Sort by *
Publications

Publications

Maison de la danse (Métropole de Lyon)

CRC AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

La chambre régionale des comptes Auvergne-Rhône-Alpes a procédé, dans le cadre de son programme de travail 2022 au contrôle des comptes et de la gestion de la Maison de la danse pour les exercices 2016 à 2022.

La Maison de la Danse a été créée en 1978 par cinq chorégraphes lyonnais. Elle est devenue la première institution culturelle en France exclusivement consacrée à la danse, spécialité qu’elle ne partage qu’avec le Théâtre de Chaillot à Paris. Depuis juin 2016, elle a également obtenu la dénomination de Pôle européen de création par le ministère de la Culture, aux côtés dix établissements en France. Chef de file de la danse, elle propose une programmation de compagnies nationales et internationales, ainsi que les spectacles de jeunes compagnies rhônalpines.

Après avoir été fortement impactée par la crise sanitaire en 2020 et 2021, son activité a pris un tournant en 2022 avec l’arrivée à sa tête d’un nouveau directeur artistique, porteur du projet ONLY DANSE, qui définit les orientations de la Maison de la danse pour les années à venir. Les Ateliers de la danse, qui seront un lieu ouvert aux compagnies et ouvert sur son quartier, verront le jour en 2025 et viendront conforter la Maison de la danse comme un lieu de création artistique ancré à Lyon.

Une réflexion à mener sur les statuts

Constituée initialement sous la forme juridique d’une société coopérative de production (SCOP), la Maison de la danse est devenue une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) en 2013, afin de pouvoir bénéficier de dons mécènes. Elle a alors ouvert sa gouvernance à l’Etat, ainsi qu’à la ville de Lyon. Son objet social et ses statuts sont restés inchangés depuis. Dix ans après son changement de catégorie juridique, la Maison de la danse devrait s’interroger sur la pertinence de sa forme juridique dès lors que ses sociétaires sont peu impliqués dans la gouvernance.

Un soutien fort des financeurs publics

Le financement des activités de la Maison de la danse repose principalement sur l’Etat et les collectivités publiques partenaires.

Ainsi, durant la période sous revue, l’Etat a versé à la Maison de la danse 9,4 M€ et a augmenté son accompagnement à mesure du développement de la société. La métropole de Lyon lui a apporté un soutien constant sur toute la période, qui totalise la somme de 2,3 M€. La région Auvergne-Rhône-Alpes a subventionné la Maison de la danse à hauteur de 2,5 M€ en montants cumulés mais a réduit sa participation annuelle de 47 % en 2022.

Le soutien le plus fort apporté à la Maison de la danse provient de la ville de Lyon qui lui a versé 15,3 M€ entre 2016 et 2022, dont 5,3 M€ correspondent au coût d’une mise à disposition de personnels que la SCIC ne lui rembourse pas, ce qui est illégal. En moyenne sur la période de contrôle, exception faite des années 2020 et 2021 où le soutien a été particulièrement élevé en raison de la pandémie de Covid-19, la part des financements publics représente 53 % des produits d’exploitation de la Maison de la danse . Cette part a cru de 3 points entre 2016 et 2022.

Les ressources propres de la Maison de la danse qui atteignaient 15,9 M€ entre 2016 et 2022, reposent principalement sur sa billetterie. Le chiffre d’affaires de la billetterie a progressé de 6,8 % entre 2016 et 2022, année où celui-ci a dépassé le niveau des années antérieures à la pandémie de Covid-19, consacrant le regain d’appétit du public pour la programmation proposée dès sa réouverture complète.

Un établissement fragile

La situation bilancielle de la Maison de la danse est satisfaisante. La société n’a pas d’emprunts bancaires, ses dettes étant en partie constituées de recettes de billetterie encaissées en année N pour des spectacles de l’année suivante. Sa situation financière, à l’instar d’autres lieux de spectacles, a été impactée par les mesures de fermeture au public durant la crise sanitaire. En conséquence, ses bénéfices ont chuté de 51 % entre 2016 et 2022, malgré les aides exceptionnelles versées par l’Etat et la ville de Lyon. Sur l’ensemble de la période sous revue, la société a néanmoins dégagé un résultat net positif qui rapporté à son chiffre d’affaires, représente un taux de profitabilité de 3 %. Bien que faible, ce taux est en adéquation avec le fait que la vocation de la Maison de la danse ne soit pas de générer des bénéfices commerciaux.

Toutefois, elle gère un restaurant dont l’exploitation a été déficitaire sur toute la période sous revue, ce qui l’a amenée à la confier à un tiers.

Surtout, dans un contexte de réinterrogation de leur politique culturelle par certains de ses financeurs, l’importance de la part de subventions publiques dans ses produits d’exploitation, est source d’incertitude. Ceci doit l’amener à essayer de développer d’autres types de ressources (mécénat par exemple) et à sécuriser rapidement le financement du fonctionnement des Ateliers de la danse, lesquels représenteront nécessairement un coût d’exploitation supplémentaire lorsqu’ils seront livrés en 2025.

RECOMMANDATIONS

  • Recommandation n° 1. : Se conformer sans délai à l’ensemble des règles de la commande publique.
  • Recommandation n°2 : Mettre fin à la mise à disposition à son bénéfice d’employés rémunérés par la ville de Lyon, sans contre remboursement de la Maison de la danse.

À lire aussi

Les autres publications qui pourraient vous intéresser :