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Les stations de montagne face au changement climatique

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Avec 53,9 millions de journées-skieur, la France se classe au 2e rang mondial du tourisme hivernal, juste derrière les États-Unis. Dans les années 1960 et 1970, le tourisme hivernal de montagne s’est en effet fortement développé en France, avec la construction de stations de sports d’hiver dans le cadre des plans neige initiés par l’État. L’une des conséquences de cette politique de développement des stations a été de rendre les espaces de montagne fortement dépendants du ski. Le rapport publié ce jour analyse les effets du changement climatique sur les stations de montagne en particulier, et examine dans quelle mesure celles-ci s’y sont adaptées. Au total, 42 stations - réparties sur les Alpes, les Pyrénées, le Massif central et le Jura - ont été contrôlées par une formation inter-juridictions (FIJ) associant la Cour et les chambres régionales des comptes (CRC) Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur. En outre, la constitution d’une base de données comprenant 200 stations a permis de procéder à une analyse statistique plus exhaustive. Si l’enquête dresse le constat d’un déclin du modèle économique du ski français, elle souligne également que les politiques publiques d'adaptation ne sont pas à la hauteur des enjeux et livre six recommandations qui permettraient de trouver des voies pertinentes de diversification.

Un modèle économique qui s’essouffle

Depuis le début du XXle siècle, l'économie des stations de ski se trouve durablement affectée par le changement climatique. Les projections climatiques des scientifiques font état d'une perte de fiabilité de l'enneigement et d’une remontée de la limite pluie-neige.
Face à ce phénomène, les stations de ski sont inégalement vulnérables en fonction de leur exposition au risque climatique, de l’impact économique et social, et de la capacité financière des collectivités à s’adapter. À l'horizon 2050, toutes ces stations seront plus ou moins atteintes, certaines d'entre elles pouvant espérer poursuivre une exploitation au-delà de cette échéance.
Le changement climatique a déjà un impact croissant sur les finances publiques locales. La gestion des remontées mécaniques nécessite d'importants investissements et un niveau de fréquentation suffisant pour générer les recettes nécessaires au renouvellement des immobilisations. Fragilisées par le manque d'enneigement et l'érosion de leur clientèle de skieurs, de plus en plus de stations ne sont déjà plus en capacité d'atteindre l'équilibre d'exploitation. Elles doivent, dès lors, faire preuve de la plus grande prudence en matière d'investissement.

Des politiques d’adaptation en deçà des enjeux

Ces politiques, menées par les acteurs de la montagne, reposent essentiellement sur la production de neige qui permet de fiabiliser l'enneigement à court terme. Mais elle ne constitue qu'une protection relative et transitoire contre les effets du changement climatique. Son coût est important et son efficacité tend à se réduire avec la hausse des températures. De plus, l'impact de la production de neige sur les ressources hydriques apparaît sous-estimé dans de nombreux territoires.
Les actions de diversification mises en œuvre par les stations sont rarement adossées à un véritable projet. Réalisées au fil de l'eau, elles tendent souvent à reproduire le modèle du ski, fondé sur des investissements importants et une forte fréquentation.
Les politiques d’adaptation sont insuffisamment accompagnées par l’État dont la planification écologique est peu opérationnelle pour le secteur touristique en montagne. De même, les régions ne souhaitent pas orienter les choix locaux en dépit de leurs compétences en matière de planification touristique. Leur intervention a de fait renforcé les stratégies de production de neige sans tenir compte des perspectives du changement climatique.

Les conditions d’adaptation des stations de montagne aux évolutions climatiques

Pour mieux prendre en compte le changement climatique, la Cour préconise l’élaboration de plan d'adaptation par chaque station de montagne. Les financements publics devraient être conditionnés à l’existence de ces plans et à leur respect.
De plus, la Cour considère que la France aurait tout intérêt à promouvoir une organisation fédérant l'ensemble des acteurs concernés, avec une gouvernance élargie au-delà des seules communes, associant acteurs publics et privés.
Enfin, la Cour constate que la mise en place d’un tourisme « quatre saisons » et le démantèlement des installations de remontées mécaniques obsolètes nécessiteront d’importants investissements que les stations les plus affectées par le changement climatique auront du mal à financer. C’est pourquoi, la Cour préconise la création d’un mécanisme de solidarité financière entre les stations.

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Les stations de montagne face au changement climatique

La France est la deuxième destination mondiale pour le tourisme hivernal, disposant à la fois de grands domaines skiables et de petites stations.  La Cour des comptes et 5 chambres régionales des comptes se sont intéressées à leur adaptation face au changement climatique. 

Depuis le début des années 2000, le modèle établi dans les années 1960 s’essouffle :

- d’abord du fait de la diminution de l’activité ski et de l’inadaptation croissante du patrimoine immobilier des stations,

- ensuite compte tenu des effets du changement climatique qui se manifestent plus fortement encore en montagne que partout ailleurs.

Cela fragilise l’équilibre financier des remontées mécaniques, pénalise l’économie locale et pèse sur les finances publiques des collectivités dont les subventions peuvent représenter plus du quart du chiffre d’affaires des petites stations. Or, les projections pour 2050 laissent présager une dégradation des conditions d’enneigement, dont la gravité varie selon les territoires de montagne.

Des politiques d’adaptation ont donc été menées, mais elles restent insuffisantes. Le recours aux canons à neige est coûteux, de moins en moins efficace et consommateur d’une ressource en eau qui tend à s’amenuiser. Pour certaines stations, cela entretient une dépendance au ski et freine l’évolution vers un modèle dit quatre saisons.

La diversification des activités est encore marginale, et mal coordonnée entre les collectivités. Elle repose trop souvent sur le même modèle que le ski, ce qui conduit à des : investissements conséquents, mais sans perspective de rentabilité susceptible de garantir l’équilibre économique.

Plusieurs changements sont nécessaires :

Sur le plan stratégique, une planification locale de l’adaptation des stations au changement climatique doit être mise en place et conditionner le versement des subventions publiques.

En matière de gouvernance, l’échelon communal est trop restreint. Un élargissement du territoire de gestion des projets serait de nature à faciliter la transition, et à préserver les ressources et les espaces naturels.

Enfin, en termes de soutien public, il devient nécessaire de repenser le modèle de subventionnement. La création d’un fonds d’adaptation au changement climatique, financé par exemple par la taxe locale sur les remontées mécaniques pourrait compenser les inégalités entre stations, financer les actions de diversification et permettre de démonter les installations de remontées mécaniques obsolètes.

Retrouvez le rapport complet, sa synthèse et les six recommandations sur le site de la Cour des comptes.

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