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Commune de Lille - Le Casino de Lille (Nord)

CRC HAUTS-DE-FRANCE

Rapport d'observations définitives
En 2003, la commune de Lille a décidé d’autoriser la construction d’un casino. En 2006, elle en a confié, par un contrat de concession d’une durée initiale de 18 ans, à la société lilloise d’animation touristique (SLAT), filiale du groupe Barrière, la conception, la réalisation et l’exploitation.

SYNTHÈSE

Ouvert en 2010, l’équipement définitif, dont les activités sont classiquement les jeux d’argent, la restauration et l’animation, comprend aussi un parking et un établissement hôtelier cinq étoiles. L’ensemble a nécessité plus de 122 M€ d’investissement à ce jour, financés par le concessionnaire.

En 2018, la fréquentation et le chiffre d’affaires du casino étaient respectivement de 568 132 visiteurs et 28,9 M€. Depuis 2014, le second a évolué de plus de 10 %, sous l’effet de la croissance du produit brut des jeux (PBJ[1]). Ce dernier atteint 40,8 M€, plaçant l’établissement lillois à la 8ème place des casinos de France.

Malgré cela, l’équipement est en déficit, affichant fin 2018 un résultat net comptable négatif de 7,1 M€ et des pertes cumulées de 97,2 M€. Le poids sur l’exploitation des dotations aux amortissements (8 M€/an) liées à l’investissement initial explique principalement cette situation. À noter également, la progression rapide des « frais de siège[2] », en hausse de 62 % entre 2014 et 2018, passant d’1,5 M€ à 2,4 M€/an.

Par ailleurs, si les éléments extérieurs, tels que la crise économique de 2008, jouent un rôle indéniable dans ce déficit, les projections initiales du concessionnaire, beaucoup trop optimistes en termes de fréquentation (plus d’1 million de clients) et de produits bruts des jeux (100 M€), expliquent aussi le fait que l’équilibre économique du contrat ne soit pas atteint aujourd’hui.

Dans ce contexte, si elle ne bénéficie pas des retombées financières au niveau espéré à l’origine du contrat, la commune de Lille a vu néanmoins les recettes, perçues principalement au titre du prélèvement sur le produit des jeux de la SLAT, progresser de 15 % depuis 2014. Elles s’élèvent à 11,7 M€ en 2018 (recettes fiscales comprises). Le traité de concession se révèle suffisamment protecteur des intérêts de la commune, qui contrôle efficacement son délégataire.

Toutefois, la convention mériterait d’être complétée afin d’y mentionner l’ensemble des activités du concessionnaire. Elle devrait aussi être mise à jour au regard des évolutions réglementaires.

À des fins de transparence, la commune devrait améliorer le contenu des informations communiquées à son assemblée délibérante et mettre en ligne, sur son site internet, le rapport annuel du concessionnaire et la synthèse qui en est faite.

Enfin, la chambre relève que si l’équipement a contribué à l’essor du quartier Euralille dans lequel il s’insère, les retombées réelles en matière de tourisme, de développement économique et de rayonnement culturel pour la commune restent difficiles à évaluer à ce jour.

 

 

[1]     Le produit brut des jeux représente le montant des mises sur lequel, ensuite, sont déduites les rétributions versées par l’opérateur aux joueurs.

[2]     Les frais de siège sont des charges payées par le casino à sa maison mère (groupe Barrière), au titre de la rémunération de prestations effectuées par les services centraux du groupe (assistance juridique, fiscale, ressources humaines, stratégique…).