La caisse de soutien des prix du coprah a été créée en 1967, alors que l’ouverture du centre d’expérimentation du Pacifique et la fin de l’exploitation des phosphates de Makatea faisaient craindre un exode massif vers Tahiti. Etablissement public rattachée au ministère de la relance économique, elle est chargée par ses statuts d’assurer la régulation des prix d’achat du coprah aux producteurs afin de garantir un revenu stable aux coprahculteurs et d’assurer le maintien des populations dans les îles. Ses ressources proviennent exclusivement d’une subvention que lui verse le Pays.
Son action est essentiellement comptable et financière, les prix d’achat du coprah étant fixés par le conseil des ministres ; elle verse périodiquement à la SA Huilerie de Tahiti une subvention, qui représente la différence entre le coût d’acquisition du coprah au prix fixé par le conseil des ministres et le produit de l’exportation de l’huile brute de coprah au cours mondial. De 2010 à 2016, le Pays a ainsi subventionné l’achat du coprah à hauteur de 75% ; la subvention au prix du coprah a augmenté de 63% entre 2010 et 2015, où elle a atteint son niveau maximum en s’établissant à 1,7MMF CFP. L’année 2016 a été marquée par un léger repli de 17%, la subvention s’établissant à 1,3 MF CFP.
Le projet de service de la caisse complète l’action comptable et financière d’un objectif d’évaluation et de prospective : la caisse doit à ce titre recenser les coprahculteurs, estimer la production de coprah et le montant de la subvention à l’Huilerie. Elle n’est cependant pas en capacité de mener à bien cette mission. En effet, elle n’a aucun contact avec les coprahculteurs puisque son partenaire exclusif est l’Huilerie.
Alors que le prix d’achat du coprah a été déterminé afin de garantir aux coprahculteurs un revenu équivalent au SMIG (150 KF CFP), le dispositif ne permet pas de connaître le revenu effectif perçu par ses derniers. En effet, il n’existe aucune étude sur le contenu des contrats de métayage qui les lient aux propriétaires des cocoteraies. En outre, la fixation d’un revenu minimal de 50 F CFP sur 140 F CFP par kg de coprah au profit des coprahculteurs, assure aux propriétaires de cocoteraies une rente garantie de 90 FCFP maximum, à l’abri de toute variation des cours.
Ainsi, alors que le dispositif de soutien du prix du coprah relève d’un objectif essentiellement social, le Pays n’a aucune information sur ses résultats. En tout état de cause et sans tenir compte des éventuels loyers, le rapport du tonnage de coprah et du nombre de coprahculteurs permet de déterminer un revenu moyen mensuel de 14 334 FCFP, très éloigné du SMIG.
S’agissant enfin de la subvention versée par la caisse à l’Huilerie, il dépend d’une pluralité de facteurs qui ne sont pas maîtrisés par le Pays : le cours mondial de l’huile de coco, les variations du cours du dollar et la quantité et la qualité du coprah produit. Ce mécanisme, dont les composantes ne peuvent être maîtrisées, fait peser un risque non négligeable sur la situation financière de la Collectivité au regard de son évolution récente. Son évaluation, qui n’a jamais été menée depuis sa création, apparaît aujourd’hui nécessaire. Elle requiert un recensement et une analyse socio-économique des bénéficiaires afin de réformer le dispositif et d’en assurer la transparence.
Cette réforme ne saurait cependant être menée sans la définition préalable des buts poursuivis et des priorités, puisque le soutien au prix du coprah se trouve à la jonction du soutien agricole, de la politique de l’emploi et de l’action sociale. Au vu des objectifs poursuivis, il conviendra de doter la caisse de moyens adaptés à sa mission.