Sort by *
Publications

Publications

Le rapport public annuel 2024

COUR DES COMPTES En images (31)

L’édition 2024 du rapport public annuel publié ce jour se compose de 725 pages réparties en deux volumes ; 62 recommandations ; la contribution de 6 chambres de la Cour, 17 chambres régionales et territoriales des comptes (CRTC), 5 formations inter-juridictions (communes à la Cour et à une CRTC) et de près de 60 rapporteures et rapporteurs

Le bilan de l’action publique face au changement climatique au cœur du RPA 2024

Après avoir dressé en 2023 le bilan de 40 ans de décentralisation, les juridictions financières consacrent cette année le thème du rapport public annuel à l’action publique face au changement climatique. Du fait de son caractère varié et diffus, l’adaptation aux effets du changement climatique est un défi qui concerne et doit impliquer l’ensemble des acteurs publics. Pour mesurer la portée des politiques d’adaptation, les juridictions financières ont brossé un panorama des moyens mis en place dans différents secteurs. Cet exercice transversal se révèle d’autant plus nécessaire que les politiques d’adaptation pèsent sur les finances publiques nationales et locales, en même temps qu’elles affectent les ménages.

Le RPA 2024 comprend :

•    Un premier chapitre décrivant la situation d’ensemble des finances publiques à fin février 2024, après deux années caractérisées par de fortes tensions inflationnistes et un niveau élevé des prix de l’énergie.
•    Une introduction sur l’adaptation de l’action publique face au changement climatique, qui revient sur les différentes mesures mises en place et sur leur nécessaire adaptation compte tenu du caractère progressif du changement climatique.
•    16 chapitres répartis en trois parties :

  • La première partie du RPA présente l’évolution en cours du climat en France et dans le monde, et l’insuffisance des efforts déployés pour limiter le phénomène : 3 chapitres portant sur des acteurs de cette adaptation - parmi lesquels la recherche publique et les institutions financières et bancaires.
  • La deuxième partie analyse en 7 chapitres la mise en œuvre de cette adaptation dans le cadre de vie et les infrastructures, en évoquant notamment la question du logement, de la ville, des réseaux de transport.
  • La troisième partie consacre 6 chapitres à l’environnement naturel et à la préservation des personnes et des activités, parmi lesquels la gestion durable de la forêt métropolitaine, celle du trait de côte, la prévention des catastrophes naturelles en outre-mer ou la protection de la santé des personnes vulnérables.

Les spécificités du RPA 2024

Le Rapport public annuel 2024, quatrième édition du RPA thématique, propose deux fois plus de chapitres que le précédent.
La diversité de ses sujets a nécessité la contribution de l’ensemble des Chambres régionales et territoriales des comptes. En abordant la question de l’adaptation au changement climatique à travers différents prismes, ce rapport souligne l’importance d’une coordination de l’ensemble des acteurs dans la mise en œuvre des politiques publiques - chaque échelle de collectivité étant amenée à engager des actions, arbitrées stratégiquement par l’État.
Sur ce thème en particulier, les juridictions financières ont veillé à apporter des éléments de réponse concrets.

En images (31)

Les finances publiques 1

Déficit, dette
Comment vont nos finances publiques ?
En 2023, l'activité économique s'est nettement ralentie. Les prix, notamment de l'énergie, sont restés élevés. Les mesures exceptionnelles de soutien et de relance n'ont que peu diminué. Compte tenu de la faible progression des recettes fiscales, le déficit public se creuserait encore par rapport à 2022, où il avait atteint 4,8% du PIB (produit intérieur brut).

Les finances publiques 2

Fin des mesures exceptionnelles, hausse des recettes : pour 2024, le Gouvernement prévoyait initialement une réduction du déficit à 4,4% du PIB sans nouvel effort d'économie structurel. Mais le Gouvernement a récemment révisé sa prévision de croissance de 1,4% à 1,0% et annoncé 10 Md€ d'économies pour respecter sa prévision de déficit.
3200 Md€. La dette publique atteindrait 3200 Md€, soit plus de 800 Md€ de plus qu'en 2019. La charge de la dette - c'est-à-dire son coût-devrait augmenter de 10 Md€ et atteindre 57 Md€ en 2024.

Les finances publiques 3

Graphique représentant la dette de la France en points PIB. La plus importante est celle de l'Italie, la France en deuxième position puis l'Espagne, la Belgique, le Portugal, l'Autriche, l'Allemagne et les Pays-Bas.
Avec une dette autour de 110 points de PIB, la situation des finances publiques de la France resterait en 2024 parmi les plus dégradées de la zone euro.

Selon la trajectoire pour 2023-2027 inscrite dans la loi de programmation des finances publiques du 18 décembre 2023, le déficit public passerait sous les 3 points de PIB en 2027 et la dette diminuerait (en part du PIB) très faiblement en toute fin de période.

Les finances publiques 4

Cette trajectoire est peu ambitieuse alors même qu'elle est sous-tendue par des hypothèses de croissance très favorable et qu'elle prévoit un ralentissement de la dépense publique sans précédent.

La Cour des comptes fait le point sur les finances publiques chaque année à l'occasion de différents rapports : budget de l'État, financement de la Sécurité sociale, certification des comptes...

La recherche

La recherche française rayonne dans les sciences du climat et, dans
une moindre mesure, dans les domaines de l'adaptation et de l'atténuation.

Les logements 1

LOGEMENTS

Comment les adapter face au changement climatique ? #RapportPublicAnnuel

Face au changement climatique, les logements et les habitants sont menacés par trois risques principaux :
—> les pics de chaleurs
—> les inondations
—> le phénomène de retrait-gonflement des sols argileux

 

Les logements 2

Selon l'Insee et Météo France, 8O% de la population vit dans un territoire qui sera exposé en moyenne à plus de 16 journées anormalement chaudes sur les 30 prochaines années.

L'impact du changement climatique pourrait se traduire par une augmentation de la fréquence et de l'intensité des inondations, occasionnant une hausse des dommages.
À titre d'exemple, le nombre d'inondations augmenterait de plus de 75% dans les bassins de l'Escaut et en Bretagne.

 

Les logements 3

Plus de la moitié des maisons individuelles en territoire métropolitain sont situées dans des zones moyennement ou fortement exposées au retrait-gonflement des sols argileux, qui fragilise les fondations des bâtiments.

Mais alors, quels sont les moyens mis en place pour faire face à ces risques ?

Les logements 4

La France est fortement engagée dans une politique de rénovation du parc résidentiel ayant pour objectif la lutte contre le réchauffement climatique.
Mais celle-ci est principalement axée sur la réduction de la consommation énergétique et des émissions de gaz à effet de serre.

Près de 7Md€ en 2022
L'investissement public dans ce domaine, notamment via le dispositif
« MaPrimeRénov'», ne vise pas principalement l'adaptation des logements aux risques énoncés, mais la rénovation énergétique des logements.

Les logements 5

En conclusion ?

L'État doit poursuivre son investissement en recherche et développement dans ce domaine et penser la rénovation du parc du logement de manière globale, en intégrant tous ces risques.

L'État et collectivités locales doivent articuler leurs actions pour un meilleur partage de la connaissance et une action publique renforcée et plus efficace.

Retrouvez le rapport public annuel et ses synthèses sur www.ccomptes.fr

Les villes 1

VILLES

Comment les adapter à l'augmentation des températures ? #RapportPublicAnnuel

Le changement climatique a des conséquences majeures sur les conditions de vie des populations urbaines. Il se traduit notamment par une augmentation des températures estivales et une intensification des épisodes de canicule. Avec un record de chaleur à 42,6°C en juillet 2019, Paris est la capitale européenne la plus exposée en cas de canicule.

Les villes 2

Pour répondre à cet enjeu, les villes ont l'obligation de se doter d'une stratégie d'adaptation via les plans «climat-air-énergie territoriaux.
Toutes les collectivités urbaines ne s'en sont pas encore dotées, et celles qui existent ont été adoptées tardivement et ne répondent que partiellement aux enjeux.
En particulier, les effets du phénomène d'îlot de chaleur urbain restent mal connus, comme par exemple la localisation précise des points chauds de la ville ou leur contribution à l'élévation des températures.

Les villes 3

Pour limiter les effets du réchauffement, la plupart des villes entreprennent de végétaliser l'espace urbain. Si elles peuvent être efficaces à long terme, ces mesures ne suffisent pas à répondre à tous les enjeux.
D'autres mesures doivent venir compléter la réponse des pouvoirs publics locaux, comme par exemple le développement de l'accès à des points d'eau ou le  développement de réseaux de froid urbain pour limiter le recours à la climatisation individuelle.

Les villes 4

Mais quel est le coût des mesures nécessaires pour adapter les villes ?

Il n'existe pas, jusqu'ici, d'évaluation du coût des stratégies d'adaptation mises en place par les collectivités.
Les données disponibles montrent toutefois que le montant des dépenses engagées reste limité, et les moyens budgétaires disponibles insuffisamment mobilisés.

Les villes 5

360 M€ par an entre 2025 et 2035

C'est ce que représenterait l'effort d'investissement pour porter à 10% l'étendue des espaces arborés dans les
villes d'ici 2050. Une dépense qui paraît soutenable pour les collectivités publiques, au regard des dépenses
actuelles du bloc communal dans ce domaine et de la dotation du Fonds vert.

Retrouvez le rapport public annuel et ses synthèses sur www.ccomptes.fr

La production électrique

En France, les parcs nucléaire et hydro-électrique ont représenté jusqu'à 89%
de la production totale d'électricité au cours de la période 2014-2022.

Le réseau ferroviaire 1

RÉSEAU FERROVIAIRE

Quelle adaptation de nos infrastructures pour résister aux aléas climatiques ? #RapportPublicAnnuel

Avec 27 000 km de lignes et 3 000 gares réparties sur l'ensemble du territoire, le réseau ferroviaire est vulnérable
aux aléas météorologiques, et le changement climatique augmentera la fréquence et l'intensité de certains
d'entre eux : fortes pluies, vagues de chaleur.

Le réseau ferroviaire 2

La vétusté de l'infrastructure est également un facteur de vulnérabilité, en particulier pour la voie ou les équipements de télécommunication.
Malgré les efforts de renouvellement menés ces dernières années par SNCF Réseau, le rattrapage n'est pas achevé.
Les aléas météorologiques occasionnent déjà des milliers d'incidents, allant du retard de quelques minutes à la fermeture de la voie pour remise en état.

Le réseau ferroviaire 3

Les intempéries sont à l'origine de 19% des minutes perdues imputables à SNCF Réseau pour causes externes.
À l'horizon 2100 les événements météorologiques pourraient causer de 8 à 11 fois plus de retards. À ce jour, il n'existe pas de suivi spécifique des surcoûts associés aux événements météorologiques, alors que cette évaluation est indispensable à la définition d'une stratégie d'adaptation.

Le réseau ferroviaire 4

38 M€
C'est le coût de la remise en état des infrastructures pour SNCF Réseau entre 2009 et 2021 (seulement en lien avec les événements météorologiques exceptionnels).
Mais les surcoûts liés au changement climatique sont plus diffus : de l'augmentation des « petits » sinistres à celle des opérations de maintenance préventive face aux vagues de chaleur ou aux fortes pluies.

En conclusion ?
L'enjeu pour la France est d'adapter le réseau existant, dont le dimensionnement a été déterminé il y a des dizaines d'années, au climat futur. La définition d'une stratégie d'adaptation pertinente implique une meilleure connaissance des conséquences opérationnelles et financières du changement climatique.

Le réseau ferroviaire 5

Elle nécessite la mise en oeuvre d'une démarche structurée, encadrée par l'État et en lien avec l'ensemble des parties prenantes : autorités organisatrices des mobilités, gestionnaires d'infrastructures, usagers.

Retrouvez le rapport public annuel et ses synthèses sur www.ccomptes.fr

L'outre-mer

Le changement climatique se traduit dans les outre-mer par une amplification extrême des phénomènes météorologiques, qui exacerbe les vulnérabilités propres à chaque territoire.

La santé 1

La santé des personnes vulnérables est directement affectée par les vagues de chaleur. Selon Santé publique France, 33000 décès en excès en France de 2014 à 2022 sont liés aux vagues de chaleur.

Les projections climatiques pour les 20 prochaines années font état de vagues de chaleur qui vont se multiplier, avec des températures plus élevées, des durées plus longues et de plus en plus de départements concernés.

La santé 2

L'impact sanitaire des vagues de chaleur est trop souvent mesuré via les données de mortalité et trop peu sous l'angle de leurs conséquences sur la santé, y compris à long terme.

Lorsque les vagues de chaleur durent plus de trois jours, on enregistre une augmentation du recours aux urgences de 5 à 10%, toutes tranches d'âge confondues.
Les interventions des sapeurs-pompiers de Paris auprès de personnes sans abri augmentent de 18% sur les trois premiers jours d'une vague de chaleur et de 24% après sept jours.

La santé 3

Dans les services d'urgence, le recours aux soins est fortement accentué dans le domaine de la santé rénale et, dans une moindre mesure, en urologie et en pneumologie. Nombre d'admissions aux urgences particulièrement fort en néphrologie : +20% entre un et trois jours de vague de chaleur, + 50 % au-delà de sept jours.
En réponse, les pouvoirs publics doivent construire un socle de connaissances scientifiques sur les effets sanitaires des vagues de chaleur. Cela implique le développement de la recherche clinique et une expertise de l'assurance maladie pour évaluer l'impact financier pour l'assurance maladie.

La santé 4

La Cour des comptes appelle à mener un inventaire du parc immobilier hospitalier, social et médico-social pour déterminer sa résilience face aux vagues de chaleur.

Les personnes vulnérables isolées à domicile doivent être mieux identifiées en faisant évoluer l'enregistrement sur le registre communal qui ne recense que 10% des personnes concernées.

La santé 5

L'agence nationale de sécurité du médicament doit largement diffuser aux professionnels de santé et aux associations d'usagers la liste des médicaments, concertée avec eux, appelant des précautions particulières d'usage durant les vagues de chaleur.

La Cour des comptes appelle à développer une meilleure connaissance de la situation sanitaire des personnes sans domicile fixe et suspendre les évacuations de campements
et bidonvilles pendant les périodes de forte chaleur pour ne pas mettre davantage en péril la santé de leurs occupants.

Les cultures céréalières

8.9 M d'hectares c'est la surface couverte par les cultures céréalières en France, principal pays producteur de céréales de l'Union européenne.

 

Les stations de montagne

D'ici 2050, la fiabilité de l'enneigement des massifs de montagne va continuer à se dégrader. Les stations sont inégalement vulnérables, mais La viabilité économique d'un grand nombre de celles situées en basse et moyenne montagne est déjà compromise.

La forêt métropolitaine

Nos forêts couvrent le tiers du territoire métropolitain. Ces dernières années ont montré qu’elles étaient beaucoup plus vulnérables au changement climatique que ce que l’on pensait. Les arbres dépérissent à cause de l’augmentation des températures et de la fréquence des sécheresses, ce qui les rend plus vulnérables aux attaques de parasites. Au cours de l’été 2022, la France a découvert qu’elle n’était pas à l’abri des feux hors normes : près de 20 000 incendies ont fait disparaître 72 000 ha de végétation. Les services d’incendie et de secours ont été à la limite de la rupture de leur capacité.

Cette situation a aussi des effets économiques : avec la chute de leurs ventes de bois, les communes forestières n’ont plus les moyens nécessaires pour reconstituer les parcelles détruites et adapter leur forêt.

L’État a réagi en annonçant des mesures d’adaptation.

Une aide au renouvellement forestier a été incluse dans le plan de relance, à hauteur de 355 M€ entre 2021 et 2024. Ce montant est insuffisant par rapport aux destructions observées. L’aide a été trop peu centrée sur les dispositifs d’adaptation en finançant, par exemple, des repeuplements en monoculture. Par ailleurs, la filière des entreprises de travaux forestiers n’est pas assez structurée pour répondre à la demande en matière de plantations. Difficile enfin de mettre en œuvre des mesures d’adaptation alors que la propriété des forêts est extrêmement morcelée.

Parallèlement, les pouvoirs publics renforcent les moyens qu’ils consacrent à la lutte contre les feux de forêt, de l’ordre de 340 M€ par an, à travers l’action combinée des services départementaux d’incendie et de secours, les SDIS, et des moyens nationaux de sécurité civile, terrestres et aériens. Ce renforcement rencontre également des obstacles, comme la disponibilité en personnel formé, l’encombrement des SDIS par les missions de secours à la personne, ou les contraintes industrielles portant sur le renouvellement des avions bombardiers d’eau ou des camions citernes.

La réussite de l’adaptation n’est pas qu’une question financière : il faut aussi faire évoluer les modes de gestion et la prévention.

Les enjeux de l’adaptation au changement climatique doivent être intégrés dans les outils d’aménagement et de planification forestière. Sur le terrain, les acteurs ont besoin d’experts pour les aider à faire un suivi régulier des peuplements forestiers. Quant aux documents d’urbanisme, ils doivent mieux prendre en compte le risque de feux à proximité des forêts.

De nombreux territoires découvrent qu’ils sont désormais eux aussi vulnérables au risque de feux de forêts. Ils peuvent s’inspirer de ce que pratiquent déjà les départements méditerranéens et développer les pistes d’accès, l’entretien, le débroussaillage et des opérations de sensibilisation du public. C’est une véritable culture de la gestion du risque qui doit y être développée.

Enfin, le nombre de cervidés ne cessent de croître. Dans certains massifs, ils sont trop nombreux et ils empêchent le renouvellement forestier. Les mesures de protection des jeunes plants devraient coûter – sans garantie d’efficacité – autour de 300 M€ sur 10 ans dans le futur plan national de renouvellement forestier. Actuellement, la régulation de ce grand gibier repose exclusivement sur les chasseurs et ce dispositif n’est pas efficace. L’intervention des opérateurs publics est devenue nécessaire.

Pour en savoir plus, vous pouvez retrouver ce chapitre sur la forêt dans le rapport public annuel de la Cour des comptes. Il est cette année consacré à la façon dont les pouvoirs publics se saisissent de la question de notre adaptation au changement climatique.

Le trait de côte

Le bord de mer est un lieu à la fois attractif et dangereux : beaucoup de personnes s’y installent, ce qui augmente la vulnérabilité aux risques.

-    D’abord au risque de submersion marine, qui est une inondation rapide et de courte durée de la zone côtière, avec des conséquences parfois dramatiques, comme lors de la tempête Xynthia, en 2010.
-    Ensuite au risque d’érosion côtière, qui est une perte de roche, de sable ou de vase vers la mer en raison notamment de la marée, de la houle ou des vents.

C’est à ce second risque, plus méconnu, que les juridictions financières se sont intéressées, alors qu’il s’aggrave avec le changement climatique.

Première question : le risque d’érosion est-il bien connu et pris en compte ?
La connaissance scientifique sur l’érosion côtière a progressé ces dernières années. Mais les conséquences du changement climatique sur son ampleur doivent être mieux anticipées. Et il faut identifier plus précisément les biens et les activités qui sont menacés. On peut déjà estimer leur valeur à plusieurs dizaines de milliards d’euros d’ici 2050.

Surtout, les documents d’urbanisme n’intègrent pas suffisamment ce risque. Cela conduit, dans certaines communes, à poursuivre l’urbanisation dans des zones où le trait de côte recule, c’est-à-dire la limite terre-mer.

Le dispositif créé par la loi « Climat et résilience » de 2021 devrait amener les territoires identifiés à mieux cartographier l’érosion côtière. Pour cela, il sera crucial de tenir compte, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, de l’élévation prévisible du niveau de la mer.

Deuxième question : qu’est-ce qui a été fait face au risque d’érosion ?
Une stratégie a été formalisée au niveau national en 2012.
Mais peu de territoires l’ont déclinée localement. Et quand elles existent, ces stratégies sont inabouties. Les actions consistent encore, pour l’essentiel, à construire des ouvrages, comme des murs ou des digues, pour empêcher le recul du trait de côte. Et on observe très peu de démarches d’adaptation durable à l’érosion, comme le déménagement des locaux menacés.

La Cour a identifié deux causes à cette situation :
-    il n’y a pas de pilote clairement identifié dans ce domaine : la Cour propose que ce soit l’échelon intercommunal, qui a aussi un rôle dans la prévention des inondations ;
-    et par ailleurs, il y a de nombreux obstacles à la relocalisation des biens menacés. Certains de ces obstacles sont juridiques, ils ont été en partie levés par la loi « Climat et résilience ». Mais d’autres obstacles demeurent : les projets de cette nature sont souvent mal acceptés localement et leur coût est très élevé.

Dernière question : que coûtent ces actions ?
Le coût de ces actions est largement méconnu. Il est de l’ordre de 50 M€ pour l’État et de plusieurs dizaines de millions d’euros pour les communes et leurs groupements. Il pourrait évoluer entre 50 M€ et 150 M€ par an jusqu’en 2040 et on ne parle ici que de l’effort public, les propriétaires privés auront eux-aussi des dépenses à leur charge.

Ce coût était soutenable jusqu’à présent, mais il en ira autrement dans les décennies à venir. La Cour propose un modèle de financement pour faire face à ces dépenses, fondé sur une double logique : une solidarité des intercommunalités littorales et la mise à contribution de tous les « usagers » du littoral (les propriétaires de biens en bord de mer et les touristes).

À lire aussi

Les autres publications qui pourraient vous intéresser :