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LES ENJEUX STRUCTURELS
POUR LA FRANCE
DÉCEMBRE 2021
ENTITÉS ET POLITIQUES PUBLIQUES
SANTÉ : GARANTIR L’ACCÈS
À DES SOINS DE QUALITÉ
ET RÉSORBER LE DÉFICIT DE
L’ASSURANCE MALADIE
COUR DES COMPTES
3
SOMMAIRE
5
AVERTISSEMENT
7
SYNTHÈSE
9
INTRODUCTION
11
1 - L’ASSURANCE MALADIE JOUE UN RÔLE ESSENTIEL
POUR ASSURER L’ACCÈS AUX SOINS, MAIS SA
SOUTENABILITÉ FINANCIÈRE EST MENACÉE
12
A - Grâce à l’assurance maladie, mais aussi
aux complémentaires santé, les dépenses restant
à la charge directe des patients sont plus faibles
que partout ailleurs en Europe
16
B - L’équilibre financier de l’assurance maladie
est affecté par des facteurs structurels :
le vieillissement de la population et l’expansion
des pathologies chroniques
17
C - Par ses effets directs et indirects, la crise
sanitaire risque de se solder par un déficit profond
et durable de l’assurance maladie
21
2 - LES DÉPENSES DE SANTÉ ET D’ASSURANCE
MALADIE COMPORTENT DES MARGES D’EFFICIENCE
À MOBILISER BEAUCOUP PLUS ACTIVEMENT
21
A - Les acteurs du système de santé doivent
être mieux organisés en fonction d’objectifs
d’accessibilité, de continuité, de qualité
et de sécurité des soins
25
B - Les rémunérations des acteurs du système
de santé doivent être réformées pour réduire
les rentes de situation, améliorer la qualité
des soins et ralentir la hausse des dépenses
les plus dynamiques
4
SANTÉ : GARANTIR L’ACCÈS À DES SOINS DE QUALITÉ ET RÉSORBER LE DÉFICIT DE L’ASSURANCE MALADIE
29
C - Il convient de réduire de manière déterminée
les causes évitables des dépenses de santé
et d’assurance maladie
32
D - À certaines conditions, les technologies
numériques peuvent améliorer l’efficience
du système de santé et des dépenses
d’assurance maladie
35
RÉFÉRENCES AUX TRAVAUX DE LA COUR
DES COMPTES
SOMMAIRE
COUR DES COMPTES
5
La présente note fait partie d’un ensemble de travaux destinés à présenter,
sur plusieurs grandes politiques publiques, les principaux défis auxquels
seront confrontés les décideurs publics au cours des prochaines années
et les leviers qui pourraient permettre de les relever. Cette série de
publications, qui s’étale d’octobre à décembre 2021, s’inscrit dans le
prolongement du rapport remis en juin 2021 au Président de la République,
Une stratégie des finances publiques pour la sortie de crise.
Ce travail de
synthèse vise à développer, sur quelques enjeux structurels essentiels,
des éléments de diagnostic issus de précédents travaux de la Cour et des
pistes d’action à même de conforter la croissance dans la durée tout en
renforçant l’équité, l’efficacité et l’efficience des politiques publiques.
La Cour, conformément à sa mission constitutionnelle d’information des
citoyens, a souhaité développer une approche nouvelle, qui se différencie
de ses travaux habituels, et ainsi apporter, par cette série de notes
volontairement très synthétiques et ciblées, sa contribution au débat
public, tout en veillant à laisser ouvertes les différentes voies de réformes
envisageables.
Cette note a été délibérée par la 6
e
chambre et approuvée par le comité du
rapport public et des programmes de la Cour des comptes.
Les publications de la Cour des comptes sont accessibles en ligne sur le site
internet de la Cour et des chambres régionales et territoriales des comptes :
www.ccomptes.fr
.
AVERTISSEMENT
COUR DES COMPTES
7
SYNTHÈSE
De manière structurelle, l’équilibre financier de l’assurance maladie est affecté
par les effets du vieillissement de la population et de l’expansion des pathologies
chroniques sur les dépenses de santé qu’elle finance. En outre, les impacts de la crise
sanitaire sur les recettes sociales et les revalorisations des rémunérations versées
aux acteurs du système de santé, décidées notamment dans le cadre des accords du
« Ségur de la santé », risquent de faire connaître à l’assurance maladie des déficits
profonds et durables.
Alors que les dépenses de santé et la part de leur financement mutualisé par
l’assurance maladie s’inscrivent en France à des niveaux élevés par rapport à la
plupart des autres pays européens dotés d’un haut niveau de protection sociale,
l’enjeu prioritaire est celui de la maîtrise des coûts de la santé. Parce que le
financement par l’emprunt de dépenses sociales d’aujourd’hui en reporte la charge
sur les générations futures, la Cour invite à faire revenir l’assurance maladie à un
équilibre financier durable en mobilisant les marges d’efficience très significatives
qui existent dans quatre domaines : l’organisation des soins, la rémunération
des acteurs de la santé, les causes évitables des dépenses et la contribution des
technologies numériques à la transformation du système de santé.
Chiffres clés
Dépenses courantes de santé (au sens international)  :
270  Md€
,
soit 11,1 % du PIB, dont consommation de soins et de biens médicaux :
208 Md€
, soit 8,6 % du PIB (2019). 78 % de cette consommation de
soins et de biens médicaux sont couverts par l’assurance maladie.
Part de la population résidant de manière stable et régulière en France
dont les dépenses de santé sont prises en charge par l’assurance maladie
obligatoire de base :
100 %
. Part de la population ayant une couverture
complémentaire santé : 96 % (2019).
Quelques coûts annuels moyens de pathologies : plus de
60 000 €
pour
une dialyse chronique (55 000 personnes), plus de 12 000 € pour un cancer
actif (1,5 million de personnes), 9 700 € pour une insuffisance cardiaque aigue
(655 000 personnes), plus de 2 700 € pour un diabète (4 millions de personnes).
En 2020,
11,6 millions
d’assurés du régime général, soit près d’un
sur cinq, étaient en affection de longue durée (ALD), avec un âge moyen de
63 ans
.
8
SANTÉ : GARANTIR L’ACCÈS À DES SOINS DE QUALITÉ ET RÉSORBER LE DÉFICIT DE L’ASSURANCE MALADIE
COUR DES COMPTES
9
INTRODUCTION
La crise sanitaire du virus du covid-19 rappelle le caractère précieux du bien collectif
et individuel que constitue la santé.
Afin de lever l’obstacle financier de l’accès aux soins, l’assurance maladie mutualise
le financement d’une part prépondérante des dépenses de santé dans le cadre
national. Les remboursements de l’assurance maladie bénéficient à toute personne
ayant une activité professionnelle actuelle ou passée ou résidant de manière stable
et régulière en France. Ils sont en quasi-totalité (à 96 %) versés en tiers payant
aux professionnels et aux établissements de santé, qui perçoivent également de
l’assurance maladie des dotations et des rémunérations forfaitaires, non liées au
niveau de leur activité.
Sans en constituer le seul facteur explicatif, le système de santé financé par
l’assurance maladie apporte une contribution déterminante à l’état de santé de nos
concitoyens : en 2019, l’espérance de vie à la naissance atteignait près de 86 ans
pour les femmes et de 80 ans pour les hommes, contre près de 65 et de 60 ans
en 1946. Toutefois, les impacts sur les dépenses de santé du vieillissement de la
population et des pathologies chroniques affectent la soutenabilité financière de
l’assurance maladie. Au terme de la crise sanitaire, son déficit pourrait s’inscrire à un
niveau particulièrement élevé.
Après avoir rappelé le rôle et la situation financière de l’assurance maladie (I), la Cour
souligne l’importance des marges d’efficience qui ont vocation à être mobilisées afin
d’assurer un retour durable de cette dernière à l’équilibre financier (II).
COUR DES COMPTES
11
1 - L’ASSURANCE MALADIE JOUE UN RÔLE ESSENTIEL
POUR ASSURER L’ACCÈS AUX SOINS, MAIS SA SOUTENABILITÉ
FINANCIÈRE EST MENACÉE
En France, les dépenses consacrées à la
santé sont parmi les plus élevées au sein des
pays européens dotés d’un haut niveau de
protection sociale (voir encadré). Grâce à
l’intervention de l’assurance maladie, mais
aussi à celle des complémentaires santé,
les dépenses restant à la charge directe des
patients sont faibles en moyenne. Sous l’effet
des conséquences directes et indirectes de la
crise sanitaire, l’assurance maladie risque de
connaître un déficit élevé et durable.
En France, une priorité financière affirmée en faveur de la santé
En 2019, à près de 270 Md€, les dépenses de santé en France, selon la définition
internationale de la dépense courante de santé (agrégat comprenant la consommation de
soins et de biens médicaux, les dépenses de soins de longue durée en établissement médico-
social, de prévention et celles liées à la gouvernance du système de santé), représentaient
11,1 % du produit intérieur brut (PIB). En Europe, la France est devancée uniquement par
l’Allemagne (11,7 %) et la Suisse (11,3 %) et dépasse les pays nordiques, la Belgique, les
Pays-Bas ou l’Autriche.
Graphique n° 1 : dépenses de santé en % du PIB dans un panel de pays européens en 2019
Source : Cour des comptes à partir des données de l’organisation de coopération et de développement
économiques (OCDE)
14,0 %
12,0 %
10,0 %
8,0 %
6,0 %
4,0 %
2,0 %
0,0 %
Allemagne
Suisse
France
Suède
Belgique
Norvège
Autriche
Pays-Bas
Danemark
Royaume-Uni
Portugal
Finlande
Espagne
Italie
Grèce
12
SANTÉ : GARANTIR L’ACCÈS À DES SOINS DE QUALITÉ ET RÉSORBER LE DÉFICIT DE L’ASSURANCE MALADIE
A – Grâce à l’assurance maladie,
mais aussi aux complémentaires
santé, les dépenses restant à la
charge directe des patients sont plus
faibles que partout ailleurs en Europe
1 - L’assurance maladie prend en charge
près de 80 % des dépenses de santé
Selon les comptes de la santé établis par le
ministère de la santé, la consommation de soins
et de biens médicaux s’est élevée à 208 Md€ en
2019.
L’assurance maladie obligatoire (branches
maladie et accidents du travail – maladies
professionnelles de la sécurité sociale)
a financé 78  % de ces dépenses, soit
162 Md€ : soins proprement dits, produits
de santé (médicaments et dispositifs
médicaux, qui vont des pansements aux
lits médicalisés à domicile, en passant par
les équipements d’oxygénothérapie) et
prestations (transport de patients) délivrés
par les professionnels conventionnés de ville
(médecins, chirurgiens-dentistes, auxiliaires
médicaux, notamment les infirmiers diplômés
d’État, les masseurs-kinésithérapeutes et les
orthoptistes, pharmaciens, fournisseurs de
dispositifs médicaux, laboratoires d’analyse
biologiques transporteurs sanitaires et taxis
conventionnés) et les établissements de santé
(publics, privés non lucratifs et privés lucratifs).
Au total, l’assurance maladie entendue au
sens large (branches maladie, accidents du
travail – maladies professionnelles -AT-MP- et
autonomie de la sécurité sociale) a effectué
231 Md€ de dépenses nettes en 2019, dont
217 Md€ de prestations sociales, 6 Md€ de
transferts, notamment à des établissements
publics de l’État et 8 Md€ de charges de gestion
administrative.
Les lois annuelles de financement de la sécurité
sociale fixent un objectif national de dépenses
d’assurance maladie (Ondam), qui vise à
maîtriser l’évolution des dépenses. Cet objectif
couvre la plupart des dépenses de prestations
et de transfert des branches maladie, AT-MP et
autonomie. Il prend en compte des dépenses,
mais aussi des recettes qui viennent en
réduction de celles-ci (notamment les remises
versées par les entreprises pharmaceutiques
sur les prix publics de vente des médicaments).
Pour 2019, le montant constaté des dépenses
de l’Ondam s’est élevé à un peu plus de
200 Md€, dont 91 Md€ pour les soins de
ville (principalement les médicaments, les
dispositifs médicaux, les honoraires médicaux,
dentaires et paramédicaux, les analyses
biologiques, les transports de patients et
les indemnités journalières pour maladie et
AT-MP), 83 Md€ pour les établissements de
santé et 21 Md€ pour les établissements et
services médico-sociaux.
2 - Les complémentaires santé jouent
un rôle néanmoins important et débattu
Les assurances complémentaires privées ainsi
qu’un dispositif public, la complémentaire
santé solidaire, contribuent également à
réduire les dépenses qui restent à la charge
directe des patients, en remboursant une
grande partie des dépenses non remboursées
par l’assurance maladie.
En 2019, les assurances complémentaires
proposées par les mutuelles, les sociétés
d’assurance et les institutions de prévoyance
ont pris en charge 13 % de la consommation
de soins et de biens médicaux, soit 28 Md€
de dépenses : tickets modérateurs appliqués
à la base de remboursement de l’assurance
maladie (il existe sept taux distincts,
de 20 % à 85 % en fonction des dépenses
COUR DES COMPTES
13
concernées) ; dépassements d’honoraires
médicaux et dentaires, prothèses dentaires,
appareils auditifs et lunettes au-delà de la base
de remboursement de l’assurance maladie ;
forfait journalier hospitalier ; dépenses non
remboursables par l’assurance maladie
(comme la chambre individuelle à l’hôpital).
L’État régule les conditions d’intervention des
assurances complémentaires afin de réduire les
frais de santé restant à la charge des patients
et contenir l’inflation de certaines dépenses.
Pour bénéficier d’allègements de prélèvements
sociaux et d’impôts sur les sommes qu’ils
versent aux assurances, les employeurs de
salariés, les travailleurs indépendants et les
particuliers doivent souscrire des contrats
« solidaires et responsables ». Depuis 2014,
ces contrats couvrent obligatoirement une
gamme étendue de dépenses : tous les tickets
modérateurs, sauf les médicaments procurant
une amélioration faible ou modérée du
service médical rendu et les cures thermales ;
l’intégralité du forfait journalier hospitalier,
sans limitation de durée. Pour certains postes,
ils fixent des planchers (lunettes, prothèses
dentaires du « 100 % santé »), ainsi que des
plafonds de prise en charge (dépassements
d’honoraires et lunettes).
Depuis 2016, les employeurs de salariés
doivent souscrire pour le compte de leurs
salariés une assurance complémentaire santé,
obligatoirement solidaire et responsable,
avec
des planchers plus élevés, et financer la moitié
au moins du coût des garanties (en pratique
près de 60 % en moyenne). Une ordonnance
de février 2021 prévoit une prise en charge par
l’employeur de la moitié du prix des garanties
d’ici 2024 pour la fonction publique de l’État
et d’ici 2026 pour les fonctions territoriales et
hospitalières.
Néanmoins, les complémentaires facturent à
leurs souscripteurs des frais de gestion dont
le montant (8 Md€ en 2018, dont 40 % pour
l’acquisition de nouveaux clients) dépasse
celui des caisses d’assurance maladie pour des
remboursements six fois moindres. Les aides
précitées à la souscription ont un coût élevé
pour les finances publiques (environ 7 Md€
de moindres recettes fiscales et sociales). Le
rapport entre le coût des garanties et le niveau
des remboursements est souvent peu favorable,
notamment pour les personnes âgées (les tarifs
augmentent fortement avec l’âge).
Au lieu de souscrire des contrats d’assurance,
les ménages ayant de faibles revenus peuvent
demander à leur caisse d’assurance maladie à
bénéficier de la complémentaire santé solidaire
(CSS), qui a remplacé en novembre 2019 la
couverture maladie universelle complémentaire,
créée en 2000. En 2019, la CSS a financé
plus de 2 Md€ de dépenses, soit 1 % de la
consommation de soins et de biens médicaux.
La CSS a pour finalité de ne laisser aucune
dépense à la charge directe des patients :
couverture intégrale des tickets modérateurs et
du forfait journalier hospitalier, application de
tarifs particuliers aux dépenses de lunettes et
de prothèses dentaires et auditives, interdiction
des dépassements d’honoraires. Ces
obligations ne sont toutefois pas respectées
par certains professionnels sans qu’ils soient
sanctionnés. Les personnes titulaires de la
CSS bénéficient aussi d’une exonération des
participations forfaitaires et des franchises à
la charge des autres assurés sociaux et d’une
dispense générale d’avance de leurs frais de
santé. En fonction du niveau des ressources
de leur foyer, la CSS leur est attribuée
gratuitement ou moyennant une participation
moins coûteuse qu’une assurance privée.
14
SANTÉ : GARANTIR L’ACCÈS À DES SOINS DE QUALITÉ ET RÉSORBER LE DÉFICIT DE L’ASSURANCE MALADIE
La CSS couvre aujourd’hui plus d’une personne
sur 9. Afin de réduire le non recours à ce droit,
le projet de loi de financement de la sécurité
sociale pour 2022 prévoit une attribution
automatique pour les bénéficiaires du revenu
de solidarité active et du minimum vieillesse,
sauf opposition de leur part.
Une articulation de l’assurance maladie et des assurances privées en débat
L’articulation de l’assurance maladie et des assurances privées fait l’objet de débats.
Plusieurs voies d’évolution seraient envisageables :
- le maintien du partage actuel entre assurance maladie et assurances complémentaires,
accompagné d’une régulation accrue de ces dernières
 : il s’agirait de rendre les assurances
complémentaires moins onéreuses et inégalitaires en améliorant la transparence des offres,
insuffisante, le cas échéant par une présentation standardisée de celles-ci ; en favorisant
la concurrence entre organismes, notamment par une comparabilité accrue de leurs offres ;
en encadrant leurs frais de gestion, par exemple en plafonnant leur niveau par rapport à
celui des remboursements ;
- la mise en place d’un
« bouclier sanitaire »
 
: les restes à charge après intervention de
l’assurance maladie seraient plafonnés en fonction des revenus des assurés sociaux et le cas
échéant de l’existence d’une affection de longue durée, comme cela existe en Allemagne ou
en Belgique. En empêchant des restes à charge excessifs, ce dispositif conduirait à réduire
le besoin de couvertures complémentaires à l’assurance maladie. Afin d’être soutenable
sur un plan financier pour l’assurance maladie, il devrait avoir pour contrepartie une remise
en cause de la prise en charge à 100 % d’une grande partie des dépenses par l’assurance
maladie, notamment pour les affections de longue durée. Il en résulterait des transferts
notables de charges entre assurés sociaux ;
- une séparation des champs d’intervention respectifs de l’assurance maladie et
des assurances privées
 : l’assurance maladie prendrait intégralement en charge
certaines dépenses, y compris les tickets modérateurs actuels, en fonction de leur nature
(hospitalisation au premier chef) ou des revenus des assurés sociaux, afin de préserver
l’accès aux soins, tandis que les assurances privées financeraient de même intégralement
d’autres dépenses, dès le premier euro. Cette désimbrication des interventions respectives
de l’assurance maladie et des assurances privées mettrait fin à la superposition de leurs frais
de gestion sur de mêmes flux de remboursements de dépenses de santé.
Si un champ étendu d’intervention était attribué à l’assurance maladie (« grande sécurité
sociale »), la part des assurances privées dans le financement des dépenses de santé se
réduirait notablement. En revanche, les dépenses et prélèvements publics augmenteraient,
COUR DES COMPTES
15
même si la hausse des prélèvements publics serait atténuée par la suppression des aides
fiscales et sociales à la souscription de garanties d’assurance. En moyenne, les assurés, par
hypothèse les plus nombreux, qui ne souscriraient plus d’assurance privée, supporteraient
une hausse des prélèvements publics moins élevée que les versements qu’ils effectuent
aujourd’hui à leur complémentaire santé : ces versements couvrent en effet aujourd’hui
non seulement des remboursements de dépenses de santé, qui seraient pris en charge par
l’assurance maladie, mais aussi les frais de gestion des complémentaires, auprès desquelles
ils ne s’assureraient plus.
Cette préfiguration sommaire des impacts d’un champ étendu d’intervention de l’assurance
maladie pourrait cependant recouvrir d’importantes disparités de situations entre assurés.
En outre, elle correspond à la situation instantanée qui résulterait du déplacement de la
ligne de partage des financements entre assurance maladie et assurances privées. En fait,
c’est seulement à deux conditions que la plupart des ménages pourraient durablement se
passer des assurances privées pour couvrir une partie de leurs frais de santé : une maîtrise
renforcée des dépenses de santé que l’assurance maladie prend en charge, qui prévienne
une réduction ultérieure de son champ d’intervention, par déremboursements de dépenses
ou dissociation des tarifs admis par rapport à ceux qu’elle couvrirait intégralement ;
une régulation forte du niveau admis des dépassements d’honoraires, par nature non pris en
charge par l’assurance maladie.
3 - Les dépenses restant à la charge directe
des patients diminuent et sont moins
élevées que partout ailleurs en Europe
En 2019, les dépenses restant à la charge
directe des patients, soit 15 Md€, représentaient
7 % de la consommation de soins et de biens
médicaux. Le poids relatif des restes à charge a
baissé de manière continue depuis 2008, année
où ils atteignaient 9 % des dépenses de soins et
de biens médicaux, à la suite de l’instauration
de participations forfaitaires et de franchises à
la charge des assurés sociaux, non assurables
par les complémentaires santé.
En moyenne par habitant, les dépenses de soins
et de biens médicaux restant à la charge directe
des patients après intervention de l’assurance
maladie étaient de l’ordre de 670 €, et de
210 € après celle des complémentaires santé.
Alors que les assurances complémentaires et
la complémentaire santé solidaire couvrent
aujourd’hui 96 % de la population, les restes à
charge élevés qui continuent à être observés
pour certains patients ont trois causes possibles :
l’absence de couverture complémentaire ; la
souscription de contrats d’assurance dont les
garanties sont inférieures à celles des contrats
solidaires et responsables ; des soins ou biens
(prothèses dentaires ou auditives, lunettes) dont
le coût dépasse nettement le niveau variable des
garanties souscrites dans le cadre de ces contrats.
La France est le pays européen dans lequel les
dépenses à la charge directe des patients sont
les plus faibles : en 2019, elles représentent
9 % de la dépense courante de santé au sens
international.
16
SANTÉ : GARANTIR L’ACCÈS À DES SOINS DE QUALITÉ ET RÉSORBER LE DÉFICIT DE L’ASSURANCE MALADIE
S i l e s a s s u r a n c e s c o m p l é m e n t a i r e s
y contribuent, ce faible niveau moyen des
restes à charge en France est avant tout
obtenu par un haut niveau de financement
public, procuré pour l’essentiel par l’assurance
maladie ainsi que par la complémentaire
santé solidaire : près de 80 % de la dépense
courante de santé au sens international fait
l’objet d’un financement public, soit un niveau
un peu inférieur à celui de la plupart des pays
nordiques, et identique à celui de l’Allemagne.
B – L’équilibre financier de l’assurance
maladie est affecté par des facteurs
structurels : le vieillissement de
la population et l’expansion des
pathologies chroniques
De manière tendancielle, la part des dépenses
liées aux pathologies chroniques augmente
dans les dépenses de santé et, plus encore,
dans celles de l’assurance maladie.
Graphique n° 2 : part des dépenses de santé restant à la charge directe des patients
dans un panel de pays européens en 2019 (en %)
40,0 %
35,0 %
30,0 %
25,0 %
20,0 %
15,0 %
10,0 %
5,0 %
0,0 %
Allemagne
Suisse
France
Suède
Belgique
Norvège
Autriche
Pays-Bas
Danemark
Royaume-Uni
Portugal
Finlande
Espagne
Italie
Grèce
Source : Cour des comptes à partir des données de l’OCDE
COUR DES COMPTES
17
Cette évolution traduit un puissant facteur
démographique : alors que le besoin de
soins augmente en règle générale avec l’âge,
les personnes âgées représentent une part
croissante de la population française, sous
l’effet de l’allongement tendanciel de la durée
de la vie et de la baisse de la natalité ; les
personnes âgées de plus de 75 ans sont ainsi
passées de 3,4 % de la population totale en
1946 à 5,7 % en 1980, 7,2 % en 2000 et 9,6 %
en 2020.
Elle résulte aussi des cibles prioritaires de
l’intervention financière de l’assurance
maladie : lorsque l’assurance maladie reconnaît
à un assuré l’existence d’une affection de
longue durée (ALD), elle prend en charge la
totalité des dépenses liées à cette pathologie,
y compris les tickets modérateurs. En 2020,
11,6 millions d’assurés du régime général, soit
près d’un sur cinq, étaient en ALD, avec un âge
moyen de 63 ans. Sont également exonérées
des tickets modérateurs les personnes titulaires
d’une pension d’invalidité et les femmes
enceintes ou venant de donner naissance à un
enfant pour la totalité des dépenses, ainsi que
les personnes victimes d’un accident de travail
ou d’une maladie professionnelle pour les
dépenses qui s’y rapportent.
Les pathologies chroniques ont un poids très
lourd. Humain tout d’abord : en 2019, 5 millions
de personnes étaient atteintes de maladies
cardio-neurovasculaires, 4 millions de diabète
et 3 millions d’un cancer (pour certaines
d’entre elles, de plusieurs de ces pathologies
à la fois). Leur nombre augmente de manière
continue, sous l’effet de l’efficacité des soins,
notamment de traitements médicamenteux
souvent coûteux, qui repoussent le terme de
la vie, mais aussi de leur apparition chez de
nouveaux sujets. Financier ensuite : en 2019,
près des deux-tiers des montants de frais de
santé remboursés par l’assurance maladie se
rapportaient aux patients en ALD.
Avant que soient mises en œuvre des mesures
d’économie, la hausse spontanée des dépenses
d’assurance maladie dépasse souvent celle
des recettes des prélèvements sociaux
(cotisations et CSG) et fiscaux (TVA, taxe sur les
salaires et droits sur les tabacs) affectés à leur
financement. Dans ces conditions, le déficit de
la branche maladie de la sécurité sociale tend
à s’accroître.
C – Par ses effets directs et indirects,
la crise sanitaire risque de se solder
par un déficit profond et durable
de l’assurance maladie
1 - À la suite d’un long processus
de redressement, en dépenses mais
aussi en recettes, l’assurance maladie
s’approchait de l’équilibre financier
à la veille de la crise sanitaire
L’assurance maladie était en déficit avant
même la récession économique de 2009
provoquée par la crise financière de 2008.
Comme les autres branches de la sécurité
sociale, elle a subi l’impact négatif de cette
récession sur ses recettes. À partir de 2011, elle
a suivi un lent processus de redressement.
18
SANTÉ : GARANTIR L’ACCÈS À DES SOINS DE QUALITÉ ET RÉSORBER LE DÉFICIT DE L’ASSURANCE MALADIE
Ce redressement financier de la branche
maladie de la sécurité sociale a été permis par
des hausses de prélèvements obligatoires en
faveur des régimes de sécurité sociale entre
2011 et 2015 (de l’ordre de 27 Md€), dirigées en
grande partie vers la branche maladie, ainsi que
par des redéploiements de recettes des autres
branches en faveur de cette dernière.
Il a aussi résulté d’un effort de ralentissement
de la hausse des dépenses d’assurance maladie.
Comme le montre le graphique ci-après, à
partir de 2010, les lois de financement de la
sécurité sociale (LFSS) ont fixé des Ondam plus
rigoureux que par le passé.
Graphique n° 3 : évolution des déficits du régime général de sécurité sociale (et du FSV)
et de la branche maladie en son sein entre 2008 et 2019 (en %)
5
0
- 5
-10
- 15
- 20
- 25
- 30
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
Branche Maladie
Branche Vieillesse + FSV
Autres branches : AT-MP et Famille
Régime général + FSV
Source : Cour des comptes à partir des comptes des branches du régime général et du Fonds de solidarité vieillesse
COUR DES COMPTES
19
Graphique n° 4 : évolution des dépenses relevant de l’objectif national
de dépenses d’assurance maladie en % annuel entre 2011 et 2019
0
1
2
3
4
5
6
7
8
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
Source : Cour des comptes à partir des données de la commission des comptes de la sécurité sociale
Entre 2010 et 2019, les objectifs fixés ont
été peu ou prou respectés chaque année.
Compte tenu du resserrement de l’Ondam
jusqu’en 2018, la part de la dépense courante
de santé au sens international par rapport au
PIB a légèrement reculé en 2017 et en 2018. En
2019, elle s’établissait à 11,1 % du PIB, contre
11,5 % du PIB en 2014.
En 2019, avant le déclenchement de la crise
sanitaire, la branche maladie de la sécurité
sociale s’approchait de l’équilibre, son déficit
atteignant 1,5 Md€.
2 - Compte tenu des décisions adoptées
par les pouvoirs publics dans le contexte
de la crise sanitaire, l’assurance maladie
paraît désormais durablement éloignée
de l’équilibre financier
Avant la crise sanitaire, l’équation financière de
la branche maladie de la sécurité sociale était
déjà difficile à résoudre. Elle l’est désormais
encore plus : la branche maladie a des recettes
plus faibles et des dépenses en revanche
beaucoup plus élevées.
D’une part, la crise sanitaire a fait perdre à la
sécurité sociale des montants considérables
de recettes en 2020. Malgré le fort rebond de
l’activité économique en 2021 et la prévision
d’une croissance élevée en 2022, une partie
sera probablement définitivement perdue.
D’autre part, les pouvoirs publics ont décidé
un effort sans précédent de revalorisation
des rémunérations des personnels des
établi ssements de santé et médico -
sociaux, ainsi que de financement de leurs
investissements et du développement de
l’utilisation du numérique : les accords du
« Ségur de la santé » signés en juillet 2020 et
les autres mesures qui les ont prolongés vont
conduire la sécurité sociale à supporter en
2022 13 Md€ de dépenses supplémentaires
par rapport à l’avant crise, soit 0,5 % du
produit intérieur brut, dont près de 10 Md€
de revalorisations salariales (7,7 Md€ pour
les établissements de santé et 2,2 Md€ pour
le secteur médico-social). D’autres décisions,
également à caractère pérenne, bénéficient
aux établissements de santé et aux entreprises
20
SANTÉ : GARANTIR L’ACCÈS À DES SOINS DE QUALITÉ ET RÉSORBER LE DÉFICIT DE L’ASSURANCE MALADIE
de produits de santé (fixation d’objectifs
pluriannuels d’augmentation de dépenses)
et à la médecine de ville (avenant n° 9 à la
convention médicale de 2016).
Entre 2019 et la prévision pour 2022 de la
LFSS pour 2022 adoptée par le Parlement, les
dépenses de l’Ondam, hors celles directement
liées à la crise sanitaire, connaissent une hausse
accélérée : elles passent de 200 Md€ à 232 Md€
(+ 16 %).
Comme le montre le graphique ci-après, la
branche maladie a enregistré en 2020 un déficit
massif (30,4 Md€), qui a représenté la plus
grande partie de celui de la sécurité sociale
(38,7 Md€ pour le régime général et le fonds
de solidarité vieillesse - FSV), sous l’effet d’un
mouvement de ciseaux entre des recettes en
baisse et des dépenses majorées par celles de
crise (tests, achats d’équipements de protection
individuelle et surcoûts de fonctionnement
des établissements notamment). Selon les
prévisions de la LFSS pour 2022, ce déficit
se réduirait entre 2021 et 2023 grâce au fort
rebond des recettes et à la baisse des dépenses
supplémentaires liées à la crise sanitaire. À
partir de 2024, en revanche, le déficit stagnerait
autour de 14 Md€ : le rattrapage des recettes
s’interrompt ; demeurent en revanche
les dépenses pérennes supplémentaires,
notamment du « Ségur de la santé », non
financées.
Graphique n° 5 : évolution des déficits du régime général de sécurité sociale (et du FSV)
et de la branche maladie en son sein à partir de 2019 (en Md€)
20
10
0
- 10
- 20
- 30
- 40
- 50
Branche Maladie
Branche Vieillesse + FSV
Régime général + FSV
Autres branches : AT-MP, Famille et Autonomie (2021->)
2019
2020
2021 (p)
2022 (p)
2023 (p)
2024 (p)
2025 (p)
Source : Cour des comptes à partir des comptes des branches du régime général et du Fonds de solidarité vieillesse
COUR DES COMPTES
21
En définitive, la branche maladie de la sécurité
sociale pourrait accumuler 130 Md€ de déficits
(« dette sociale ») entre 2020 et 2025, dont près
de la moitié entre 2022 et 2025. Certes, une
partie des recettes des branches famille, AT-MP,
voire autonomie, pour lesquelles des excédents
sont prévus, pourraient être réaffectées à la
branche maladie. Toutefois, les déficits de la
branche vieillesse et du FSV doivent eux aussi
être résorbés.
L’assurance maladie ne doit pas être
maintenue dans un déficit durable. Alors que
le financement par l’emprunt de dépenses
sociales d’aujourd’hui en reporte la charge
sur les générations futures, son retour à
l’équilibre est un impératif d’équité entre les
générations. Si les perspectives financières des
retraites retiennent l’attention, l’enjeu de la
soutenabilité financière de l’assurance maladie
n’est pas moins important.
II – LES DÉPENSES DE SANTÉ ET D’ASSURANCE MALADIE
COMPORTENT DES MARGES D’EFFICIENCE À MOBILISER
BEAUCOUP PLUS ACTIVEMENT
Dans ses publications, la Cour a identifié de
nombreuses sources possibles d’économies
qui permettraient d’améliorer la soutenabilité
financière de l’assurance maladie. Selon le
cas, ces pistes assignent des objectifs plus
exigeants aux actions engagées par le
ministère de la santé et l’assurance maladie,
invitent à réexaminer certaines évolutions ou
bien ont un caractère inédit.
Les pistes avancées par la Cour, qui ne
prétendent pas à l’exhaustivité, relèvent de
quatre séries de leviers d’action : l’organisation
des soins, la rémunération des acteurs du
système de santé, les causes évitables des
dépenses de santé et d’assurance maladie et la
contribution des technologies numériques à la
transformation du système de santé.
A – Les acteurs du système de santé
doivent être mieux organisés en
fonction d’objectifs d’accessibilité,
de continuité, de qualité et de
sécurité des soins
1 - L’organisation des soins de premier
recours doit être mieux structurée
En 2020, la France comptait près de
129 000 médecins exerçant exclusivement à
titre libéral ou pour partie en tant que salarié
d’une structure de soins, dont une courte majo-
rité de généralistes, pour 67 millions d’habitants.
Alors que la population française et les
besoins de prise en charge sanitaire liés à son
vieillissement augmentent, le temps médical
disponible se réduit en raison de l’effet sur le
22
SANTÉ : GARANTIR L’ACCÈS À DES SOINS DE QUALITÉ ET RÉSORBER LE DÉFICIT DE L’ASSURANCE MALADIE
long terme du numerus clausus appliqué au
cours des dernières décennies, des départs à
la retraite et de l’absence d’installation d’une
partie des médecins, qui préfèrent effectuer
des vacations ou des remplacements à temps
partiel auprès de confrères, souvent dans des
zones géographiques bien dotées.
Selon l’analyse du ministère de la santé
(étude publiée en février 2020), la part de la
population française vivant dans des zones
géographiques sous-dotées en médecins
généralistes reste faible, mais augmente : entre
2015 et 2018, elle serait passée de 3,8 % à
5,7 %. Les élus locaux et leurs administrés
ont souvent une perception plus négative de
l’étendue de ces situations.
Par ailleurs, le manque de disponibilité
des médecins, à la suite notamment de la
suppression en 2003 de l’obligation
déontologique de participer aux permanences,
a pour corollaire le fait qu’environ un patient
sur cinq qui recourt aux services d’urgence des
établissements de santé aurait pu, sinon dû,
être pris en charge par un médecin de ville.
Afin de dégager du temps médical, le ministère
de la santé encourage le travail aidé : ainsi,
par exemple, des orthoptistes préparent
les consultations des ophtalmologues par
la réalisation de bilans visuels. En outre,
l’assurance maladie verse aux médecins des
aides à l’embauche d’assistants médicaux. Par
ailleurs, des appels à projet visent à mettre
en place des services d’accès aux soins, qui
ont vocation à filtrer l’accès des patients aux
urgences hospitalières.
Au-delà, deux évolutions de plus grande
ampleur pourraient permettre de structurer
plus efficacement le premier recours aux soins.
Deux transformations potentiellement de grande portée :
les pratiques avancées des professionnels paramédicaux
et les communautés professionnelles territoriales de santé
La loi de modernisation du système de santé de janvier 2016 a ouvert aux infirmiers
diplômés d’État la possibilité d’exercer en pratiques avancées, c’est-à-dire d’exercer des
missions et des compétences plus poussées, jusque-là dévolues aux médecins. À cet effet, ils
doivent justifier d’une durée d’exercice minimal de leur profession et d’un diplôme de master
de deux ans délivré par une université habilitée.
En application du plan ministériel « Ma santé 2022 » annoncé à l’automne 2018, les
communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), doivent coordonner l’activité
de professionnels volontaires de ville autour d’une population donnée, urbaine ou rurale.
Elles ont six missions : des actions de prévention ; la garantie d’accès à un médecin traitant ;
l’obtention d’un rendez-vous auprès d’un médecin généraliste dans la journée en cas de
nécessité ; l’accès à des consultations de médecins spécialistes dans des délais appropriés ;
la sécurisation des passages entre les soins de ville et l’hôpital, notamment pour anticiper
une hospitalisation ou préparer la sortie de l’hôpital après une hospitalisation ; le maintien à
domicile des personnes fragiles, âgées ou poly-pathologiques.
COUR DES COMPTES
23
À ce jour, la portée de ces évolutions reste
cependant en-deçà de leurs potentialités.
Ainsi, le plan « Ma santé 2022 » affichait
l’objectif de 1 000 CPTS d’ici 2022. À la
mi-octobre 2021, 159 CPTS, couvrant en
principe 14,4 millions de personnes, étaient
constituées. Le recul manque pour apprécier
leur contribution à une continuité fluide des
soins dans le cadre de territoires déterminés.
Une offre de soins de premier recours, assurée
par des professionnels de santé formés sur des
durées intermédiaires entre les 3 années de
formation initiale propre aux paramédicaux
classiques et les 9 à 12 années de formation
initiale des médecins, peine à émerger. En
effet, à la différence des pays anglo-saxons, les
infirmiers en pratiques avancées interviendront
uniquement au sein d’une équipe coordonnée
par un médecin, principalement à l’hôpital
ou en établissement médico-social, et peu
en ville. En outre, le ministère de la santé vise
5 000 professionnels formés à l’horizon 2024,
soit moins de 0,5 % des 744 000 infirmiers
en exercice en 2020 (dont 480 000 en
établissement de santé et 131 000 exerçant
exclusivement en libéral ou également en tant
que salariés).
P a r a i l l e u r s , l e r e g r o u p e m e n t d e s
représentations des professionnels au sein
d’une Union nationale des professionnels
de santé n’est pas parvenu à poser les
bases d’un dialogue pluri-professionnel
efficace avec l’assurance maladie, faute de
pouvoirs d’arbitrage internes. Les accords
conventionnels interprofessionnels avec
l’assurance maladie s’ajoutent à ceux
négociés profession par profession, sans
en encadrer les priorités. Il en résulte un
frein au développement des approches
interprofessionnelles et une sédimentation des
avantages financiers par profession.
Il convient de continuer à faire évoluer la
définition des compétences des professionnels
paramédicaux qui approfondissent leur
formation et de favoriser l’exercice coordonné
des professionnels de santé afin d’atténuer
les impacts de l’évolution de la démographie
médicale sur l’accès aux soins et d’améliorer
l’efficience des ressources consacrées par
l’assurance maladie aux actes simples qui ne
nécessitent pas l’intervention d’un médecin.
Au-delà, l’acuité des inégalités territoriales
dans la répartition des médecins de ville par
rapport aux besoins invite à mettre en place un
conventionnement sélectif en fonction de leur
densité géographique, comme c’est le cas pour
les infirmiers et masseurs-kinésithérapeutes.
Pour être efficace, ce dispositif devrait couvrir
non seulement les médecins installés, mais
aussi les médecins remplaçants.
2 - Les enjeux de qualité et de sécurité
appellent des rationalisations accrues
de l’organisation des soins dans
les établissements de santé
En 2020, la France comptait près de
3 000 établissements de santé, toutes
natures d’activité confondues (dont un peu
plus de 1 300 établissements publics, près de
700 établissements privés non lucratifs et près
d’un millier d’établissements privés lucratifs).
Comme il a été souligné, une meilleure
organisation du premier recours aux soins en
ville permettrait de réduire la demande qui
s’adresse aux établissements de santé et les
tensions qu’elle suscite. Au-delà, l’offre de soins
en établissement de santé appelle elle aussi
des réorganisations.
La densité du maillage territorial des
établissements de santé, qui connaît une
lente réduction, induit des surcoûts liés à la
duplication de services administratifs et de
plateaux techniques parfois sous-utilisés.
24
SANTÉ : GARANTIR L’ACCÈS À DES SOINS DE QUALITÉ ET RÉSORBER LE DÉFICIT DE L’ASSURANCE MALADIE
En outre, les établissements sont souvent
confrontés à de fortes difficultés de recrutement
et à des vacances persistantes de postes et
recourent à des solutions palliatives coûteuses
(contractuels, intérimaires). Compte tenu
de la complexité croissante d’une partie des
techniques de soins, notamment chirurgicaux,
l’éclatement géographique des établissements
apparaît de moins en moins adapté aux
enjeux de qualité, de sécurité, de pertinence et
d’efficience des soins.
En 2016 ont été créés des groupements
hospitaliers de territoire (GHT), auxquels tous
les établissements publics doivent participer. Ils
ont pour objet de mettre en place des filières de
soins territorialisées et d’organiser la gradation
de l’offre de soins, afin de garantir l’égalité
d’accès des patients à des soins sécurisés et
de qualité. Toutefois, les GHT ont une taille
hétérogène et certains n’offrent pas le « panier
de soins » minimal attendu. Si les GHT
doivent se doter d’un projet médical partagé
et mutualiser certaines activités (pharmacie,
activités d’imagerie et de biologie) et fonctions
(achats, information médicale, systèmes
d’information), les logiques propres aux
établissements continuent souvent à prévaloir.
Il conviendrait de réviser le périmètre des
GHT afin que tous proposent une offre de
soins cohérente, de renforcer les directions
communes et d’encourager les établissements
à fusionner au sein d’une personne morale
unique, à même d’impulser des redéploiements
d’activité entre les sites. Une intégration
plus poussée des établissements au sein des
GHT apparaît notamment indispensable afin
d’assurer un emploi efficace des enveloppes
que les pouvoirs publics ont décidé de
consacrer à l’investissement hospitalier
(1,5  Md€ entre 2021 et 2025 pour les
investissements courants, 1 Md€ entre 2022 et
2025 pour de nouveaux projets dans le cadre
du plan « France relance » financé par l’Union
européenne, et 5,5 Md€ sur 10 ans financés par
la caisse d’amortissement de la dette sociale).
Les 30 centres hospitaliers universitaires sont
hétérogènes et ont une capacité inégale à
exercer leurs missions. Certains établissements,
notamment l’Assistance publique – Hôpitaux
de Paris, connaissent des déficits récurrents.
La mise en place d’un réseau d’une dizaine
de CHU permettrait de donner aux activités
de recherche une meilleure taille critique et
visibilité internationale. S’agissant des activités
de soins, il convient de résorber les écarts
importants de productivité entre CHU, que
ne justifient pas des différences objectives
de situation, et d’approfondir les relations
des CHU avec les autres établissements de
leur ressort territorial, afin de rationaliser
l’implantation des plateaux techniques.
Les considérations de qualité et de sécurité des
soins tiennent une place encore insuffisante
dans les autorisations d’activité accordées
aux établissements de santé publics et privés.
Il conviendrait de mettre fin à l’absence
persistante de seuils d’activité minimale pour
la plupart des actes chirurgicaux (hormis
l’oncologie), de relever ceux en vigueur et
d’appliquer effectivement les seuils fixés.
Le nombre de lits d’hospitalisation en
médecine, chirurgie et obstétrique diminue,
tandis qu’augmente le nombre de places
d’hospitalisation de jour. Ces évolutions
reflètent celles des techniques de prise en
charge des patients : entre 2011 et 2019,
tous établissements confondus, le nombre de
séjours de médecine, chirurgie et obstétrique
s’est réduit de 11 à 10,6 millions, de même que
leur durée moyenne (de 5,7 à 5,5 jours), tandis
que le nombre d’hospitalisations sans nuitée
est passé de 6,4 à 8,4 millions.
COUR DES COMPTES
25
Graphique n° 6 : évolution du nombre de lits et de places dans les établissements
de santé publics et privés en France hexagonale entre 2013 et 2020 (en %)
415 000
410 000
405 000
400 000
395 000
390 000
385 000
380 000
100 000
95 000
90 000
85 000
80 000
75 000
70 000
65 000
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
Nombre de lits d’hospitalisation complète (échelle de gauche)
Nombre de places d’hospitalisation partielle (échelle de droite)
Source : direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère des solidarités et de la
santé, études et résultats, septembre 2021, n° 1208
Les hospitalisations de jour, sans nuitée, sont
moins contraignantes pour les patients et
moins coûteuses pour l’assurance maladie.
Dans les établissements de santé, le mode
ambulatoire de prise en charge se développe
en chirurgie, au prix d’un surfinancement
tarifaire transitoire, mais conserve des
marges de progression : au titre de 34 actes
marqueurs au plan international, le taux de
chirurgie ambulatoire atteignait en moyenne
59,4 % en 2020, contre 43,1 % en 2010, pour
une cible de 70 % en 2022. En médecine, le
mode ambulatoire est encore balbutiant, faute
d’incitations tarifaires suffisantes.
Pour réussir, les réorganisations ici proposées
des activités des établissements de santé
devront obtenir l’adhésion de leurs personnels.
Au-delà des revalorisations de rémunérations
du « Ségur de la santé », cette adhésion dépend
d’évolutions internes aux établissements de
santé, portant sur les projets des équipes de
soignants, l’organisation des activités et les
relations de travail.
B – Les rémunérations des acteurs
du système de santé doivent être
réformées pour réduire les rentes
de situation, améliorer la qualité
des soins et ralentir la hausse des
dépenses les plus dynamiques
1 - Les instruments de régulation des
dépenses sont à utiliser avec une intensité
accrue et sur des champs plus larges
Les dépenses de médicaments en ville
(officines et rétrocession hospitalière) sont
maîtrisées : depuis le milieu des années 2010,
leur montant net est stable, autour de 22 Md€
par an après déduction des remises versées par
les entreprises pharmaceutiques. Il n’en va pas
de même des dépenses de dispositifs médicaux
(7,4 Md€ en ville), particulièrement dynamiques
(+ 4 à 5 % par an). À l’instar des médicaments,
le ministère de la santé devrait utiliser plus
activement les prérogatives dont l’ont doté les
lois de financement de la sécurité sociale afin
de peser sur les prix des dispositifs médicaux et
26
SANTÉ : GARANTIR L’ACCÈS À DES SOINS DE QUALITÉ ET RÉSORBER LE DÉFICIT DE L’ASSURANCE MALADIE
d’encadrer l’évolution globale des dépenses qui
s’y rapportent.
Les prescriptions hospitalières exécutées
en ville tiennent une place croissante dans
l’ensemble des dépenses de soins de ville (22 %
des prescriptions exécutées en ville en 2019,
contre 17 % en 2004). Bien que récemment
rénovés, les mécanismes de régulation des
prescriptions ont des effets peu probants. Ils
devraient être rendus plus exigeants.
Bien que 60 % des dépenses de transport
de patients (4,7 Md€) concernent des trajets
domicile - établissements, les budgets des
établissements de santé financent aujourd’hui
uniquement les dépenses de transport internes
à ces derniers et entre établissements. Afin
de favoriser une organisation plus efficiente
des transports de patients, les budgets des
établissements devraient intégrer l’ensemble
des dépenses de transpor t issues de
prescriptions qui y sont effectuées.
2 - Les tarifs des soins doivent faire
bénéficier l’assurance maladie d’une part
accrue des gains de productivité réalisés
par les acteurs du système de santé
Le paiement à l’acte pour les professionnels
médicaux et paramédicaux de ville et au séjour
de médecine, chirurgie ou obstétrique pour
les établissements de santé a pour objet de
rémunérer une activité identifiée de soins en
fonction des coûts de production de cette
dernière.
Toutefois, les nomenclatures tarifaires
comportent plusieurs milliers de références
distinctes souvent fondées sur des définitions
complexes. Elles sont insuffisamment
actualisées pour prendre en compte le progrès
des techniques de soins, par l’inscription de
nouveaux actes et séjours, mais aussi par
la suppression de ceux qui sont devenus
obsolètes, voire préjudiciables aux patients,
ou moins performants. En outre, les tarifs
sont imparfaitement corrélés à la charge et à
la complexité des soins, et donc aux coûts de
production des acteurs du système de santé.
Parfois, la hiérarchie des tarifs favorise les
modes de prise en charge les plus coûteux
pour l’assurance maladie, sans qu’ils soient
pour autant les mieux adaptés à la situation
des patients.
Des tarifs qui peuvent favoriser des inadéquations
dans la prise en charge des patients
Dans le secteur hospitalier, la baisse des tarifs des séjours en moyenne entre 2011 et 2018
a favorisé une course à la croissance des volumes d’activité, permise par la réalisation de
gains de productivité. Dans certains cas, elle s’est cependant accompagnée d’une moindre
pertinence et qualité des soins aux patients. Avant la crise sanitaire, elle favorisait de ce fait
le malaise d’une partie des personnels soignants.
COUR DES COMPTES
27
De manière générale, les évolutions
apportées aux nomenclatures tarifaires font
insuffisamment bénéficier l’assurance maladie
des gains de productivité réalisés par les
acteurs du système de santé.
Alors qu’elles sont moins contraignantes pour les patients dont l’état de santé permet ces
modes de prise en charge, l’autodialyse et la dialyse à domicile ne sont pas encouragées
au plan tarifaire. Dans ces conditions, elles stagnent ou régressent : en 2017, 15,8 % des
patients étaient en autodialyse, contre 18,5 % en 2013 ; moins de 8 % des patients étaient en
dialyse à domicile (hémodialyse à domicile ou dialyse péritonéale), comme en 2013.
L’ambulance est le mode de transport le plus coûteux. Or, compte tenu de la place des
ambulances dans le parc automobile des transporteurs, tout particulièrement dans certains
départements, l’assurance maladie rémunère des transports en ambulance de patients qui
ont fait l’objet d’une prescription de transport assis. Par ailleurs, le formulaire réglementaire de
prescription comporte une rubrique unique pour le transport assis, ce qui favorise l’expansion
des transports par taxi au détriment de ceux en véhicule sanitaire léger, moins coûteux
en moyenne.
Des gains de productivité dont l’assurance maladie ne bénéficie pas assez
Les médicaments innovants, comportant un service médical rendu élevé, sont généralement
très coûteux. Or les révisions des prix des médicaments anciens, pour lesquels les entreprises
pharmaceutiques ont amorti de longue date leurs coûts de recherche, sont encore trop
espacées dans le temps. Afin d’accélérer ces révisions, des périodicités maximales de révision
auraient vocation à être fixées.
Les tarifs des séances de dialyse (3,4 Md€ de dépenses d’assurance maladie en 2019,
auxquelles s’ajoutent 0,8 Md€ pour les transports) diminuent, surtout pour les centres
lourds. Néanmoins, la rentabilité des structures privées lucratives de dialyse se maintient
à un haut niveau (avec un résultat d’exploitation de l’ordre de 15 % du chiffre d’affaires
en moyenne), trois fois plus élevé que la moyenne des activités de soins de toute nature
des structures privées lucratives. L’assurance maladie bénéficie insuffisamment des gains
de productivité du secteur, permis notamment par les baisses de prix des consommables
nécessaires au filtrage du rein.
Le mouvement de concentration des sites d’analyse a permis aux laboratoires d’analyses
biologiques de réaliser des économies d’échelle, grâce à la mutualisation des plateaux
28
SANTÉ : GARANTIR L’ACCÈS À DES SOINS DE QUALITÉ ET RÉSORBER LE DÉFICIT DE L’ASSURANCE MALADIE
3 – Les rémunérations versées aux acteurs
du système de santé devraient moins
reposer sur le paiement à l’acte ou au
séjour, et plus sur le versement de forfaits
En 2019, les rémunérations à l’acte ou au séjour
ont représenté 86 % des financements de
l’assurance maladie aux établissements de
santé publics et privés non lucratifs ayant une
activité de médecine, chirurgie ou obstétrique,
98 % pour les établissements privés lucratifs
ayant la même activité et 93 % pour les
médecins de ville.
Cette structure de financement favorise la
hausse du volume et des dépenses de soins.
Afin de contenir l’évolution des dépenses
liées aux maladies chroniques, il conviendrait
d’expérimenter une enveloppe annuelle
individualisée par patient et modulée en
fonction de l’état de santé et des besoins de ce
dernier. Cette enveloppe intégrerait l’ensemble
des soins médicaux et paramédicaux en ville
et en établissement de santé. La régulation
des dépassements d’honoraires serait
parallèlement renforcée afin que ce forfait de
rémunération ne soit pas contourné.
En outre, les acteurs du système de santé
sont insuffisamment incités à faire évoluer
leurs pratiques afin de prendre en compte les
objectifs de santé publique et de maîtrise des
dépenses décidés par les pouvoirs publics.
Alors que les accords conventionnels
privilégient des hausses indifférenciées de
tarifs ou l’identification de nouveaux actes
par différenciation marginale d’avec ceux déjà
reconnus, les futures hausses de rémunérations
accordées aux professionnels de santé auraient
vocation à prendre place dans le cadre de
forfaits à même de garantir des contreparties
mesurables et effectives de leur part. La
rémunération sur objectifs de santé publique
pourrait en être le cadre privilégié.
techniques et des fonctions support et au renforcement de leur pouvoir de négociation vis-
à-vis de leurs fournisseurs (réactifs et matières premières). L’assurance maladie (3,5 Md€
de dépenses en 2019) en bénéficie insuffisamment : entre 2009 et 2016, le résultat net
comptable des laboratoires est passé de 9 à 10 % de leur chiffre d’affaires ; à 16 %, leur
rentabilité économique est deux fois supérieure à la moyenne de l’ensemble des secteurs de
l’économie.
Les maladies cardio-neurovasculaires illustrent l’existence d’effets d’aubaine pour certains
tarifs de séjours, liés à des écarts excessifs entre les tarifs et les coûts, entre les tarifs
respectifs des secteurs public et privé lucratif et entre les tarifs propres aux différents
niveaux de sévérité de prise en charge des patients.
COUR DES COMPTES
29
C – Il convient de réduire de manière
déterminée les causes évitables
des dépenses de santé
et d’assurance maladie
1 - Un changement d’échelle de l’effort
de prévention des pathologies
est indispensable
Comme il a été souligné, les pathologies
chroniques fréquemment suscitées ou
aggravées par les comportements et habitudes
de vie ont un coût humain et financier très
lourd.
Contrairement à une idée reçue, la prévention
primaire (réduction du nombre de nouveaux
cas), secondaire (dépistage des patients) et
tertiaire (moindre aggravation de la situation
des patients) des pathologies bénéficie d’un
important effort financier public, surtout de
l’assurance maladie, qui peut être estimé à
15 Md€ environ par an.
Il n’en demeure pas moins que notre système
de santé reste avant tout organisé autour
de la médecine curative. Le corps médical
peine encore souvent à aborder la question
des habitudes de vie en dehors d’une
demande explicite des patients et à prévenir
plus activement les pathologies, malgré les
incitations financières de l’assurance maladie
(forfait patientèle du médecin traitant,
rémunération sur objectifs de santé publique).
Depuis 2018, les pouvoirs publics ont engagé
une politique résolue de réduction de la
consommation de tabac, par relèvement de la
fiscalité, qui a des effets tangibles : le nombre
de fumeurs a baissé en valeur absolue. En
revanche, ils n’ont pas engagé d’effort notable
afin de réduire la consommation d’alcool, qui
Les apports de la rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp)
versée aux médecins
Créée par la convention médicale de 2011, la Rosp concourt à renforcer la prévention des
pathologies chroniques (par exemple par la réalisation précoce d’examens) ou d’effets
indésirables (iatrogénie médicamenteuse liée aux psychotropes et aux antibiotiques).
De plus, elle contribue directement à la maîtrise des dépenses, en incitant les médecins
à augmenter la part des génériques dans leurs prescriptions de médicaments. Cette part
(16 % en valeur et 30 % en volume) reste bien plus faible en France qu’en Allemagne ou au
Royaume-Uni (35 % en valeur et plus de 80 % en volume) : le développement de l’utilisation
des génériques continue à reposer avant tout sur la modification des ordonnances par les
pharmaciens (encouragés en cela par une Rosp spécifique), plutôt que sur leur prescription
par les médecins.
En 2020, la Rosp a été versée à un peu plus de 72 000 médecins pour 280 M€. Elle est
destinée pour l’essentiel aux généralistes (96 % du total). Parmi les spécialistes, seuls les
cardiologues et gastro-entérologues en bénéficient. Les professionnels paramédicaux
habilités à prescrire n’en perçoivent pas.
30
SANTÉ : GARANTIR L’ACCÈS À DES SOINS DE QUALITÉ ET RÉSORBER LE DÉFICIT DE L’ASSURANCE MALADIE
continue à s’inscrire à un niveau élevé par
rapport à la plupart des pays européens. Un
habitant sur deux est en surpoids et un sur six
est obèse ; c’est moins que la moyenne des
pays de l’OCDE, mais deux fois plus qu’en Italie.
Cependant, l’offre de produits de bonne qualité
nutritionnelle continue à reposer avant tout sur
l’autorégulation de l’industrie agroalimentaire
et de la grande distribution.
Des signaux-prix plus forts devraient être
adressés. Ainsi, la fiscalité des boissons
alcoolisées et sucrées devrait être relevée
et les produits alimentaires transformés
comportant une forte teneur en sucre ajouté
faire l’objet d’une taxation spécifique. En outre,
la prise en charge par l’assurance maladie
d’une partie des soins curatifs pourrait être
modulée, dans certaines limites, en fonction
de la réponse des assurés aux propositions de
dépistage de pathologies qu’elle leur adresse.
Enfin, il conviendrait d’accroître la part de la
rémunération des médecins liée à des actes de
prévention.
Les instruments réglementaires devraient eux
aussi être plus fortement utilisés. L’interdiction
de la publicité sur les boissons alcoolisées
instaurée par la loi Évin, affectée par de
multiples dérogations, devrait être rétablie. Par
ailleurs, des taux maximaux de sel, de sucre
et de gras dans la composition nutritionnelle
des aliments auraient vocation à être fixés.
Il conviendrait aussi de mettre à l’étude une
obligation d’affichage du Nutriscore dans le
cadre du régime des allégations nutritionnelles
devant être notifiées à la Commission et aux
autres États membres de l’Union européenne.
Un autre enjeu de prévention concerne les
pathologies dont le système de santé est
l’auteur.
Une prévention à renforcer au sein même du système de santé :
les infections nosocomiales et la résistance aux antibiotiques
Les infections associées aux soins seraient responsables d’environ 4 000 décès par an. Alors
qu’elle avait diminué entre 2001 (6,9 %) et 2006 (5 %), la prévalence des patients infectés
stagne à ce niveau depuis lors (contre moins de 4 % en Allemagne ou aux Pays-Bas).
Il convient de reconfigurer les équipes d’hygiène des établissements de santé, de revenir sur
la suspension de l’obligation de vaccination contre la grippe des professionnels de santé et
de retirer l’autorisation d’activité des établissements de santé qui ne corrigent pas dans un
délai déterminé les défaillances relevées par la Haute autorité de santé. En outre, la politique
de prévention devrait être étendue aux professionnels médicaux et paramédicaux de ville.
La résistance aux antibiotiques a occasionné plus de 5 500 décès en 2015. Malgré une légère
diminution, surtout pour les sujets jeunes, la consommation d’antibiotiques par habitant
reste en France deux fois plus élevée qu’en Allemagne et deux fois et demi plus élevée
qu’aux Pays-Bas. Il convient de favoriser l’évolution des comportements de prescription des
médecins, par l’adaptation de leur formation continue et de leurs modes de rémunération,
et de faire dispenser à l’unité les antibiotiques par les pharmaciens.
COUR DES COMPTES
31
2 - Certaines dépenses sont à recentrer
sur leur finalité : le cas des indemnités
journalières
Les dépenses relatives aux indemnités
journalières pour maladie et pour accident du
travail ou maladie professionnelle (8,7 Md€
et 4,9 Md€ respectivement en 2019) sont très
dynamiques (+ 3 à 5 % par an). Le recul de
l’âge moyen de départ à la retraite n’est pas
le seul facteur explicatif de cet état de fait : le
nombre moyen de jours d’arrêt de travail tend
à augmenter pour la plupart des classes d’âge.
Les par tie s p re nante s d es dép en ses
d’indemnisation des arrêts de travail devraient
être plus responsabilisées : médecins qui
prescrivent les arrêts, salariés qui les sollicitent
et employeurs, dont les conditions de travail
pratiquées peuvent contribuer à la demande
d’arrêts par leurs collaborateurs.
L’assurance maladie estime à environ 7 000
les médecins fortement prescripteurs, 7 000
également les médecins très fortement
prescripteurs et à 700 à 1 000 les médecins
sur-prescripteurs. Toutefois, c’est seulement à
l’égard d’une fraction réduite de ces derniers
qu’elle applique des mesures contraignantes
(mise sous objectif ou sous accord préalable).
L’assurance maladie devrait aussi communiquer
à chaque médecin les données lui permettant
de situer sa pratique par rapport à ses confrères
et favoriser la prise en compte par les médecins
de durées-repères pour les pathologies
bégnines dans le cadre des services de
e-prescription des arrêts de travail qu’elle met à
leur disposition des médecins – dont l’utilisation
sera en principe obligatoire fin 2021.
La dynamique des durées annuelles d’arrêts de
travail reflète aussi l’impact des conditions de
travail. De fait, ces durées varient grandement
selon les secteurs d’activité : dans les secteurs
de la santé et du médico-social, elles sont
près de deux fois plus élevées que dans le
BTP ou dans l’industrie. Afin d’inciter plus
efficacement les employeurs à adapter les
postes, les organisations et les relations de
travail, il conviendrait, à niveau inchangé
d’indemnisation des salariés, d’accroître la part
de l’indemnisation à leur charge directe et de
réduire celle de l’assurance maladie. Ce report
de financement devrait couvrir l’ensemble des
arrêts, et pas seulement ceux de courte durée.
Enfin, afin de prévenir la désinsertion
professionnelle des salariés qui enchaînent de
fréquents arrêts de travail, il conviendrait de
rendre plus efficace l’accompagnement à la
reprise du travail, par une intervention précoce
de l’assurance maladie auprès du salarié, en
lien avec son médecin traitant, en impliquant
également durant l’arrêt de travail l’employeur
et le service de santé au travail.
Dans un objectif identique, le bénéfice d’une
pension d’invalidité (7,6 Md€ de prestations en
2019) pourrait être ouvert pour une période
définie pour les assurés les plus proches de
l’emploi, en faisant bénéficier ceux-ci d’un
accompagnement social et professionnel
renforcé. Au terme de cette période, le service
médical de l’assurance maladie apprécierait
s’il convient de reconduire la pension, de la
suspendre ou bien de reconnaître un plus fort
degré d’invalidité.
3 - Améliorer le paiement à bon droit des
règlements de frais de santé permettrait
à l’assurance maladie d’économiser des
sommes importantes
U n e f r a c t i o n n o n n é g l i g e a b l e d e s
remboursements de frais de santé versés par
l’assurance maladie procède de facturations
par les professionnels et les établissements
de santé de soins, biens ou prestations fictifs,
32
SANTÉ : GARANTIR L’ACCÈS À DES SOINS DE QUALITÉ ET RÉSORBER LE DÉFICIT DE L’ASSURANCE MALADIE
surcotés ou non conformes aux règles fixées
par les nomenclatures tarifaires.
Qu’ils procèdent d’erreurs involontaires de
facturation ou de fraudes, les remboursements
à tort de frais de santé, pour l’essentiel en tiers
payant aux professionnels et aux établissements,
ont un coût élevé pour l’assurance maladie. Ainsi,
selon une estimation partielle effectuée à partir
d’un échantillon de facturations, l’assurance
maladie aurait versé à tort environ 2 Md€ en
2020. Ce montant est une estimation basse.
En effet, il ne prend pas en compte les erreurs
de facturation de séjours commises par les
établissements de santé publics et privés non
lucratifs, pour lesquelles aucune estimation
n’est disponible. Sur un champ ainsi incomplet, il
retrace les erreurs les plus visibles.
Les actions de contrôle de l’assurance maladie
préservent insuffisamment ses intérêts
financiers.
Ainsi, l’assurance maladie devrait intégrer ou
réactiver dans ses systèmes d’information des
contrôles automatisés permettant de bloquer
a priori
un plus grand nombre de factures
irrégulières.
En outre, l’assurance maladie devrait à nouveau
opérer des contrôles approfondis sur les
facturations des établissements de santé,
encore suspendus en 2021, et ces contrôles
être plus nombreux : avant la crise, c’est
seulement pour 0,6 à 0,7 % des séjours que
les facturations étaient contrôlées au regard
des informations figurant dans les dossiers
médicaux des patients. L’assurance maladie
devrait aussi accroître le nombre de contrôles
a posteriori
des facturations que lui adressent
les professionnels de ville : il est fréquent
qu’elle continue à régler des professionnels qui
lui facturent une activité anormalement élevée,
sinon aberrante (plusieurs centaines de milliers
d’euros d’honoraires annuels).
Cet enjeu de régularité des remboursements
de frais de santé qu’effectue l’assurance
maladie dépasse la recherche et la répression
des fraudes démontrables. Il implique une
révision des modalités de gestion de ces
remboursements et, ce faisant, un rééquilibrage
des droits et obligations réciproques des acteurs
du système de santé et de l’assurance maladie.
D – À certaines conditions, les
technologies numériques peuvent
améliorer l’efficience du système de
santé et des dépenses d’assurance
maladie
Après l’échec de certains projets (dossier
médical partagé), le plan ministériel « Ma santé
2022 » de 2018 a engagé un développement
de grande ampleur des services numériques
en santé : un dossier médical personnel
dématérialisé, des messageries numériques
sécurisées entre professionnels de santé en
ville et à l’hôpital, des services de e-prescription,
de nouveaux services auxquels les assurés
sociaux pourront accéder à travers leur compte
personnel « Ameli ».
Les technologies numériques offrent des
potentialités sans précédent pour améliorer
l’efficacité du système de santé et permettre la
réalisation d’économies par l’assurance maladie.
COUR DES COMPTES
33
R
éduire les difficultés
d’accès aux soins et
économiser des dépenses
de transport, grâce au
développement des
consultations et des
expertises à distance
P
révenir l’iatrogénie
médicamenteuse et
les hospitalisations en
permettant au professionnel
de santé qui prescrit ou
dispense les médicaments
d’appréhender l’ensemble
des traitements
É
viter des
examens
redondants
lorsque le
patient est
pris en charge
par un autre
médecin ou
établissement
F
avoriser des prescriptions
plus économes de
médicaments : prescriptions
en dénomination commune
internationale, obligatoire
depuis 2015
et non plus en
nom de marque ;
prescriptions de
médicaments génériques
P
ermettre une
interprétation et une
surveillance continue à
distance des paramètres
de santé du patient, par
des objets connectés, en
prévenant ainsi des épisodes
critiques se traduisant par
des hospitalisations
A
méliorer le paiement à bon
droit des remboursements de
l’assurance maladie :
élimination de certaines
irrégularités (ex : facturation
de soins, biens ou prestations
qui divergent des
prescriptions), voire fraudes
manifestes
+
1 200 €
Le
numérique
en santé :
de multiples
apports
attendus
34
SANTÉ : GARANTIR L’ACCÈS À DES SOINS DE QUALITÉ ET RÉSORBER LE DÉFICIT DE L’ASSURANCE MALADIE
Des évolutions importantes sont engagées.
En 2022, un DMP numérisé sera ouvert pour
tous les assurés, sauf opposition de leur part
(seuls 10 millions de DMP sont ouverts à ce
jour). La crise sanitaire s’est accompagnée d’un
fort développement des téléconsultations,
qui ne reviendront pas à leur étiage antérieur.
Après ceux d’arrêt de travail et de transport de
patients, l’assurance maladie met en place des
services de e-prescription des médicaments et
des dispositifs médicaux, ce qui doit permettre
à la France de combler son retard par rapport
à la plupart de ses voisins, et prévoit de
faire de même pour les actes de biologie et
paramédicaux ; en principe, les professionnels
et les établissements de santé auront
l’obligation d’utiliser ces services d’ici 2024. Le
plan « France relance » prévoit de consacrer
1,4 Md€ au développement de l’utilisation du
numérique dans le champ sanitaire et 0,6 Md€
dans le secteur médico-social.
Des difficultés doivent toutefois être
surmontées. Ainsi, il convient que le ministère
de la santé fixe des normes techniques
qui garantissent l’interopérabilité des
systèmes d’informations de l’ensemble des
acteurs du système de santé et, s’agissant
des e-prescriptions de produits de santé,
l’utilisation de références génériques et non
commerciales. Il importe aussi que les éditeurs
de logiciels mettent à la disposition des acteurs
du système de santé des solutions logicielles
conformes à ces normes techniques. Il faut
enfin que l’ensemble des acteurs s’approprient
les nouveaux services numériques : les
médecins devront établir des compte rendus
de synthèse afin que le DMP stocke des
informations hiérarchisées et utilisables ; les
établissements de santé devront raccorder
leurs systèmes d’information aux services
numériques de l’assurance maladie, alors qu’ils
s’en tiennent éloignés.
En dernier lieu, le numérique en santé doit
effectivement déboucher sur des économies
nettes pour l’assurance maladie. Dans cet
objectif, les dépenses nouvelles suscitées par
l’utilisation des nouveaux services devront être
moins élevées que les économies permises par
les usages du numérique. Dans cet objectif,
il convient notamment de fixer un cadre de
financement non inflationniste, ne reposant pas
sur le paiement à l’acte, pour le financement de
la télésurveillance par l’assurance maladie.
Afin de résorber le déficit de l’assurance
maladie, la Cour invite ainsi à agir sur les
déterminants et mécanismes de formation des
dépenses de santé et d’assurance maladie.
La plupart des économies évoquées dans cette
note pourraient être réalisées en quelques
années. En majorant de moitié l’effort annuel
d’économies (suspendu pour l’essentiel depuis
2020) par rapport à son niveau antérieur de 3 à
4 Md€, elles pourraient permettre de ramener
l’assurance maladie à l’équilibre financier avant
2030, sans augmenter les prélèvements qui
lui sont affectés, ni réduire le périmètre ou le
niveau de ses remboursements.
A contrario,
une réduction du niveau de
socialisation du financement de la santé par
l’assurance maladie conduirait à reporter
des dépenses vers les complémentaires
santé et les patients. Les assurances
complémentaires relèveraient alors leurs tarifs,
ce qui accentuerait leur caractère coûteux et
inégalitaire, tandis que l’accès aux soins de
certains patients serait moins bien assuré. Si
cette voie d’évolution n’est pas préconisée par
la Cour, ni évoquée aujourd’hui dans le débat
public, elle pourrait néanmoins s’imposer, tôt
ou tard, à défaut d’une action plus déterminée
et continue sur les dépenses.
COUR DES COMPTES
35
RÉFÉRENCES AUX TRAVAUX
DE LA COUR DES COMPTES
La Cour a mené de nombreux travaux ces dernières années sur lesquels elle s’est
appuyée, en particulier les publications suivantes :
2021
l
Les politiques de prévention en santé publique,
communication à la commission
des affaires sociales de l’Assemblée nationale, novembre 2021
l
La trajectoire financière de la sécurité sociale à partir de 2020 : le défi des
conséquences de la crise sanitaire,
rapport annuel sur l’application des lois de
financement de la sécurité sociale (RALFSS), octobre 2021
l
Les dépenses d’assurance maladie : une régulation à rénover,
RALFSS, octobre 2021.
l
La télésanté, des outils à mettre au service de la coordination des soins,
RALFSS,
octobre 2021
l
Les dépenses de biologie médicale : des efforts d’efficience encore insuffisants,
RALFSS, octobre 2021
l
La dématérialisation des prescriptions médicales : un facteur d’efficience du
système de santé, des chantiers ambitieux à faire aboutir,
RALFSS, octobre 2021
l
Les complémentaires santé : un système très protecteur mais peu efficient,
communication à la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale,
juin 2021
2020
l
Les dépenses d’assurance maladie entre 2010 et 2019 : des progrès dans la
maîtrise globale des dépenses, des réformes à intensifier,
RALFSS, octobre 2020
l
Les groupements hospitaliers de territoire : un bilan en demi-teinte, une réforme
à poursuivre,
RALFSS, octobre 2020
l
La régulation des dépenses de dispositifs médicaux : des actions de maîtrise à
accentuer,
RALFSS, octobre 2020
l
La lutte contre les fraudes aux prestations sociales : des progrès trop lents,
un changement d’échelle indispensable,
communication à la commission des
affaires sociales du Sénat, septembre 2020
l
L’insuffisance rénale chronique terminale : une prise en charge à réformer au
bénéfice des patients,
rapport public annuel, février 2020
2019
l
La prévention et la prise en charge de l’obésité,
communication à la commission
des affaires sociales de l’Assemblée nationale, novembre 2019
l
Les indemnités journalières : des dépenses croissantes pour le risque maladie, une
nécessaire maîtrise des arrêts de travail,
RALFSS, octobre 2019
36
SANTÉ : GARANTIR L’ACCÈS À DES SOINS DE QUALITÉ ET RÉSORBER LE DÉFICIT DE L’ASSURANCE MALADIE
Les publications de la Cour des comptes sont consultables sur le site Internet :
www. ccomptes.fr
l
Les pensions d’invalidité : une modernisation indispensable au service d’un
accompagnement renforcé des assurés,
RALFSS, octobre 2019
l
Les transports programmés dans les secteurs sanitaire et médico-social : des
enjeux à mieux reconnaître, une régulation à reconstruire,
RALFSS, octobre 2019
l
La politique de prévention des infections associées aux soins : une nouvelle étape
à franchir,
rapport public annuel, février 2019
l
Les urgences hospitalières : des services toujours trop sollicités,
rapport public
annuel, février 2019
2018
l
Le rôle des centres hospitaliers universitaires, référé au Premier ministre,
décembre 2018 et Le rôle des CHU dans l’offre de soins,
communication à la
commission des affaires sociales du Sénat, novembre 2018
l
Dix ans d’évolution des systèmes de soins et de prise en charge des dépenses
de santé en Europe : de profonds changements, des enseignements pour des
réformes du système de soins en France,
RALFSS, octobre 2018
l
Le virage ambulatoire du système de santé : de nouvelles transformations à
engager, en ville comme à l’hôpital,
RALFSS, octobre 2018
l
La lutte contre les maladies cardioneurovasculaires : une priorité à donner à la
prévention et à la qualité des soins,
RALFSS, octobre 2018
l
Les soins visuels : une prise en charge à réorganiser,
RALFSS, octobre 2018
2017
l
L’avenir de l’assurance maladie, Assurer l’efficience des dépenses, responsabiliser
les acteurs,
rapport public thématique
l
La médecine libérale de spécialité : contenir la dynamique des dépenses,
améliorer l’accès aux soins,
RALFSS, septembre 2017
l
Les activités chirurgicales : restructurer l’offre de soins pour mieux assurer la
qualité des prises en charge,
RALFSS, septembre 2017
l
La fixation du prix des médicaments : des résultats significatifs, des enjeux
toujours majeurs d’efficience et de soutenabilité, un cadre d’action à fortement
rééquilibrer,
RALFSS, septembre 2017
2016
l
Les politiques de lutte contre les consommations nocives d’alcool,
rapport public
thématique
Le présent rapport
est disponible sur le site internet
de la Cour des comptes :
www.ccomptes.fr
LES ENJEUX STRUCTURELS
POUR LA FRANCE
DÉCEMBRE 2021