention pour mise à
disposition de personnel », sans aucune autre justification.
Pour l’exercice 2010, le budget primitif prévoyait au compte 758 un montant de 203 783 €.
L’imputation comptable sera corrigée le 08 juin 2010 par une décision modificative et une
délibération en date du 28 mai 2010 qui précise la ventilation suivante :
-
CGEMD : 123 210,36 €
-
harmonie de Joigny : 30 572,64 €
-
service compris : 50 000 €.
Pour l’exercice 2011, le budget primitif prévoyait au compte 70848 un montant de 339 963 €
dont :
-
CGEMD : 230 193 €
-
école musique Puisaye : 59 500 € (rattachement à l’exercice)
-
service compris : 50 000 €
Les conventions ont été signées tardivement en décembre 2011 et s’appuient sur des délibérations
du 31 janvier 2011 et du 4 novembre 2011. Cette dernière délibération réajuste à la baisse le
remboursement du CGEMD à 80 193 €, soit moins 150 000 €, en raison d’une subvention du même
montant versée à l’EPCC par le Conseil général de l’Yonne dans sa séance du 23/09/201, en
substitution d’une créance de l’EPCC sur le CGEMD qu’il abandonnera.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
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La chambre observe qu’il n’a pas été produit de délibération abandonnant ou réduisant la créance
initiale et s’étonne de cette « compensation » entre tiers, car dans la même délibération, le
département apportait une subvention exceptionnelle de 200 000 € au CGEMD.
7.4.
La sincérité des inscriptions budgétaires : la taxe sur les salaires
Dès sa création, l’EPCC de l’Yonne, établissement public administratif, doté de l’autonomie juridique
et financière, se trouve de plein droit dans le champ des entités assujetties à la taxe sur les salaires.
La chambre observe qu’alors qu’un contrôle fiscal réalisé à l’automne 2010 aboutit à un
redressement notifié sur les exercices antérieurs et fixe la position de l’administration fiscale pour
les exercices à venir, l’EPCC a persisté dans ses errements. Cette situation a été régularisée in
extremis par un apport exceptionnel et massif des deux membres fondateurs,
7.4.1. Le contexte fiscal
L’article 231 du code général des impôts relatif à la taxe sur les salaires prévoit en effet que les
organismes dont le chiffre d’affaires de l’exercice précédent n’a pas été assujetti à la taxe sur la
valeur ajoutée en totalité ou sur moins de 90 % de son montant, sont redevables de la taxe sur les
salaires dans les conditions de droit commun.
L’EPCC, non assujetti à la TVA, est redevable de plein droit de la taxe sur les salaires. L’EPCC
entre dans le champ d’application de la taxe comme tout employeur. Ne délivrant enfin aucun
diplôme d’enseignement supérieur (réservé aux conservatoires à rayonnement régional) il ne peut
être considéré comme un établissement d’enseignement exonéré.
Malgré ce constat, l’EPCC a sciemment ignoré cette obligation, attitude qui a eu des conséquences
particulièrement lourdes et dommageables. En effet, la gestion des ressources humaines reposant
sur un flux pérenne de mises à disposition de personnels de l’EPCC au profit de tiers, le refus
d’honorer la taxe sur les salaires a conduit l’EPCC à ne pas y assujettir les charges salariales des
agents qu’il mettait à disposition.
Il en résulte que de 2008 à 2013 l’EPCC a minoré la charge salariale des agents mis à disposition
en assumant la perte de cotisation fiscale qu’il refusait d’honorer, alors même que s’agissant des
mises à dispositions à son profit d’agents par des employeurs assujettis, il reversait aux employeurs
la totalité des charges salariales et fiscales exposées. Ce différentiel a représenté sur la période des
sommes considérables
La chambre observe qu’en altérant gravement la sincérité et la fiabilité des comptes de chaque
exercice entre 2008 à 2012 cette position de principe a conduit l’EPCC, par la présentation d’une
situation budgétaire insincère, déconnectée de la réalité financière et en réalité déficitaire, à prendre
des décisions de gestion ou d’investissement erronées.
Le refus continu de l’ordonnateur et de l’assemblée de prendre en compte cette charge et le
contentieux qui en a découlé, ne serait-ce qu’en provisionnant budgétairement les crédits
nécessaires comme la réglementation lui en faisait obligation dès lors que le litige était né et certain,
a généré diverses pénalités cumulées, intérêts de retard et autres frais contentieux, alourdissant
considérablement le passif de l’établissement.
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7.4.2. Les comptes et la prise en charge budgétaire de la taxe sur les salaires
Les comptes de l’EPCC
pour les exercices 2008 à 2011 ne comportent aucune écriture
relative à la taxe sur les salaires.
Pour la première fois, les comptes 2012 de l’EPCC comportent en recettes une subvention
exceptionnelle de 227 832 € des deux membres de l’EPCC, à raison de deux tiers pour le Conseil
général et d’un tiers pour Auxerre. Cette subvention permettra à l’EPCC de supporter le principal de
la taxe des exercices 2008 et 2009 notifié à l’établissement à la suite du contrôle fiscal conduit à
l’automne 2010.
La chambre observe que malgré cette ressource, l'EPCC n'a pas soldé en 2012 sa dette envers le
Trésor public. Il a conservé cette subvention en constituant pour la première fois une provision qui
sera reprise en totalité en 2013. Ce faisant, il alourdit sa dette fiscale de frais supplémentaires mais
améliore temporairement sa situation financière.
En 2013, le compte 631 de l’EPCC inscrit une dette fiscale de 1 002 350,86 € se
décomposant comme suit :
Pour faire face à cette charge, l’EPCC reprend en totalité la provision constituée en 2012 à hauteur
de 227 496 € et relative aux exercices 2008 et 2009.
Pour faire face aux charges du principal relatives aux exercices 2010 à 2012, les deux membres de
l’EPCC apportent une nouvelle subvention exceptionnelle d’un montant de 598 345 €. Cette
subvention est incluse dans un versement de 1 076 877 € correspondant au comblement du passif
provisoire connu à la clôture de l’exercice 2013.
L’affectation de cette subvention est arrêtée par les dispositions de la convention tripartite signée le
21 décembre 2013 aux termes de laquelle le principal dû au titre de la taxe sur les salaires de
l’exercice 2013 soldant la dette fiscale, soit 176 509,86 €, sera supporté par les ressources propres
de l’EPCC.
7.4.3. L’impact de la taxe sur les salaires sur l’équilibre des comptes de l’EPCC
7.4.3.1. Les ressources
Les ressources externes affectées à la taxe sur les salaires sont retracées dans les deux tableaux
ci-dessous. Le premier constate la ressource portée dans les comptes ; le second la retraite par
exercice comptable :
89 955,00 €
137 541,00 €
192 244,00 €
206 867,00 €
199 234,00 €
176 509,86 €
Total
1 002 350,86 €
détail par exercice de la charge
constatée en 2013
au titre de l'année 2009 (principal)
au titre de l'année 2010 (principal)
au titre de l'année 2011 (principal)
au titre de l'année 2012 (principal)
au titre de l'année 2008 (principal)
au titre de l'année 2013 (principal)
c/631
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7.4.3.2. Les charges
Pour mémoire, l'EPCC a retenu le cabinet Conseil Equation pour une mission d'assistance sur ce
dossier d’un montant de 17 760,60 € TTC. Ce coût a été supporté sur les exercices 2011 et 2012.
Les autres charges, liées aux intérêts de retard et diverses pénalités relatifs à l’absence de
déclaration et de versement de la taxe sur les salaires, n’ont pas été honorées.
Une
transaction
pour remise gracieuse des
pénalités et intérêts de
retard, a été signée entre le président de
I'EPCCY et la direction départementale des finances publiques de l'Yonne aux termes de laquelle
après règlement de l’impôt en principal (1 002 350 €),
les intérêts de retard et majorations
(133 048 €) ne sont pas dus.
7.5.
Conclusion
L’examen des pratiques comptables et de gestion en vigueur au sein de l’établissement révèle
d’importants manquements remettant en cause la fiabilité et l’exhaustivité des comptes présentés,
l’ordonnateur méconnaissant manifestement ses responsabilités.
Ces manquements ont notamment concerné une sous-estimation de l’actif altérant la fiabilité du
bilan, une méconnaissance des principes de spécialisation des exercices, d’exhaustivité, de non
compensation entre dépenses et recettes, et enfin, une absence de sincérité budgétaire liées à la
non inscription ou au non-paiement de dépenses obligatoires (charges fiscales, provision pour
litige).
Au final les comptes de l’établissement n’ont jamais reflété de façon fiable et sincère l’étendue de
ses engagements et la réalité de son patrimoine.
Ces diverses anomalies ont nécessité des retraitements comptables afin de pouvoir analyser, la
situation financière de la structure. Au final, celle-ci est apparue non viable, sa capacité à faire face
à ses engagements réels n’étant due qu’au soutien exceptionnel et réitéré de ses membres
fondateurs.
Détail de la ressource
Fait générateur
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Total
Conseil général
subvention TS 2008 et 2008 pour 2/3
151 664,00 €
Ville d'Auxerre
subvention TS 2008 et 2008 pour 1/3
75 832,00 €
Conseil général
subvention TS Convention tripartite 2/3
398 896,67 €
Ville d'Auxerre
subvention TS Convention tripartite 1/3
199 448,33 €
227 496,00 €
598 345,00 €
825 841,00 €
598 345,00 €
Ressources affectées à la taxe sur les salaires
227 496,00 €
Détail de la ressource
Fait générateur
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Total
Conseil général
subvention TS 2008 et 2008 pour 2/3
59 970,00 €
91 694,00 €
151 664,00 €
Ville d'Auxerre
subvention TS 2008 et 2008 pour 1/3
29 985,00 €
45 847,00 €
75 832,00 €
Conseil général
subvention TS Convention tripartite 2/3
128 162,67 €
137 911,33 €
132 822,67 €
398 896,67 €
Ville d'Auxerre
subvention TS Convention tripartite 1/3
64 081,33 €
68 955,67 €
66 411,33 €
199 448,33 €
89 955,00 € 137 541,00 €
192 244,00 €
206 867,00 €
199 234,00 €
0,00 €
825 841,00 €
Ressources affectées à la taxe sur les salaires (retraitement par exercice)
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
65/78
8.
LA SITUATION FINANCIERE DE L’EPCC
La période 2008 à 2013, couvre l’ensemble de l’activité de l’EPCC depuis sa création, jusqu’à sa
dissolution. L’évolution de nombreux ratios est donc chaotique et leur lecture doit être interprétée
avec prudence.
8.1.
L’analyse Financière
L’analyse financière porte sur des données brutes et retraitées des années 2008 à 2013.
8.1.1. Les recettes de fonctionnement
Les recettes de fonctionnement sont ainsi retracées dans les comptes :
Ces recettes doivent être retraitées :
Produits de fonctionnement avant retraitement
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Var. 08
13
6095
Remises sur matériels, équipements et travaux
1 196,00
ns
6419
Remboursements sur rémunérations du personnel
4 604,93
5 782,41
26 169,66
25 491,75
17 177,54
7 876,31
71,04%
6459
Remboursements sur charges patronales du personnel
4 222,42
8 673,42
8 880,84
11 082,85
9 288,88
9 824,41
132,67%
706
Prestations de services (caractère culturel)
233 658,64
185 417,60
228 500,00
238 468,00
292 905,00
257 475,00
10,19%
706
Autres prestations de services
1 400,00
480,00
70841
Mise à disposition de personnel facturée
350,00
6 179,00
3 960,00
1 200,00
70848
Mise à disposition de personnel facturée au CDG
105 513,00
123 210,36
80 193,00
292 038,71
261 890,00
70848
Mise à disposition de personnel facturée EM Puisaye
79 708,00
58 530,00
61 910,00
70848
Mise à disposition de personnel facturée Harmonie de Joigny
15 426,19
30 572,64
70848
Mise à disposition de personnel facturée Service compris
50 000,00
50 000,00
47 500,00
70878
Remboursement de frais
17 385,30
32 570,18
31 240,07
19 554,71
18 769,61
74718
Subvention DRAC
160 000,00
152 500,00
155 000,00
155 000,00
143 700,00
71 850,00
55,09%
74718
Subvention Emplois d'insertion
6 219,72
10 589,60
13 295,31
6 538,15
7472
Subvention Région
2 270,00
4 500,00
1 280,00
7473
Subvention Département Fonctionnement
1 040 000,00
1 290 000,00
1 920 000,00
1 920 000,00
1 920 000,00
1 200 000,00
15,38%
7473
Subvention Département Exceptionnel
150 000,00
257 472,00
285 000,00
7473
Subvention Département Exceptionnel Dissolution
717 918,00
74741
Subvention Ville d'Auxerre Fonctionnement
920 000,00
920 000,00
920 000,00
920 000,00
920 000,00
874 300,00
4,97%
74741
Subvention Ville d'Auxerre Exceptionnel
95 832,00
285 000,00
74741
Subvention Ville d'Auxerre Exceptionnel Dissolution
358 959,00
748
Autres subventions d'exploitation
5 000,00
2 617,02
5 700,00
758
Produits divers de gestion courante
2 500,00
2 500,39
2 934,28
2 414,36
14 139,53
1 533,87
38,65%
771
Produits exceptionnels sur opérations de gestion
4 093,78
773
Mandats annulés sur exercices antérieurs
249,00
127,70
98,00
7788
Autres produits exceptionnels
5,50
60,00
442,07
7815
Reprises sur provisions pour risques et charges d'exploitation
227 496,00
Total
2 366 181,99
2 708 452,81
3 510 822,40
3 691 204,63
4 106 673,68
4 652 076,20
96,61%
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
66/78
Source : comptes de gestion retraités. Les cellules retraitées avec fond de couleur. Pour mémoire, retraitements effectués :
1 /Compte 706
Exercice 2008 :233 658,64€- 38497€ (reversement à ville d’Auxerre (dépense au c/678)-40000€ (produits à recevoir annulés en 2009)
Exercice 2009 : 185417,60 € + 40000 € (produits à recevoir 2008 annulés en 2009)
Exercice 2012 : 292905 € - 60000 € (estimation extourne non comptabilisée)
Exercice 2013 : 257475 € + 60000 € (reprise estimation extourne non comptabilisée)- 96507€ (reversement à ville d’Auxerre (dépense
au c/658)
2/ Compte 70848
Exercice 2008 : Intégration de 105 000 € (mise à disposition du CDG non facturée) –Affecte le résultat de fonctionnement de
l’exercice 2008
Exercice 2010 : Réintégration en 2010 d’un produit encaissé en 2011 (Ecole de Musique de Puisaye)
Exercice 2011 : Réintégration du montant de 150 000 € (Subvention exceptionnelle versée par le CG89 pour diminution de la créance
sur CDG)
3/ Compte 7473 et 74741 : Ventilation sur les exercices concernés (de 2008 à 2012) des subventions exceptionnelles reçues en 2012 et
2013 de la ville d’Auxerre et du CG89 pour faire face à la taxe sur les salaires.
4/ Compte 7815 : Neutralisation en 2013 de la reprise de provision constituée en 2012 de 227496 €
EPCC
Comptes de produits par nature après retraitement comptable
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Var. 08
13 Var. moy./an
6095
Remises sur matériels, équipements et travaux
1 196,00
6419
Remboursements sur rémunérations du personnel
4 604,93
5 782,41
26 169,66
25 491,75
17 177,54
7 876,31
71,04%
11,33%
6459
Remboursements sur charges patronales du personnel
4 222,42
8 673,42
8 880,84
11 082,85
9 288,88
9 824,41
132,67%
18,40%
706
Prestations de services (caractère culturel)
155 161,64
225 417,60
228 500,00
238 468,00
232 905,00
220 968,00
42,41%
7,33%
706
Autres prestations de services
1 400,00
480,00
70841
Mise à disposition de personnel facturée
350,00
6 179,00
3 960,00
1 200,00
70848
Mise à disposition de personnel facturée au CDG
105 000,00
105 513,00
123 210,36
230 193,00
292 038,71
261 890,00
149,42%
20,06%
70848
Mise à disposition de personnel facturée EM Puisaye
20 110,00
59 598,00
58 530,00
61 910,00
70848
Mise à disposition de personnel facturée Harmonie de Joigny
15 426,19
30 572,64
70848
Mise à disposition de personnel facturée Service compris
50 000,00
50 000,00
47 500,00
70878
Remboursement de frais
17 385,30
32 570,18
31 240,07
19 554,71
18 769,61
74718
Subvention DRAC
160 000,00
152 500,00
155 000,00
155 000,00
143 700,00
71 850,00
55,09%
14,80%
74718
Subvention Emplois d'insertion
6 219,72
10 589,60
13 295,31
6 538,15
7472
Subvention Région
2 270,00
4 500,00
1 280,00
7473
Subvention Département Fonctionnement
1 040 000,00
1 290 000,00
1 920 000,00
1 920 000,00
1 920 000,00
1 200 000,00
15,38%
2,90%
7473
Subvention Département Exceptionnel
0,00
105 472,00
285 000,00
7473
Subvention Département Exceptionnel Taxe sur les salaires
59 970,00
92 030,00
128 162,67
137 911,33
132 822,67
7473
Subvention Département Exceptionnel Dissolution
319 021,33
74741
Subvention Ville d'Auxerre Fonctionnement
920 000,00
920 000,00
920 000,00
920 000,00
920 000,00
874 300,00
4,97%
1,01%
74741
Subvention Ville d'Auxerre Exceptionnel
20 000,00
285 000,00
74741
Subvention Ville d'Auxerre Exceptionnel Taxe sur les salaires
29 985,00
45 847,00
64 081,33
68 955,67
66 411,33
74741
Subvention Ville d'Auxerre Exceptionnel Dissolution
159 510,67
748
Autres subventions d'exploitation
5 000,00
2 617,02
5 700,00
758
Produits divers de gestion courante
2 500,00
2 500,39
2 934,28
2 414,36
14 139,53
1 533,87
38,65%
9,31%
771
Produits exceptionnels sur opérations de gestion
4 093,78
773
Mandats annulés sur exercices antérieurs
249,00
127,70
98,00
7788
Autres produits exceptionnels
5,50
60,00
442,07
7815
Reprises sur provisions pour risques et charges d'exploitation
Total
2 482 639,99 2 886 329,81 3 723 176,40 3 877 961,63 4 018 075,68 3 789 728,20
52,65%
8,83%
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
67/78
Les recettes ont globalement augmenté de 52 % sur la période et de 9 % en moyenne
annuelle. Toutefois, cette évolution doit être nuancée par l’encaissement en 2013 de
plusieurs subventions exceptionnelles non retraitées : une subvention de 470 000 € pour
équilibrer le budget 2013 et une subvention liée à la dissolution (hors effet taxe sur les
salaires) de 478 522 €.
Ce caractère exceptionnel de l’exercice 2013 mis à part, l’augmentation globale des ressources
n’est que 10 % par rapport à 2008 et de 2 % en moyenne annuelle.
Durant les exercices de référence 2010 et 2011, les recettes de fonctionnement se situent entre 3,7
et 3,9 M€ d’euros dont 2,840 M€ de subventions d’exploitation versées par les deux fondateurs de
l’EPCC. Le poids des ressources externes est de l’ordre de 75 % du total des ressources d’un
exercice.
Les ressources internes :
De 2009 à 2013, le compte 706 « prestations de service », correspondant aux frais de scolarité
versés par les élèves du conservatoire, est relativement stable
Au total, la structure des recettes présentée schématiquement pour une année d’exploitation sans
apports exceptionnels dépend de subventions d’exploitation à hauteur de 84 % et de quelques
ressources propres à hauteur de 16 % dont les redevances des usagers constituent 6 %.
8.1.2. Les charges de fonctionnement
Les charges de fonctionnement sont ainsi retracées dans les comptes :
De façon globale, les dépenses de fonctionnement ont progressé de 63 % sur la période et de
10,30 % en rythme annuel. Les exercices « caractéristiques » de l’activité de l’EPCC sont les
exercices 2011 à 2013 qui représentent un palier dans la montée en charge du fonctionnement
après des exercices de démarrage et d’intégration du personnel associatif en 2009 et 2010.
Charges de fonctionnement avant retraitement
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Var. 08
13
Sous
total 60
achats
15 146,76
39 308,52
36 907,86
40 324,86
34 647,24
26 887,93
77,52%
Sous
total 61
services extérieurs
25 483,74
28 177,32
49 878,32
53 120,70
56 741,51
72 496,74
184,48%
Sous
total 62
autres services extérieurs
1 389 448,32
484 362,64
461 769,50
491 377,54
486 969,88
401 758,03
71,09%
dont c/621
Personnel extérieur
716 604,00
442 737,00
396 701,38
401 315,22
389 796,69
289 611,92
59,59%
dont c/625
Déplacements, missions, receptions
2 147,70
4 304,57
10 457,25
23 300,63
29 276,97
25 294,26
1077,74%
dont c/62878
Remboursement de frais
659 725,05
677,73
100,00%
Sous
total 63
impôt, taxes et versements assimilés
16 764,94
47 236,34
63 568,32
67 281,16
66 630,19
1 071 834,24
ns
dont 631
Taxe sur les salaires y compris intérêts et pénalités
1 002 350,86
Sous
total 64
charges de personnel
782 201,99
2 117 465,23
2 818 077,98
2 948 833,94
3 054 469,81
3 037 769,65
288,36%
dont 6411
Rémunération du personnel titulaire
299 166,02
1 065 775,97
1 192 905,90
1 216 464,08
1 311 975,63
1 288 357,08
330,65%
dont 6413
Rémunération du personnel non titulaire
33 102,48
409 818,25
751 327,00
764 163,79
747 533,39
773 887,57
2237,85%
dont 645
Charges sociales
228 745,23
619 512,97
826 081,59
803 502,51
943 323,32
918 320,54
301,46%
Sous
total 65
autres charges de gestion courante
0,00
0,00
0,00
47 276,37
8 810,09
102 588,40
dont 654
Créances irrecouvrables
76,00
615,00
Sous
total 67
charges exceptionnelles
38 497,00
0,00
1 236,00
4 362,02
5 025,43
6 726,93
82,53%
Sous
total 68
amortissements et provisions
0,00
17 199,00
25 009,09
33 263,51
256 995,69
30 152,88
dont 6811
Dotations aux amortissements immobilisations
17 199,00
25 009,09
33 263,51
29 499,69
30 152,88
dont 6815
Dotations aux prov. Risques et charges d'exploitation
227 496,00
Total
2 267 542,75
2 733 749,05
3 456 447,07
3 685 840,10
3 970 289,84
4 750 214,80
109,49%
-
C
S
P
1
E
2
E
3
E
4
1
5
p
f
6
Les dép
s
Le coût
exercice
fait app
progres
Une pa
disposit
par l’EP
anomal
e
2
Ces charge
Source : compte
Pour mémoire,
1/Compte 6287
Exercice 2008 :
2/Compte 658
Exercice 2013 :
3/Compte 678
Exercice 2008 :
4/Compte 631 :
1 002 350,86 €.
5/Compte 631
pénalités et int
fonctionnement
6/Compte 6815
penses de c
L’EPCC se
salaires et
millions d’e
du personn
es 2010 à 2
paraître par
ssive du per
artie des ch
tion. Le taux
PCC varie d
ie qui a ent
Les autres
remboursée
remboursem
extérieurs)
2008.
es doivent ê
es de gestion re
retraitements e
78
: renvoi du mon
: en moins 96 5
: en moins 3846
: Ventilation su
.
: Intégration s
térêts de retard
t des exercices 2
5 : Neutralisatio
ces exercice
e caractéris
personnel e
uros soit 91
nel extérieu
2012 et 8 %
différence
rsonnel ass
harges de
x de rembo
de 4,6 % en
rainé un ret
s charges
es à l’EPC
ment de ce
varie de 1
être retraitée
etraités. Les cel
effectués :
ntant de 659 72
507€ : reversem
67€ : reverseme
ur les exercices
sur les exercice
d sur le non v
2008 à 2012.
on en 2012 de la
es 2011, 20
e par le po
extérieur) q
1,5 à 92,5 %
ur représent
% en 2013. L
l’importanc
ociatif, au 1
personnel
oursement d
n 2008 à 10
traitement à
sont peu
CC du fai
es charges
8 % en 20
Annexe à
68/78
es :
llules retraitées
25,05 € au comp
ment à ville d’Au
ent à ville d’Au
s concernés (de
es concernés (
versement de la
a constitution d
012 et 2013
oids très él
qui représen
% du total d
te près de 1
Leur poids d
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1er janvier 2
de l’EPCC
de ces char
0,8 % en 2
à hauteur de
significativ
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s sur le to
13 à 37 %
à la lettre n° 15
8
s avec fond de c
pte 64 (rembour
uxerre (en moin
uxerre (en moins
e 2008 à 2013)
(de 2008 à 201
a taxe sur les
de provision de
, après retra
evé de sa
nte, toujours
es dépense
10 à 11 % d
durant les e
sferts de pe
2009 et au 1
C est refac
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012. Il n’y a
e 105 000 €
ves, achats
mutualisatio
otal des ch
en 2010.
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couleur.
rsement des sal
ns en recette au
s en recette au
de la dépense
13) de la char
salaires. Ce re
227496 €
aitement, a
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2008,
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vices
nt en
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
69/78
Fonctionnement
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Cumul
Evolution
2013/2008
Total des produits
2 366 181,99 €
2 708 452,81 €
3 510 822,40 €
3 691 204,63 €
4 106 673,68 €
4 652 076,20 €
21 035 411,71 €
96,61%
Total des charges
2 267 542,75 €
2 733 749,05 €
3 456 447,07 €
3 685 840,10 €
3 970 289,84 €
4 750 214,80 €
20 864 083,61 €
109,49%
Résultat de l’exercice
98 639,24 €
-25 296,24 €
54 375,33 €
5 364,53 €
136 383,84 €
-98 138,60 €
171 328,10 €
Les frais de déplacement augmentent fortement sur la période avec un taux de variation
annuel de 63 %. En outre, la part de frais de déplacement liée aux personnels mis à
disposition du CGEMD ne sera refacturée à ce dernier qu’à partir de l’exercice 2011, privant
jusque-là l’EPCC d’une ressource significative.
Enfin, à compter de 2009, l’établissement amortit les immobilisations (essentiellement des
travaux) acquises en propre à partir de 2008. Toutefois l’essentiel des immobilisations mises
à disposition par la ville d’Auxerre que ce soit le bâti, les matériels, les logiciels ou les
véhicules ne sont pas amortis car non intégrés au bilan.
8.1.3. Le résultat de fonctionnement
8.1.3.1. Le résultat de fonctionnement non retraité
Evolution du résultat de 2008 à 2013 en euros
Source : comptes administratifs
Les comptes présentés par l’établissement font apparaitre une évolution plus rapide des charges
par rapport aux produits. Le différentiel est 13 points sur la période et de un point et demi en
variation annuelle. L’effet de ciseau est sensible. Sur la période, les résultats de fonctionnement
cumulés ne représentent que 171 K€ soit moins de 1 % du cumul des produits (0,81 %).
8.1.3.2. Le résultat de fonctionnement retraité
Il est apparu nécessaire de tenir compte de charges obligatoires et de produits non recouvrés pour
mieux apprécier la situation financière de l’EPCC.
Evolution du résultat de 2008 à 2013 en euros
Source : comptes administratifs retraités
Fonctionnement
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Cumul
Evolution
2013/2008
Total des produits
2 482 639,99 €
2 886 329,81 €
3 723 176,40 €
3 877 961,63 €
4 018 075,68 €
3 789 728,20 €
20 777 911,71 €
52,65%
8,83%
Total des charges
2 344 196,25 €
2 898 639,55 €
3 691 752,07 €
3 929 115,10 €
3 967 528,84 €
3 827 866,80 €
20 659 098,61 €
63,29%
10,30%
Résultat de l’exercice
138 443,74 €
-12 309,74 €
31 424,33 €
-51 153,47 €
50 546,84 €
-38 138,60 €
118 813,10 €
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
70/78
Les comptes retraités (avec la réserve que ce retraitement est partiel) font apparaitre un résultat
cumulé sur la durée de l’EPCC de 118 813 €, plus faible de 52 515 € par rapport au résultat cumulé
présenté. Ce résultat aurait été négatif sur la période si le retraitement avait inclus l’amortissement
du patrimoine transféré.
Un profil différent des résultats successifs de fonctionnement apparaît. Les comptes présentés ne
font apparaitre que deux exercices déficitaires en 2009 et 2013 alors que les comptes retraités
« rattachant» charges et produits sur la période font apparaitre des résultats déficitaires un exercice
sur deux, en 2009, 2011 et 2013. Mais surtout, le retraitement des comptes fait apparaitre une nette
différence entre les résultats arrêtés par le conseil d’administration et ceux retraités et ce dès
l’exercice 2010, dégradant ainsi trois exercices successifs. Ainsi, pour 2010, 2011, 2012, l’écart
entre le résultat présenté et le résultat retraité est de 22 951 €, 56 518 € et 85 937 €.
8.1.3.3. Le résultat de fonctionnement retraité dépend étroitement de l’apport exceptionnel
des collectivités.
Sans les apports exceptionnels reçus à partir de 2012, du Conseil général et de la ville d’Auxerre
pour un total de 1, 2 millions d’euros, l’établissement n’aurait pu assurer ses engagements dès son
deuxième exercice :
Les aides exceptionnelles attribuées à l’EPCC
Le résultat retraité après l’élimination des subventions exceptionnelles reçues en 2012 et 2013 peut
être appréhendé ainsi :
2012
2013
2012
2013
2012
2013
Subvention exceptionnelle pour le budget 2012
40 000 €
20 000 €
60 000 €
Subvention exceptionnelle dissolution ADDIM
65 472 €
65 472 €
Subvention exceptionnelle pour redressement fiscal 2008 et 2009
152 000 €
75 832 €
227 832 €
Subvention exceptionnelle pour le budget 2013
285 000 €
285 000 €
570 000 €
Subvention exceptionnelle pour la dissolution
717 918 €
358 959 €
1 076 877 €
257 472 €
1 002 918 €
95 832 €
643 959 €
353 304 €
1 646 877 €
Diminution de la subvention "habituelle"
720 000 €
45 700 €
765 700 €
257 472 €
282 918 €
95 832 €
598 259 €
353 304 €
881 177 €
Sources : Comptes de gestions et délibérations
Total des subventions exceptionnelles versées
Total des subventions exceptionnelles versées nettes des réductions
540 390 €
694 091 €
1 234 481 €
Conseil général
Ville d'Auxerre
Total
1 260 390 €
739 791 €
2 000 181 €
retraité après élimination des subventions exceptionnelles versées (en brut)
Fonctionnement
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Cumul
Evolution
2013/2008
Evolution /an
Total des produits
2 392 684,99 €
2 748 452,81 €
3 530 932,40 €
3 671 094,63 €
3 693 369,68 €
2 741 196,20 €
18 777 730,71 €
14,57%
2,76%
Total des charges
2 344 196,25 €
2 898 639,55 €
3 691 752,07 €
3 929 115,10 €
3 967 528,84 €
3 827 866,80 €
20 659 098,61 €
63,29%
10,30%
Résultat de l’exercice
48 488,74 €
-150 186,74 €
-160 819,67 €
-258 020,47 €
-274 159,16 €
-1 086 670,60 €
-1 881 367,90 €
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
71/78
Ce tableau fait apparaitre que, hors les apports exceptionnels des deux fondateurs, le
fonctionnement de l’EPCC n’a jamais été en mesure de dégager un excédent d’exploitation, la
situation de l’exercice 2008 mise à part (retraitement d’une ressource de 105 000 € qui, par ailleurs,
s’avèrera difficilement recouvrable).
La chambre observe que dès son origine l’établissement n’était pas viable :
Les subventions d’exploitation apportées, mal calibrées, n’étaient pas en mesure d’équilibrer
les charges de fonctionnement dès la création de l’EPCC.
L’impact de la non prise en compte de la taxe sur les salaires est venu aggraver le
déséquilibre de fonctionnement initial car le coût global de la taxe sur les salaires pour les
six années d’exploitation a été de 1 159 865 € dont 1 002 350 € au principal. Ce coût qui
n’était pas pris en compte dans le calcul de la subvention de fonctionnement a contribué, en
sus des erreurs de gestion et de recouvrement des produits, à la formation d’un déficit
d’exploitation du même montant. Abstraction faite de ce montant, le résultat cumulé retraité
pourrait être approché à - 721 502 €. (1 881 367 € – 1 159 865 €).
Cet exercice certes théorique de retraitement de données fait néanmoins bien apparaître la fragilité
initiale de l’établissement qui dès sa création ne dispose pas des moyens financiers lui permettant
d’assumer les orientations définies par son conseil d’administration. Ce constat renforce la critique
de la Chambre sur l’impréparation initiale avec laquelle les fondateurs ont engagé leurs moyens
financiers et humains dans ce projet.
8.1.4. La capacité d’autofinancement (CAF)
Analysée à partir des résultats comptables non retraités, elle bénéficie du fait que l’EPCC n’ayant
souscrit aucun emprunt, la CAF nette est égale à la CAF brute.
Evolution de la CAF de 2008 à 2013 en euros
Au total, la CAF est toujours positive, hormis pour l’exercice 2009.
8.2.
La structure financière de l’établissement
A l’ouverture de son bilan, au 1er janvier 2008, l’EPCC n’a pas intégré les immobilisations mises à
sa disposition, qu’il s’agisse du bâti ou du matériel. Parallèlement aucune dotation n’a été inscrite à
l’actif.
En €
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Résultat de l'exercice
98 639,24 €
25 296,24 € 54 375,33 €
5 364,53 €
136 383,84 €
98 138,60 €
+ Dotations aux amortissements et aux provisions :
aux immobilisations corporelles et incorporelles
17 199,00 €
2 509,09 €
33 263,51 €
29 499,69 €
30 152,88 €
aux provisions pour risques et charges de fonctionnement
227 496,00 €
Reprises sur amortissements et provisions :
exceptionnelles
227 496,00 €
CAPACITE D'AUTOFINANCEMENT DE L'EXERCICE
98 639,24 €
8 097,24 €
56 884,42 € 38 628,04 € 393 379,53 €
295 481,72 €
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
72/78
8.2.1. Les ressources propres
Au cours des six exercices, le haut du bilan au passif sera alimenté uniquement par les excédents
réalisés, le reversement du FCTVA à compter de l’exercice 2010 et une subvention transférable de
la Région en 2013.
Un pic est constaté en 2012 avec 286 000 € générés par le versement de subventions
exceptionnelles affectées au redressement fiscal (227 496 €) et diverses (60 000 € pour équilibrer le
budget et 65 472 € suite à la dissolution ADDIM). L’EPCC ayant provisionné en 2012 le montant
reçu pour faire face à sa dette fiscale, les autres subventions entraineront un résultat excédentaire.
Source : comptes de gestion (en €uros)
8.2.2. Les immobilisations
A l’actif du bilan, les immobilisations représentent une valeur brute de 235 091 € au 31/12/213. Elles
sont composées pour près de 20 % d’immobilisations incorporelles (logiciels) acquises
principalement en début de période et amorties à 86 % à fin 2013. Les autres immobilisations sont
composées
de
mobilier,
de
matériel
informatique,
de
travaux
d’aménagement
et
de
5 pianos acquis en 2013. Globalement, ces immobilisations corporelles sont amorties à 50 %.
ACTIF
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Var. moy.ann.
Immobilisations incorporelles brutes
24 961
26 593
29 717
35 016
38 993
42 460
11,21%
incorporelles
8 321
17 458
27 944
31 526
36 668
Immobilisations corporelles brutes
32 537
61 422
89 713
143 761
159 491
192 631
42,71%
Amortissements immobilisations corporelles
8 878
24 750
47 527
73 446
94 765
Total actifimmobilisé(Emplois stables)
57 499
70 816
77 222
103 305
93 512
103 659
12,51%
Créances d'exploitation brutes
836 454
108 509
219 965
179 636
141 849
62 410
40,49%
Disponibilités
7 899
49 088
14 007
43 552
344 606
46 784
42,73%
Total actifcirculant
844 354
157 598
233 972
223 189
486 455
109 193
33,57%
Dépenses à classer
2
93
Total actif
901 854
228 507
311 194
326 494
579 967
212 852
6,85%
PASSIF
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Var. 08
13
Dotation
8 902
13 030
16 994
25 810
Différences sur réalisations d'immobilisations
1 059
Réserves
57 499
73 343
87 411
99 369
99 369
Report à nouveau
41 140
40 307
33 714
170 098
Résultat de l'exercice
98 639
25 296
54 375
5 365
136 384
98 139
199,90%
Subventions d'investissement
12 023
Total capitaux propres
98 639
73 343
136 620
146 113
286 460
208 102
16,10%
Provisions
227 496
Ressources stables
98 639
73 343
136 620
146 113
513 956
208 102
16,10%
Dettes d'exploitation
783 157
102 852
88 685
117 004
61 473
45
85,81%
Dettes sur immobilisations
20 058
1 489
4 538
100,00%
Produits constatés d'avance
52 312
85 888
61 888
Total des dettes
803 215
155 164
174 573
180 381
66 011
45
85,89%
Recettes à classer
4 705
Total passif
901 854
228 507
311 194
326 494
579 967
212 852
6,85%
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
73/78
8.2.3. Le fonds de roulement
Le fonds de roulement de l’EPCC est positif sur toute la période 2008 à 2013 : ses ressources à
long terme couvrent les immobilisations. Toutefois, les appels au fonds de roulement sont
importants en 2009 et 2011. Les variations des exercices 2012 et 2013 sont consécutives à
l’opération de provisionnement et de reprise.
8.2.3.1. Le besoin en fonds de roulement
L’exercice 2008 est atypique. Les créances sont principalement constituées d’une créance sur la
ville d’Auxerre de 720 000 € (subvention 2008) et les dettes sont majoritairement constituées par
une dette sur la ville d’Auxerre de 659 725 € liée au remboursement du personnel sur le premier
semestre 2008.
Les produits constatés d’avance n’ont été enregistrés que pour les exercices 2009 à 2011 où ils
représentent de 33 % à 50 % du passif circulant.
8.2.3.2. La trésorerie
La trésorerie de l’EPCC a toujours été particulièrement faible, à l’exception de l’exercice 2012
bénéficiant du versement de subventions exceptionnelles. Durant les autres exercices, cette
trésorerie n’a jamais dépassé une semaine en jours de dépenses de fonctionnement.
En euros
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Var. moy. ann.
Ressources stables
98 639
90 542
178 828
221 584
618 928
339 535
28%
Emplois stables
57 499
88 015
119 430
178 777
198 484
235 091
33%
Fonds de roulement net global
41 140
2 527
59 398
42 807
420 444
104 443
20%
Variation FRNG
38 614
56 872
16 591
377 637
316 001
En euros
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Var. moy. ann.
Créances
836 454
108 509
219 965
179 636
141 849
62 410
40%
Dettes et produits constatés
803 215
155 164
174 573
180 381
66 011
4 750
64%
Besoin en fonds de roulement
33 241
46 562
45 392
745
75 838
57 660
12%
En Euros
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Var. moy. ann.
Fonds de roulement (1)
41 140
2 527
59 398
42 807
420 444
104 443
20%
BFR (2)
33 239
46 655
45 392
745
75 838
57 660
12%
Trésorerie (3=1
2)
7 901
49 181
14 007
43 552
344 607
46 784
43%
Trésorerie en jours de dépenses de
fonctionnement (hors amortissement)
1
7
1
4
33
4
23%
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
74/78
8.3.
Conclusion sur la situation financière de l’EPCC
La chambre observe que la situation financière de l’EPCC est caractérisée par :
une extrême dépendance aux ressources externes - subventions d’exploitation et des
charges dynamiques présentant une très forte inertie ;
des ressources propres faibles et stagnantes - la structure tarifaire étant figée - et des
prestations de service pour le compte de tiers mal suivies et remboursées ;
des charges très majoritairement composées des frais de personnel et dépenses liées
(déplacements) résultant d’un périmètre croissant et non maîtrisé ;
un équilibre précaire dès l’origine de l’établissement qui n’était pas viable sans subvention
exceptionnelle renouvelée.
La chambre considère qu’il est regrettable qu’alors que l’établissement n’a jamais disposé d’une
assise financière lui permettant de mettre en oeuvre les orientations du conseil d’administration,
l’accentuation des déséquilibres n’ait pas entrainé avant 2012 de remise en cause de ces choix de
gestion, prenant en compte la réalité de moyens de l’établissement.
La chambre précise que si un arrêté de dissolution de l’EPCC a été pris par le préfet de l’Yonne le
31 décembre 2013, toutes les dépenses et les charges de l’établissement n’ont été ni inscrites et
payées à son budget 2013 ni réglées par l’accord tripartite de dissolution intervenu ; dès lors
l’établissement d’un budget 2014 s’impose et les comptes de l’EPCC ne sont pas définitivement
clos.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
76/78
9.
UNE TENTATIVE DE BILAN
L’EPCC a été conçu en 2008 comme le point d’aboutissement d’une politique culturelle
départementale ayant structuré un remarquable réseau local d’enseignement et de pratique
musicale.
En favorisant l’intégration des acteurs, des financeurs et des partenaires, l’établissement
devait permettre de conforter et pérenniser une politique publique en simplifiant, rationalisant
et optimisant les moyens publics disponibles à l’échelle du département et de la ville
d’Auxerre.
Six ans après sa création, l’EPCC est en dissolution. Cet échec résulte de causes multiples
parmi lesquelles l’assujettissement à la fiscalité sur les salaires a constitué un révélateur de
déséquilibres plus profonds et accéléré la crise, mais n’en a pas été la raison principale.
L’EPCC a souffert de l’essoufflement du projet à l’origine de sa création.
L’orientation initiale impliquait non seulement la disparition des multiples acteurs associatifs
structurant le réseau départemental mais également l’intégration progressive des écoles et
conservatoires de musique communaux pour rationaliser la stratégie et les moyens du
département. Très vite, il est apparu que la liquidation des associations satellites entrainait
des conséquences financières majeures pour l’établissement et que l’intégration des écoles
locales au projet, qui aurait conforté sa cohérence et sa viabilité, ne recueillait pas l’adhésion
des élus et responsables communaux.
Le réseau départemental est resté dès lors structuré autour d’un établissement public
réunissant les deux fondateurs et les 24 écoles de musique locales ayant accès au
financement public départemental. Il demeurait deux niveaux d’enseignement musical
finalement peu intégrés, empêchant le déploiement d’une mutualisation départementale
efficiente.
L’EPCC a subi les conséquences d’une impréparation technique assez générale.
Au-delà de l’ambition politique et stratégique, un projet de cette ampleur ne pouvait
raisonnablement se déployer qu’au terme d’études de faisabilité précises et complètes. Il
s’agissait d’examiner la soutenabilité de l’établissement dont la création était envisagée et de
cerner les principaux aspects de sa gestion et ses contraintes : régime juridique, comptable
et budgétaire, fiscal, besoins en ressources humaines et en moyens techniques, politique
pédagogique et artistique, facturation du service rendu ….
Aucune de ces analyses n’a été réalisée. L’établissement a dû gérer au jour le jour des
situations
qu’il aurait été possible d’intégrer dans un plan de déploiement à moyen terme.
En conséquence,
ni les dispositions statutaires ni la structure financière n’ont été adaptées
au projet envisagé.
La relative confidentialité ayant entouré l’élaboration du projet n’a pas laissé de place à une
concertation élargie aux enseignants, aux usagers et aux partenaires, qui aurait pu
contribuer au soutien de la dynamique engagée et faciliter sa mise en place.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
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Au total, le calibrage inadéquat des missions et des ressources à dès l’origine compromis la
viabilité du nouvel établissement.
L’EPCC s’est appuyé sur des acteurs historiques sans être en capacité de renouveler
ses forces vives.
La création d’un établissement public à vocation départementale implique l’existence d’une
équipe en capacité d’assumer une relative autonomie institutionnelle à l’égard des
fondateurs et des partenaires et capable de porter une vision pédagogique et artistique
appuyée sur des capacités de gestion et de management démontrées. Ici, les collectivités
fondatrices ont confirmé et soutenu à la tête de l’établissement, au prix d’une
méconnaissance des règles de base du statut général, des équipes dont l’action passée
postulait qu’elles détenaient les qualités managériales, financières, administratives et
techniques pour gérer un établissement aussi novateur. Ce postulat s’est révélé faux.
En outre,
les faiblesses de l’équipe de direction en place n‘ont pas été compensées par une
structure administrative parfois sous dimensionnée et mal positionnée, qui a souffert de
l’absence de projet d’établissement, d’un règlement interne et d’un organigramme
fonctionnel.
Par ailleurs, la désignation d’une direction étroitement liée avec l’ensemble des acteurs,
fournisseurs et partenaires de la politique départementale a rendu plus difficile, voire
impossible, l’émergence d’analyses et d’orientations préservant les intérêts propres de
l’établissement.
Enfin, la méconnaissance assez générale par les représentants des membres fondateurs au
conseil d’administration de l’EPCC, des pouvoirs et prérogatives qui leur étaient réservés par
la loi a contribué a été source de confusion
jusqu’à la réalisation d’un audit en 2011
puis, en
2012,
la mise en place d’une cellule de crise devenue comité de pilotage, jusqu’à la décision
de dissoudre l’EPCC
Des erreurs de gestion ont contribué à déséquilibrer une situation fragile.
La situation financière difficile dans laquelle l’EPCC s’est immédiatement trouvé a été
masquée par une gestion comptable et financière qui ne donnait pas une image fidèle et
sincère des engagements et du patrimoine de l’établissement.
Des décisions de recrutement, de déploiement, d’intervention ont été prises sans
connaissance réelle de leurs conséquences sur l’équilibre à moyen terme. L’imbrication
confuse des occupants des locaux de l’EPCC a conduit celui-ci, pendant toute son activité, à
assumer sur ses ressources l’entretien et le fonctionnement de ces locaux, parfois occupés
sans titre et sans redevance d’occupation par des associations.
Enfin le recours aux prestations entrantes ou sortantes de divers satellites, consenties à des
conditions ne permettant pas à l’établissement de couvrir les charges notamment salariales
qu’il exposait, a rendu difficile le pilotage d’une masse salariale et d’une ressource humaine
en forte croissance.
S’il ressort des procès-verbaux du conseil d’administration de l’EPCC que les représentants
de la ville d’Auxerre ont alerté ses membres sur un certain nombre de dysfonctionnements et
de risques, ces alertes n’ont pas été suivies d’effets dans la vie de l’EPCC.
Annexe à la lettre n° 15.ROD2.FG-20 en date du 12 juin 2015
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Un échec regrettable
Au final, alors que de très importants moyens financiers (estimés à près de 21M€ pour le
seul EPCC sans compter les aides directes ou exceptionnelles versées à l’ADDIM, au
CGEMD et aux écoles communales et associatives de musique par le département ) et
humains ont été engagés sur cette période par les fondateurs de l’EPCC au bénéfice d’une
politique départementale ambitieuse et remarquable, la dissolution de l’établissement public
au terme de six exercices apparait comme un échec et une perte de moyens publics
considérable.
Le travail engagé en 2013 par le « groupe de pilotage » de l’EPCC avait néanmoins permis
de clarifier difficultés et perspectives et confirmé que l’outil avait jusqu’alors manqué de
pilotage. Après le retrait du département, la disparition de l’EPCC met fin aux efforts
engagés pour structurer une politique départementale originale. Il appartient dorénavant au
réseau départemental de la musique et de la danse de reconsidérer ses équilibres et ses
objectifs alors que le conservatoire va devoir se reconstruire et se mettre à niveau s’il
souhaite demeurer un conservatoire à rayonnement départemental.
La clôture des comptes est en cours
La liquidation définitive de l’établissement qui reste à venir nécessitera que les dernières
dépenses à assurer et les régularisations patrimoniales à opérer soient intégrées au compte
de l’établissement.