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Le chantier de la cathédrale Notre-Dame de Paris

COUR DES COMPTES

Le 15 avril 2019, la cathédrale Notre-Dame de Paris était victime d’un incendie détruisant une partie de ce monument et menaçant sa pérennité. À la suite de ce sinistre, un élan de solidarité a permis de récolter, dans le cadre d’une souscription nationale, les fonds nécessaires à sa sauvegarde et à sa restauration. Cet élan s’est prolongé par la confirmation des promesses de dons, dont 98% sont aujourd’hui contractualisées. Ainsi l’ensemble des dons en numéraires s’élevait à 841,5 M€ à fin 2021, auxquels s’ajoutent des dons en nature et en mécénat de compétence pour une valeur d’au moins 5 M€. Ces derniers contribuent à alléger le coût financier des travaux et à prendre en charge une partie des missions d’information du public ou de promotion des métiers du patrimoine.  Un établissement public spécifique a été créé par la loi qui assure depuis le 1er janvier 2020, la conduite des travaux, avec pour objectif une réouverture en 2024. Conformément aux engagements pris par la Cour des comptes lors de la publication en septembre 2020 d’un premier rapport, un nouveau contrôle a été mené au terme des travaux de conservation - alors que s’engagent ceux de restauration - sur les conditions de leur réalisation et de leur financement. La Cour formule sept recommandations, consécutives à celles suggérées dès 2020, visant à assurer la restauration de la totalité de la cathédrale et à préparer sa réouverture, en tirant les enseignements du passé, tant au niveau de la sécurité que de la qualité d’accueil.

Des travaux de sauvegarde achevés sous la contrainte de la pollution au plomb

Les travaux destinés à assurer la sauvegarde de la cathédrale ont été achevés en 2021 pour  151 M€, soit un montant légèrement inférieur à l’enveloppe budgétaire révisée en 2020 pour intégrer les conséquences de la crise sanitaire et de la pollution au plomb.  Bien que le traitement de cette pollution ait été conduit avec succès, l’absence de règlementation précise a conduit à appliquer au chantier des dispositions concernant le plomb prévues pour les logements ou pour l’industrie, pour partie inadaptées aux travaux sur des monuments historiques.  Alors que des discussions sont en cours à ce sujet depuis une décennie, et que des dépenses supplémentaires pourraient intervenir dans le cadre de la restauration,  la Cour appelle  à la définition urgente d’un cadre juridique applicable aux chantiers patrimoniaux confrontés à la présence et à l’emploi du plomb.

Des travaux de restauration qui devraient se poursuivre pour traiter les pathologies antérieures à l’incendie

Le montant prévisionnel prévu en mai 2022 pour l’ensemble des travaux nécessaires à la réouverture de la cathédrale, y compris les provisions et la mise en valeur du chantier et des savoir-faire, s’élève à 552 M€, s’ajoutant aux 151 M€  de la phase de conservation. Au-delà de ces travaux le montant des dons reçus doit permettre d’engager une restauration d’ensemble de la cathédrale et de traiter les pathologies antérieures à l’incendie. Aussi pour assurer une continuité du chantier l’évaluation de ces pathologies et la hiérarchisation des urgences doivent pouvoir être effectuées sans attendre l’échéance de 2024, afin d’apprécier le coût et de définir les modalités de financement entre l’État, les fondations et les mécènes dont l’accord doit être obtenu.

Un établissement public adapté à ses missions et un respect des dispositions sur l’emploi des fonds reçus de la générosité publique

L’établissement public est adapté à sa mission, la présidence exécutive forte inscrite dans son décret constitutif n’a pas fait obstacle au bon fonctionnement des différentes instances particulièrement actives, qui, autour du conseil d’administration, s’assurent du bon emploi des fonds reçus. Une  comptabilité analytique assure la traçabilité des dépenses, et une information régulière est apportée aux donateurs par l’établissement et les fondations dans le respect des textes régissant l’appel à la générosité publique. Les risques pesant sur l’exécution du calendrier ont fait l’objet d’une analyse détaillée et d’un suivi  régulier, et les conditions permettant d’assurer la réouverture de la cathédrale en 2024 semblent aujourd’hui réunies.

Des clarifications nécessaires pour assurer la réouverture dans des conditions satisfaisantes

L’établissement public a obtenu, à titre temporaire, le transfert de la gestion domaniale de la cathédrale. Si ce dernier  a engagé des études pour anticiper sa gestion technique lors de la réouverture,  il convient de définir sans tarder la responsabilité des différents acteurs à cette échéance - diocèse de Paris, Centre des Monuments nationaux, Architecte des bâtiments de France, et notamment l’organisation de la sécurité qui ne peut être reportée au-delà de cette échéance. La Cour rappelle à nouveau qu’il convient  de régler les situations complexes héritées du passé et de se mettre en conformité avec la législation relative aux édifices cultuels. La question de la qualité de l’accueil doit également être anticipée pour un monument qui accueillait 12 millions de visiteurs avant l’incendie. Cette surfréquentation, qui pourrait s’accroître à partir de 2024 de deux millions de visiteurs, peut être appréhendée comme une fragilité, alors même que des chantiers seront toujours engagés (restauration et aménagement du parvis).  La Cour appelle donc  l’État à une réflexion sur la gestion de ces visiteurs dans un périmètre élargi, avec le clergé et la Ville de Paris,  pour élaborer un nouveau cadre d’accueil à la hauteur du prestige de ce monument.

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