SYNTHÈSE
Dans le cadre d’une enquête des juridictions financières portant sur « les acteurs publics locaux du tourisme face au changement climatique en montagne », la chambre régionale des comptes a contrôlé la gestion de la station de Vars par la commune éponyme et la société d’économie mixte (SEM) SEDEV. La station est la troisième des Alpes du Sud en termes de chiffre d’affaires et de fréquentation.
Vars mise sur le ski malgré son exposition au changement climatique
Selon une récente étude, Vars est une station vulnérable au dérèglement climatique, à l’origine d’une baisse progressive et inéluctable de son enneigement naturel tout au long du 21ème siècle.
Consciente de cette difficulté, la commune axe son adaptation au changement climatique autour de la fiabilisation de l’exploitation de son domaine skiable géré par la
SEM SEDEV, dont la commune est actionnaire majoritaire et dont le
président-directeur général est le maire de Vars. Tant la commune que le délégataire du service des remontées mécaniques ont effectué d’importants investissements pour étendre et moderniser le réseau de production de neige artificielle, renouveler les appareils de damage, rénover et réorganiser les remontées mécaniques. La priorité de la commune et de la SEM est de pérenniser la pratique du ski alpin, qui génère une importante part de leurs recettes. Ainsi, si les recettes de la SEM reposent à près de 99 % sur la saison hivernale, la commune est également dépendante de l’activité ski.
Une relation endogène entre la commune et la SEM SEDEV, au détriment d’une coopération plus large
La stratégie d’adaptation privilégiée par la commune de Vars emporte des conséquences importantes sur le mode de gouvernance du tourisme local. La commune se concentre uniquement sur son territoire et sur son domaine skiable. Peinant à construire des politiques convergentes avec sa voisine Risoul ou avec la communauté de communes, Vars entretient une gestion du tourisme endogène avec son délégataire. À ce titre, la commune consent des avantages financiers indus à la SEM SEDEV et s’affranchit, sur une prestation récurrente, de la correcte application des règles de la commande publique.
Des projets risqués et une diversification laissée au second plan
Pour l’avenir, suite aux investissements réalisés, la commune et la SEM SEDEV misent sur une augmentation de la fréquentation du domaine skiable, sans en justifier la pertinence – celle-ci diminue depuis plusieurs années – et envisagent des projets d’équipements conséquents. Or, cette hypothèse reste fragile compte tenu de la diminution des périodes de froid qui conditionnent la fabrication de neige artificielle, la possible raréfaction de l’eau et la concurrence exercée par d’autres stations. La simple construction de programmes immobiliers neufs ne saurait enrayer la problématique de la multiplication des « lits froids » à Vars. Ainsi, la commune et la SEM mènent une politique d’investissement risquée, d’autant que la SEM est lourdement endettée.
Depuis quelques années, la station de Vars s’oriente vers une diversification de ses activités touristiques et un développement du tourisme « quatre saisons ». Elle n’a cependant pas encore effectué de mutation touristique et les actions qu’elle mène demeurent éparses.
RECOMMANDATIONS
Recommandation n° 1. (commune de Vars) : Veiller dès à présent à respecter le code de la commande publique dans les relations avec la SEM SEDEV.
Recommandation n° 2. (commune et SEM) : Définir dès à présent une stratégie pluriannuelle d’adaptation de la station au changement climatique, en liaison avec les autres acteurs du territoire.
Recommandation n° 3. (commune de Vars) : Veiller à la production du rapport écrit annuel par les représentants de la commune au conseil d’administration de la SEM SEDEV, et à sa présentation au conseil municipal.