De nombreuses demandes de financement de la commune ont aussi été refusées en raison du caractère incomplet des dossiers de demande de subvention.
Le lancement d’une procédure de recrutement d’un secrétaire général faisant fonction de directeur général des services apparaît à cet égard indispensable pour mener à bien le renforcement du suivi des dossiers et la gestion administrative de la commune. Il convient d’être vigilant sur le profil recherché.
La période contrôlée se caractérise par une situation financière structurellement dégradée. La commune ne dégage presque pas d’autofinancement, ce qui la rend dépendante aux subventions pour les nouveaux investissements, et l’expose à un risque de déficit excessif pouvant entraîner, à terme, la saisine de la CTC.
Le niveau d’investissement communal est plus élevé que les communes de la même strate démographique. L’organisation du festival des Iles Marquises en 2019, nécessaire à l’affirmation de la culture marquisienne, a encore renforcé le niveau d’investissement réalisé par la commune, et dégradé sa situation financière.
Le retour à une meilleure situation financière passe par une modération des investissements, qui pèsent également sur les dépenses de fonctionnement une fois ceux-ci réalisés (achats de matériaux et de fournitures, et dépenses de personnel, notamment le recrutement de personnel temporaire, pour la construction, et dépenses de maintenance et fonctionnement liés). Il nécessite également une généralisation de la facturation des services eau et ordures ménagères (qui peut tenir compte des situations sociales individuelles), qui permettront de diminuer sensiblement les subventions du budget principal aux budgets annexes.
Le contrôle de l’exercice de la compétence alimentation en eau potable a révélé de graves dysfonctionnements malgré des investissements de potabilisation, liés notamment à un défaut de maintenance des équipements. L’eau distribuée n’est donc pas encore potable. En raison de fuites et surtout de branchements sauvages, conduisant à un réseau quasi parallèle, une part importante de l’eau produite n’est pas consommée (fuites) ou ne l’est pas dans les règles (branchements sauvages). Afin d’améliorer la gestion de ce service public de distribution de l’eau, la commune doit mettre en place sans tarder son nouveau schéma directeur et renforcer l’encadrement et les compétences de son service hydraulique. Au-delà de l’amélioration du service apporté aux administrés, ce progrès dans la gestion de l’eau et de sa potabilité permettront également de faciliter la facturation (et son acceptabilité) ainsi que le recouvrement.
S’agissant de l’exercice de la compétence de collecte et de traitement des ordures ménagères, la période sous revue a été marquée par l’ouverture du centre d’enfouissement technique (CET), ce qui constitue une avancée afin de limiter les dépôts sauvages. Ces centres sont peu nombreux à l’échelle de la Polynésie française, en dehors des Iles du Vent. La Chambre constate les efforts de la collectivité en la matière et les encourage. Cependant, l’utilisation de cet équipement pourrait toutefois être optimisée, car à ce stade la collecte des ordures ménagères dans les vallées, en dehors du village principal de Hakahau, n’est réalisée, selon les informations communiquées par la commune, qu’une fois tous les deux à trois mois. Des camions bennes à ordures ménagères spécifiques ont pourtant été acquis pour le ramassage des ordures ménagères dans le village principal et les vallées. Ils sont donc également sous utilisés car ils ne fonctionnent que pour le village principal. La différence de service entre les vallées et le village principal, si elle était amenée à perdurer, peut-être sous une forme atténuée, devra être intégrée par la commune dans ses réflexions sur le tarif forfaitaire demandé, qui devra être également modulé en fonction du niveau de service offert (fréquence des collectes). Aussi, la CTC prend acte de l’engagement du maire de la commune de Ua Pou à proposer une tarification différenciée entre ceux qui habitent le village principal et ceux qui sont dans les vallées les plus reculées.
Enfin, le centre de secours du Ua Pou, dont l’organisation et le fonctionnement gagneraient à être formalisés, repose intégralement sur des sapeurs-pompiers volontaires et des astreintes réalisées bénévolement par le chef de centre et son adjoint, seules les interventions étant rémunérées au titre des vacations. Cette organisation du temps de travail permet de respecter la réglementation relative au plafonnement des vacations. Elle représente également un faible coût pour les finances communales par rapport à un système de vacations qui serait plus largement utilisé, mais elle peut être source de fragilité, car elle repose intégralement sur les astreintes du chef de centre et de son adjoint. Par ailleurs, l’absence de caserne ne garantit pas une préservation optimale des équipements (camions et bateau) alors que le dossier de construction et de financement de la caserne a été rejeté à plusieurs reprises par les financeurs en raison de son caractère incomplet. Le coût prévisionnel de la caserne tel qu’il ressort des premières estimations ayant été jugé comme trop élevé par le maire, un travail est en cours avec les services de l’Etat pour la mise en œuvre d’un nouveau projet. Par ailleurs, sur les sept sirènes d’alertes installées, quatre ne fonctionnent pas correctement, et une sirène acquise par la commune il y a quatre ans n’a pas encore été installée en raison de problèmes fonciers non résolus.
La commune se doit donc de renforcer l’organisation de ses services en mettant en place des moyens et des outils dédiés afin d’améliorer l’efficience des services publics environnementaux et de corriger une situation financière pouvant conduire à terme, si aucune mesure n’est prise et qu’elle est saisie, à l’intervention de la juridiction dans le cadre d’une proposition de plan de redressement.