Un établissement doté d’un statut inadapté à ses missions
En dépit de la hausse considérable des recettes commerciales avec l’organisation des événements de la Place To’ata, le conseil d’administration a opté en 2013 pour le maintien du statut d’établissement public administratif de TFTN afin de garantir à la tutelle un contrôle financier plus étendu. En effet, l’objectif prioritaire était de maîtriser les dépenses et en particulier de se prémunir contre les dérives financières qui avaient caractérisé la gestion de l’EPIC Heiva Nui. Au lieu d’analyser l’origine des dysfonctionnements financiers cet EPIC, la tutelle a donc doté TFTN d’un statut inadapté à l’exécution de l’ensemble de ses missions.
En conséquence, depuis 2013, TFTN dispose d’un statut juridique qui lui impose d’organiser le temps de travail et le recrutement de son personnel conformément aux dispositions du statut de la fonction publique du Territoire. Ce fonctionnement est inadapté aux exigences du spectacle vivant, qui impliquent une grande flexibilité des horaires de travail et des compétences techniques spécifiques peu représentées dans l’administration. Cette situation génère d’importantes difficultés de recrutement et un sous-effectif chronique.
Un établissement sous tensions
Pour pallier ces difficultés et satisfaire les demandes de ses multiples clients et « donneurs d’ordre » que sont le Pays, les producteurs et les compagnies artistiques ou les spectateurs, la direction de l’établissement n’a d’autre choix que de multiplier le recours aux agents sous contrat, et même de s’affranchir des dispositions légales relatives au temps de travail. Ainsi, depuis 2012, les agents de l’établissement effectuent en moyenne 14 000 heures supplémentaires par an, en dépassement des quotas autorisés et des dérogations accordées.
A ce jour, ce dysfonctionnement majeur, porteur de risques de tous ordres, n’a toujours pas généré d’actions correctrices de la part de la tutelle, qui n’ignore pourtant rien de l’organisation de TFTN.
Un établissement confronté à de nouveaux enjeux
Alors que la stabilisation et l’assainissement du fonctionnement viennent seulement d’être engagés, l’établissement est confronté à de nouveaux enjeux, avec l’engagement du projet de création du Centre culturel de la Polynésie française, comme prévu dans la convention relative à la culture signée par l’Etat et la Collectivité le 17 mars 2017. Ce centre sera constitué de deux pôles géographiquement distincts : un pôle médiathèque et un pôle « spectacle vivant ».
Dans cette perspective, des éléments fondamentaux restent à définir, sous peine de renouveler les errements qui ont caractérisé la reprise de certaines missions de l’EPIC Heiva Nui en 2013.
En effet, les procédures d’affectation des emprises foncières actuellement utilisées par TFTN n’ont pas été finalisées depuis 2012 ; les besoins en terme de capacité d’accueil du pôle « spectacle vivant » n’ont pas été évalués ; la réflexion sur le projet culturel du futur Centre prévu en 2021 n’a toujours pas été initiée, alors qu’elle conditionne la détermination de l’effectif cible et de la cartographique des compétences, éléments indispensables à tout plan de recrutement et de formation des agents. Enfin, les études sur les modalités de gestion des deux pôles n’ont toujours pas été engagées.
Le positionnement de TFTN en tant que chef de file de l’ensemble de ces projets, ainsi que son aptitude à proposer des contenus novateurs en adéquation avec les attentes du public, sont primordiaux pour garantir le succès de ces réalisations et ne pas décevoir.