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Association Le Relais 18 (Cher)

CRC CENTRE-VAL DE LOIRE

L’association Le Relais déploie une large gamme d’activités en lien avec son objet social centré sur l’accompagnement des personnes en situation de précarité vers une insertion durable : hébergement, accès au logement, ateliers d’insertion par l’emploi, et service d’aide aux victimes.

En quelques années Le Relais s’est départi d’une image d’association de quartier à Bourges pour devenir un acteur majeur, reconnu par les pouvoirs publics dans le Cher, et plus largement dans la région. L’association a triplé de taille sur la période 2016-2021 avec plus de 200 salariés dont la moitié employés dans les ateliers d’insertion. Elle gère désormais un budget de 11 M€.

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La situation financière apparaît saine. L’association a dégagé ses premiers véritables exercices bénéficiaires en 2020 et 2021 (environ 700 milliers d’euros en cumul). Elle dispose d’une trésorerie confortable – dont une part importante est gagée sur des engagements restant mais qui lui laisse la possibilité d’envisager des projets d’investissement propres.

Cette dynamique est d’abord conjoncturelle. La dégradation du contexte migratoire a sollicité l’association sur son cœur de métier, l’hébergement et le logement de populations vulnérables. Mais la direction a su également mettre en place un état d’esprit et des premiers outils projetant une ambition nouvelle et assurant un traitement efficace des besoins.

Si ces résultats positifs doivent être notés, deux incertitudes importantes ont été relevées alors que l’association souhaite poursuivre un projet de croissance ambitieux.

En premier lieu, Le Relais s’est largement investi, depuis le changement de direction en 2019, dans une nouvelle activité de « maitrise d’ouvrage d’insertion » pour la production de logements sociaux. Dans le cadre d’un groupement économique et solidaire (GES[1] - association MATISE), cela revient à faire porter les projets par des structures externes (société HESTIA et fonds FAALEC) tout en conservant la gouvernance. Ce modèle s’avère complexe. Si la majorité des administrateurs des autres entités siège au sein de MATISE, Le Relais n’assume pas entièrement les contraintes liées à l’autonomie des structures utilisées ce qui a conduit à certaines négligences dans leur gestion financière, comptable et juridique (conventions de trésorerie irrégulières, risques de conflits d’intérêts) qui pourraient porter préjudice à l’association.

La situation financière de la filiale HESTIA, largement sous-capitalisée, s’est par ailleurs rapidement détériorée contraignant Le Relais à soutenir financièrement cette filiale en lui avançant 415 milliers d’euros, soit une part importante de ses réserves financières au détriment d’autres projets internes. Les fonds sont désormais engagés sans autre échéance de remboursement que le lancement de deux projets immobiliers - ou l’arrivée d’un financeur providentiel annoncé à l’été 2022 - alors que les conditions de marché se retournent et menacent la viabilité des projets immobiliers. Selon l’association, cette situation était anticipée et pourrait être résolue grâce aux soutiens financiers de partenaires externes tels que la fédération des associations et des acteurs pour la promotion et l’insertion par le logement (FAPIL)[2] et la Fondation Abbé Pierre.

Le Relais doit donc mieux apprécier le risque de contagion financière et revoir sa gestion des activités immobilières en la basant sur des fondamentaux objectifs (plans d’affaires, bilans financiers). Le Relais doit également redonner à ses organes de gouvernance un pouvoir de décision critique car largement concédé aujourd’hui au seul directeur général.

Les ambitions de développement sur les activités « historiques » doivent également s’accompagner d’une transformation organisationnelle pour maîtriser les dépenses d’achats, multipliées par cinq sur la période et effectuées sans véritable processus de mise en concurrence. Cette transformation permettra de mieux identifier et prévenir les risques associés à une structure dont la taille croissante exige un pilotage plus serré.

L’association a bien envisagé cette transformation organisationnelle dès 2019 mais en a retardé la mise en œuvre, en partie du fait de la crise sanitaire. Le projet a manifestement souffert d’un manque d’intérêt au profit du développement des activités immobilières qui occupent principalement les débats du conseil d’administration depuis 2019. La chambre estime aujourd’hui que les conditions sont réunies pour reprendre ce projet de transformation.

 

[1] Le GES est un groupement d’entreprises et solidaires lié par un projet collectif de contribution à la création d’activités économiques sur le territoire.

Selon Éric Béasse dans « Les Groupes Économiques Solidaires, acteurs d’un développement économique solidaire et durable », COORACE, 2011, les GES se caractérisent par :

une offre de services coordonnée ;

une stratégie globale de valorisation et de dynamisation des compétences et des emplois ;

une gouvernance unifiée ;

une logique de mutualisation des ressources ;

des moyens et une communication globalisés. 

[2] La Fapil est un réseau d’associations, unions d’économie sociale et sociétés coopératives d’intérêt collectif travaillant en faveur de l’accès et du maintien dans le logement de personnes en difficulté (fapil.fr).

 

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